Thierry CROUZET

L’union nationale est-elle possible ?

En France, ces vingt dernières années, nous avons essayé la gauche et la droite, disons le PS et le RPR/UMP et même deux fois la cohabitation. Résultat, c’est toujours la merde. La France poursuit son déclin économique à l’échelle mondiale et, ce qui est bien plus grave, les Français sont toujours aussi pessimistes. Moi, je me dis, sans trop d’illusions je le précise, qu’il est temps d’essayer autre chose.

À droite et à gauche, on veut reprendre les mêmes, ou presque, et surtout les mêmes méthodes, ou presque, tout ça pour se planter comme par le passé. Alors, quand j’entends dire que l’union nationale est impossible par les tenants de la droite et de la gauche, je me marre. Réveillez-vous. La droite ou la gauche, c’est possible mais ça ne marche plus depuis vingt ans. On vient d’essayer… plusieurs fois même.

Tout le monde savait que c’était impossible à faire. Puis un jour est venu un homme qui ne le savait pas. Et il l’a fait.1

Avec cette remarque, Churchill nous a déjà démontré que nous devions tenter l’union nationale. J’ajoute quelques arguments.

  1. Si on ne prend pas de risques, on n’a aucune chance de gagner gros. Et comme la France a besoin d’un jackpot, autant essayer ce qui ne l’a pas été depuis bien longtemps.
  2. Ce n’est parce que l’union nationale a été tentée sans succès qu’il faut l’écarter définitivement (dans ce cas la gauche et la droite devraient être bannies de la politique).
  3. L’union nationale serait faible car non appuyée sur une majorité. Mais l’union nationale ne peut-elle être, elle-même, la majorité ? Les législatives viennent après la présidentielle. Entre temps, l’union nationale peut être créée.
  4. Le pouvoir fort, autoritaire, qui fait passer des idées par-dessus celles des autres n’a aucune efficacité dans notre monde complexe où personne ne contrôle vraiment ce qui se passe.
  5. Un pouvoir d’union, donc sans majorité propre à l’intérieur de ses rangs, est forcé au dialogue et à la collaboration. Or, aujourd’hui, nous avons besoin de l’intelligence de tous. L’union nationale est le meilleur moyen de faire fonctionner l’intelligence collective. En elle-même, elle impose le dialogue.
  6. Pour être efficace, l’union nationale doit modifier les institutions pour introduire le dialogue à tous les niveaux. Elle doit construire un pays où les forts justement ne sont pas tout-puissants. C’est son fondement philosophique. Je crois qu’il n’a encore jamais été mis en œuvre. Dans un système fait pour les forts, comme en Italie, l’union nationale est chahutée. À cette union nationale, dès son élection, de changer le cadre où elle s’exercera.
  7. Les mouvements d’union nationale seraient instables. Dans un monde qui évolue sans cesse, la stabilité n’est pas vraiment un avantage. Pour preuve, on demande aujourd’hui aux entreprises et aux individus d’êtres réactifs et non figés sur des préceptes. Nous devons en attendre autant de nos gouvernements. L’instabilité, c’est la vie. La stabilité, c’est la mort. Mais instabilité ne veut pas dire anarchie. L’instabilité peut-être créative.
  8. Internet nous apprend en ce moment la possibilité de cocréer de la valeur, d’œuvrer dans un esprit gagnant-gagnant. D’une certaine façon, internet résulte d’une union internationale. Tout le monde s’est retroussé les manches, sans se préoccuper de nationalité, ni de savoir dans quelle entreprise on travaillait. Ça n’empêche pas la concurrence mais cette méthode de travail a permis un fantastique développement en une dizaine d’années. Pourquoi pas cela en France ?

C’est juste quelques idées dont j’ai étayé certaines dans Le cinquième pouvoir. Quand je vois des hommes politiques dirent qu’ils refuseront de participer à une union nationale je les trouve mauvais perdants par anticipation et, surtout, très prétentieux. Ils croient sans doute que nous ne pouvons pas nous passer d’eux.

