Thierry CROUZET

La fin de la sécu

On me demande souvent si je suis pour la suppression de la sécurité sociale. Je réponds oui. Et je me fais invariablement insulter. En fait, je suis pour la disparition progressive de la sécurité sociale telle que nous la connaissons afin qu’une autre apparaisse : plus souple, plus réactive, plus efficace, moins coûteuse...

-- Comment fonctionnera cette nouvelle sécu ?

-- Je ne peux pas le prévoir. Elle émergera de l’interaction entre les agents autonomes qui se soutiendront les uns les autres.

-- Vous ne pouvez pas vous en tirer aussi simplement.

-- Si je propose un nouveau modèle de sécu, je deviens un politicien, je fais des prévisions, je dis que mon projet fonctionnera. Or je n’en sais rien. Je sais juste que nous pouvons nous auto-organiser. Comme nous avons pris goût à la sécu, nous pouvons de nous-mêmes améliorer ce système, tout d’abord en le débarrassant de son écrasante centralisation.

-- Pour aider les plus faibles, il faut bien une caisse centrale qui répartit l’argent.

-- Pas nécessairement. Il ne faut pas oublier que la sécu n’a pas toujours existé. Si elle est un progrès, je ne le nie pas, elle marque aussi le renoncement des individus à soutenir les autres individus. Quand quelqu’un souffre, c’est à la sécu de le prendre en charge. C’est un peu rapide. Dans les villages d’avant l’époque de la sécu, je ne suis pas sûr que les gens mourraient dans l’indifférence. Les voisins essayaient d’aider. La sécu centralisée nous a fait oublier que nous pouvions aider. Aux États-Unis, où la sécu est des plus primitives, les gens s’impliquent beaucoup plus que nous dans l’entraide. Ils agissent plus civiquement que nous. En France, si la sécu disparaissait soudainement, ce serait le chaos, tant nous avons perdu l’habitude de nous entraider.

-- Qui paiera les médecins, les hôpitaux ?

-- J’ai entendu à la radio la semaine dernière, le témoignage poignant d’une infirmière. Elle était désespérée : après trente ans de carrière, elle ne gagnait pas de quoi se loger près de ses lieux de travail, du coup elle n’avait pas de travail. C’est inacceptable. La sécu ne peut pas mieux payer l’infirmière parce que la sécu est en faillite. C’est à nous de payer l’infirmière, de lui dire merci quand elle nous aide. Et nous, ce n’est pas seulement vous ou moi, mais aussi notre réseau...

PS1 : J’avais prévenu que je me faisais toujours insulter dès que je parlais de la sécu, ça n’a pas manqué. Dans l’esprit de certains, elle a remplacé Dieu, ils n’imaginent pas qu’on puisse la remplacer par quelque chose d’autre, et de mieux. Pour ma part, je suppose que rien ne subsiste très longtemps sans changement. Je suis un néo-darwiniste.PS2 : Je ne sais pas quel avenir nous sommes en train de construire. Une chose est sûre, les moyens d’interaction sont de plus en plus nombreux et de moins en moins onéreux. Je crois même qu’une des rares lois fondamentales doit permettre à tout le monde d’interagir. Après, avec cet outil, nous devrons réinventer le monde.PS3 : L’auto-organisation découle du droit de chacun à interagir avec les autres. Les structures complexes peuvent s’auto-organiser et inventer des structures émergentes que personne n’a vraiment pensées mais qui sont d’une robustesse, d’une beauté, d’une efficacité… inaccessibles à la raison ordinaire. Pour moi, la sécu de demain émergera du réseau de nos interactions, elle ne sera pas pensée a priori. Cette sécu sera mille fois plus humaine et plus efficace que celle que nous connaissons aujourd’hui. En tout cas, je l’espère.

Damien @ 2006-02-08 11:12:57

"Dans les villages d’avant l’époque de la sécu, je ne suis pas sûr que les gens mourraient dans l’indifférence".

J’ai rarement lu un truc aussi grossier.

Et c’est un exemple parmi d’autres. Doux euphémisme

tcrouzet @ 2006-02-10 15:08:44

Expliquez-vous, je suis trop bête pour lire entre les lignes. Mais j’avais prévenu en disant que je me faisais toujours insulter dès que je parlais de la sécu. Dans l’esprit de certains, elle a remplacé Dieu, ils n’imaginent pas qu’on puisse la remplacer par quelque chose d’autre, et de mieux. Pour ma part, je suppose que rien ne subsiste très longtemps sans changement. Je suis un néo-darwiniste.

