Thierry CROUZET

Le cinquième pouvoir (selon moi)

J’ai commencé à écrire ce billet comme une réponse aux échanges un peu enflammés entre Carlo Revelli et Axel Karakartal, puis je me suis dit qu’il était préférable d’ouvrir la conversation.

Historiquement, le contre-pouvoir c’est le quatrième, il s’est souvent construit par opposition aux trois pouvoirs officiels (même s’il a souvent été aux mains de ces pouvoirs). Les contre-pouvoirs médiatiques qui apparaissent sur internet reviennent aux fondements du quatrième-pouvoir. La plupart des blogs et des journaux citoyens étendent le champ du quatrième pouvoir en le transformant en longue traîne. C’est une révolution structurelle du quatrième pouvoir mais pas une révolution philosophique suffisante pour justifier une nouvelle appellation (d’autant plus que le modèle économique reste inchangé, donc les contraintes afférentes aussi).

Si le cinquième pouvoir intègre le quatrième, il ouvre de nouvelles pistes pour les citoyens, notamment celles de la construction sur le modèle open source décentralisé. Nous devenons capables de construire des structures sociales, économiques, culturelles… sans consulter les gouvernements, donc en nous affranchissant de leur corruption congénitale, de leur manque d’efficacité, de leur incompétence, de leurs vues à court-terme…

Si le cinquième pouvoir doit nous apporter quelque chose de neuf c’est en nous aidant à construire, la longue traîne par exemple, non seulement dans le domaine médiatique mais dans tous les domaines (la longue traîne est une simple conséquence de la décentralisation extrême, elle apparaît dès que la technologie facilite l’émergence d’une multitude d’acteurs).

En se limitant aux fonctions du quatrième, le cinquième pouvoir aurait une fonction de régulation du système (par feedback négatif) mais ne générerait aucun changement notable (par feedback positif).

Si je critique souvent le quatrième pouvoir (traditionnel ou sur le net), c’est parce qu’il nous fait perdre du temps et pire ne nous procure aucun avantage en tant qu’être humain (lire Taleb pour la démonstration). Nous consommons les médias parce que ça nous amuse (puisqu’ils ne nous enrichissent pas). Ils sont un divertissement.

Bien sûr la plupart des infovores, c’est-à-dire la plupart d’entre-nous, ne considèrent pas les médias comme un divertissement. C’est une affaire sérieuse. Et tout ce qui se dit dans les médias est sérieux. Cette perspective erronée entraîne toute une série de confusions. Elle entraîne des débats sans fin sur ce que les médias disent ou auraient dû dire. Elle les intègre à des complots et à mille autres magouilles alors qu’au final ces médias sont tout simplement le nouvel opium du peuple.

Quel que soient leur support, ils cherchent à nous éloigner de la réalité alors même qu’il nous la dépeigne sans cesse. Devant un tableau, nous ne sommes jamais dans le tableau. Nous discutons des intentions du peintre, nous nous posons des questions sur la vie du modèle mais nous ne sommes pas le modèle. Les médias nous ont fait oublier cette dichotomie en finissant par nous faire croire qu’ils parlaient de nous. C’est une illusion. Les médias sont ni plus ni moins qu’une galerie de peintures.

Comme les artistes, ils nous imposent leur perspective. Ce prisme n’est pas propre aux médias qui seraient détenus par le grand capital mais à tous les médias. Par exemple, Carlo Revelli, fondateur d’Agoravox, est partisan de la théorie du complot pour 9/11 et de nombreux partisans de cette théorie se sont regroupés autour d’Agoravox. C’est un phénomène naturel qui nous démontre que l’objectivité médiatique est impossible.

Même dans les médias citoyens ouverts à tous une forme de sélection naturelle du lectorat s’effectue. Des articles repoussent les uns et attirent les autres, font de même avec les auteurs et, peu à peu, une ligne éditoriale s’impose. Elle n’a pas besoin d’être choisie volontairement. Elle est consubstantielle de l’espace médiatique.

Les grands médias tentent à tout prix de résister à cette dérive car ils veulent séduire le plus grand nombre. Ils évitent les thèses marginales pour ne pas focaliser leur audience. Se faisant, ils deviennent insipides.

Pour toutes ces raisons, je ne lis pas les médias. J’utilise les moteurs de recherche qui m’envoient un peu partout sans m’enfermer sur un support. Je déteste les agrégateurs de flux RSS qui nous attachent à des sources. Je suis des auteurs en particulier et jamais des médias en particulier.

Jeffe @ 2008-04-09 10:11:41

j’apporte une petite nuance, si tu permet, Thierry.

Oui, les médias nous font perdre beaucoup de temps.

Mais ne sont-ils pas aussi un formidable baromètre de cette société que tu/je veux changer.

je m’explique. Je déteste TF1 (les autres chaines ne valent guère mieux) . Pourtant je regarde assez souvent son JT (le + puant à mon avis). Avec du recule, internet à coté (comme toi , le moteur de recherche est mon ami) et un peu de neurone, je peux comparer l’officiel et le contre, mais surtout mesurer la tendance de l’opinion générale. Pour moi, ces médias sont des " sondes" dans le système permettant un diagnostique du système.

Et lorsque mon voisin me dit; "t’as vu ça !" ben, oui j’ai vu, mais j’ai une autre grille de lecture. Plus que lui donner une autre info, j’essaie de lui ré-activer son autonomie intellectuelle. Je l’ai fait avec mon père, Sarkozyste à fond. Maintenant, il est plus analytique et bp moins Sarkozyste....

Le 4iéme pouvoir peut (doit) être un outil pour le 5iéme tant que les choses sont en l’état.

Iza @ 2008-04-09 10:20:23

"ils nous imposent leur perspective"

souvent hélas d’une triste et lassante fidelité... à une "ligne" quelle qu’elle soit...

Le point commun, entre tous les journalistes, fussent-ils "citoyens", c’est de ne pas en être franchement conscients. C’est le principal reproche que je fais à tous les médias confondus.

Ce ne serait pas si grave si ceux-ci n’étaient devenus "l’opium du peuple". Mais dans ces conditions.... c’est inacceptable.

Carlo Revelli @ 2008-04-09 10:21:19

Je vois que tu accordes une place importante aux mots et donc à la place de la sémantique.

Or il y a une phrase qui me gêne particulièrement:

"Par exemple, Carlo Revelli, fondateur d’Agoravox, est partisan de la théorie du complot pour 9/11 et de nombreux partisans de cette théorie se sont regroupés autour d’Agoravox."

Je ne suis partisan de rien du tout. Je pense comme une majorité d’internautes et d’américains (il y a plein de sondages à l’appui) qu’il y a un nombre important d’incohérences et invraisemblances dans la version officielle de ces attentats. Je ne vais pas rentrer dans le détail, beaucoup de choses ont été déjà écrites dessus ( http://www.agoravox.fr/mot.php3?id_mot=292 ). Le 11 septembre étant une date charnière dans l’histoire contemporaine, comme des millions d’autres personnes je pense que c’est plus que souhaitable qu’une nouvelle enquête internationale puisse être ouverte. C’est tout.

J’insiste sur les poids des mots dans cette histoire car trop souvent on utilise des raccourcis fâcheux pour empêcher des discussions sereines et constructives sur le sujet. Le raccourci le plus fréquent à ce sujet étant le classique "complot = conspiration = antisémitisme". Qui bien sûr coupe toute possibilité de dialogue.

