Thierry CROUZET

François Bayrou

À l’occasion de mon prochain livre, je rencontre nos politiciens. Je sors d’un entretien avec le patron de l’UDF. J’ai découvert un connecteur qui ne s’ignore pas. Bayrou comprend le web parce qu’il l’utilise. Il a aussi compris que le web ne se contrôlait pas, que la complexité ne se contrôlait pas, ce qui implique d’autres pratiques politiques. Bien sûr j’étais aux anges.

Nous avons parlé du dépassement du clivage gauche-droite, de tout ce dont je discute souvent ici. L’entretien s’est transformé en discussion. Nous avons évoqué la séparation des pouvoirs. Je lui ai dit « Le nouveau pouvoir, c’est nous tous les citoyens, c’est le cinquième pouvoir. » Il m’a dit « J’en suis persuadé. »

Alors une idée m’est venue. Sans trop réfléchir, j’ai dit à Bayrou : « Vous voulez rencontrer le cinquième pouvoir, venez donc ce soir à la soirée blogs et politique. Les blogueurs de tous les partis seront là. » Bayrou m’a posé deux ou trois questions, a regardé son emploi du temps et m’a dit « Ok, je viens mais faites bien savoir que je viens à votre invitation, je ne veux pas m’imposer. »

J’ai pris cette initiative sans consulter personne. Bayrou veut la séparation des pouvoirs, il me semble bon qu’il vienne à notre rencontre, au même titre que chacun d’entre nous, hors de tout cadre formel (et minutieusement préparé). Le propre du web n’est-ce pas de favoriser les connexions impromptues ?

Que les choses soient claires, je reste ni de gauche, ni de droite, ni du centre. Je ne vais pas prendre la carte de l’UDF ou d’aucun autre parti, mais j’ai envie de tout faire pour faciliter l’émergence d’autres voix politiques, celle de Bayrou ou d’un autre.

Aurel @ 2006-09-27 12:57:31

L’UDF dispose de quelques beaux talents politiques, mais François Bayrou, hélas, n’en est pas le plus beau fleuron. Lors de son passage au ministère de l’EN, il n’a strictement rien fait pour ne pas risquer de froisser les syndicats enseignants. Claude Allègre avait plus d’étoffe.

Il serait temps qu’il comprenne que la marginalisation ne suffit pas. Encore faut-il avoir un projet et l’assumer lorsqu’on est au pouvoir.

~laurent @ 2006-09-27 13:03:50

bravo :)

Vincent @ 2006-09-27 13:31:33

Haaaaa... ouf, j’ai pas besoin de te demander ce que tu penses de Bayrou, comme ça me titillait les neurones depuis quelques temps ;-)

Farid Taha @ 2006-09-27 13:48:36

Dommage d’avoir des phrases à l’emporte pièce comme celle ci..."Lors de son passage au ministère de l’EN, il n’a strictement rien fait "

Il fût l’un des meilleurs ministres de l’éducation nationale justement par ce qu’il n’a pas eu cette impérieuse envie de réformer coute que coute comme l’a si bien dit Rocard invité à l’université d’été de l’UDF pour en discuter et qui a dit c’est une envie "qui les prends comme un prurit" pour reprendre son expression.

C’est vrai qu’il n’a pas laissé beaucoup de traces dans notre mémoire parce justement cette mémoire collective est façonnée par les manif d’étudants ou d’enseignants quont connu presque tous les ministres de l’EN.. Lui n’en a pas eu !

On peut donc lui reprocher d’avoir été un ministre de l’éducation nationale sans manifestation ... On ne réforme pas CONTRE l’avis des principaux intéressés mais AVEC EUX.

Gin @ 2006-09-27 13:53:03

Bravo a François Bayrou d’incarner enfin un désir profond des français une alliance des principaux parties

Mon Blog de soutien http://bayroupresident.blogspot.com/

Axel @ 2006-09-27 13:57:51

Bayrou au pouvoir n’a pas fait grand chose. Et hors pouvoir il a parfois tendance, pour exister, à bloquer ce que fait le gouvernement.

