Thierry CROUZET

Lettre à Emmanuel Todd

J’aurais aimé écrire un livre intitulé Après la démocratie, j’y aurais parlé de la démocratie qui n’a pas encore vu le jour. Vous, dans ce livre, vous parlez de la fin de la démocratie et des solutions désespérées pour la sauver. C’est un peu gâcher mais je reconnais vous avoir lu avec impatience en deux jours. Vos chiffres et vos analyses m’ont stimulé tout en ouvrant des pistes de réflexion.

J’ai l’impression que nous sommes dans le même camp. Vous descendez avec tant de force nos politicards que je ne peux que vous applaudir. Au sujet de Sarkozy et de Ségolène, vous écrivez :

Aux yeux de l’historien et du sociologue, ils ne sont que les symptômes complémentaires d’une situation globale de vide idéologique […]

Ok, nos politiciens sont largués mais cela ne signifie pas qu’il n’existe pas de nouvelles idéologies. Pour ma part, j’essaie d’en présenter une qui naît en ce moment même un peu partout dans le monde.

Tout d’abord, j’ai l’impression que vous attachez une trop haute estime à nos démocraties. Peut-être en Amérique au temps de Tocqueville la démocratie a-t-elle existé mais pas pour longtemps.

La démocratie représentative n’est qu’une version soft du monarchisme, une forme d’oligarchie tournante où le plus riche est presque systématiquement élu au poste de plus haute responsabilité. Vous en convenez :

Devenir chef de l’exécutif, en démocratie de manipulation, implique que le candidat se concentre sur les moyens d’obtenir le pouvoir au détriment des fins, c’est-à-dire du programme et de l’action. Aucune contradiction en première analyse puisque l’élu devra présider sans réellement gouverner, laissant tourner la machine économique selon ses propres règles. L’absence de fin justifie les moyens.

Je l’ai dit autrement dans Le cinquième pouvoir. Dans un monde complexe, l’homme de pouvoir ne peut exercer le pouvoir. Pourquoi se fatiguerait-il à élaborer un programme ? Ce n’est pas seulement la machine économique qui est devenue incontrôlable mais l’ensemble de la biosphère. Dans ce contexte, la démocratie représentative est nécessairement une démocratie de manipulation

N’est-ce pas la démonstration que la véritable démocratie, celle du peuple au pouvoir, ne peut exister qu’hors d’un système représentatif, dans une société de citoyens responsables, dans une société qui aura renoncé au moins en partie au modèle pyramidal ?

Vous décrivez l’effondrement de cette pyramide en France mais vous n’en tirez guère de conclusions positives alors que j’y vois les prémices d’un nouvel ordre démocratique.

Au début du troisième millénaire, la crise politique révèle une situation de vide idéologique total.

Votre insistance à cet égard me laisse supposer que, comme les politiciens que vous dénoncez, vous ne croyez pas à la possibilité d’idéologies loin du capitalisme et du marxisme. Comme nos politiciens, vous cherchez des médications de fortune. Vous regardez un malade en phase terminale et vous lui administrez encore de l’aspirine plutôt que de tenter avec lui une thérapie expérimentale.

Vous évoquez « l’effondrement terminal du catholicisme », il ne correspond qu’à un effondrement plus général du système pyramidal. Je suis d’accord avec vous quand vous dites :

Une crise religieuse est donc à l’origine de notre malaise actuel.

Nous sommes en crise parce que nous ne croyons plus en aucun modèle tutélaire, qu’il soit religieux ou politique. C’est bien pour ça que de nouvelles spiritualités voient le jour, des spiritualités plus proches de l’immanence que de la transcendance.

Vous voyez la société encore éprise d’individualisme alors que je vois émerger à travers les réseaux sociaux de nouvelles interdépendance, interdépendance à l’origine en partie du nouveau sens spirituel. Une forme d’égalité, ce qu’on appelle le pair-à-pair, est peut-être en train de naître et vous n’en parlez pas.

Votre aspirine, c’est la mise sous tutelle du libre-échange. Votre argumentation me paraît bonne. Si nous laissons la Chine et l’Inde nous envahir avec leurs produits nos entreprises vont devoir peu à peu se mettre au niveau de celles de la Chine et de l’Inde. Le processus a déjà commencé. Le pouvoir d’achat commence à baisser et ce n’est qu’un début si nous ne changeons rien. Vous montrez bien que le libre-échange n’est pas synonyme de démocratie et qu’il accroît les inégalités.

