Thierry CROUZET

Les managers sont déconnectés

Dans mes dernières conférences, et je dirai sans doute la même chose mercredi soir à Ajaccio, je défends l’idée que nous ne vivons déjà plus dans un système en réseau. Je viens de lire dans Wired un article qui me conforte dans ma position.

À l’aide de badges, Benjamin Waber a mesuré la quantité d’information échangée par les employés de diverses entreprises. Il a constaté que les managers ne sont jamais les personnes les plus connectés. Il existe toujours un super-connecteur mais il ne doit pas cette fonction à une position hiérarchique ni à une décision de la hiérarchie. Il s’est retrouvé dans ce rôle presque malgré lui, parce qu’il est doué pour la connexion.

Bien sûr Waber n’a pas mesuré la qualité des informations échangées mais le fait que les managers soient sous-informés, du moral des subordonnés comme de tout le reste, explique pourquoi ils sont souvent incapables de prendre de bonnes décisions. Ils ont le pouvoir sur une structure dont ils ignorent tout.

Des études comparables ont été menées chez Microsoft en analysant les mails. Les résultats étaient semblables. Le super-connecteur, celui qui est l’âme d’une équipe, mais aussi tous les autres connecteurs qui font que les idées circulent et phosphorent, ne sont jamais officiellement reconnus. C’est un peu comme lors de la bataille de Borodino. On se souvient de Napoléon et de Koutouzov alors qu’ils ont eut qu’un rôle mineur par rapport à tous les hommes de terrain (cf Le Cinquième pouvoir).

Les organigrammes hiérarchiques des entreprises ne représentent donc pas grand-chose, sinon des niveaux de salaire et une chaîne de pouvoir sans grande importance par rapport au métabolisme réel qui lui se structure en réseau.

Paul .ca @ 2008-10-14 13:29:57

Joli diagramme de Wired mais la parité homme-femme n’est pas respectée.

Remarque c’est pas pour déplaire à un informaticien. ;)

C’est un problème grave d’être déconnecté de l’actualité de son entreprise et du contexte économique dans lequel elle évolue.

Ceci étant dit, heureusement que le manager n’est pas le plus connecté car la Quantité d’information n’aide pas à la décision mais davantage la pertinence et la qualité de l’information stratégique. Alors le manager comme le général doit connaitre le mental actuel de son équipe / armée avant de planifier sa stratégie. C’est un élément important qu’il faut surveiller et gérer mais il ne doit pas trop rentrer dans les détails superflus. Le manager ne doit pas pas se noyer dans le flux d’information et bien montrer à son équipe l’essentiel pour avancer vers le BUT qu’il vise. La puissance du laser, cette lumière concentrée !

Maintenant probablement que le plus connecté deviendra le prochain manager. En tous cas, il occupe une place "politique" importante. Reste que le plus connecté ne sera pas nécessairement le plus compétent comme futur manager ou politique au commande. Savoir bien gérer les connections et la stratégie sont deux compétences différentes.

Henri A @ 2008-10-14 16:36:22

C’est l’histoire de ma vie.

J @ 2008-10-15 13:29:05

heureusement que Paul est là pour apporter quelques bémols à cette lecture du fonctionnement organisationnel en entreprise et au delà plus que biaisée par la recherche à tout prix d’exemples en apparence congruents avec ce qui est devenu au fil des mois une idéologie aveuglée.

ainsi est desservie la nécessaire conduite du changement social à mener, à cause des intégrismes "contraires".

Thierry Crouzet @ 2008-10-15 15:31:12

Heureusement qu’il y a des emmerdeurs pour empêcher le monde de changer... Sinon j’aurais plus de job. Qu’est-ce que tu fais chez les aveugles Toi qui vois si bien et dont nous attendons avec impatience la lumière ?

Ce qui est extraordinaire chez toi c’est ton refus du dialogue, auquel je t’ai invité souvent, et que tu te permets des critiques anonymes qui ne te coûtent rien... Au moins Paul ne se cache pas et il nous arrive de parler.

Tu manques tout simplement de courage.

Paul .ca @ 2008-10-15 17:00:52

Arrêtez avec les compliments, je rougis et je ne sais pas où me cacher.

Sous le bureau ?

Non impossible je suis un peu trop volumineux et raide avec les années.

A J,

C’est vrai pourquoi tu n’appelles pas Thierry pour vous expliquer ? C’est plus rapide que le clavier et plus sympathique avec l’accent de Marseille. Et puis ça évacuera une fois pour toute cette histoire de courage qui revient souvent.

J @ 2008-10-15 17:27:16

Pfff. Courage... Refus de conversation...

Alibis oui, come ceux de la non lecture des oeuvres completes 10 fois de crouzet avant de pouvoir parler, ou ceux de la non comprehension de l’autoorganisation, etc!

Je me souviens moi de mes échanges ici.

Et je te le redis Thierry, tu as dérapé de l’imagination à l’idéologie...

Et ainsi est desservie la NECESSAIRE conduite du changement social à mener, à cause des intégrismes “contraires”.

J @ 2008-10-15 17:29:50

Pfff. Courage... Refus de conversation...

Alibis oui, comme ceux de la non lecture des oeuvres completes 10 fois de crouzet avant de pouvoir parler, ou ceux de la non comprehension de l’autoorganisation, etc!

Je me souviens moi de mes échanges ici.

