Thierry CROUZET

Mais qui sont les connecteurs ?

On me pose de plus en plus souvent cette question. La plupart des gens pensent que les connecteurs sont des fous d’internet. Bien-sûr, ils accèdent au réseau, ils l’utilisent avec facilité mais l’outil importe moins que ce que nous en faisons.

Les connecteurs, grâces aux nouvelles technologies de communication, créent un réseau social d’une ampleur inégalé et d’une extraordinaire complexité. Cette nouvelle société, qui est en train de naître, ne se managera plus comme les sociétés qui l’ont précédée. Dans Le peuple des connecteurs, j’essaie de montrer pourquoi nous ne pouvons plus penser comme avant et pourquoi nous devons adopter de nouvelles solutions.

Voilà pourquoi tous mes chapitres portent des noms en « Ne pas ». Il faut entendre ne pas voter comme avant, ne pas étudier comme avant, ne pas travailler comme avant... En fait, il y a deux possibilités.

  1. La société ne change pas et les anciens modes de fonctionnement peuvent se perpétuer.
  2. La société se transforme et nous devons transformer nos habitudes. Tous les maux de notre temps viennent, à mon sens, du refus de changer d’habitude dans un monde qui change.

En bon adepte du néo-darwinisme, je suis incapable d’imaginer un monde qui ne change pas. La révolution technologique n’est qu’une des facettes du changement, elle le stigmatise mais ne le résume pas.

PS : C’est vrai, je suis optimiste. Je raisonne comme Pascal vis-à-vis de Dieu. Lui disait « autant croire puisque nous avons tout à gagner si Dieu existe et nous n’avons rien à perdre s’il n’existe pas. » Moi je crois que nous avons tout à perdre en étant pessimiste. À quoi bon se lamenter, surtout à une époque aussi fabuleuse que la nôtre. Je suis toujours atterré de voir des gens se plaindre alors que notre compréhension du monde n’a jamais était aussi grande. Il suffit d’accepter le changement et d’accepter de changer notre société en profondeur.

Charles Granger @ 2006-02-23 21:33:58

Magnifique leçon d’espoir et d’optimisme!

Je viens de lire (ou plutôt dévorer) ce livre sur le peuple des connecteurs… J’avoue m’être reconnu tout au long de la lecture, malgré mes 60 ans. En vérité je crois que je suis un connecteur depuis ma petite enfance. J’ai toujours eu beaucoup de mal avec l’ordre établi et avec les hiérarchies en général.

Alors merci Mr Thierry Crouzet de nous faire partager votre point de vue. Merci de me dire que finalement je ne suis pas seul dans le désert, mais que nous sommes nombreux à faire évoluer le monde, doucement, très lentement certe, mais l’intelligence collective est en route.

Encore merci!

Charles Granger

compxcom@compagnie-des-animaux.com

tcrouzet @ 2006-02-23 21:46:18

Merci !!!

Vous ne pouvez pas me faire plus plaisir. C’est vrai que je suis optimiste. Je raisonne comme Pascal vis-à-vis de Dieu. Lui disait « autant croire puisque nous avons tout à gagner si Dieu existe et nous n’avons rien à perdre s’il n’existe pas. » Moi je crois que nous avons tout à perdre en étant pessimiste. À quoi bon se lamenter, surtout à une époque aussi fabuleuse que la nôtre. Je suis toujours atterré de voir des gens se plaindre alors que notre compréhension du monde n’a jamais était aussi grande. Il suffit d’accepter le changement et d’accepter de changer notre société en profondeur. Et comme vous le soulignez, il n’y a pas d’âge pour cela. Être connecteur, c’est avant tout une attitude. On pouvait être connecteur avant l’invention d’Internet et je le montre, j’espère, en parlant de Norbert Wiener, Heinz von Foerster, Karl Popper… Merci encore… j’espère que vous allez créer des émules et répandre le message des connecteurs. C’est ainsi que la révolution silencieuse commence.

ceno @ 2006-03-08 15:59:22

définition du connecteur….

excusez mon impertinence, mais bon, je ne peux pas m’en empécher!!

commencer toujours par "ne pas" revient un peu à nier le tout: on peut ainsi imaginer que ce mouvement est un concentré de nihilisme et l’anticonformisme! le hic est que le nihiliste ne fera rien pour changer, il constatera, il expliquera le pourquoi de sa façon de voir les choses, mais il regardera évoluer la situation sans pour autant prendre les devant (cynisme). l’anticonformiste sera fondamentalement idéaliste, mais cette notion se détache complètement de celle du mouvement de groupe. l’anarchie n’est plus qu’un groupuscule qui se cache derrière son histoire. et même alors, on se contentait de flinguer des figures politiques importantes, mais rien de réellement constructif: un peu comme tout mouvement politique contre celui au pouvoir: on critique en reprenant les points négatifs, mais aucun véritable programme fort de prévu: c’est pour cela qu’en france, on vote contre la majorité sortante!!

bref, à mon avis, il faudrait peut être améliorer et repréciser la notion de connecteur…

bon, désolé de vous perturber, j’aurais peut être pas dû!

tcrouzet @ 2006-03-08 16:39:18

Du positif

Si, si, vous devez. J’espère que je vais réussir à vous répondre.