Mais j’aime assez son rôle de poil à gratter qui remet en question les automatismes partisans. Son initiative d’inviter Rocard à la dernière université d’été était salutaire, d’autant que Rocard est un des rares à remettre en cause le cirque qu’est devenue l’élection présidentielle, qui devient, avec le développement des médias, une star-academy guignolesque.

Le clivage gauche-droite ne correspond plus à aucune réalité politique, en dehors de la carte électorale et des automatismes d’électeurs.

La vraie question politique tourne autour des réformes libérales, de l’adaptation de la France à la mondialisation, et cette question ne se retrouve pas dans les identités de gauche et de droite.

Traditionnellement, la droite est conservatrice. Mais aussi liée au monde de l’entreprise, et c’est le monde de l’entreprise qui aujourd’hui la force à s’adapter à la mondialisation pour rester compétitive. Idéologiquement toutefois, la grande base de droite reste hostile au libéralisme.

Traditionnellement, la gauche est progressiste. Mais son refus de la libéralisation et du monde tel qu’il s’annonce en fait aujourd’hui l’avocate de l’immobilisme, le maintien des "acquis sociaux". Elle craint un progrès qui ne correspond plus à ses schémas idéologiques, et s’arc-boute sur le passé.

On se retrouve donc paradoxalement avec une droite moderniste et une gauche arriériste, et les bases électorales ne se retrouvent plus bien dans ce mic-mac. Le monde a changé plus vite que les idéologies.

Cette droite moderniste n’arrive pas à réformer. La gauche arriériste, faute de réformes, n’arrive pas à faire progresser le pouvoir d’achat donc perd la confiance de ses électeurs qui filent vers les extrêmes...

Il serait temps de bousculer ces clivages d’un autre temps, et d’engager un vrai débat de fond sur la mondialisation. Si Bayrou peut aider à le faire c’est tant mieux, quelles que soient ses motivations. Il faudrait que Bayrou, Rocard, Alternative Libérale, Kouchner, tous ceux qui sont en marge du système actuel et n’ont rien à perdre se réunissent pour organiser des débats publics sur le modèle français et ses adaptations nécessaires.

Aurel @ 2006-09-27 17:06:39

On ne réforme pas CONTRE les enseignants, c’est certain. Mais 884.000 enseignants, ça fait beaucoup d’opinions différentes, non ? Les syndicats dits "représentatifs" le sont-ils vraiment ?

Ensuite, la méthode traditionnelle de nos politiques/hauts fonctionnaires est de réformer d’en haut et de manière centralisée. Ne croyez-vous pas que la réforme pourrait s’envisager d’en bas ?

A lire les nombreux opuscules d’enseignants publiés chaque année, il y a dans le corps enseignant de vrais esprits entreprenants. Laissons-les un peu faire, offrons aux écoles l’autonomie dont elles ont besoin pour mettre en oeuvre un vrai projet pédagogique, appuyé sur une gestion des ressources humaines cohérente. Laissons-les trouver des partenaires qui les soutiennent financièrement, matériellement ou en consacrant des ressources de formation (économistes, formateurs...). Tant de choses sont possibles lorsqu’on desserre l’étau.

Mieux, permettons aux enseignants qui veulent fonder un nouvel établissement (et qui trouvent un local) de le faire, de faire agréer la nouvelle école par le ministère et de bénéficier du financement public en fonction du nombre d’élèves captés. La Suède, entre autre, l’a fait, c’est un joli succès dont nous pourrions nous inspirer.

Bayrou est resté TRES TRES LOIN de ce genre de débat, alors que tous les pays qui nous entourent l’ont lancé depuis belle lurette !