Mais le protectionnisme est-il la solution ? Vous parlez de crise économique et démocratique, mais pas de crise écologique et peu de crise sociale ? Si nous fermons nos frontières à certains produits, nous ne fermerons pas la frontière à la pollution ni au réchauffement climatique.

Le monde est devenu global. L’interdépendance le domine. Nous devons trouver la solution de notre équation dans ce contexte global qui ne peut être changé localement. Si nous fermons les frontières aux produits, nous les fermons en même temps aux conversations.

Voulez-vous fermer les frontières à Internet ? Et qui fabriquera nos composants électroniques ? Le protectionnisme n’est plus jouable. À quoi bon discuter de son efficacité s’il est inapplicable ? Je vais lire L’avenir d’une exceptionHakim El Karoui théorise ce point de vue. Je changerais peut-être d’avis mais je n’en vois pas de raison en vous lisant.

Je pense que le protectionnisme ne peut pas fonctionner, qu’il n’est même pas souhaitable pour la sauvegarde de la planète. À mon sens, il faut tenter autre chose. Certains parlent d’un keynésianisme vert, je n’y crois pas non plus.

Que devons-nous faire ? Nous livrer aux puissants qui deviennent de plus en plus puissants en même temps que les inégalités se creusent ? Non, nous devons saper les bases de ce système. Nous devons changer d’habitudes de consommation. Nous devons travailler autrement. Nous devrons vivre différemment.

Vous cherchez une solution dans le système, j’en cherche une à l’extérieur. Je ne vois aucun autre chemin pour engendrer le changement. Il ne viendra pas d’en haut parce que le haut est soit pourri, soit impuissant face à la complexité. Pourquoi devrions-nous croire aujourd’hui à cette voie qui n’a jamais rien changé en fin de compte ?

L’impuissance du gouvernant est systémique. Vous l’admettez indirectement en écrivant :

Du point de vue des hommes politiques, qui ont de plus en plus de mal à se faire élire pour ensuite ne pas gouverner, une solution possible serait que cesse la comédie. Le refus d’obéir au peuple pourrait être officialisé par une suppression du suffrage universel, par l’instauration d’un régime politique franchement autoritaire.

J’ai aussi tiré cette sonnette d’alarme. Nous allons tout droit vers cette apocalypse. Pourquoi ? Justement à cause de la complexité qui ne se gouverne pas. Pour reprendre le pouvoir, pour que les programmes politiques reprennent du sens, que les anciennes idéologies redeviennent opérantes, les hommes de pouvoir doivent réduire la complexité. C’est la seule façon pour eux de rendre le command and control à nouveau opérant (c’est ce que vous proposez avec le protectionnisme au nom de la démocratie).

Il y a une autre possibilité, accepter la complexité exponentielle de nos sociétés et apprendre à vivre avec. Nous devons accepter une fois pour toutes qu’un système complexe n’est pas contrôlable de façon déterministe. Nous devons inventer de nouvelles formes de gouvernance.

Après tout, nous inventons des arts nouveaux, de nouvelles technologies, de nouvelles philosophies, de nouvelles sciences… et pourquoi pas de nouvelles politiques ?

Hugues @ 2008-12-10 12:13:27

Belle Analyse/synthèse. J’ai comme une impression que l’on s’approche de jours en jours vers une nouvelle forme de pensée, de voir les choses, qui par extension finira bien un jour ou l’autre par aboutir sur le monde Réel. C’est assez encourageant, merci :-)

Amitiés ;-)

Pierre Guillery @ 2008-12-10 12:20:06

Intéressante critique d’un bouquin que je suis en train de lire. Todd ce matin sur France inter était péremptoire, comme d’habitude - mais intéressant.

A propos de la "meilleure" manière d’intégrer la crise écologique dans les perspectives actuelles, lire un autre bouquin passionnant, en anglais : "Hot, flat & crowded," par Thomas Friedman (http://www.thomaslfriedman.com/bookshelf/hot-flat-and-crowded).

Thierry Crouzet @ 2008-12-10 12:24:34

Friedman un mec que Todd ne semble pas apprécier.