D’ailleurs, s’il faudrait utiliser vraiment le terme "théorie du complot" c’est plutôt à la version officielle qu’il faudrait l’appliquer... :-)

Cela étant dit, je ne me pose pas du tout la question si les nouvelles initiatives médiatiques actuelles (blogs, médias citoyens, nouveaux médias) font partie du cinquième pouvoir ou pas et s’ils méritent cette nouvelle appellation. C’est trop tôt pour le dire et c’est pas important de la savoir maintenant.

Quand aux modèles économiques, tu dis qu’ils restent inchangés avec les nouveaux médias. En ce qui nous concerne, nous ne suivons pas du tout le modèle économique classique des autres médias. Comme tu sais, AgoraVox est en passe de devenir une fondation. J’explique ça de manière très détaillé dans un article dont je reproduis ici un extrait:

"Sans vouloir prendre une posture anticapitaliste, qui n’est pas la mienne, toute société commerciale (et en particulier la société par actions) a pour finalité intrinsèque le profit de ses actionnaires. La recherche du profit fait partie de l’ADN de toute société commerciale et c’est cet ADN qui lui impose de tendre perpétuellement vers cet objectif avec fermeté, lucidité et trop souvent sans aucun état d’âme. Il s’agit-là d’un fait et non d’un jugement de valeur.

Si l’on veut continuer avec des analogies sur l’ADN, il est intéressant de lire un récent article de Benoît Raphaël : « Les 8 nouveaux gènes du nouvel ADN de l’information ». Selon lui, l’ADN de l’information a été bouleversée par la révolution numérique et comporte désormais 8 nouveaux gènes... Benoît Raphaël conclut en affirmant que l’ADN de l’information ayant bel et bien changé, l’ADN des journalistes doit également changer... Je partage complètement ce point de vue, mais j’irais encore plus loin. Si l’ADN de l’information a réellement changé, c’est non seulement l’ADN des journalistes qui doit changer, mais aussi et surtout celle de l’éditeur...

Je pense qu’aujourd’hui concilier éthique et quête de neutralité informationnelle demande l’invention de nouveaux modèles médiatiques. Ainsi, la création d’une fondation nous a paru la démarche la plus appropriée pour préserver l’indépendance et la pérennité d’AgoraVox."

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=34611

Enfin, c’est bien sûr faux quand tu dis qu’il faut pas lire les médias et que tu les lis pas vu que tu précises bien: "Pour toutes ces raisons, je ne lis pas les médias. J’utilise les moteurs de recherche qui m’envoient un peu partout sans m’enfermer sur un support."

Tu fais exactement ce que je fais aussi et que je recommande à tous nos lecteurs. Se renseigner en utilisant une pluralité de sources de manière à se forger sa propre opinion. Car si tu ne lisais pas les médias (au sens large) et tu t’intéressais pas à l’actualité, nous serions même pas en train de discuter ici.

Iza @ 2008-04-09 10:26:00

"j’essaie de lui ré-activer son autonomie intellectuelle"

Voilà Jeffe. C’est LA bonne idée. je voulais dire au dessus que, contrairement à ce que l’on croit généralement, à ce qu’ils croient (les journalistes), le petit peuple des pauvres consommateurs d’info ne sont pas les seuls à en avoir besoin, les principaux "producteurs" d’infos aussi....mais il n’y a rien de plus compliqué .....

Iza @ 2008-04-09 10:34:45

"Se renseigner en utilisant une pluralité de sources de manière à se forger sa propre opinion"

Encore faut-il les analyser à peut près correctement. Or, si je dois publier sur Agoravox (au hasard ;-) ), si je "vis" dans cette "communauté", je vais fatalement avoir une grille de lecture et d’analyse particulière, forgée par mon expérience au sein de cette communauté (dans la connivence ou l’opposition d’ailleurs ...).

J’ai beaucoup apprécié Agoravox, je salue l’initiative, l’innovation....mais il faut tenir compte de ce paramètre... qui nuance forcément ... euh... l’idéal de pluralité, neutralité ....

"si tu ne t’intéressais pas à l’actualité, nous serions même pas en train de discuter ici."

beuh. je ne sais pas. je ne lis pas la presse, je n’ai pas la télé. Bon, j’écoute la radio..... et j’aime venir discuter avec des potes ici. Je me sens dans un lieu. Pas dans sur un de ces médias dont nous parlons. Même si le blog est un médium... ok.

Thierry Crouzet @ 2008-04-09 11:29:23

@Carlo Nous vivons dans un champ d’informations. Pas besoin de s’intéresser à l’actualité pour savoir qu’il y a eu 9/11. Non je ne lis pas l’actualité. J’ai un point de vue de philosophe à l’ancienne (ces mecs qui construisent des grilles de lectures et qui les testent).

Le champ d’information est une sonde plus que suffisante sur la société. Pas besoin de passer des plombes devant à TV ou à lire les journaux pour deviner les tendances. Taleb montrent d’ailleurs que cet exercice infovore fausse nos jugements quel que soit notre esprit critique… plus les gens sont cultivés, plus l’actualité a tendance à les faire penser de travers.

Pour 9/11, ok, tu es partisan de la révision de la version officielle. Ça ne change rien à ce que j’ai dit. Tu attires que tu le veuilles ou non ces partisans sur Agoravox. Je ne dis pas que c’est mal ou bien, c’est comme ça. La conséquence : ton média deviendra peu à peu un média de niche. À lui seul, il ne créera jamais une longue traîne d’où la nécessité de coZop. C’est une solution possible pour empêcher un filtrage top down.

Pour la fondation Agoravox, ne jouons pas sur les mots. Sans revenus, fondation ou pas, Agoravox comme tout site web d’envergure exige des investissements. Pour le moment, tu affiches des pubs et tu es dans le modèle médiatique standard. Le jour où Agoravox fonctionnera uniquement sur les dons ce sera une autre histoire…

J’espère de tout cœur que la fondation fonctionnera. Mais, si elle sera indépendante pour son financement, elle n’échappera pas au biais introduit par les lecteurs et les auteurs. Par frottement et sélection naturelle, ils aboutiront à une ligne éditoriale qui ne sera pas indépendante d’elle-même.

Je crois même que le modèle fondation peut pousser au repli sur soi. Aujourd’hui, Agoravox reste ouvert parce que tu es ouvert. Tu es le garant de la ligne. Les contraintes financières te poussent à élargir la cible.

Mais cette ouverture n’est-elle pas déjà un leurre ? Perso je me moque de me faire insulter dans le fil de commentaires des articles mais je crois que d’autres auteurs ont été découragés. Peu à peu, tes lecteurs chassent les lecteurs qui ne leur ressemblent pas et les auteurs qui ne défendent pas leurs idées. Nous sommes peut-être en train de découvrir un des travers du journalisme citoyen à la mode 2.0. Par frottement, le lectorat s’auto-sélectionne et se spécialise de plus en plus. Après une phase de croissance, il pourrait se recroqueviller. C’est d’ailleurs en partie ce qui s’est produit avec HoMyNews.

En résumé l’indépendance est une utopie...

Je réponds au reste avec un nouveau billet... et moi qui suis sensé travailler à Ératosthène.

http://blog.tcrouzet.com/2008/04/09/ma-lecture-de-911/

Carlo Revelli @ 2008-04-09 11:51:41

SportVox n’a rien à voir avec la fondation AgoraVox. Tout comme le site Orserie. Ce sont des sites pour lesquels il y a un client qui demande une prestation à une société de conseil. C’est déconnecté totalement de la Fondation qui va se rémunérer uniquement sur les dons, le mécénat et en effet les revenus publicitaires. Toutes proportions gardées, c’est le modèle suivi par la Fondation Mozilla avec Firefox ou la Fondation Wikimedia avec la Wikipedia (même si cette dernière refuse les revenus publicitaires).