Et je te le redis Thierry, tu as dérapé de l’imagination à l’idéologie...

Et ainsi est desservie la NECESSAIRE conduite du changement social à mener, à cause des intégrismes “contraires”.

Equilibrium @ 2008-10-15 18:17:38

Dans les entreprises traditionnelles, les regards sont divergents. Le jeu de rôle est en effet accentué dans le fait que certains ont un regard qui s’intéresse à l’interne de l’entreprise alors que d’autres ont des regards qui portent vers l’environnement externe de l’entreprise.

La spécialisation des jobs qu’on y fait y est pour quelque chose. Le DRH n’a évidemment pas les mêmes objectifs que le commercial.

Tout dépend aussi du positionnement de l’entreprise sur le marché qu’elle a choisi d’investir: Losrqu’on est en situation monopolistique on peut se permettre un break pour se livrer à une analyse du fonctionnement interne, sans la sous traiter.

C’est dailleurs dans ce type d’entreprises, à l’époque du fordisme, que des théoriciens du "capital humain" ont fait leur apparition et se sont livrés à des expériences. les regards étaient bien plus tournés vers la rentabilité interne et les conditions de travail que vers une conquête des marchés qui s’effectuait dans la démesure, au mépris des composantes de l’environnement économique.

Sans parler de laser (paul l’a déjà fait), je pense plutôt à l’analogie du cycle solaire, largement reprise par Edgar Morin, tantôt tourné vers l’interne tantôt vers l’externe en fonction des événements économiques (pour les entreprises qui tiennent la route).

Maintenant que le concept d’entreprise est moins industriel qu’à des époques antérieures, les limites au sein des périmètres de consolidations sont plus floues. Elles questionnent l’identité de l’entreprise qui se recentre plus sur le personnel que sur les outils de production. les salariés ont en effet besoin de savoir pour quelle entreprise ils bossent pour se sentir intégrés dans un groupe. Pour ce qui est des organigrames ils sont surtout là pour permettre aux nouveaux employés de savoir à quel département adresser tel dossier ou quel poste appeler. Ils tombent dans l’obsolescence dés les premiers mois. inutile d’en faire plus de cas que celà.

En fait, c’est en premier autour d’un PROJET que le personnel est réuni. Suivant les composantes dominantes que ce projet permet d’aborder, tel connecteur du groupe va se révéler, plutôt que tel autre. Dans les différentes phases du projet, plusieurs connecteurs vont se passer le relais. Ceux qui ont vu un cas extrême, dans l’exemple proposé par le film "Le dernier vol du phoenix" (excellent film que je recommande, la dernière version, bien sur) savent de quoi je parle.

Paul .ca @ 2008-10-15 21:22:52

@Equilibrium

Ça serait pas juste "Le vol du phoenix" (2004) pour le titre VF de ton film ?

Le titre original "Flight of the Phoenix" me parait meilleur avec la similitude de flight et fight quand je vois les photos.

Je te recommande ce documentaire historique de 40 min Ernest Shackleton, naufragé de l’Antarctique et une série TV de 3h20. il y a aussi un documentaire IMAX de 35 min et son livre-journal.

Equilibrium @ 2008-10-16 00:52:49

Pour le titre c’est exact (dans mon souvenir il s’agissait bien du premier et dernier vol de ce coucou de fortune). Pour ce qui est de la promo du film, les publicistes veulent sans doute en faire un film d’action pour attirer le grand public, mais ce n’est pas le cas. C’est nettement mieux qu’un film d’action.

je regarderais le documentaire à l’occasion.

Mais il me semble que la comparaison s’arrête là. dans le film que je proposais en exemple il s’agit bien de 9 hommes et une femme qui vont, chacun leur tour, par choix, connecter les autres sur un même projet. Aucun d’entre eux n’est plus connu ou illustre que les autres.

Il ne s’agit pas d’un chef d’expédition qui reste chef d’un bout à l’autre en trainant à lui tout seul un nombre de gens qui obéissent et qui restent inconnus de tout le monde comparé à lui.

Désolé Paul. ;-)

Paul .ca @ 2008-10-16 11:51:03

Ne sois pas désolé Equilibrium ;) il me semble avoir vu ce film sans bien m’en souvenir mais j’en profiterai pour voir aussi la version de 1965 dans la foulée.

L’histoire réelle de Ernest Shackleton est pour moi autrement plus intéressante et éclairante pour un manager d’une équipe dans des conditions de survie et pas en temps qu’individu car il meurt assez jeune vu son état de santé et ses sacrifices pour le groupe. C’est surprenant l’importance qu’il accorde au moral de l’équipe au point de faire des choix qui sinon serait mauvais en soi. Par ex. il leur fait faire des marches "inutiles" mais qui les gardent actif.

"Nous ne formons qu’un - Nous vivrons ou mourrons ensemble"

L’exploit c’est qu’il a dans des conditions terribles, sauvez toute son équipe.

Maintenant le téléfim UK altère l’état d’esprit du personnage. C’est dommage mais si on connait bien l’histoire on peut corriger les erreurs du réalisateur et le jeu de l’interprète principal trop agressif. C’est plus immersif qu’un documentaire plus précis et juste.

Olivier Blanchard @ 2010-09-16 13:57:01

"Les managers sont deconnectes" de Thierry Crouzet http://bit.ly/bwatYm Commentaire sur la validite des organigrammes hiérarchiques.

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