Pierre Guillery @ 2008-12-10 12:57:14

Ha bah, et alors ? Sauf son respect, Todd est (quand même un peu) l’archétype de l’anti-américain primaire, il me semble. Par ailleurs, je ne sais pas si il aura pris le temps de lire Friedman dans le texte (c’est en anglais après tout).

Quoi qu’il en soit, les idées/remarques de Friedman sont stimulantes. Et il se trouve que les Américains sont parmi les premiers à "faire des trucs". Nous on fait des Grenelles... Alors je suis sur que nous pouvons apprendre des trucs (Mr Todd compris) en lisant ce bouquin... :)

Thierry Crouzet @ 2008-12-10 13:00:33

Je connais pas Todd. C’est la première fois que je lis, je l’ai jamais vu ni entendu. Je connais mieux Friedman peut-être parce que j’ai passé trop de temps aux US (même si je ne suis pas un libéral au sens économique).

Thierry Crouzet @ 2008-12-10 16:46:39

Paul, je suis peut-être pressé mais quand je lis un livre, je le lis. Et quand je parle d’une idée de l’auteur que je viens de lire, c’est de son idée, pas de la mienne nécessairement. Toi tu critiques les gens sans les lire est-ce mieux ? C’est commun dans le monde du commentaire sur le net mais est-ce une pratique acceptable ?

J @ 2008-12-10 17:40:46

C’est qui ce Friedman??? ;)

Il a l’air super cool...

C’est lui l’amérique géniale? Noooon. C’est celle des années 80 à nos jours : adorable amérique il est vrai...

Guillery, vous êtes un nuisible :) Si si, carrément!

"Destruction créatrice" vous dites sur votre premier billet de blog, comme si vous aviez intelligemment mesuré ce que c’était et son contexte d’implémentation.

Mais, petit récitant, vous oubliez que comme tous les intégristes, ce Friedman ne voit qu’un seul côté des choses.

Que faites vous de la protection de l’existant nécessaire par exemple, que la seule destruction créatrice ne saurait respecter puisque ce n’est pas son rôle? Surtout mise entre les mains de gens comme vous.

Je ne vous apprécie pas!

Regardez autour de vous ce que ce Friedman et ses apôtres ont créé en 30 ans!

Bravo...

Paul .ca @ 2008-12-10 17:42:30

Ok Thierry,

Je viens d’ajouter dans ma citation "Vous montrez bien que"

J’ai choisi un élément intéressant de ta lettre-commentaire. C’était le point de départ à une réflexion plus large.

Thierry Crouzet @ 2008-12-10 18:09:39

Tu fais comme souvent les commentateurs sur le web... Tu argumentes sans connaître le travail que tu commentes. Todd développe longuement dans son livre, il est plutôt convainquant. Et toi avec du jus de crâne tu crois tout réinventer en te servant de ton bons sens... malheureusement le bon sens n’est pas fiable, le tien, le mien, le bon sens en général. Nous ne pouvons pas lui faire une confiance aveugle. Todd s’appuie sur des statistiques, des comparaisons, il travaille ! Je suis pas d’accord sur tout, mais je ne lis d’abord.

Hasselmann @ 2008-12-10 18:10:22

Bien vu Thierry, et droit dans les bottes.

J’ai croisé et lu TODD, il ya des éclairages interressants, mais comme beaucoup, le fonds de commerce c’est le commentaire platonicien qui prime dés l’instant ou il permet de vendre du papier ou de la conférence.

Il ya quelques temps T de MONTBRIAL écrivait la grande force de la chine c’est que ce n’est pas une démocratie, cela facilite les choses pour imposer les réformes indispensables.On retrouve cet éclairage trés estompé.

A l’inverse si le citoyen était vraiement éduqué et informé on pourrait faire du BEHAVIOUR, du comportemental.....voilà ce qui est bon vous prenez ou pas mais c’est votre choix.

Cela dit, j’invite le plus grand nombre a faire un tour chez LIBR’ACTEURS, si vous lisez la presse du jour, la fin du cumul des mandats, la relecture de notre démocratie, et l’émergence d’un nouveau modéle économique on va y venir.

Bonne soirée.

