Thierry CROUZET

Blogs et politiques, bis

José m’a demandé de préciser quelques définitions au sujet de mon prochain livre et du site associé bonVote .

J’en profite pour dire que le titre du livre ne sera sans doute pas blogs et politiques mais plutôt Politique 2.0 ou quelque chose dans le même esprit. Je veux traiter de l’influence d’Internet en général sur la politique. Au début de l’ouvrage, je placerai quelques définitions dont voici un premier jet.

weblog [weblog] nom masculin (1997 ; Jorn Barger ; contraction de web log, c’est-à-dire carnet de bord web) Site web qui ressemble à un carnet de notes où les articles, pouvant être commentés par les lecteurs, sont affichés dans l’ordre chronologique inverse. Le premier weblog daterait de 1994 et serait l’œuvre de Justin Hall. Un weblog est soit l’œuvre d’un auteur unique, soit d’un collectif.

blog [blog] nom masculin (1999 ; Peter Merholz) Synonyme de weblog. Employée pour la première fois dans le jeu de mots : « we blog ». A donné naissance au verbe bloguer (publier un article dans un blog) et au nom blogueur (quelqu’un qui blogue).

politique [pólitik] nom féminin (1361 ; du grec politikos qui signifie « de la cité ») Art de vivre en société – et non pas, seulement, art de gouverner car la vie sociale peut se concevoir sans gouvernement.

site politique nom masculin Site Web, très souvent un blog, qui traite fréquemment de l’art de vivre ensemble. Un site politique peut donner la parole à des élus, à des candidats, à des sympathisants, discuter des programmes politiques, analyser le travail d’un gouvernement, le critiquer, proposer des mesures, des révisions constitutionnelles, de nouveaux modes d’organisation, parler d’écologie, d’urbanisme, d’éducation…

buzz [buz] nom masculin Bruit autour d’un produit, d’une personne, d’une mode… qui se propage à très grande vitesse de bouche-à-oreille grâce, entre autre, aux nouvelles technologies de communication. Les blogs politiques sont souvent des créateurs de buzz. Lorsque le buzz atteint une masse critique, les médias traditionnels s’en saisissent et l’amplifient.

Beaucoup de sites et de blogs répondent donc à ces définitions : des sites officiels des partis aux rubriques politiques des médias traditionnels, en passant par un large éventail de blogs. Dans une certaine mesure, tous les médias sont un peu politiques. Dans le livre, j’essaierai de prendre en compte toutes les influences.

Dans bonVote, j’espère qu’il en sera ainsi. La base de données est ouverte à qui le souhaite. Si un blogueur pense être l’auteur d’un site politique, il pourra le référencer. Les médias traditionnels pourront aussi s’ils le souhaitent référencer leur section politique.

J’ai initialisé la base avec 1 000 sites, j’espère qu’elle va vivre d’elle-même maintenant, en s’auto-organisant en quelque sorte. Pour essayer de trier les sites, je suis en train de créer un nouveau robot qui évaluera la teneur politique des articles postés sur les sites. Il travaillera à partir d’un dictionnaire de mots clés qu’il recherchera dans chacun des articles. J’espère le mettre en ligne d’ici la fin de la semaine. Les sites à plus forte teneur politique apparaîtront en haut de page. La sélection de qui est politique ou non se fera alors d’elle-même.

Et comme souvent, comme ça se produit sur bonWeb, les internautes et les blogueurs ne manqueront pas de signaler les erreurs que nous corrigerons au plus vite. Merci d’avance pour votre aide.

José @ 2006-07-25 11:21:54

Salut Thierry,

Le langage est un lieu commun, c’est-à-dire, au sens propre, un lieu qui appartient à tous. Les dictionnaires tentent de codifier ce lieu commun, de donner à chaque mot des définitions qui soient à la fois précises, exhaustives (les mots ont souvent plusieurs acceptions) et acceptables par tous, à une époque donnée.

A partir de là, on peut discuter sans fin de la part d’idéologie(s) véhiculée par chaque auteur de dictionnaire et contenue dans chaque définition, et chacun peut même refaire le dictionnaire comme ça l’arrange.

Mais à quoi sert le langage ? A partager, à échanger, à communiquer. Si chacun donne sa propre définition à chaque mot usuel, il n’y a plus de “lieu commun“ et plus d’échange possible, chacun parlant à l’autre d’une chose différente.

Soit Bonvote est ton projet personnel, c’est respectable et tu peux appliquer à chaque mot la définition que tu entends, soit Bonvote est un projet commun et dans ce cas, pourquoi ne pas commencer par utiliser des définitions de mots que tous peuvent vérifier et sur lesquelles tous peuvent s’entendre ?

Tu as noté ailleurs que les définitions varient selon les dictionnaires. C’est exact, sans quoi il n’y en aurait qu’un, celui de l’Académie ou un autre. En revanche, toutes ces définitions sont, en général cohérentes les unes avec les autres.

Je n’ai sous la main que deux définitions du mot politique : celle d’un dictionnaire encyclopédique Larousse en 3 volumes (datant des années 60) et celle d’un Petit Robert récent. Tu peux t’y référer pour plus de précisions, mais voici les définitions de base :

Larousse : Relatif à l’organisation et au gouvernement des affaires publiques…

Robert : Relatif à la cité, au gouvernement de l’Etat… Relatif à la société organisée…

On pourrait en prendre d’autres et, pour commencer, le Littré. Il n’y est pas question d’art, d’art de vivre, d’art de vivre en société, d’art de vivre ensemble ou de vie sociale, qui ne définissent ni la ni le politique. Serait-ce cela, d’ailleurs, peu de “blogs politiques“ correspondraient à la définition généreuse.

En résumé : pour le mot “politique“, je reprendrais trois ou quatre définitions usuelles (Académie, Littré, Larousse, Robert) dans leur acception première. Pour “site politique“ (pas blog, donc ?), je te suggère ceci :

“Site web, très souvent un blog, qui traite de politique. Un site politique est soit partisan (sympathisant, militant, responsable, candidat à une élection ou élu), soit indépendant.

Selon la sensibilité de son auteur (ou de ses auteurs, dans le cas d’un site collaboratif), il décrit, interroge, analyse, enquête, discute, critique ou approuve tel ou tel aspect de la vie politique. Il est parfois force de proposition dans tel ou tel aspect particulier de la vie de la cité (organisation des pouvoirs publics, organisation sociale, environnement, urbanisme, éducation, etc),

Restent à préciser les proportions du contenu politique qualifiant : tu dis “fréquemment“, j’aurais plutôt tendance à dire “principalement“ ou de “manière significative“, faute de pouvoir quantifier plus présisément.

Thierry Crouzet @ 2006-07-25 11:39:17

Tu as raison pour politique. Je suis très embêté avec toutes les définitions officielles car elles excluent de la politique tous les systèmes auto-organisés, où il n’y a pas de gouvernement à proprement parler. Pour moi, un anarchiste fait de la politique. Un libertarien aussi. Toutes les définitions classiques les excluent du champ politique. C’est sûr qu’on peut dire que l’auto-organisation est une forme de gouvernement. Mais n’est-ce pas un peu tiré par les cheveux? Peu importe, je vais reposter deux nouvelles définitions en tenant compte de tes suggestions. Et je discuterai des nuances dans le livre. Faut partir d’une base claire pour tout le monde.

Visibilité
Newsletters Me soutenir