Christian Jacomino @ 2006-09-27 21:42:32

Bravo, Aurel! Je suis pleinement d’accord avec toi... François Bayrou a été le ministre de l’éducation le plus timoré de l’histoire. Quand il a quitté son poste, il était très ami avec les syndicats. Il ne leur a jamais rien dit qui puisse les fâcher. Personne n’a jamais vu en France un ministre qui fasse la moindre proposition allant dans la direction que tu énonces et qui est celle du libéralisme. L’école a droit à des réac. de gauche ou des réac. de droite. Les rodomontades du ministre actuel sur les méthodes de lecture sont faites pour masquer l’absence de réforme struturelle. La droite veut plus de liberté pour les entreprises, en quoi je l’approuve. Mais elle veut moins de liberté pour les établissements scolaires, en quoi elle me paraît insupportable.

abadinte @ 2006-09-28 01:31:50

Ouais enfin le Bayrou a fait de l’ombre à la pauvre Dominique Voynet. Désolé pour elle mais elle n’a pas la côte chez les bloguers. C’est le moins que l’on puisse dire...

Anonyme @ 2006-09-28 03:12:41

Deux ou trois choses à dire:

1) Ce qui tient bon encore dans l’éducation nationale, lui permet de fonctionner malgré les bêtises commises depuis dix ans par les Allègre, Fillon et tous les autres dont on voit le résultat aujourd’hui, c’est directement issu de ce qu’a fait Bayrou.

2) On ne réforme pas contre les professeurs. On peut le faire contre les syndicats, par contre, si les professeurs de base ne sont pas de leur avis. Le problème n’est donc pas syndical.

Les personnes qui ont planté le système éducatif, depuis l’époque Bayrou où ça fonctionnait vraiment, ce sont les politiques, ministres et autres administratifs nommés par eux aux directions du ministère, et accuser professeurs ou syndicats pour se défausser de leurs responsabilités est une de ces c... de politiques que je supporte de plus en plus mal.

A en croire les politiques, c’est toujours la faute des autres: l’Europe, les Français, les syndicats ou n’importe quoi d’autre. Jamais leur propre politique n’est remise en question par eux, même après coup.

Quant aux "libéraux" ci-dessus, qui ne semblent pas conscients que le libéralisme ne présuppose pas un affrontement avec les syndicats, et heureusement, et rejettent sur les autres les difficultés à appliquer le libéralisme qui tiennent tout simplement au fait qu’ils veulent appliquer un libéralisme inadapté aux réalités, il serait bon qu’ils réfléchissent au lieu de penser en idéologues.

3) Parler d’ "assumer son projet quand on est au pouvoir" à propos de Bayrou, c’est ne pas savoir de quoi on parle: il l’a toujours assumé, quitte à refuser le pouvoir quand il ne pouvait pas l’assumer. Mais le pouvoir, il ne l’avait que dans le petit domaine de l’E.N. face aux Balladur, Juppé, Chirac qui disposaient alors du pouvoir réel.

4) Axel, ce que vous demandez, Bayrou et l’UDF le font déjà: allez donc voir sur udf.org, vous y aurez tout le travail fait en profondeur, les colloques et discours, et le projet qui en est issu.

Cratyle @ 2006-09-28 03:13:22

Toutes mes excuses: l’anonyme ci-dessus, c’est moi.

Aurel @ 2006-09-28 08:39:08

Cratyle, vous m’avez mal lu.

Les profs, avant d’être pour ou contre les mini réformes qui compliquent leur vie au quotidien, cherchent avant tout à vivre convenablement : mal payés, ils travaillent de plus en plus pour des cours privés qui arrondissent (pas toujours bien non plus) leurs fins de mois. Mal traités, ils sont parfois mutés à 50 ou 80 km de leur domicile par des académies dignes de Brazil. Et pour commencer joyeusement leur carrière, les jeunes, frais émoulus des IUFM et plein de savoir savant, sont envoyés en ZEP, histoire de caser les plus faibles. C’est le côté "struggle for life" de l’Education Nationale. Heureusement, beaucoup s’en sortent pas trop mal. Une minorité demande à y rester, comme Véronique Bouzou qui a publié sa formidable expérience sur ce terrain.