Thierry Crouzet @ 2008-12-10 18:19:51

Les discussions de ces derniers jours m’ont donné l’idée d’illustrer tout ce dont on parle ici, ce dont il est question sur Libr’Acteur : la pyramide qui ne décolle pas, les gens qui meurent encore de faim.

Paul .ca @ 2008-12-10 18:34:06

Thierry,

Je parle de raisonnement rigoureux et logique pas de "bon sens". Je comprend que mon style ironique puisse t’agacer mais je t’ai à peine égratigner avec toute la matière que regorge ta lettre. J’ai pris un élément et j’ai développé avant de partir sur autre chose.

Je ne critique pas Todd mais ce que tu dis ou ce que tu sembles cautionner comme idée. Peu importe que l’idée soit de toi ou d’un autre. Je critique une idée que ce soit de façon positive ou négative.

Thierry Crouzet @ 2008-12-10 18:45:41

Tu ne critiques rien du tout car tu ne connais pas la logique derrière cette idée, notamment les études statistiques empiriques qui la soutiennent (ou veulent la soutenir).

Affirmer qu’on est rigoureux c’est comme affirmer qu’on est drôle... Tu tombes dans les deux pièges. Ce n’est pas à toi de dire si tu es logique ou rigoureux ou drôle mais aux gens qui te lisent. Tu peux dire autant que tu veux que je ne suis pas rigoureux mais je vois mal comment tu peux oser prétendre que toi tu l’es.

Et puis de quelle logique te recommandes-tu ? Encore une fois Henri pourra venir éclairer cette conversation. Dans le peuple des connecteurs, je parle de rationalité. La non causalité est irrationnelle dans un cadre, rationnelle dans un autre.

Je suis pas le moins des prétentieux mais j’aurais jamais oser titrer mon blog comme tu l’as fait avec le tien. Je ne cherche d’ailleurs même pas à soulever les erreurs de logique qui ponctuent ton billet. D’autres le feront je suppose.

Paul .ca @ 2008-12-10 18:56:21

Bon Thierry,

Je te propose la paix des braves et d’en rediscuter une fois le calme et la sérénité revenu.

J’attend avec plaisir tout les valeureux chevaliers qui veulent m’affronter sur le terrain du raisonnement rigoureux et logique. :D

Pierre Guillery @ 2008-12-10 18:58:43

Tiens, c’est la première fois que je me fais insulter sur le Net, par ce "J" qui est si fier de lui qu’il ne se présente pas. Je me demande si ce "J" sais ce que Friedman a écrit, connait les États-Unis ou a lu ce que je cite concernant la destruction créatrice. Peut être, pas, remarquez : c’est en anglais.

Thierry Crouzet @ 2008-12-10 19:08:28

@Guillery Bienvenu au club des insultés. On le garde car on l’aime bien.

Henri A @ 2008-12-10 19:08:28

A Paul aka le sioux et Thierry aka l’apache :

[ Je parle de raisonnement rigoureux et logique pas de “bon sens” ]

Il ne faudrait pas sous-estimer le "bon sens" et sur-estimer la logique qui ne peut , je le rappelle, fonctionner correctement qu’en math.

Par contre il serait souhaitable de faire un effort sur le raisonnement ( de façon rigoureuse, précise ), d’accord. Mais on en arrive toujours au même problème, les postulats ou au mieux les informations du départ. L’objectif est de trouver un minimum de consensus sur les postulats et informations après on peut passer au raisonnement ( accepté par un minimum de consensus aussi d’ailleurs ). Après on pourra passer aux interprétations. Dans ces processus, il ne faudrait pas faire l’erreur de mépriser le "bon sens".

Ce n’est pas du relativisme ; de la rigueur et de la précision maximale, mais dans un monde ou il n’existe pas deux choses identiques.

Paul .ca @ 2008-12-10 19:23:53

A Henri,

Avant les postulats d’un sujet donné, il y a la cohérence du discours. Si c’est incohérent je saute par dessus ces postulats pour dire que ça ne tient pas. Et souvent ainsi j’ai pas besoin de regarder les informations de départ. Ah oui c’est puissant. Maintenant on en a besoin pour faire le tri.

Heureusement que la logique sert en dehors des math. Les philosophes ne s’en servent pas tous aussi bien. Mais je ne t’apprend rien.