Je crois que, au contraire, les hommes de gauche comme de droite aiment trop le pouvoir pour le refuser quand on leur proposera de le partager. Ceux parmi eux qui sont intelligents, qui aiment la France, se mettront au travail. Nous sommes soixante millions, il y aura toujours des volontaires. Et tant mieux s’ils ne sont pas tous politiciens (depuis longtemps je suis persuadé que les forces vives de la nation ne font pas de la politique parce que le clivage droite-gauche les désespère).

Pour une fois, l’union nationale mettrait en place une politique pour les Français et non pas contre ceux des camps adverses. C’est peut-être une utopie mais j’ai envie de la voir vivre.

  1. Je n’ai pas trouvé la source de cette citation de Churchill. En cherchant, je suis tombé sur une autre citation comparable par Mark Twain : « On avait oublié de leur dire que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »

Article aussi publié sur Agoravox.

Sarro Philippe @ 2007-03-12 10:29:26

Union nationale contre quoi ? Contre les extrémismes ?

Thierry Crouzet @ 2007-03-12 10:35:56

Pas du tout... Faut arrêter justement de penser la politique contre. L’union nationale peut-être pour nous, pour aller de l’avant.

Sarro Philippe @ 2007-03-12 10:40:04

C’était de la provocation.

Thierry Crouzet @ 2007-03-12 10:52:11

:-) Du coup j’ai ajouté une phrase à la fin du billet...

charlie @ 2007-03-12 11:09:15

Sur l’union nationale, j’ai toujours la même question : pour faire quoi et comment ? Toujours d’accord sur le fait qu’il faut dépasser les vieux clivages, qu’il faut dialoguer, que l’urgence l’impose. Pas seulement économiquement, mais socialement et environnementalement aussi, les 3 sont liés.

J’avais fait un post à ce sujet, pour souligner qu’à mon avis, la question du changement climatique - et surtout les réponses qu’on envisage - portait une nouvelle ligne de clivage : remise en cause de la croissance telle qu’on la connait ou non. Du coup, j’ai un peu peur que l’union nationale sans projet défini soit un truc électoral de plus, voire conduise à une redéfinition de la bipolarisation, façon démocrates / républicains, et que ce soit toujours dans les mêmes vieux pots qu’on fasse les mêmes vieilles soupes.

L’accord de l’UDF avec Lepage va plutôt dans le bon sens, mais là encore, sur quelles bases est-il passé ? Si c’est un accord "soutient contre postes ou investitures aux législatives", ben, vous pouvez pas savoir comment je m’en fous. Si c’est un accord sur le programme, que l’UDF, plutôt à la ramasse sur l’environnement, intègre des éléments du programme de Lepage, ça devient intéressant. Et encore, ça dépend des éléments en question, là aussi, si c’est trois mesurettes, ça ne va pas être possible : les cautions écolo pour cause d’élection, pour ma part, j’en ai soupé.

Résumé : intéressée, mais pas au point de faire un chèque en blanc. "il est temps d’essayer autre chose", dis-tu. Tout à fait d’accord, mais est-ce bien ça qu’il faut essayer ?

Thierry Crouzet @ 2007-03-12 11:14:27

Tu vois autre chose dans ce qu’ILS nous proposent? Moi pas. Alors essayons ça en attendant mieux. Pour faire quoi? Le web s’est fait sans projet, il s’est fait parce que les gens ont travaillé ensemble. Le projet peut apparaître de lui même. Si ça marche entre les gens.

Marcus @ 2007-03-12 12:17:45

Le temps des hommes et des femmes de dialogue et de bonne volonté serait-il enfin arrivé ? C’est en tout cas mon intime conviction.

Il importe de mettre le pragmatisme, l’ouverture d’esprit, la tolérance, l’écoute et le respect de l’autre, au cœur de la gouvernance.

Cela nous rapporcherait aussi de nos amis et partenanires européens. Nous en avons bien besoin.

Axel @ 2007-03-12 12:46:20

"Pour faire quoi? Le web s’est fait sans projet, il s’est fait parce que les gens ont travaillé ensemble. Le projet peut apparaître de lui même. Si ça marche entre les gens."

Je suis bien d’accord avec ça.

S’il avait fallu dire au début "le web pour faire quoi ?" on discuterait encore du projet et le web n’existerait pas.