Sinon bien sûr que chaque journal cristallise ses fidèles. C’est le cas d’AgoraVox, SportVox, NaturaVox. Ce sera le cas avec les nouveaux journaux qu’on va lancer et d’une certaine manière ce sera le cas aussi avec les journaux Cozop. A une différence près, on donne la parole même à ceux qui ont des thèses complètement contre-courant ou à des provocateurs comme toi :-)

Car ton article d’hier était de la provocation tu le sais bien (relis ton intro)... Ce qui a d’ailleurs nuit à ton article car si tu avais pas pris l’exemple volontairement provocateur (et inadapté) du 11/09, il aurait été plébiscité car le fond de ton article est intéressant.

En général, je ne regarde pas la TV non plus et je n’achète pas de quotidien non plus. Je me renseigne uniquement en ligne via des flux sur NetVibes et Google Actu. Rien d’original dans ça. C’est pas que nous, c’est une tendance lourde surtout en ce qui concerne les jeunes.

Jeffe @ 2008-04-09 11:55:00

Iza dit;"je vais fatalement avoir une grille de lecture et d’analyse particulière, forgée par mon expérience au sein de cette communauté (dans la connivence ou l’opposition d’ailleurs …)."

C’est justement un "principe" de la société actuelle. L’uniformisation a déteint sur la façon dont nous forgeons notre pensée.

Tout le processus d’apprentissage de la vie sociale nous apprend à accepter l’avis majoritaire comme référence, (sauf dans de rares cas), en rognant tout ce qui fait notre "unicité". Là on touche à un vaste sujet mais Ô combien important car les conséquences sont très certainement responsable de TOUT les maux dont souffre notre société: on ne s’élève que dans le regard du collectif.

Faire autrement - s’élever dans son propre regard est un cheminement très dur, très long, très "isolant" aussi. Pourtant cette voie permet une "lucidité" bien utile de nos jour.

Iza @ 2008-04-09 12:18:23

D’autant plus difficile que nous sommes tous concernés, quelle que soit notre culture .... comme le souligne Thierry.

Or, si tout le monde s’accorde à trouver la "masse" aveugle, la plupart de ceux qui ont les moyens de s’exprimer pensent généralement posséder un esprit "éclairé", lucide, autonome et j’en passe.

C’est sans doute toujours en partie vrai, mais en partie seulement. Se débarrasser de tout ce qui encombre nos capacités d’analyse critique est effectivement très très difficile.... nous avons par ici de passionnants débats qui nous ont fait souvent toucher du doigt nos limites...

les miennes en tous cas !!!

Henri A @ 2008-04-09 12:51:34

[ Iza dit;”je vais fatalement avoir une grille de lecture et d’analyse particulière, forgée par mon expérience au sein de cette communauté (dans la connivence ou l’opposition d’ailleurs …).”

C’est justement un “principe” de la société actuelle.]

Non justement, c’est un principe humain depuis toujours.

Je commence sérieusement à désespérer sur les confusions des termes et des pseudo définitions implicites fausses par exemple avec « informations », « journalisme », « pouvoir » et « contre pouvoir ».

Prenons les services secrets qui informent leurs supérieurs à la tête de l’état. Le but entre autres de ces services secrets est de fournir des « informations » et des « analyses » pertinentes au minimum, « vrai » au maximum. Font-ils du journalisme ?

Quelle est le rapport entre « vrai », « pertinent » et « journalisme » ? Aucun.

Quand on demande une information à un spécialiste dans une discipline et qu’on le rémunère, on s’attend à un résultat positif. Si le spécialiste se trompe, on peut lui demander des comptes ( faute professionnelle ). Cet exemple a-t-il un rapport de près ou de loin avec le journalisme, avec les médias ? Aucun.

Depuis que les médias sont devenus des industries ( ce qui veut dire depuis 100 ans au moins ), leur but est au minimum de survivre, au maximum de s’agrandir. Et le seul moyen d’y parvenir est la finance.

Pour prendre un exemple générique ; la première guerre mondiale a eu une multitudes de causes, de raisons et de responsables à des degrés divers et dilués. Mais un des responsables directe est objectivement la presse. Depuis, rien à changé.

Henri A @ 2008-04-09 13:18:13

« Les derniers jours de l’humanité » Karl Kraus 1919

Il est difficile de choisir un extrait dans une œuvre si dense et si vaste ou tout, absolument tout y est ( près de 800 pages ). Contexte de l’extrait : pas loin de la fin de la guerre en 1918.

Scène 21

Ministère de la Guerre.

UN CAPITAINE ( lisant un texte ) : Secret militaire ! - Eu égard au million ou presque de prisonniers de guerre russes qui au cours des mois à venir quitteront la monarchie austro-hongroise pour regagner leur pays, les sentiments avec lesquels ces prisonniers se rappelleront le temps passé dans notre patrie sont d’une importance capitale. Une action déclenchée par nos soins au moment opportun semble donc hautement souhaitable afin d’atténuer leurs impressions et expériences malheureuses en captivité et de raviver et d’affermir celles qui furent agréables et réjouissantes. Les Russes qui regagnent leur pays ne se souviendront pas de nous avec une morne indifférence ou même une hostilité haineuse mais se feront sciemment et par conviction les messagers de la civilisation austro-hongroise dans leur propre patrie. Les moyens d’obtenir un effet aussi favorable se trouvent dans la mise en oeuvre d’une propagande politique, sociale et économique généreuse, adaptée à l’âme russe et portée par des intentions sincères. L’intention est que, peu avant l’expulsion -

LE SECRAITAIRE: Comment ?

LE CAPITAINE : - l’expulsion des prisonniers de guerre russes, l’on éveille par le biais de conférences de propagande sur les questions politiques, sociales et économiques un esprit favorable à l’Autriche parmi les prisonniers de guerre russes. En plus de toutes les conséquences importantes par exemple pour notre économie, un tel infléchissement de l’âme russe peut entraîner un important recul de la propagande mensongère que nos ennemis déversent sur le monde entier. Afin d’obtenir un effet durable sur les prisonniers russes, la propagande auprès des prisonniers russes ne se limitera naturellement pas à la tenue de conférences. Au contraire, il sera nécessaire, jusqu’à l’évacuation définitive, d’agir favorablement sur les prisonniers russes par d’autres moyens, comme il se doit, à tous point de vue. - Allez à la ligne.

