Je lis Autobiographie ou mes expériences de vérité de Gandhi. Je comprends de mieux en mieux les origines de l’ascétisme. En tant que créature de raison, l’homme devrait exercer cette raison pour contrôler ses pulsions et essayer de cultiver ce qui en lui est unique.
[…] le véritable siège du goût n’est pas la langue, mais l’esprit.
Je suis tombé sur cette remarque de Gandhi durant le week-end de Pâques, week-end qui à force de petits plats trop riches m’a mis l’estomac à l’envers. Elle m’a frappée car j’ai toujours professé, pour moi-même, la même chose mais pour une raison plus mécanique.
Comme Épicure, mes faiblesses intestinales m’interdissent tout excès. J’aspire à l’ascétisme, un ascétisme encore bien utopique, juste pour éviter les troubles gastriques et les insomnies qui en découlent.
Mais je comprends la position de Gandhi. En renonçant à ce qui n’est pas essentiel et en exerçant un contrôle sur lui-même, l’homme s’élève. Quand je vois les gens autour de moi trop boire ou trop manger, quand je les vois en surcharge pondérale, je ne peux m’empêcher de penser que Gandhi était dans le vrai.
Pour Gandhi, il n’est pas question de se priver de plaisir, mais de se détacher des plaisirs les plus mécaniques au profit des plaisirs, à ses yeux, les plus humains. Pour Gandhi, aider ses semblables était un bonheur avec lequel aucune finesse culinaire ne pouvait rivaliser.
Pour ma part, j’ai encore bien du mal à résister à la moindre sucrerie qui passe à ma portée. Épicure était bien moins extrémiste que Gandhi. Il prônait la modération en toute chose, je me sens aujourd’hui incapable de dépasser l’épicurisme.