Lançons l’outil, l’union nationale est un outil, et ensuite on découvrira plein d’applications.

José @ 2007-03-12 15:29:40

“La droite ou la gauche, c’est possible mais ça ne marche plus depuis vingt ans. On vient d’essayer… plusieurs fois même.“

Et tu penses sérieusement que réunir tous ces gens, dont tu sembles penser le plus grand bien, donnera de meilleurs résultats que de les subir séparément ? :)

A moins que tu ne penses à pas à ceux-là ? A moins qu’ils soient réunis sur un projet ? Et lequel ?

Garbun @ 2007-03-12 17:09:05

Ne pas essayer de changer un système qui marche mal sous pretexte que ça ne le changera pas forcément est une connerie.

José @ 2007-03-12 17:52:56

Merci Garbun, mais on va dire de ta réponse qu’elle est dilatoire :)

Pour ma part, si je souhaitais l’Union nationale -ou plutôt si je la croyais possible-, je commencerais par ne pas considérer l’ensemble de la classe politique comme “défaillante“ -parce que c’est aussi avec elle que se fera ladite union- et les questions dérangeantes comme des conneries.

Ça pourrait mettre le doute sur la réalité de la volonté de dialogue ou sur la sincérité, l’opportunité et la solidité de la démarche d’union.

SoAnn @ 2007-03-12 18:20:11

Bayrou utilise seulement une vieille recette que tous ont utilisé mais qui marche avec tout le monde actuellement... Quand Le Pen dit qu’il est du centre ou que Sarko cite Jaures, cela choque plus. Quand Bayrou le fait, cela passe mieux et tout le monde mord à l’hameçon! Les hommes politiques ont toujours dit qu’ils n’étaient ni de droite ni de gauche, mais dans les faits la division est toujours, plus ou moins binaires, et vous pouvez l’appeler comme vous le souhaitez, cela ne changera rien!

A partir de là, faire travailler des gens dont les valeurs sont différentes appelera toujours le compromis, le manque d’entente ou d’avancées fortes. ET donc l’immobilisme sera favorisé. Je retiens de Bayrou des positionnements très libéraux dans le sens irrégulé du terme et suis entièrement d’accord avec Charlie pour dire que le ralliement avec Lepage, c’est de la pure poudre aux yeux! Il s’est simplement acheté une caution morale! Et les deux trois freemen qui pensent avoir influencé cela peuvent toujours s’en targuer! Les hommes/femmes politiques écoutent beaucoup de monde, mais ils n’agissent pas avec la logique avec laquelle on aimerait les voir faire. J’ai un peu peur pour eux qu’ils soient déçus si François passe. Je ne l’espère pas. Mais je pars du principe qu’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

A partir de là, prôner l’Union Nationale, aller dans ce sens uniquement depuis que les sondages sont un peu plus favorables, c’est vraiment risible. Bayrou qui fustigeait les sondages il y a encore deux mois n’arrête pas de les citer maintenant! Du jour où il a été mis au second tour comme capable de battre Sarko, tout le monde s’est dit "pourquoi pas?", tombant alors dans la théorie du vote utile manipulée par les médias, vous faisant réaliser ce que vous critiquiez il y a encore quelques jours ici... Si le 5ième pouvoir ne peut sortir d’analyse plus fine que les pouvoirs précédents, je me demande bien vers où l’on se dirige...

Paul de Montréal @ 2007-03-12 18:36:02

L’union nationale ca serait de prendre les meilleurs qqsoit leur étiquette politique et les juger au résultat et pas à la maniere qu’ils ont de contourner les obstacles - par la droite ou la gauche.

Parmi les politiciens élus au commande, il faudrait qu’ils sachent bien raisonner, communiquer et collaborer entre eux et avec leur concitoyens avec un sens pragmatique plus que dogmatique.

"Peu importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape la souris."

Ca implique de changer les mentalités et les vieux clivages politiques mais sans oublier l’histoire et les interêts particuliers de chaque groupe sociaux.

Bayrou participe un peu a faire progresser ce processus malgré les résistances fortes des deux partis PS et UMP.