J @ 2008-12-10 20:00:17

quand je veux si je veux comme je veux et à qui je veux, mon respect.

reste que j’ai écouté parler il y a 15 jours concernant cette histoire de destruction créatrice un cador, un vrai, et c’est clair que ça relativise les propos des médors de friedman l’intégriste :)

Pierre Guillery @ 2008-12-10 20:10:05

L’Internet c’est bien parce que ça permet de débattre. Normalement. Mais quand certains comme ce "J" qui préfère avancer masquer, se comportent comme des gamins de 11 ans dans une cour de récré ("Quand je veux, etc."), c’est moins constructif. Mais on peut apprendre des choses.

Alors J : c’est qui ce "cador" ? Qu’est ce qu’il racontait de si convaincant (ou pas) ? Qu’est ce que vous avez compris de la destruction créatrice qui vous déplait (ou vous plait, je n’ai pas bien compris) ? Avez-vous lu ce que raconte Robert Foster ? Avez-vous compris ce que raconte Robert Foster ? Savez vous qui est Friedman ? et surtout l’avez vous lu - pour vous permettre ainsi de le traiter d’intégriste ?

En fait je suis curieux de savoir si vous allez choisir d’être constructif, ou de continuer de manier l’insulte, ou de disparaitre sous le tapis. Le bénéfice du doute. Une étude sociologique, en quelque sorte. :) A vous...

J @ 2008-12-10 20:58:29

ca vous viendrait à vous l’envie de ’’converser’’ avec un défenseur du stalinisme?

non je suppose...

eh bien moi je ne souhaite pas perdre de temps à ’’converser’’ avec quelqu’un qui ose encore défendre Friedman fin 2008.

C’est aussi simple que ça.

et puis vous comprenez, c’est en anglais en plus, trop compliqué pour moi.

mes hommages, seigneur...

Pierre Guillery @ 2008-12-10 21:24:24

Ha, j’ai compris. Je crois bien qu’il y a sérieux malentendu : vous pensez Milton Friedman, Prix Nobel, de Chicago (mort en 2006) alors que moi je parle de Thomas Friedman, bien vivant, éditorialiste au New York Times, du Maryland, deux fois Prix Pulitzer. Strictement rien à voir. L’un était très à droite (au delà de sa vision économique) et l’autre est tout à fait centre-gauche ("liberal" à l’américaine). Le Friedman dont je parle a écrit un très stimulant bouquin, publié en juillet 2008 sur la manière d’intégrer écologie et développement économique (entre autre).

Vous avez confondu à cause de mon billet sur la "destruction créatrice" - qui soit dit en passant est un concept de Schumpeter, important mais pas central pour Milton Friedman. Au sujet de mon billet, d’ailleurs : il consiste en une description des cycles, plutot factuelle. Vos idées, critiques, commentaires sont les bienvenues (commentaires, pas injures), pas ici - sur mon blog.

Revenons à Thomas Friedman. Je crois bien qu’on peut dire que vous auriez pu creuser le sujet avant d’invectiver. Par exemple suivre l’URL que je donnais plus haut, pour répondre à la question que vous avez vous même posé plus bas ("Qui est ce Friedman") mais sans vous donnez le moyen d’y répondre. Paresse ? Revoilà le lien : http://www.thomaslfriedman.com/bookshelf/hot-flat-and-crowded. (En anglais, toujours, mais je n’y peux rien.)

Là, je dois dire : être comparé à un "défenseur du stalinisme", pour le coup ça me fait marrer ! L’Internet est un formidable lieu pour débattre - mais comme quand on échange de vive-voix il faut réfléchir avant d’écrire, et il vaut mieux s’assurer d’avoir bien compris ce qu’on va critiquer au préalable. Au risque de passer pour un idiot.

Henri A @ 2008-12-10 21:40:02

Il me semble que tout le monde est tombé dans le panneau sur Friedman.

On a vu plusieurs types de comportement.

Qu’est-ce que tu disais déjà Paul ?

"Avant les postulats d’un sujet donné, il y a la cohérence du discours. Si c’est incohérent je saute par dessus ces postulats pour dire que ça ne tient pas. Et souvent ainsi j’ai pas besoin de regarder les informations de départ."