Je me suis déjà plusieurs fois expliqué sur les raisons des "ne pas", notamment dans l’interview avec Denis Failly. C’est une façon de définir les connecteurs par rapport à ce que nous connaissons tous (la démocratie, le travail, les études…). Tout au long du livre je suis positif puisque je dis que nous changeons le monde : je ne cesse de proposer des solutions.

Je me suis essayé à une définition de connecteur purement positive, j’espère, avec mon initiative connecteur.

Maintenant, je peux aussi justifier les "ne pas" d’un pur point de vue marketing. Ils étaient une tentative d’attirer l’attention, notamment sur la couverture. Beaucoup de gens me reprochent ce côté trash. Avec le recul, ils n’ont sans doute pas tors. Les gens regardent le livre avec un a priori négatif alors que je ne cesse de positiver à l’intérieur. Pour preuve lisez le commentaire de Charles Granger. Je vous jure ce n’est pas un de mes amis.

Et surtout ne croyez pas que les connecteurs vont former un nouveau parti politique. Ils ont mieux à faire, ils agissent (puisqu’ils sont positifs et optimistes).

SANS NOM @ 2006-03-10 20:52:23

ACTION/reaction

l’idee n’est pas mauvaise d’utiliser les nouvelles technologies pour rallier un max demonde à une cause.En locurence,l’evolution de cette soit disan societé moderne et democratique;que faut il pour amorcer cet elan? Et surtout, tout faire pour eviter l’avortement.La Justice et l’Humanité en ont reellement besoin, c’est une question de vie ou de mort lente et agonisante.On dira toujours que je ne fais que constater,mais je,tu,il,elle,nous,vous,ils,elles constatent et un jour on agit pour en finir avec le temps des seigneurs.Car la loie du nombre existe bel et bien.J’ajouterai simplement qu’il faut toujours se poser la question A QUI PEUVENT BIEN PROFITER LES CRIMES?

Nadia @ 2010-01-28 01:10:39

Bonjour,

Je suis étudiante en Master I Information - Communication et mon sujet de mémoire est:

Démocraties inachevées: l’impact des réseaux numérique en France contemporaine.

Lorsque j’ai choisi ce sujet je n’avais rien lu qui puisse m’y faire penser, à part un texte de Benjamin Constand sur la liberté des anciens et celle des modernes, et à force de lecture, j’ai compris que c’était un sujet qui méritait vraiment qu’on s’y penche. Avec le peuple des connecteurs, j’ai tout simplement envie d’assumer ce mémoire et mes idées jusqu’au bout. Vous y évoquez des idées auxquelles je pensais, comme l’absence de pouvoir, mais je n’arrivais pas à les assumer.

Donc pour commencer, Merci!

J’ai quelques questions à vous poser au sujet de ce bouquin:

1/ j’ai l’impression que vous vous basez énormément sur le fonctionnement de la science, de l’informatique, et de la nature pour justifier le fonctionnement qui est en marche sur Internet. Mais connaissez-vous des exemples concrets, en France, qui montrent qu’une auto organisation est belle et bien possible?

Par exemple, on voit que la campagne de Barack Obama est un bon exemple: les gens se sont auto organisés, ont soulevé des fonds, tout simplement parce qu’il y croyaient et qu’ils avaient les outils qui leur permettaient de prendre en main la campagne de Obama. Vous avez aussi le site de FixMyStreet, qui montre que des citoyens d’une communauté, en dénonçant des problèmes au niveau de leur quartier, les rendent plus visibles aux dirigeants locaux, qui ont réglé ces problèmes (la moitié déjà). Ce sont des gens qui prennent en main le quotidien, qui agisse sur une occasion, et qui acquièrent un pouvoir qu’ils n’imaginent même pas pouvoir devenir plus grand encore. Avez-vous, en ce qui vous concerne, des exemples précis de cas en France qui montreraient cette capacité d’auto organisation?

2/ Vous dites dans votre bouquin que le pouvoir centralisé est fragile et qu’il ne survivra pas au changement que les nouvelles technologies de la communication mettent en place. Mais si on observe en général le fonctionnement de groupe, on se rend compte qu’il y a toujours un leader, et que ce leader n’est pas choisi mais qu’il s’impose de lui-même. Est-ce qu’on peut imaginer qu’il y aura toujours des leaders qui dirigeront les actions concrètes, lorsque les citoyens s’associeront pour mener une action? Comment garantir que ces leaders ne deviennent jamais des chefs?

3/ Vous dites qu’Internet est une nouvelle société: en quoi peut-on dire que c’est une société? Et pourquoi le fonctionnement d’une société sur Internet engendrerait une modification d’une société civile?

Je vous remercie d’avance pour vos réponses, vous pouvez me répondre par mail si c’est trop long, je vous le communiquerai éventuellement.

Cordialement.

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