Quand au 5ième pouvoir, il a besoin d’une information de qualité qu’il peut trouver plus facilement sur l’internet que sur le TF1 de Bouygues car sinon ca sera le café du commerce online.

Thierry Crouzet @ 2007-03-12 19:44:28

J’ai toujours, ici et dans mes livres, milité pour le win-win. Si le win-win n’était pas efficient dans la nature, il n’y aurait pas d’évolution. Je crois que si on encourage le win-win on a tout à y gagner. L’union nationale me paraît aller dans ce sens, en tout cas on peut le rêver.

Mais ne croyez pas que je me fais des illusions. Qui que ce soit qui atteint le pouvoir se retrouvera face à la complexité incontrôlable. C’est pour ça qu’au fond voter ne sert pas à grand chose et que je ne voterais probablement pas.

Mes arguments ne sont pas partisans, je me fous de qui aura le pouvoir pour la raison ci-dessus. Mais surtout arrêtez de dire que l’union nationale est impossible. J’ai écrit ce billet pour dénoncer cette absurdité. Une chose est impossible que si on l’a essayée au préalable.

Et ne ressortez pas l’exemple de la 4e république. C’était il y a 50 ans. Vous croyez que le monde n’a pas changé depuis. À cette époque, nous n’étions pas face à une crise écologique majeure. La guerre froide à côté c’était de la rigolade. Les temps changent, la politique doit changer même si les hommes ne changent pas.

Soyez un peu aventureux. C’est tout ce que je vous demande. Si vous allez voter, choisissez le changement. Il n’y a pas que Bayrou (il ne me fait pas rêver mais il propose une expérience qui ne me déplait pas). Mais stop à l’UMPS. Ces gens n’ont jamais rien prouvé et ils nous donnent des leçons.

Depuis septembre, je me suis battu avec d’autres pour que Bayrou ait la parole. À cette époque, il était invisible dans les sondages. Je suis persuadé que c’est grâce en partie au cinquième pouvoir que Bayrou en est là où il est (il le reconnaît lui-même – démagogie vous allez me dire). Un historien s’amusera un jour à relever les emprunts qu’il a fait aux idées qui circulent sur le web. Je ne vais pas m’amuser à ça car je travaille déjà à autre chose mais ce travail mérite d’être fait. Nous n’aurons pas de preuve mais bon...

Comme le suggère José, l’union nationale ne fonctionnera que si elle sort du carcan politique. On verra bien ce que fera Bayrou si d’aventure il est au pouvoir. Je demande à voir comme au poker. Et si c’est la merde, rien ne nous empêchera de faire marche arrière… Il faut trouver de vraies solutions.

Ici et ailleurs nous en proposons de temps en temps, elles finiront par faire leur chemin. Une reconfiguration du paysage politique leur permettrait sans doute de gagner du terrain. Je suis pour la révolution, même une simple petite révolution électorale.

Garbun @ 2007-03-12 19:44:30

José, comme le dit Thierry, il n’y a pour l’instant pas d’autre proposition. Ma phrase visait les arguments disant "on en sait rien si ça sera mieux", qui pour le coup sont conservateurs.

Axel @ 2007-03-12 19:56:29

Pour So-Ann, un peu d’écologie dans cette campagne :

le pouvoir des fleurs :

http://www.page2007.com/2007/03/12/video-clip-bayrou-changer-les-ames-changer-les-coeurs-le-pouvoir-des-fleurs/

Dilbert @ 2007-03-12 20:47:58

Le remède à la "complexité incontrôlable" dont parle Thierry est tout bonnement de rendre le pouvoir aux gens. Cela implique un recul de l’Etat dans presque tous les domaines. Qui y est prêt ? Sûrement pas les politiciens. C’est pourquoi je suis sceptique même à l’égard d’une "union nationale".

romeo @ 2007-03-12 21:16:52

Thierry, pourquoi oublies tu de revenir à l’essentiel en te laissant égarer par tel ou tel positionnement doite/centre/gauche ou telle ou telle alliance entre candidats ?

L’union nationale pour laquelle tout citoyen quelque peu réfléchi aspire ne pourra se bâtir qu’autour d’un projet "participativement" mené, tu es le mieux placé pour le savoir !