Tsewa @ 2006-02-10 15:16:49

"Dans les villages d’avant l’époque de la sécu, je ne suis pas sûr que les gens mourraient dans l’indifférence".

Les gens savaient ce qui se passait chez les autres, éventuellement leur donnait un coup de main mais de là à payer pour eux ! Je ne sais pas si vous avez déjà vécu dans un village (perso oui) mais il ne faut pas compter sur ses voisins pour vous payer 2 semaines d’hospitalisation.

Aider, oui. Payer pour les autres, ne rêvons pas.

La Sécu est une participation commune et anonyme au bien de tous. Son fonctionnement est défaillant mais sûrement pas son principe qui se nomme tout simplement Solidarité.

Seb @ 2006-02-10 15:45:08

C’est juste que vous proposez de revenir à ce que vous supposez qu’il y avait avant : rien, ou plutôt, un systeme de solidarité pouvant être injuste, parce qu’il n’est pas global, et que donc, il nous fait dépendre de la qualité et du bon vouloir de son entourage, ce qui est très aléatoire.

Il suffit d’avoir une image pas très positive, et on obtiendra rien de ses voisins. L’inverse marche aussi, et cela à abouti à un système completement injuste.

La sécu actuelle est très imparfaite, il y a de nombreux abus, mais tout le monde y a accès, sans discrimination.

Seb @ 2006-02-10 17:35:16

Donc, en gros, il faut aller acheter le livre, et le lire

Je réagis quand même, parce que je ne sais pas si je lirais ce livre ( et j’en ai d’autres à finir, et à commencer, avant) : Tout le monde n’a pas accès à cette interaction, la communication ne va pas encore de soit pour tout le monde (sans parler du materiel, et donc des moyens necessaire), et on ne sait pas si un jour ça sera la cas. Ne va-t-on donc pas vers une forme d’injustice, finalement pas tellement différente d’ "avant" ?

Enfin bon, moi je dis ça, j’interagis, c’est tout (juste info, un non-voyant ne pourrais pas interagir ici, au cause du truc avec des lettres, plus bas :-) )

tcrouzet @ 2006-02-10 18:15:15

Vers quoi allons-nous je n’en sais rien, j’explique même dans le livre que nous ne pouvons pas le savoir. Une chose est sûre, les moyens d’interaction sont de plus en plus nombreux et de moins en moins onéreux. Je soutiens même qu’une des rares lois fondamentales doit permettre à tout le monde d’interagir. Après, avec cet outil, nous devrons réinventer le monde.

Un globule blanc @ 2006-02-28 21:59:54

Ils ne travaillent pas, ils n’étudient pas et en plus ils votent !!! Ainsi, ils changent le monde

Dans cette nouvelle noosphère que Crouzet prédit, j’aimerais être le connecteur anti-infectieux.

La sécu.

La majorité des séropositifs n’ont pas attrapé le VIH par hasard ! Vous avez été infidèle, volage, toxico : montrez-vous responsables de votre bêtise, ne réclamez pas le remboursement de votre tri thérapie. Meurs dans la dignité.

Dans le même esprit : vous êtes fumeur depuis votre plus tendre enfance et vous venez d’apprendre que vous avez un cancer. Ne repoussez plus l’inéluctable, vous allégerez nos impôts. Le pire est toujours pour ceux qui restent.

Dans le même esprit :

Toute étude de statistiques sociologique révèle une courbe de gauss. Constat universel : Il y a plus de gens moyens que d’élite et d’abrutis. Pourquoi étendre le "droit" de vote à tout individu dont la carte d’identité stipule "nationalité française". Il n’aura vraisemblablement pas la compétence pour choisir judicieusement le "bon" leader. Cette universalité du droit de vote ouvre d’ailleurs les portes à la séduction de l’électorat le plus nombreux (les moyens + les abrutis) par le biais de "promesses" qu’un œil critique jugerait intenables. Supprimons le droit de vote et remplaçons le par le permis de vote. Celui-ci sera accordé à la façon d’un diplôme, après s’être assuré que le candidat est "apte" à participer à la vie politique.

Dans le même esprit : le permis de procréer.