En considérant les faits, il est évident que si une telle propagande était menée exclusivement par les organes de l’administration militaire elle perdrait indubitablement beaucoup de sa valeur première - eh oui, c’est vrai après tout - et il semble avantageux dans la perspective de l’objectif que pour cette mission il soit fait appel, comme il se doit, à des personnes compétentes et intéressées tant au plan idéologique que pratique, afin de la hisser à un niveau le plus éloigné possible des formes militaires. - Enfin bon, c’est un peu fort de café ! - Cette condition essentielle entraîne à son tour que, pour des raisons relevant de la discipline militaire, une telle propagande ne puisse être distillée que peu de temps avant le départ des prisonniers de guerre russes - évidemment ! - avec l’espoir que ceux-ci retourneront dans leur patrie avec les impressions fraîches et immédiates reçues par ce biais. - A la ligne. Politiquement : Avec une conviction jaillie de la plus profonde sincérité, c’est en Autriche-Hongrie justement que l’on peut sans arrière-pensée donner aux Russes rentrant au pays l’assurance que notre patrie n’a nullement voulu la guerre, et ardemment souhaité la paix - c’est pas mal qu’il souligne ça, on est des enfants de choeur, nous autres, de toute façon -

LE SECRÉTAIRE : Comment ? On est -

LE CAPITAINE : Non, ça vous ne l’écrivez pas ! - donc souhaité la paix, que l’on regrette expressément, franchement les rigueurs incontestablement liées au sort des prisonniers en captivité et que tous les torts subis - allons, allons ! - par les prisonniers ne sont nullement le fait de ressentiment, mépris, ou pire, de haine à l’égard du peuple russe, mais proviennent uniquement des difficultés accumulées en raison de la durée prolongée du conflit. -À la ligne ! Socialement : Sans effleurer ne serait-ce que d’un mot la situation sociale actuelle en Russie, on peut expliquer efficacement aux russes qui retournent chez eux les avantages et les spécificités de nos structures sociales. Il faut attirer en particulier l’attention sur l’accroissement continu du bien-être et du progrès dans ce type d’organisation sociale, et sur le profit qu’en retirent la communauté aussi bien que l’individu. - Eh oui, c’est vrai après tout - À la ligne. Nous en arrivons maintenant au coeur du problème. Économiquement : Dans la mesure où les faits prouvent que l’on ne surmontera les grandes difficultés nées partout de la durée prolongée de l’état de guerre et de troubles que grâce au déploiement maximal de toutes les forces de travail disponibles et grâce à la mise en route parallèle, rapide et généreuse, dépassant les frontières des États, de l’échange des biens, les Russes rentrant au pays finiront par comprendre tout à fait la nécessité absolue de nouer rapidement et sans réserve des relations commerciales avec la Monarchie. Ce sera facile, dans cette perspective, de démontrer aux gens de manière convaincante que le paysan qui dissimule ses réserves, les soustrayant ainsi au marché libre, se nuit à lui-même, dans la mesure où, ce faisant, justement, il n’entre pas - ou alors très tardivement - en possession des articles de consommation courante qu’il convoite. Car justement, notre population, chargée de la fabrication de ces denrées, n’est pas à même, en vison d’une nourriture insuffisante, de développer les énergies économiques maximales nécessaires en temps de paix, avec une bonne alimentation, à une large exportation. - Bon, ils finiront quand même par le comprendre, ça ! -À la ligne.

En ce qui concerne les zones agricoles, en particulier les prisonniers de guerre des communes rurales, une propagande n’est pas forcément nécessaire, à moins de suggérer aux prisonniers de guerre russes vivant à la campagne que les conditions d’alimentation des populations citadines laissent beaucoup à désirer et qu’un secours sous forme d’importation venue de l’extérieur serait plus qu’urgent. - Ils finiront par le piger, ça. - À la ligne.

Il en va tout autrement des prisonniers de guerre russes dans les usines, sur les chantiers de toute sorte et dans l’administration. En l’occurrence, il serait très utile que les employeurs prennent en charge le devoir patriotique d’alléger, comme il se doit, leurs derniers jours de travail chez nous. - À la ligne !

Tous les directeurs militaires des entreprises soumises à la loi sur l’effort de guerre et des exploitations minières militaires et tous commandants sont par conséquent tenus de visiter, voire d’inspecter immédiatement tous les endroits où sont employés des prisonniers de guerre russes et d’agir de façon semblable sur les prisonniers de guerre, comme cela a été exigé d’ores et déjà des commandants des camps (sous rubrique du décret ministériel n° 14169/18). -À la ligne.

Le commandant du camp visitera les différentes unités d‘habitation et établira des contacts personnels avec les prisonniers russes. ( D’une voix chaleureuse. ) Tantôt il les interrogera sur leur santé, tantôt sur leurs parents, sur leur alimentation, le courrier, l’habillement. En cas de plaintes, il devra se prêter à une enquête sur place, dans les moindres détails, en public, devant tous les prisonniers de guerre. Il devra les convaincre qu’il ne recule devant aucun effort pour découvrir la vérité et ainsi faire régner la justice. Il se servira des plaintes au sujet de l’alimentation et de l’habillement pour prouver aux Russes que ce n‘est pas notre faute mais celle de nos ennemis à l’ouest et qui donnerions avec joie davantage tout spécialement aux prisonniers russes si nous disposions de plus. À présent les Russes, eux, ne sont plus nos ennemis. ( Encore plus chaleureux )

D’ailleurs nous ne les avons jamais considérés comme ennemis, ainsi que le prouvent les nombreuses guerres antérieur qui virent Russes et austro-hongrois se battre vaillamment côte à côte. Le commandant du camp se rendra de temps à autre aux cuisines quand la viande ou les poissons sont sur le point d’être distribués. Il en prendra un, deux ou quatre à l’instant ou -

LE SECRÉTAIRE : Comment?

LE CAPITAINE : - à l’instant où avec leur gamelle ils vont du lieu de distribution à leur couche. ( Avec zèle. ) Poser la gamelle, apporter la balance, peser la viande ou le poisson. Plus il y a de public, mieux c’est. Ensuite, le livre de comptes, combien de viande a été achetée au total ce jour-là ? Retrancher 25% pour les os, 20 % pour la cuisson, diviser le reste par le nombre de portions et ( menaçant ) s’il manque ne serait-ce que 10 grammes sur une portion - eh bien, sur deux cents portions, par exemple, deux kilos de viande ou de poissons auront été volés. (Sévèrement.) Qui a fait ça ? Commission d’alimentation, cuisiniers, chargés d’inspection, au rapport ! Procès sévère devant l’ensemble des prisonniers de guerre de l’unité d’habitation. Conséquence : mise à pied des cuisiniers, de la commission d’alimentation et de tous les employés à la cuisine si le coupable n’est pas trouvé. À la trappe - euh, à la ligne !

Si le commandant du camp trouve chez les Russes du tabac, des cigarettes, du pain acheté à l’extérieur, du saucisson, et cetera, il les interroge sur le prix que tel ou tel prisonnier de guerre a dû payer. Bientôt on découvrira que parmi les prisonniers de guerre il y a de nombreux trafiquants. Ces adeptes du marché noir ne sont pas toujours des juifs. Ils ont des contacts à l’extérieur du camp auprès desquels ils se fournissent au moment opportun pour revendre les articles achetés à leurs camarades, les prisonniers de guerre, trois ou quatre fois plus cher. Si le commandant du camp réussit à attraper un tel trafiquant - ( Rageur. ) à poil, fouille corporelle et fouille de la valise. Bien souvent, il trouvera sur lui 500 couronnes, voire plus. Confisquer et répartir entre les autres prisonniers de guerre toute somme excédant celles dont il peut justifier l’origine. -À la ligne !

Dans les circonstances actuelles, les prisonniers de guerre russes écouteront le commandant du camp pendant des heures s’il est capable de leur donner des informations sur les échanges. Ce sera quand, notre tour, combien de temps encore ? S’il est en mesure de leur prouver par a plus b que ce n’est pas notre faute si les échanges traînent autant, les prisonniers de guerre reprendront goût au travail - sauf qu’il ne devra pas dénigrer la Russie. Ce serait une faute grossière. - À la ligne !

( Avec sensiblerie. ) Les coeurs russes s’ouvriront grand, de plus en plus grand, lorsque le colonel lui-même leur dira de temps à autre les dernières nouvelles de Russie qu’il vient de glaner dans le Morgenblatt. ( Prenant la pose. ) Avec droiture et obéissance, ils l’accueilleront d’un salut, aucun manquement à la discipline n’est à craindre quand il leur parle. Partout, et ici à plus forte raison, il devra donner l’exemple et saluer lui aussi avec toute la droiture que lui permettent son âge et ses infirmités.