Ce n’est qu’ainsi que les clivages politiques pourront être dépassés, petit à petit. Dans l’action, des citoyens de bonne volonté se mettront progressivement à tirer ensemble les wagons dans le sens du "bon sens", et ils oublieront d’eux-mêmes les lignes de fractures artificielles er purement intellectuelles qui les opposaient auparavant. Ils en viendront même à se demander comment ils ont pu ainsi se laisser diviser dans le passé et perdre tant de temps en chimères et inactions.

Il n’y a que comme cela que le pays pourra composer ce noyau dur, socle des réformes qu’il faudra définir participativement et "vendre" à la grande majorité des français.

Donc il faut voter à l’évidence pour le candidat qui croit sincèrement à cette façon de faire, car voter pour quelqu’un qui ne lancerait pas avec conviction ce process le lendemain de l’élection reviendrait à assister à la descente du pays 5 ans de plus.

Dans cette campagne, il n’y a qu’un seul candidat qui a pris le risque dès son départ de lancer un process participatif, et le résultat est pas mal du tout. Ce candidat a eu un courage certain et a fait preuve d’un bon diagnostic concernant le genre de "traitement" que les français sont suceptibles d’accepter.

C’est ce candidat qui doit passer, et les autres (tous sauf Sarkozy et Le Pen) devront avoir une porte grande ouverte, là aussi dès le lendemain de l’élection, pour rejoindre ce mouvement complètement nouveau dans l’hexagone.

A eux tous, ils formeront une majorité à l’assemblée, les citoyens pourront donc se mobiliser avec efficacité autour des nouveaux organes participatifs.

Le pays sera alors et enfin sur de très bon rails.

Thierry Crouzet @ 2007-03-12 21:40:17

@Romero Je suis d’accord à 100% pour la participation... mais où est la génération participation dans le staff de Ségolène aujourd’hui... elle a été brillante jusqu’au moment d’annoncer son programme... et puis oublié la participation... aucune révision constitutionnelle profondes pour la mettre en place à tous les niveaux... Pour moi, Ségolène s’est servie du mode collaboratif. J’aimerais de tout cœur me tromper.

En fait, nous avons besoin du mode collaboratif et de l’union nationale. Mais ces imbéciles sont incapables de s’entendre. Alors je préfère un candidat faible au moins il sera obligé de collaborer avec les autres politiques et avec nous aussi. Si on retrouve le PS au pouvoir, nous allons revivre ce que nous venons de vivre. Car les éléphants sont là, ils tiennent à leur pouvoir, ils viennent de prendre Ségolène à la droite… Et tant qu’ils seront là, ils essaieront de garder le pouvoir pour eux.

erik @ 2007-03-12 22:25:46

Thierry, vous êtes horriblement et inutilement aggressif (ces imbéciles...). De plus, à l’instar des magouilleurs que vous dénoncez, vous jouez à plusieurs bandes : vous plaidez la cause de l’union nationale non pour ce qu’elle apportera au pays mais parce qu’elle affaiblit l’opposition ou la majorité et laisse place à votre 5ème pouvoir (qui n’est en fait qu’un 4ème pouvoir bis, donc plus contre-pouvoir que pouvoir). Je m’explique, pour que l’union nationale soit possible il faut :

  • que plus de 300 députés s’en prévalant soient élus, ce qui laisserait l’opposition écrasée et divisée ;

  • que le président, avant même de dissoudre l’assemblée, prenne l’initiative d’un référendum pour instaurer la proportionnelle. Dans ce cas, c’est la majorité qui deviendrait vulnérable.

Votre projet : discréditer la représentation afin non de la complémenter, de moderniser la vie politique, mais de revisiter à la sauce 2.0 les antiques illusions libertaires. Tristoune...