Autre constat, les strates les plus pauvres de la société sont paradoxalement les plus fécondes. Or d’une part la pauvreté engendre des nuisances comme la criminalité (nuisance à la qualité de vie), le chômage et moult assistanat social (nuisance de taxes. Tout ça se paye ! )). D’autre part, les "productifs", les forces vives de notre pays sont les moins fertiles. L’idéal serait d’ériger un permis de procréer : tout couple désirant un enfant devra passer des tests s’assurant que leur progéniture sera "probablement" un atout et non pas un boulet. Enfin, les économies ainsi effectuées pourraient être re bifurquées vers les couples dont les enfants seraient de véritables modèles de réussite sociale.

En mettant toute idéologie de coté, j’espère que vous constaterez l’aspect sanitaire de mes propos.

  • Un globule blanc égaré dans un pays malade.
tcrouzet @ 2006-02-28 22:22:08

La courbe de Gauss est loin d’être universelle ! C’est là tout le problème. Nous découvrons aujourd’hui des lois de puissance qui prouvent que nous nous auto-organisons en structures complexes. L’auto-organisation découle du droit de chacun à interagir avec les autres. Les structures complexes peuvent s’auto-organiser et inventer des structures émergentes que personne n’a vraiment pensées mais qui sont d’une robustesse, d’une beauté, d’une efficacité… inaccessibles à la raison ordinaire. Pour moi, la sécu de demain émergera du réseau de nos interactions, elle ne sera pas pensée a priori. Cette sécu sera mille fois plus humaine et plus efficace que celle que nous connaissons aujourd’hui. En tous cas, je l’espère.

vasquez @ 2006-03-03 17:06:13

Il faut communiquer

Je trouve ta remarque très interressante,…

Mais si tu aggrandi ta vision des choses temporellement, je pense que nous vivons les prémices de ce changement.

Les moyens et les outils deviennent de plus en plus simple et répandue (ont peut prendre le parallèle du téléphone fixe ou le portable, aujourd’hui en france qui n’en possède pas? je pense que cette démocratisation des outils va s’étendre aux nouveau mode de communication).

Mais nous ne sommes qu’au début de notre histoire,…

remi @ 2006-05-05 19:17:30

sans interaction

si pour 15000 raisons je peux pas interagir avec personne, j’ai pas la secu ?

:-)

Laure @ 2006-05-11 16:47:47

Vous êtes en retard !

La sécu 2.0 existe déjà ! Depuis la transcription en droit français en 2001 des directives européennes de 1994 qui ont aboli le monopole, chacun peut prendre une assurance privée et sortir du mammouth étatique. Ce n’est pas encore très connu, mais de plus en plus de gens le font.

kikoo @ 2006-05-14 22:01:37

kikoo

La "sécurité sociale" n’a été à la base ni centralisée, ni inventée par l’Etat.

tcrouzet @ 2006-05-14 22:10:01

Je sais bien. Et c’est ça le drame… voir mon post sur le mutualisme.

Jean-François HUET @ 2006-10-13 13:40:57

Alors qu’un système d’assurance sociale commençait à se mettre en place la protection sociale dans son ensemble et l’assurance maladie en particulier ont été confiées pour des raisons de paix sociale en 1946 par le Général de Gaulle à des syndicats d’obédience collectiviste dont l’audience était à cette époque importante.

Ce sont ces factions qui aujourd’hui s’accrochent à la confusion idéologique entre l’assurance maladie et la solidarité et qui entretiennent le lythe selon lequel un grand vide social serait la conséquence de la disparition de la sécu dans sa version de 1946.

Les collectivistes obsessionnels, veulent faire croire que les mécanismes solidaires disparaîtraient avec la fin du monopole de l’assurance collectivisée

Ceci est une grossière manipulation de l’opinion qui reste efficace.

L’alternative libérale au mode de protection social actuelle est devenue une nécessité. Le but étant d’ajouter à la protection sociale avectoute la puissance de grands groupes qui peuvent par la diversité de leurs services dégager des ressources bien supérieures à ce que la sécu peut dégager avec ses chômeurs ses traine savates autochtones et importés en nombre croissants , des rares travailleurs dont la durée de travail est inférieure à leurs grand parents et qui vivent vingt ans de plus….En France "on" RE distribue sans distribuer.

Ceux qui réussisent à trouver du travail sont généralement sous-payés et les rares qui réussisent sont surtaxés…. pour maintenir un système social en faillite depuis trenteans, dont aucune dépense n’est financée et qui ne fait que contribuer à augmenter la dette publique qui s’accroît de 1800 euros par seconde

EN FINIR AVEC CE SYSTEME EST UN DEVOIR

LE DROIT EUROPEEN NOUS EN DONNE L’OPPORTUNITE UTILISONS LE

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