Chaque réforme d’en haut ne peut que susciter des rejets, et ce n’est pas vrai que dans l’Education Nationale : idéologiques parfois, plus pragmatiques dans d’autres cas, surtout de la part d’une corporation à fleur de peau comme celle-là, compte tenu de la manière dont le système les traite. Nous, libéraux, proposons de laisser s’ouvrir spontanément le système depuis le terrain. Ceux qui se satisfont de l’immobilisme ne bougent pas. Les autres ont un champ ouvert pour eux.

Face à cette liberté de choix, un blocage d’ensemble ne peut être qu’idéologique, fondé sur des critères pseudo-sociologiques ou des principes poussiéreux du XIXe siècle. Encore une fois, la Suède l’a très bien mis en oeuvre, même si ce pays est plus habitué au consensus. D’autres pays honnis, tels les USA dans certains Etats ou la Grande Bretagne, ont aussi testé ce type de diversité pédagogique. Bref, nous serions bien les derniers (encore une fois !) à ne pas nous pencher sur ce qui marche ailleurs. En général, ce sont les Parisiens qui sont les plus bloqués : normal, ils vivent dans un monde coupé des réalités du pays (et je suis bien placé pour le constater).

Désolé d’avoir un peu secoué votre héros, Bayrou. Je vous sens très remonté pour ces propos maladroits de ma part. Je vous promets de ne pas retoucher votre icône.

Axel @ 2006-09-28 10:06:54

"

4) Axel, ce que vous demandez, Bayrou et l’UDF le font déjà: allez donc voir sur udf.org, vous y aurez tout le travail fait en profondeur, les colloques et discours, et le projet qui en est issu.

"

oui mais tant que cela reste interne à l’UDF on ne sort pas des prisons partisanes, on ne touche pas les Français dans leur ensemble. C’est le même problème avec les Conventions UMP mensuelles. débats de qualité, mais sans écho externe à l’UMP, impact très faible sur l’opinion publique. Elles ne s’adressent qu’aux convaincus.

Ce que Bayrou a fait en invitant Rocard à ses Universités d’été UDF, il faudrait le refaire mais dans un cadre pluraliste, un colloque consacré aux blocages français, réunissant Rocard, Bayrou, Kouchner, Alternative Libérale, DSK, François Chérèque de la CFDT (qui regrettait à l’université d’été du Medef que la réforme des retraites n’ait pas été poussée assez loin) ... des réformistes de différents horizons, dépassant le clivage gauche/droite. En utilisant aussi le Web et ses réseaux de blogueurs pour créer du buzz autour de cela, pour le sortir de la confidentialité sans quoi c’est de l’énergie dépensée pour rien.

Christian Jacomino @ 2006-09-28 13:16:14

Encore une fois, j’approuve sans réserve le propos d’Aurel. J’ai vécu toute ma carrière dans l’éducation nationale, premier degré. Et votre façon de dire que les enseignants ne veulent pas de la réforme, ce qui revient à dire qu’ils ne voudraient pas de la liberté, produit sur moi un effet un peu désagréable. Les professeurs ne sont pas fait d’un autre bois que les médecins et les cadres du privé. Ils n’appartiennent pas à un autre race que vous. Entre nous, compte tenu du lieu où nous nous exprimons, il me semble que nous pourrions poser comme principe méthodologique de base qu’ils aspirent à la liberté et à la responsabilité comme toutes les autres catégories sociales. La vraie question est de savoir pourquoi il semble si difficile de concevoir un système éducatif reposant sur des principes démocratiques et libéraux. Je parle sur mon blog de navigation internet bridée pour tous les ordinateurs d’un collège de ZEP. Si une telle atteinte à la liberté s’obervait dans une entreprise privée, le ’peuple des connecteurs’ monterait aux créneaux. Comme cela se passe à l’école, personne ne réagit. Croyez bien que les jeunes profs des ZEP auraient besoin de votre solidarité. Pour les défendre, ils ne trouvent que des syndicats dont aucun ne prône la réforme et la démcratie locale. On abandonne les profs. aux mains des syndicats gauchistes de la même manière que la France a abandonné l’Algérie au mains d’un parti totalitaire. En se disant, ’ils ne méritent pas mieux’. Ce qui est la définition même de l’attitude coloniale.