José @ 2007-03-12 22:43:09

Thierry, Je ne fais aucun pari sur les éléphants socialistes. Un éléphant ça trompe énormément. On sait :)

Mais peux-tu me dire où est le mode participatif et la nouveauté de méthode, de pensée ou de proposition, chez ceux que François Bayrou -Ministre de l’Education Nationale pendant 4 ans, de 93 à 97, illuminé aujourd’hui par l’idée audacieuse qu’à l’entrée en 6e, il serait bon de savoir lire et écrire- a présenté hier comme son équipe du renouveau :

  • Jean-Louis Bourlanges,

  • Jean Arthuis, Ministre de l’Economie et des Finances de Juppé,

  • Mariel de Sarnez,

  • Jean Peyrelevade, ancien directeur adjoint du Cabinet de Mauroy à Matignon (81-83), ex PDG du Crédit Lyonnais et par ailleurs auteur de l’excellent “Le Capitalisme Total“-,

Je n’ai rien contre eux, mais il ne me viendrait pas l’esprit de dire que tous ces notables chrétiens-démocrates sont des rosières, tellement plus fraiches que des éléphants, hein !

Quant à l’Union nationale, je me permets de renvoyer, entre autres, à ceci : http://carnetsdenuit.typepad.com/carnets_de_nuit/2007/03/quand_bayrou_ve.html

En gros, ça dit que Bayrou cherche avec justesse, de son point de vue, à déporter vers la droite la ligne de partage et le centre de gravité d’une bi-polarisation recomposée. Fin du coup.

Pourquoi pas, d’ailleurs ? Mais, par pitié, oubliez deux secondes le marketing à deux balles et n’essayez pas de vendre ça comme un produit révolutionnaire : la date de péremption est dépassée depuis 1958. :))

SoAnn @ 2007-03-12 22:54:56

Ouaip... Bayrou a déjà mis plus de 100 000 euros officiellement dans le sondages depuis que cela marche... On peut parler révolution, mais les révolutions se font des valeurs fortes, et là je n’en vois pas chez lui...

Henri Alberti @ 2007-03-12 22:59:53

Je crois que pour une fois, le problème est simple. L’union nationale dont on parle comme le dit Romero, va de la gauche à la droite en excluant d’office le cas Sarkozy et sa bande. Cette méfiance que nous avons envers les politiques ( avec raison ) ne s’applique que dans ce cas et je comprends tout à fait le travail zélé de page2007 qui va dans ce sens.

Les problèmes écologiques et économiques nous attendent de pieds fermes, mais n’oublions pas que le problème géopolitique est là en pleine action. Les calamités que subissent le petit, moyen et grand orient s’aggravent et vont sûrement s’amplifier.

A une époque pas si lointaine un certain Bush ET Blair, Berlusconi, Aznar, le mec d’Australie et du Portugal se trouvaient dans une position clé au même moment plus un certain Chirac. Qu’aurait fait Sarkozy ? Berlusconi, Aznar et le mec du Portugal ne sont plus ( Blair très bientôt ).

Donc quand nous parlons d’unité de quoi que ce soit en France, c’est sans Sarkozy.

Pour les autres, si leur politique est misérable comme d’habitude, l’exaspération des gens augmentera dangereusement, et plus cette exaspération sera grosse et plus le mode participatif aura des chances d’émerger. Il me semble que c’est logiquement inexorable à condition de faire très gaffe en parallèle aux problèmes géopolitiques et espérer qu’il y aura des personnes avec un minimum d’intelligence dans les postes clé au bon moment.

romeo @ 2007-03-12 23:12:57

Thierry, Ségolène n’a pas hypothéqué son avenir en s’engageant sur des promesses vis à vis des éléphants. Elle a appelé le troupeau car elle a besoin de 100 % des voix du PS pour optimiser ses chances de passer, point barre. Ne pas l’avoir fait aurait été sans doute une grave erreur, car il faut bien commencer par gagner les éléctions.

D’autre part, les nouveaux membres du PS qui ont amené Ségolène à gagner haut la main les primaires n’aiment pas les éléphants, et après les élections, si Ségolène est élue comme je pense que cela va être le cas, Ségolène fera la pluie et le beau temps au PS et les éléphants n’auront plus qu’à aller paître dans leur retraite locale ou à faire ce qu’on leur dira de faire.

Il faut faire le pari de Pascal : qu’avons nous à perdre si Ségolène gagne ? Dans le pire des cas elle aura évité à la France la déchéance sarkozyste. Dans le meilleur des cas, elle aura en plus instauré la participation dans la vie quotidienne des français et de ce fait ouvert une autoroute aux réformes.