( Il fait le salut militaire. ) Une visite du commandant du camp à l’hôpital du camp -

UN ASPIRANT ( entrant ) : Mon capitaine, avec votre permission, le colonel demande le rapport sur les prisonniers de guerre russes.

LE CAPITAINE : Le décret sur la propagande ? Je m’y consacre, justement.

L’ASPIRANT : Pas sur la propagande, sur les morts de faim

E CAPITAINE : Les morts de faim ? Où est-ce qu’ils sont encore morts de faim ? On l’a ici, ce dossier ?

L’ASPIRANT : Il s’agit du cas de ce Russe qui dormait sur une couche avec deux autres et qui est mort de faim. Il était déjà en état de décomposition quand l’inspecteur est entré dans la pièce, et les deux autres étaient si faibles qu’ils n’ont pas pu se lever ni appeler.

LE CAPITAINE : Minute - dis au colonel que je vais de suite examiner les arrivages, mais pour l’instant je m’occupe de la propagande, tu sais, pour atténuer les impressions malheureuses des prisonniers de guerre et qu’on puisse de nouveau nouer des relations commerciales et qu’ensuite ils nous envoient des vivres, les Russes, une fois qu’ils sont rentrés chez eux, et cetera.

( Changement. )

Scène 22

Gouvernement provincial à Brno.

LE GOUVERNEUR : J’ai une idée ! (À son secrétaire.) parmi les enseignements les plus importants que nous pouvons, que nous devons tirer de cette guerre mondiale meurtrière et des sacrifices qu’elle exige de la part de la population toute entière, le moindre n’est certainement pas l’importance de l’éducation dans l’esprit patriotique qu’il faut transmettre à notre jeunesse dès l’école, de la connaissance et de l’amour de la patrie, dans ses limites les plus étroites et les plus larges, qu’il faut lui inculquer, et de tous ces germes qu’il faut planter dans l’âme enfantine et dont naîtront ces magnifiques qualités viriles qui rendront le jeune homme apte à satisfaire en tant que patriote enflammé, animé par l’amour et par le sens du devoir et de la fidélité envers la maison impériale et la patrie, et à accomplir avec conscience et dévouement ses devoirs de citoyen, et à sacrifier même, le cas échéant, sa vie et sa santé pour ces idéaux.

En Autriche, hélas, peu de préparatifs ont été menés dans ce sens, et il me semble qu’il serait du devoir de toute personnalité de l’Empire de rattraper ce retard et de se préoccuper du développement futur des sentiments patriotiques et dynastiques de la génération à venir, sentiments qui, Dieu soit loué, sont partout présents en germe.

Une petite revue mensuelle rédigée dans un style populaire et adaptée à l’esprit de notre jeunesse scolarisée, intitulée Mladé Rakousko, sera diffusée dans nos écoles primaires et secondaires ainsi que dans nos écoles professionnelles, et je considère comme un devoir sacré de tous nos compagnons d’esprit et de condition , comme une noble tâche de nos grands propriétaires terriens, de soutenir la diffusion de ce mensuel dans les écoles relevant de sa zone d’influence économique en souscrivant un abonnement à un certain nombre d’exemplaires pour ces écoles afin de rendre possible la distribution gratuite de ce mensuel aux élèves démunis : on peut en attendre à juste titre non seulement un effet sur les élèves eux-mêmes, mais aussi une influence sur les membres plus âgés des familles.

L’abonnement annuel à cette revue s’élève à 2,40 couronnes et peut être souscrit à Brno, au 18, place de l’Empereur-François-Joseph.

Puisse cet appel -

( changement.)

Scène 23

Dans une école primaire.

Quelques bancs sont vides. Les enfants encore en vie sous-alimentés. Tous ont des vêtements en papier.

L’INSTITUTEUR ZEHETBAUER : - - Prenez garde aux rumeurs en circulation et combattez-les comme il se doit. Le projet machiavélique des ennemis est de semer le trouble dans vos rangs, mais ils n’y parviendront pas. Fermez votre oreille à leurs allégations comme quoi nous ne pourrions pas tenir bon jusqu’à l’heureux dénouement et comme quoi régnerait chez nous la famine. Qui en est responsable, sinon les ennemis ? Et à présent ils développent même une activité d’empoisonnement de puits, car - ( Un garçon lève le doigt. ) Que veux-tu, Gasselseder ?

GASSELSEDER: S’il vous plaît, monsieur, alors on n’a le droit de rien boire ?

L’INSTITUTEUR : Assis, tu es un sot, je n’ai pas parlé au sens figuré mais au sens propre ! L’ennemi, incapable de nous vaincre sur le champ de bataille, a l’intention de saper nos forces à l’arrière. Ainsi donc, méfiez-vous des rumeurs. Contribuez de la manière la plus énergique à leur répression. Elles font partie de l’arsenal de nos ennemis - ( Un garçon lève le doigt. ) Que veux-tu, Anderle ?

ANDERLE : S’il vous plaît, monsieur, nos ennemis aussi ils ont un arsenal ?

L’INSTITUTEUR : Bien sûr qu’ils en ont un, seulement il ne contient que des rumeurs, et ils ne reculent devant aucun moyen pour miner l’édifice de la Monarchie, voire même desserrer les liens d’amour et de vénération qui nous attachent à la maison impériale. Kotzlik, tu déranges le cours, répète ce que je viens de dire.

KOTZLIK : Les ennemis - les ennemis, ils ont - miné l’arsenal - et - nous ne reculons devant aucun lien - qui nous attache à rien -

L’INSTITUTEUR : Mauvais sujet ! Tu resteras ici après la classe et recopieras dix fois la phrase que je te dicterai. Assis, bon à rien ! Et vous autres, soyez fermes. Prenez exemple en cela sur le Soldat de bois. Tant que l’aigle impérial des Habsbourg, symbole défiant les temps, évoluera au-dessus de nos têtes, il restera dressé, comme bâti pour l’éternité. Allez vous en convaincre vous-mêmes, allez sur place et n’hésitez pas à y planter un clou, dans la mesure où il y a encore de la place pour un clou, avec la permission de messieurs vos parents ou tuteurs. En vous y rendant fermez votre oreille aux langues sournoises car elles osent même prétendre que les jours du Soldat de bois sont comptés et qu’à sa place se trouvera bientôt un marchand de saucisses. Dieu soit loué, nous n’en sommes pas encore là et nous supportons volontiers les privations que la patrie nous impose tant que la victoire n’est pas définitivement acquise mais fluctue d’un camp à l’autre. Et pourtant ! Si nous - ( Un garçon lève le doigt. ) Que veux-tu, Zitterer ?

ZITTERER : S’il vous plaît monsieur, la paix !

L’INSTITUTEUR : Assis, mauvais sujet ! Toi, tu finiras la corde au cou quand tu entreras dans la vie, je te le prédis. Assis, bon à rien ! Tu n’as pas honte ? Et qu’est-ce qui se passe, là, au troisième rang ? Merores, mais tu bavardes !

MERORES : Papa a dit qu’il ne comprend pas cet enthousiasme pour la paix, lui, il n’est pas pressé, au contraire, je crois que ça l’embêterait plutôt, il a gagné pas mal de sous, et s’il va y avoir la paix, ça sera fini tout ça.