Laurent @ 2006-09-28 23:54:04

J’ai vu que M Aurel faisait référence à claude Allègre...

Quelle âne celui-là ! (Allègre pas Aurel)

Il ne suffit pas de crier fort pour avoir raison ou de trouver quelques bons mots pour avoir de l’esprit.

Ce ministre était bouffi d’orgeil et sortait des énormité à 2 balles en croyant détenir une vérité supérieure.

Ce monsieur professeur d’université croyait que toute l’EN ressemblait à ce qu’il vivait dans ses cours. En pleine émission de TV, je l’ai vu donner la leçon aux enseignants de collège difficile en prenant pour exemple ses propres cours de fac. Faut être faiblement doté en esprit critique pour oser ça...

Aurel @ 2006-09-30 11:54:21

Il faut savoir distinguer la forme du fond. Thomas Piketty l’ aussi aligné sur ce point cette semaine dans Libé. Avait-il tort pour autant ? A l’avoir lu, j’ai retrouvé certaines excellentes idées et propositions... presque libérales.

Cratyle @ 2006-09-30 21:36:51

1) Axel, parfaitement d’accord avec vous, à deux réserves près: la première est que tous ces acteurs ne se grouperaient pas ensemble (et d’ailleurs une association ou un syndicat ne se prendra pas pour un parti, surtout la CFDT, par exemple), sauf pour des colloques pour lesquels ils le font déjà souvent, et ces colloques ont toujours une puissance invitante. On a parlé de Rocard sur les chaînes, mais moi j’étais à l’université d’été de l’UDF et je peux témoigner de la présence de dizaines d’autres intervenants associatifs, syndicaux, et pas seulement politiques, dont un bon nombre étaient d’accord avec la position de l’UDF sans pour autant que mettre en place une position commune soit possible. Ma seconde réserve est que les membres du centre dans les divers partis ne se rejoindront pas sans une raison de se rassembler. Et cette raison est politique: tant que nous fonctionnerons sur le mode binaire droite/gauche avec alternance au pouvoir du PS et de l’UMP, ce rassemblement ne se fera pas. Je partage le point de vue de Bayrou selon lequel il n’y a qu’à la présidentielle que l’on peut faire sauter ce couvercle, parce que tout dépend de la majorité présidentielle. Si l’élu est au centre et non au PS ou à l’UMP, le rassemblement du centre se fera; justement, pour la première fois depuis longtemps, l’UDF peut contester la domination des deux gros partis: profitons-en.

2) Aurel, il faut savoir que dans son livre Allègre a comlètement réécrit l’histoire de son passage au ministère avec des mensonges éhontés sur sa propre action; c’est un livre de propagande pour lui-même, aussi plein de vérité que toute propagande.

Sur Allègre, complètement de l’avis de Laurent. Quelqu’un qui injurie ses enseignants en direct à la télévision et qui manifeste une telle incompétence dans ses propositions de réforme ne peut être un bon ministre. Les plus ou moins ultra libéraux n’ont une bonne opinion de lui que parce qu’ils regardent par le petit bout de la lorgnette médiatique un ministre qui fut surtout un idéologue; or on ne réforme pas avec une idéologie, libérale ou non, d’autant que l’idéologie des Meirieu et autres soutenue par Allègre (qui, soit dit au passage, était tout sauf libérale!) est celle qui a eu les effets les plus catastrophiques dans l’éducation nationale. Avant d’être content de voir un ministre tirer sur les syndicats, les libéraux devraient se demander un peu pour quelle raison il le fait et si cette raison est pertinente.