Une fois élue, si il lui prenait l’envie de laisser tomber la participation aux oubliettes, ses électeurs, la blogo etc. se rappelleront à ses souvenirs. Etre citoyen veut dire surveiller sa démocratie comme le lait sur le feu, non ?

Ségolène est la seule qui peut battre sarko, disposer d’un socle à l’assemblée et au niveau local, tout en lançant à fond le participatif, en ouvrant pour cela la porte à Bayrou et aux autres démocrates et républicains dans l’âme (c’est à dire presque tous sauf Sarko et Le Pen).

Aucun autre candidat ne peut offrir pareille package. Et seul le process participatif peut permettre de mener à bien les réformes. Toutes les tentatives du haut vers le bas, conduitent par la gauche ou la droite ayant foirées.

Qu’avons nous donc à perdre de plus ? Rien.

Donc il faut parier sur Ségolène sans pour autant "lui lacher la bride" une fois élue. On est des citoyens, pas des esclaves.

Garbun @ 2007-03-13 00:01:24

"Ségolène est la seule qui peut battre sarko"

Ce n’est pas ce que disent les sondages (pour ce qu’ils valent).

Enfant Terrible @ 2007-03-13 00:03:58

En lisant les commentaires, j’ai pu voir qu’un progrès avait été fait:

1 - on a réussi à comprendre que ce n’était pas autour d’un homme (un chef, un roi, un empereur, un dictateur, un président) qu’il fallait se réunir, comme cela avait été fait traditionnellement depuis les temps historiques (la mémoire historique est la principale source des traditions) mais autour d’un projet né d’une idée nouvelle.

2 - Le principal écueil auquel nous nous heurtons toujours est que tous les projets politiques sont vecteurs d’opinions et sont de manière interne comme de manière externe sujets à la faculté de juger. Ils portent sur des jugements de valeurs et provoquent en retour des jugements de valeurs.

3- la véritable crise à laquelle nous faisons face à chaque occasion qui nous est donnée d’agir sur le gouvernail de notre navire, est celle de notre incapacité momentanée, face aux problèmes sociaux et économiques, de trouver des projets qui ne devront pas être là pour promouvoir le jugement de valeur d’une personne où d’un groupe.

Exemple, internet, un projet informatique bâtit pour améliorer la réflexion et de nouvelles méthodes de calcul, a rencontré en chemin des outils dont les différents niveaux de langage ont amélioré les communications. Les outils qui ont été mis à notre disposition via la structure réseau se sont développés tellement vite que les jugements de valeurs adequats ne se sont pas encore développé à leur encontre.

4 - lorsque l’on doit survivre, ou face à un danger réel et imminent, les jugements de valeur sur ce qu’il y a à faire sont de fait écartés au profit de l’action pour revenir en masse une fois le danger passé. Par le passé, des chefs se sont escrimés à provoquer de telles réactions pour gouverner de manière facile. La plupart venaient des extrèmes, mais pas tous. Le resultat fut catastrophique. Pourquoi? Ils posaient au préalable le projet de réunir des gens autour d’eux, et pour se faire, ils ont eu besoin de créer un agrégat de jugements de valeurs.

Par le passé j’ai moi-même écouté en toute bonne foi ceux qui avaient essayé cette méthode. Et aujourd’hui je me suis rendu compte qu’elle a à chaque fois échoué.

5 - je me suis aperçu à plusieurs reprises qu’il était impossible de dialoguer avec des gens qui faisaient passer les jugements de valeur avant les idées créatrices de projet. Et je me suis demandé pourquoi, alors que nous raisonnons avant d’émettre un jugement, nous étions tous poussés à emettre un jugement avant d’emettre une idée.

La réponse s’est fait jour ces derniers temps alors que nous sommes de plus en plus à nous connecter: la mauvaise communication.

C.à d. que par peur de ne pas être immédiatement compris par notre entourage, nous sommes poussés à emettre des jugements de valeur afin de règler la distorsion qu’il y a entre nous.