L’INSTITUTEUR : Merores, c’est bien que ton père tienne bon si vaillamment et qu’il donne l’exemple, mais tu parles sans qu’on t’interroge et c’est là un signe que grâce aux menaces de l’ennemi la discipline s’est d’ores et déjà fortement relâchée. Je n’irai pas jusqu’à supposer que vous êtes à la solde de la propagande ennemie qui a ses antennes partout, mais je dois vous dire : alors que la décision finale est à portée de notre main, pareil comportement me paraît hautement suspect. Je ne peux que le marteler encore et encore : restez ferme quoi qu’il arrive ! Que se produirait-il si même vous deviez vaciller ? Les ennemis envahiraient le pays et alors malheur à vous, malheur à vos soeurs et à vos promises, malheur à messieurs vos parents ou tuteurs ! ( Un garçon lève le doigt. ) Que veux-tu, Sukfüll ?

SUKFÜLL : S’il vous plaît, monsieur, les étrangers ! Mon père, il a dit qu’il ne veut plus tenir bon, il n’y tient plus, il serait grand temps que les étrangers arrivent !

LA CLASSE : Oui, cultivons le tourisme !

L’INSTITUTEUR : Mais non ! Ce n’était pas dans ce sens là ! Le tourisme est une tendre petite plante qui exige tous nos soins. Est-ce que vous auriez la nostalgie des macaronis ?

LA CLASSE : Oui ! On voudrait avoir quelque chose à manger !

L’INSTITUTEUR : Bah ! Vous êtes de mauvais sujets ! Quelle honte ! Que doit penser de vous feu notre vénéré monarque dont le portrait jadis vous contemplait de là-haut ? Jamais il n’aurait pu s’imaginer qu’il en résulterait une telle dépravation lorsqu’il se vit contraint d’entreprendre cette guerre défensive délibérément suscitée, et de tirer l’épée contre des forces supérieures en nombre. Gare à vous si l’ennemi envahit le pays ! Il descendrait dans les hôtels de luxe, ça ne serait pas drôle pour vous, et nos épouses, les gardiennes du foyer familial en seraient pour leurs frais. Avez-vous oublié tout ce que je vous ai dit ? J’espère bien que non !

LA CLASSE : Alors que la rude tempête guerrière balaye nos contrées, que notre illustre monarque a appelé aux armes des milliers et des milliers de nos fils et de nos frères, se font jour les premiers signes d’un accroissement du tourisme. Ainsi donc ne perdons jamais de vue cet idéal. Entonnons plutôt cette vieille chanson que vous nous avez apprise jadis en temps de paix, Cultivons le tourisme ! ( Ils chantent. )

A, a, a, les touristes les voilà.

Les temps moroses sont révolus,

Les étrangers enfin affluent.

A, a, a, les touristes les voilà.

(Changement.)

Scène 24

A la fédération du Tourisme.

LE REDACTEUR : - - de vous demander quelques déclarations sur l’organisation du tourisme après la guerre : savoir si des mesures ont déjà été envisagées dans ce domaine.

LE RESPONSABLE : Bien évidemment. Comme vous le savez, les jours-ci, suite au congrès de la section médicale des corporations estudiantines, a eu lieu un échange entre représentants des groupes spécialisés dans le tourisme des corporations estudiantines d’Allemagne, de Hongrie et d’Autriche.

LE REDACTEUR : Il faut sans doute s’attendre à ce que le problème du tourisme après la guerre soit examiné sous des angles totalement nouveaux.

LE RESPONSABLE : Indubitablement.

LE REDACTEUR : Auriez-vous l’amabilité de me donner d’abord un indice sur la direction que prendra après la guerre la situation de nos frères d’armes en regard du tourisme ? Il n’est pas question sans doute que l’ennemi ne subisse pas de pertes aussi dans ce domaine ?

LE RESPONSABLE : Selon toute probabilité, les Allemands ne se rendront évidemment pas sur les lieux de tourisme belges et français.

LE REDACTEUR : Vous voulez dire que les Allemands ne pourraient pas ou ne voudront pas se rendre sur ces lieux ?

LE RESPONSABLE : Je veux dire que les Allemands ne pourront pas vouloir se rendre sur ces lieux.

LE REDACTEUR : Alors les Allemands chercheront sans doute des remplacements ? Je veux dire, des lieux de remplacement dans leur propre pays ?

LE RESPONSABLE : La côte allemande offre suffisamment de lieux pour remplacer les plages de la mer du Nord.

LE REDACTEUR : Mais où les Allemands chercheront-ils des lieux pour remplacer la Côte d’Azur ? Selon toute évidence, chez nous ?

LE RESPONSABLE : La côte autrichienne de l’Adriatique est sans doute parfaitement apte à remplacer la Côte d’Azur avec ses avantages climatiques comme lieu de villégiature au printemps et en été ; elle devra donc s’attendre à un gros afflux de touristes.

LE RÉDACTEUR : En mentionnant la côte autrichienne de l’Adriatique en opposition sans doute à la côte italienne, vous voulez en tout cas affirmer que l’Adriatique sera toujours -

LE RESPONSABLE : - nôtre. Certes, sinon les Allemands seraient contraints de chercher un remplacement pour l’Adriatique aussi.

LE RÉDACTEUR : Si je vous ai bien compris, vous êtes donc d’avis que c’est principalement le public allemand que notre tourisme devra prendre en compte ?

LE RESPONSABLE : En effet.

LE RÉDACTEUR : Venons-en à l’essentiel. Quelles serons les attractions que nous pourrons offrir après guerre aux étrangers, ou plutôt que pourrons-nous leur offrir en remplacement des monuments éventuellement détruits par la guerre ? Pour l’Adriatique vous avez très justement établi un pronostic favorable. Mais qu’avons-nous à offrir en plus ?

LE RESPONSABLE : En plus, les pays alpins, avec leurs superbes souvenirs de guerre, constitueront un pôle d’attraction pour le public touristique des empires centraux.

LE RÉDACTEUR : Quel genre de souvenirs de guerre seraient envisagés dans ce domaine ?

LE RESPONSABLE : Nous caressons l’espoir que le recueillement sur les tombes de nos héros et dans les cimetières militaires entraînera la venue de nombreux voyageurs. Il s’agit de mettre de nouveau en valeur notre maison. Et sur ce point justement nous en appelons à la collaboration de la presse puisqu’il nous incombe de mettre à profit les attractions que recèle chaque époque, et que les tombes de ceux qui sont morts au champ d’honneur semblent faites tout exprès pour autoriser l’espoir d’une reprise du tourisme.

(Changement.)

Thierry Crouzet @ 2008-04-09 14:51:07

@Henri Je me demande toujours pourquoi les gens oublient que les médias sont une industrie ? C’est une industrie très puissante en marketing car elle a réussi à faire oublier qu’elle en était une.

Thierry Crouzet @ 2008-04-09 15:44:30

Je réalise que j’attache beaucoup plus d’importance aux industriels qui fabriquent des pâtes qu’aux médias... car je mange beaucoup plus de pâtes que de news...

Ax @ 2008-04-09 15:47:52

Très bonne note.

"(il y a plein de sondages à l’appui)"

Alors si les sondages le disent... ça c’est de l’argumentation ! :-)

"En général, je ne regarde pas la TV non plus"

En passant, je trouve la critique de la TV par les nouveaux médias injuste.

La TV investit des millions chaque année dans la création artistique (films cinéma, téléfilms, parrainages de concerts...), elle remplit un rôle social très important.

Elle produit et diffuse également de très bon documentaires (il y a quelques jours je tombais par hasard sur un très bon doc sur Edgar Faure).