3) Aurel, vous écrivez en gros: laissons aux professeurs de l’autonomie, et ils se comporteront comme je le souhaite. C’est le contraire qui arrivera, bien sûr. Les professeurs accepteront volontiers l’autonomie, ils la souhaite, mais à condition qu’elle ne soit pas un leurre comme les projets d’établissements d’aujourd’hui; si vous la leur donnez, ils s’en saisiront pour faire ce qu’ils veulent, eux, et qui a de fortes chances de déplaire à nos ministres de "droite" ou de "gauche", avec leurs idéologies, et dans une large mesure aussi aux syndicats d’ailleurs. Commencer par laisser aux professeurs une certaine latitude dans la manière de prendre les programmes pour assurer la formation, ce qu’on appelle la liberté pédagogique, en constante régression depuis 10 ans, serait déjà une bonne idée, et on en est loin. Desserrer les contraintes qui les empêchent d’avoir le choix serait une bonne idée aussi: dans la plupart des établissements, le nombre d’heures d’enseignements est tellement faible qu’il est impossible qu’il y ait ne serait-ce qu’une classe à effectif réduit, par exemple; les projets sans aucun moyen en heures de réaliser quoi que ce soit, ça s’appelle gérer la pénurie, pas faire un travail pédagogique sérieux.

4) "Les profs, avant d’être pour ou contre les mini réformes qui compliquent leur vie au quotidien, cherchent avant tout à vivre convenablement" : erreur, c’est l’une des rares professions où l’on fait grève pour défendre des principes qui ne vous rapportent rien ou pour faire en sorte que les élèves soient mieux défendus.

5) "Chaque réforme d’en haut ne peut que susciter des rejets": faux bien sûr! Elle ne suscite des rejets que quand elle est construite sans concertation, sans prise en compte du principe de réalité, ou pour des raisons idéologiques. Car les plus idéologues là-dedans, ce sont les ministres! On en a eu pas mal d’exemples ces derniers temps, mais c’est ancien. La différence entre Bayrou et les successeurs, c’est qu’il était agrégé de lettres avant d’être ministre, et par conséquent compétent pour réformer, et qu’il cherchait à diagnostiquer correctement, en se servant des expertises, avant de réformer. L’immense majorité des professeurs, bien placés pour savoir ce que sont les faiblesses de l’EN, non seulement veut certaines réformes, alors même que l’immense majorité des politiques se bouchent les oreilles au lieu de les écouter parce que ce qu’ils entendraient ne leur plaît pas, mais est même contrainte à militer pour le statu quo parce que les réformes qu’on veut leur imposer seraient encore pire que celui-ci. Prétendre qu’ils sont partisans du statu quo pour autant relève de la propagande anti-EN comme elle fleurit en ce moment à droite.

Vous vous faites une idée précise sur ce que DOIT être une réforme venue du bas. Elle ne sera pas comme en Suède, si elle vient des professeurs Français, et pour cause. Si vous donnez aux professeurs la liberté de faire ce que vous voulez qu’ils fassent seulement, n’appelez pas ça une liberté, et si vous leur donnez la liberté de faire ce qu’ils veulent, ça sera certainement bien mieux que les mauvaises politiques ministérielles de ces dix dernières années, mais n’attendez pas que le résultat vous plaise.

Farid Taha @ 2006-10-03 22:27:18

Le problème des réformes c’est qu’on invite souvent les intéressés à se prononcer sur un choix et non à les associer à la réflexion pour arriver à ce choix.

C’est donc toujours un pavé tout prêt qu’on nous sert en nous demandant soit de l’accepter soit de le rejetter mais jamais de l’élaborer...

C’est la le coeur du problème !

catherine guibourg @ 2006-12-03 21:05:01

je découvre le fil de cette discussion. On y parle beaucoup d’éducation mais pas du tout d’Europe. Peut-être que le candidat Bayrou fera le lien?

je conseille en tout cas la lecture de mon blog "l’Europe dans la campagne"

http://catymi.blog.lemonde.fr/

Catherine

Thomas Guenole @ 2007-04-17 17:48:45

La BD "Bayrou président!" est prête !

Son adresse de téléchargement : http://grozbulles.hautetfort.com/planches_bd/

Amicalement,

TG

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