Thierry CROUZET

Réfutation

Beaucoup de gens ne croient pas aux thèses exposées dans Le peuple des connecteurs parce qu’ils mettent en doute mon hypothèse initiale : à savoir que la société a atteint un nouveau seuil de complexité. Pour mes opposants, la société est ni plus ni moins complexe qu’avant.

Quand, dans une même journée, je discute avec des gens situés aux quatre coins du monde, je suis incapable de me dire que la complexité n’augmente pas. Quand nous chatons, quand nous voyageons, quand nous publions sur internet, nous devenons des agents de complexification. Nos actions locales deviennent métalocales. C’est une première.

Mes opposants sont tout de même d’accord avec moi quand je dis que nous sommes à l’aube d’une révolution. Tout le monde le sent bien. Mais pour beaucoup, la révolution brouillera les cartes, fera apparaître de nouveaux camps, rien de plus.

J’espère que ce ne sera pas seulement un jeu de chaises tournantes. Si la complexité continue de s’accroître, les camps ne pourront pas se stabiliser. Et même si la complexité atteint un palier, cette complexité sera déjà si supérieure à celle que l’humanité a connue par le passé que les méthodes de contrôle centralisé seront inefficaces. Le nouveau monde s’organisera différemment ou il n’y aura pas de nouveau monde.

Pour ma part, j’analyse toutes les crises du XXe siècle comme des crises de la complexité. La globalisation a commencé par des guerres mondiales avant de devenir une globalisation du business et maintenant de l’information. Le XXe siècle aura été un siècle de transition dans notre histoire. Il aura démontré que les anciens modes de fonctionnement étaient inopérants. Il aura marqué la fin d’une époque. La véritable révolution commence aujourd’hui.

PS : Plus d’interdépendances implique plus de complexité. Ce n’est pas le monde qui est plus complexe, au contraire, on le comprend de mieux en mieux, donc il est plutôt plus simple de notre point de vue. Mais la société que nous construisons, elle, est vertigineusement plus complexe, justement à cause du plus grand nombre d’interdépendances. La multiplication des boucles de feedback maintient la société dans un état de plus en plus critique. D’où la nécessité de nouvelles formes d’organisation.

clemence @ 2006-05-16 22:14:32

drole de coincidence

Je viens de passer par la même expérience.Je viens de recevoir un mail me proposant de me rendre à un premier grand meeting de Rachid Nekkaz.Au début, crédule, je décide d’en savoir plus(c’est une blague ou pas??) et je découvre son site internet avec en effet pleins de bonnes idées et une fraicheur politique que l’on desperait de voir sur notre scène politique(bon, d’accord, y a Ségolène qui va peut être se présenter...).

Donc, je suis à l’égard de cet article, optimiste moi aussi.Cela me ravit de voir un candidat avec un tel profil.Bien sur, la potentialité d’un combat et d’une victoire contre les gros partis politiques relève de la métaphore entre David et Goliath, mais en tous cas, c’est encourageant.Je lui souhaite bien des chance pour ces 500 signatures.

charlie @ 2006-05-17 16:49:24

compliqué de toute façon

hello,

n’ayant pas encore lu votre livre, je ne suis pas sûre de ne pas être d’accord avec vous ;)

le peu que j’en ai entendu ou lu ici m’inciterai même à penser le contraire...

pourtant, je ne crois pas que le monde devienne/soit devenu plus complexe. Je crois que ce sont d’une part les interdépendances qui sont plus nombreuses [pas tout à fait pareil donc] et, d’autre part, que c’est le regard que l’on porte sur le monde qui a changé. Nous prêtons attention à davantage de phénomènes, nous en découvrons aussi davantage. Pour prendre un exemple un peu con, constater que la physique est devenue plus complexe depuis la relativité ou même Newton ne veut pas dire que la terre était plate avant...

Max Weber évoquait "l’infinité du monde sensible" pour souligner qu’aucune analyse ne peut prétendre rendre compte de l’ensemble des phénomènes. Infiniment compliqué, le monde l’est...

tcrouzet @ 2006-05-17 18:04:22

Vous amenez de l’eau à mon moulin

+d’interdépendances=+de complexité. En effet, ce n’est pas le monde qui est plus complexe, au contraire, on le comprend de mieux en mieux, donc il est plutôt plus simple de notre point de vue. Mais la société que nous construisons, elle, est vertigineusement plus complexe, justement à cause du plus grand nombre d’interdépendances. La multiplication des boucles de feedback maintient la société dans un état de plus en plus critique. D’où la nécessité de nouvelles formes d’organisation.

pankkake @ 2006-05-18 00:02:35

:)

Et c’est ce que Ludwig von Mises disait déjà en 1949.

tcrouzet @ 2006-05-18 09:07:25

Je connaissais pas

J’ai jamais lu un économiste. Sur leur forum quelques libéraux me le reprochent. Ce que je découvre sur Ludwig von Mises et Friedrich August von Hayek me parle. En leur temps, ils ont dénoncé les dangers que le centralisme faisait peser sur la liberté.

Delqvs @ 2009-02-08 16:59:07

Attention au vocabulaire, si on veut se comprendre :

Complexe : difficile à analyser, qui possède de nombreuses interdépendances

Compliquer : difficile à comprendre, qui peut ëtre simplifié

Certaines choses sont simples et complexes, mais jamais simples et compliqués

Henri A @ 2009-02-08 17:30:17

A Delqvs :

Ben moi, je vois ça autrement.

  • Facile, difficile

  • Simple, compliqué.

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