Elle nous permet de revoir chaque jour les chefs d’oeuvre artistiques de la 2e moitié du XXe siècle, qui sont presque tous des créations audiovisuelles, le cinéma ayant cristallisé l’énergie créatrice depuis 50 ans, comme faisaient la littérature ou la peinture au XIXe siècle.

La TV, ce n’est pas seulement le Big Deal sur TF1, ou le JT aseptisé du 20H.

Le jour où Agoravox sortira des millions pour produire des créations artistiques, au lieu d’être simplement un déversoir à excitations sur l’actualité des complots, il pourra regarder de haut la TV.

La TV exerce depuis 50 ans le rôle que les Médicis exerçaient à la Renaissance. Cela mérite autre chose qu’un mépris rapide.

Ax @ 2008-04-09 16:06:52

(A noter que ce qu’il y a de pire à la TV, est souvent la conséquence de l’attente du public, et non un choix préalable de la TV.

Le public regarde en masse les jeux TV les plus débiles. Il suffirait qu’il tourne son attente vers autre chose, pour que la TV produise autre chose.

La règle de l’audimat n’est rien d’autre qu’une forme de remise du pouvoir entre les mains des citoyens.

C’est un fondement très démocratique. Avec les chaînes cablées et la TNT, un audimat de niches, plus qualitatif, peut se développer )

jeffe @ 2008-04-09 16:14:51

@Henry

[..."C’est justement un “principe” de la société actuelle.]

Non justement, c’est un principe humain depuis toujours"

Certaines sociétés (souvent dites "primitives") cultivent en paralléle l’aprentissage de soi, en reconnaissant le particularité de chacun et le collectif en laissant une place à cette particularité au sein de la société. Chose que ne font pas ou plus nos sociétés modernes.

Pour preuves la difficulté d’être des artistes autrement qu’en rentrant dans un moule.

Or cet affaiblissement de l’unissité de chacun face au collectif méne à des pensées uniques propices à l’asservissement.

Mais bon, est-ce bien là le sujet...?

Henri A @ 2008-04-09 17:34:24

A jeffy :

Tu as raison, j’ai pris trop d’élan. Actuelle/toujours, je pensais plutôt actuelle/un siècle vu que l’on parlait de médias. Pour être plus précis je préfère société occidentalo-européanno-haut moyen agesque.

Iza @ 2008-04-09 22:01:12

Waouf Ax, je te reconnais bien là.... pas que Thierry pour aimer la provo.

Je ne m’élance pas sur le coup de la télé (j’aurais trop peur de prendre trop d’élan ;-) ) , mais je te trouve lég’ ....

La télé investit... parce qu’elle fait du bizness ... relis le truc sur l’industrie plus haut, ça nuance le côté "médicis" de son action.

Quand à comparer le marketing et la démocratie... ça me paraît light aussi.

La liste des maux que génère la télé à mon avis est bien longue. J’en cite deux au hasard, frais dans ma mémoire (c’est en partie une de mes spécialités professionnelles) :

  • Regarder la télé ne permet en aucun cas de s’approprier la "grammaire" de l"Image" avec un grand I . je fais vite. Conclusion, le téléspectateur est captif, archi captif...avec en plus l’illusion d’être acteur avec le zizi electronique. Il faudrait des pages pour decortiquer la nocivité de cet étau là, mais je te fais confiance.

  • La profusion, l’apparente extrême variété de ce qui est diffusé, allié au temps faramineux qu’il y passe (4 heures en moyenne pour un enfant français) entretient l’individu dans l’illusion qu’il est ... euh... spectateur de la vraie vie, voire (par le zizi en question) acteur de la vraie vie.

Enlève la télé, et bien des gens retrouveraient le temps de cerveau nécessaire pour s’apercevoir combien leur vie est remplie de ... vide ???? (temps passé devant la télé + temps passé à courir après des besoins en carton pâte véhiculés par le rouleau compresseur télé/presse).

En guise de conclusion, je parlais de business plus haut... je te rappelle que celui-ci consiste à vendre des trucs, des savonnettes, du PQ ou de la saloperie agro-alimentaire. C’est à cette logique là que tous obéissent, qu’il le veuillent ou non (relis les coms des deux derniers posts...).

Alors oui, il y a dans le tas des trucs chouettes, voire très chouettes, mais franchement, compte tenu du reste, ça vaut le coup de résister énergiquement.

Iza @ 2008-04-09 22:18:44

Bon, ok, j’ai tendance à sauter les pieds joints dans la simplification face à la provo....

mais ça

"Le public regarde en masse les jeux TV les plus débiles. Il suffirait qu’il tourne son attente vers autre chose"

franchement... avec quels ressorts internes Ax ??? je suis certaine que tout le monde est capable du meilleur.... mais je suis bien plaçée pour savoir que celui-ci ne survient qu’exceptionnellement dans les pires conditions. Et la télé comme seul horizon culturel, comme c’est le cas pour beaucoup, c’est ce que j’appelle "pires conditions".

Je travaille tous les jours à ce que mon public "tourne son attente vers autre chose", by any means necessary.... je peux te dire que c’est autrement plus compliqué que "yaka"....

Ax @ 2008-04-10 07:37:37

Bonjour Iza, comment va ?

je passe en coup de vent. Juste un point:

Tu me dis:

"La télé investit… parce qu’elle fait du bizness … relis le truc sur l’industrie plus haut, ça nuance le côté “médicis” de son action."

crois-tu que les Médicis agissaient uniquement par amour de l’humanité, pour l’Art et pour les générations futures, sans y trouver leur compte en gloriole ?

J’ai toujours eu un problème avec la notion de "bonnes intentions", et celle corollaire de "mauvaises intentions".

Les bons sentiments, on sait déjà qu’en littérature ça ne mène pas loin. C’est souvent le cas aussi pour le reste.

Un producteur crapuleux, qui ne pense qu’à gagner du fric et coucher avec toutes les actrices, est parfois un élément très important dans la genèse d’une oeuvre d’art.

Enlève cette crapule, et l’oeuvre d’art ne se fait pas, quand elle a besoin de son argent pour exister.

La TV cherche son intérêt, on est d’accord, comme ton boulanger fait du pain, non pour te nourrir gentiment, mais pour gagner sa vie.

Cela n’empêche pas son pain de te nourrir aussi, et la TV de produire aussi des grands films.

C’est la base de la logique Win/Win.

Un acteur commercial est parfois plus profitable au genre humain que des armées de gens pleins de bons sentiments, qui n’ont pas d’argent pour produire ce qui a un coût.

Il n’y a pas photo: un réalisateur cherchant à produire un film, se tournera plus efficacement vers la TV que vers Agoravox, pour trouver les moyens nécessaires.

Il ne faut jamais oublier cela, quand on se lance dans la critique de la télévision.

Les films de David Lynch n’existeraient pas sans la TV.

Qu’ensuite la TV ne soit pas parfaite, et produise beaucoup de merdes pour satisfaire les masses, on est d’accord mais rien n’est parfait.

(J’ajoute au sujet du débat sur les intentions, bonnes ou mauvaises, que c’est très propice à toutes les paranos et tous les parasitismes de l’action.

Sans arrêt, quand quelqu’un fait quelque chose, surtout en France, on entend des puritains ou des jaloux, dire: "il fait ça par intérêt, pour sa gloire, par mégalomanie, pour gagner de l’argent, pour manipuler, comme faire-valoir, etc etc etc"

C’est à décourager de faire quoi que ce soit.