6 - j’en ai conclu ceci: le premier projet économique et politique qu’il nous faut absolument mettre en oeuvre avant tous les autres c’est de confirmer les moyens de nous réunir autour d’un projet. d’apporter au plus grand nombre possible de personnes, d’abord de notre pays, en favorisant le même mouvement dans les autres pays, internet, que chacun puisse utiliser individuellement, dans le meilleur des cas. Car c’est le seul moyen actuellement par lequel nous pouvons envoyer en même temps les informations et les moyens de les comprendre.

un argument de poids est celui-ci: vous qui disposez individuellement d’internet, seriez-vous pret à revenir en arrière sans y être obligé?

Non bien sur.

Et pourquoi?

parce que même si vos jugements sont remis en cause à chaque fois que vous les exprimez, vous réussissez quand même à réunir des gens autour de vos idées, que vous vous appeliez tartempoin ou igorotrou. vous n’êtes plus identifiés à vos jugements de valeurs ou ceux que les autres protent sur vous, votre idée est devenue votre identité.

Dernièrement en surfant sur la toile je suis tombé sur un site de Libération qui parlait d’un nouveau métier: nettoyeur de réputation sur internet. Vos jugement de valeur laissent des traces dans les serveurs. Et des gens se proposent de les effacer par différents moyens lorsque ceux-cis nuisent, à votre recherche d’emploi par exemple. Mon sourire s’agrandit lorsqu’un paragraphe rappelait que le meilleur moyen de contrebalancer les effets négatifs des jugements de valeur était d’avoir des idées et de bâtir ou participer à un projet.

Beaucoup de choses s’éclaircissent lorsque l’on se met à comprendre ce simple fait.

Michel @ 2007-03-13 01:25:30

Bonjour

ça bouge, ça bouge, construisons des outils,

mettons les en place et commençons la tâche.

Je pense aussi, que l’intelligence collective peut

faire plus qu’un pouvoir central.

Je fais parti des sceptiques.

@+

Enfant Terrible @ 2007-03-13 02:04:06

@Michel: j’aime ton enthousiasme.

Pour les raison que je viens de citer je ne parlerais pas encore d’"intelligence collective" (deux jugements de valeur accolés l’un à l’autre). Je commencerais par dire que si on commence par "un ensemble de capacités de raisonnement mis en réseau" cela suffira amplement. Plus tard, si tout le monde le souhaite, cela pourra devenir une "intelligence collective"

Il faut d’abord trouver des idées qui permettront aux Fournisseurs d’accès de collaborer à ce projet qui peut devenir NOTRE projet (celui de faire d’ "internet pour tous"une réalité incontournable)

Thierry Crouzet @ 2007-03-13 07:51:38

Internet pour tous c’est en cours. Ça peut guère aller plus vite. Internet est la technologie qui se déploie le plus rapidement de l’histoire (excepté le portable qui n’est qu’une nouvelle version du téléphone). Faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Les choses vont se faire.

Je crois que ceux qui sont déjà connectés doivent en profiter pour expérimenter. Cette élection présidentielle nous détourne des choses importantes en fait. Nous nous chamaillons au sujet des personnalités et de leurs idées étriquées. Nous avons sans doute mieux à faire.

Michel @ 2007-03-13 12:03:01

Bonjour

Excuse moi de te dire cela enfant terrible, tu as tout faux.

Tu restes ancré sur de vielles bases, je perçois ce que tu comprends,

mais l’intelligence collective c’est pas ça.

Tu trouveras sur mon blog un certain nombre de liens, qui te

mèneront au saint Graal :-))

Voici une petite vidéo pour te mettre le pied a l’étrier ;-).

http://www.axiopole.info/video/video.html

Je reste enthousiaste à l’idée de participer au changement.

amicalement

@+

Mathis @ 2007-03-27 16:22:07

union nationale, identité nationale, la marseillaise...

décidement la mode de parler de toutes ces valeurs nationalistes, et quand je lis un des billets de Magyd Cherfi sur son blog (http://toujoursunconnardpoursauverlafrance.artistes.universalmusic.fr/blog/index.php)

ca me fait peur la france de demain :(

Visibilité
Newsletters Me soutenir