Occupons-nous moins des intentions des gens, et regardons ce qu’ils font, bon ou mauvais.

C’est valable aussi dans l’autre sens. Quelqu’un, animé des meilleures intentions, peut produire de la merde, et ses bonnes intentions ne sauvent pas ce qu’il fait. (C’est par exemple le fondement de ma critique du "six35". On met en avant des intentions : "pluralisme, droits de l’hommes, premier JT du Web, révolution de l’information, etc", mais on ne produit pas quelque chose de qualitativement suffisant, la production reste très superficielle, plus que ce que fait la TV.

Ce ne serait pas grave, s’il y avait plus d’humilité dans la démarche, et moins d’affirmations grandiloquentes du type: "on rénove l’information, la TV c’est de la merde, nous c’est mieux")

Jeffe @ 2008-04-10 08:57:19

Paix dans les ménages et assimilés !!!

1/ Cela tourne à la joute rhétorique, vos débats ! Mais pourquoi pas.

2/ Ce qui, à mes yeux, amène une autre question:

Si le lieu (blog de Thierry) est propice à cette d’effervescence (manque une chose: un doliprane et un verre d’eau) La forme, elle, tourne au forum, non ?.

Personnellement, écrire sur une moitié de page, pas de lien, pas d’[imag] etc, pour développer, des fois, ça aide.

J’ai participé à 2 forums comme admin et je me suis rendu compte combien l’architecture même de la structure pouvait influencer les débats.

Sur le fil de la discussion, ça va. Mais pour si retrouver après ...

Un peu hors sujet mais ...

Jeffe @ 2008-04-10 09:01:15

@Henry

"Tu as raison, j’ai pris trop d’élan. Actuelle/toujours, je pensais plutôt actuelle/un siècle vu que l’on parlait de médias. Pour être plus précis je préfère société occidentalo-européanno-haut moyen agesque."

Oui, j’avais compris, mais un regard sur "autre chose" n’est pas malsain.

Je prépare un texte la dessus et je reviens.

Tenez le café au chaud !

Iza @ 2008-04-10 11:57:41

Coucou Ax, et toi, ça va ??? (eh, rien à voir mais j’ai vu toutes tes pages de la "Recherche" sur Page2007, c’est génial... je continue à mon rythme... je suis vers la fin de Guermantes ....)

Donc, à froid de ce matin, je t’accorde le truc sur bonne intentions et mauvaises, c’est ce que je voulais dire en parlant de "simplification". Si je rappelle l’objectif, c’est pour signifier que, l’émancipation du public n’étant pas particulièrement recherchée, le "tirage vers le bas" est plutôt de mise, pourvu que la savonette se vende. Moi, ça ne me poserait aucun problème qu’ils vendent des trucs (win win) si au final ce n’était pas une telle aliénation que l’on trouve. (parce que du coup, ce n’est pas win win pour moi, mais bien "bizness win" et grosse lose pour l’esprit).

Le noeud étant l’histoire pointée plus bas du " le public pourrait demander autre chose", sauf que c’est disproportionné, l’impact de l’outil télé (JT + conneries) contre le faible pourcentage de trucs bien et influences eventuellement positives du reste du monde (qui regarde majoritairement la télé aussi....).

Si j’ajoute la coupable cécité des gens qui la font (la télé), souvent très light favec à ce que je considère être de leur très grande responsabilité (et je sais de quoi je parle) ..... c’est pas flambant.

Maintenant tant mieux si ça permet au moins à quelques bons films de voir le jour, c’est un modeste tribu récupéré sur la bête .....mais on est loin du win win pour le bien commun ....

Iza @ 2008-04-10 11:59:27

@Jeffe : tu sais quoi, on adore .... les coussins doivent être moelleux ou quoi par ici, mais... on se lasse rarement.... dès fois l’energie me manque.... mais il n’y a qu’ici que j’aime discutailler des heures...C’est d’être en bonne compagnie sans doute :)

Ax @ 2008-04-10 12:16:24

"je suis vers la fin de Guermantes"

ah oui, tout de même. Belle progression. Tu n’es pas comme Jean-Pierre Marielle, qui n’a jamais pu dépasser un amour de swann (du moins son personnage, dans le délirant Calmos de Bertrand Blier (attention que Charlie ne passe pas par là, le film est un peu misogyne):

http://films7.com/videos/jean-pierre-marielle-jai-jamais-pu-terminer-proust-jean-rochefort-bernard-blier-bertrand-blie

De mon côté je bosse actuellement sur un scénario inspiré d’Albertine. Ce sera la jonction entre Proust et les jeunes filles en fleurs de page2007 ;-)

(je laisse Eva Mendes à Carlo. Je n’aime pas du tout. C’est une femme pour Italiens ça.)

Jeffe @ 2008-04-10 18:49:50

@Iza

???? pas grave.

Iza @ 2008-04-10 18:53:55

jeffe : je répondais à ton com sur la nature des débats, doliprane et compagnie.... pardon, ce n’était pas compréhensible ...

Iza @ 2008-04-10 18:56:14

Ax, j’ai regardé l’extrait l’autre jour mais il est long.... je ne suis pas arrivée jusqu’à la fameuse tirade.... j’essaierai à nouveau...

Ax @ 2008-04-10 19:15:53

Iza, nous n’avons définitivement pas les mêmes valeurs :-)

Les deux Blier, Bernard devant la caméra, Bertrand derrière,

Jean Rochefort,

Jean-Pierre Marielle

... Et tu trouves l’extrait trop long ?

Le moindre navet avec Bernard Blier, je suis fan.

(C’est sans doute pour cela que je suis plus indulgent que toi avec la TV, ils en repassent souvent...)

Bon, ça doit être un film pour hommes...

Trop volontairement gras, rabelaisien et cynique.

Henri A @ 2008-04-10 19:35:43

Ce qui est pénible avec les libéralistes, c’est qu’ils fabriquent les questions et les réponses.

Comme le futur ex maris de carla, tiens !

Iza @ 2008-04-11 10:34:53

t’as pas deux marmots à checker Axel, ça se voit ..... tout est trop long pour eux.....

j’adore ces gars là et je ne connaissais pas "calmos" .... à revoir donc.

Iza @ 2008-04-11 10:35:29

ce cynisme là d’ailleurs, je tolère ....

Pierre @ 2008-04-28 17:40:31

Salut Thierry,

J’ai commencé à lire le "5ème pouvoir" que tu m’as passé il y a 10 jours. Super, et probablement une bonne base de discussion et d’échanges.

J’en profite pour te communiquer l’adresse d’un réseau de "recherche européenne" sur la eGovernance qui peut t’intéresser. Le volet techno y est traité mais aussi les aspects sociétaux.

http://www.demo-net.org/

Bonne journée

Pierre

JBT @ 2008-05-17 16:16:49

Salut Thierry,

Quelques nouvelles du "5ème pouvoir" du coté d’Asnières...

Les conditions ayant changé sur Asnières, Asnierois.org se devait d’évoluer...

Sous quelle forme ? Comment continuer à dénoncer le système ? Comment éviter la récupération par la nouvelle équipe ? On en avait parlé, ça n’était pas simple. Il nous fallait explorer une voix nouvelle.

Nous venons de terminer la mise en place d’un magnifique forum citoyen de portée locale. http://forum.asnierois.org , "la voix des Asniérois"

N’hésite pas à nous faire part de tes remarques pour que nous puissions continuer à avancer dans notre mise en place d’une véritable politique 2.0, dans une ville qui doit devenir emblématique de l’impact de l’internet sur la politique locale de nos élus.

à bientôt

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