J @ 2008-12-10 21:56:38

ok. mes excuses donc! :)

mais avouez quand même qu’avec votre destruction créatrice, vous avez largement orienté mon interprétation vers Milton l’affreux facho néolibéral, dont Schumpeter est un autre type de zigoto en moins pire...

et de mon côté j’ai démarré trop au quart de tour ; faut dire que ce blog me tend :) il y a tellement de croyances habillées de fausse raison pour les justifier.

Moi, le coup de l’impasse d’il y a 2 jours sur le SensProjet évoqué par Paul notamment, ou celui sur l’inapplicabilité de autoorg autoregul aux sociétés humaines pour par exemple des raisons comme épisode Tf1/wikipedia, ça me sidère tant d’’inconséquence!!!

épisode intéressant en tout cas. j’ai appris.

et je réitère mes excuses de sanguin.

Paul .ca @ 2008-12-10 22:57:34

[J’ai eu une coupure d’internet]

A Henri,

Pour ma part, j’avais compris qu’il parlait du journaliste.

A Pierre Guillery,

J’ai été surpris par le fait que c’est la 1ere fois sur le net qu’une personne vous "insulte". Depuis combien de temps participez vous à des discussions sur le net ? Et si c’est pas trop indiscret dans quel genre de forum, blog ?

Pierre Guillery @ 2008-12-10 23:33:39

Hey, J, excuses acceptées - sans aucune arrière pensée. De la discussion jaillit (souvent) la lumière. Ravi d’avoir aidé à apprendre...

@Paul.ca : c’est bien ma première insulte frontale, sans justification, sanguine (comme il dit). Sinon, bien sur, les habituels trucs pas gentils. Mais rien de comparable. Pourtant je traine sur les blogs depuis, hum, des années. très souvent en anglais/américain, souvent en spectateur parce que j’essaie de ne m’exprimer que quand j’ai quelque chose à dire. Dans le cas présent, comme le dernier Friedman (Thomas...) n’a été publié que récemment, je me disais que ça pourrait être utile de le signaler. Je ne pensais pas déclencher cette tempête !

Remarquez, tout bien pesé, tout ça est resté assez civilisé. Malgré le p’tit sanguin, plus haut :) !

Un passant @ 2008-12-11 01:28:11

Déjà trop de batailles dans ce billet, je passe mon tour.

Ou un petit exemple de lionceaux dans la jungle, non ? :)

A part ça, je trouve un peu curieux ce site qu’indique Paul:

http://www.backtype.com/blog/blog.tcrouzet.com

qui reprend tous les commentaires !

Un commentaire n’est pas détachable du contexte et des intervenants, c’est une discussion dans un petit salon, c’est plein de second degré que seuls les habitués perçoivent. ça ne peut pas être lu en dehors de son lieu d’origine.

Equilibrium @ 2008-12-11 01:45:23

" Un commentaire n’est pas détachable du contexte et des intervenants, c’est une discussion dans un petit salon, c’est plein de second degré que seuls les habitués perçoivent. ça ne peut pas être lu en dehors de son lieu d’origine."

Ah... ceci m’éclaire sans doute sur deux commentaires contradictoires que j’ai relevé dans wiki au sujet de Thomas Friedman :

" Friedman affirme que l’état devrait contrôler les déclarations non seulement des incitateurs à la violence mais aussi de ceux que l’ancien porte-parole du département d’Etat Jamie Rubin appelle les « inventeurs de circonstances atténuantes » (“excuse makers”). "

et ..(attention morceau choisi au sujet de l’irak ) :

« Il est temps que les Américains se rendent à l’évidence : la France n’est pas seulement un allié embarrassant. Pas seulement un rival jaloux. La France est en train de devenir l’ennemi de l’Amérique. »

Tu parlais de postulats Henri ? ;-)

swimmer21 @ 2008-12-11 14:32:43

Excellent post Thierry. Bravo ! Personnellement, je pense que les idéologies comme tous les modèles tendent à s’évaporer. Progressivement, ne restent que les processus issus de l’expérience, seul ou ensemble. Qui débouche sur une praxis, une pratique.

Même le pouvoir des connecteurs reste un modèle dès lors qu’il n’a pas été vécu et expérimenté, à mon sens.

Aussi, une formule pour résumer : une personne, une idéologie.

Minga @ 2009-01-04 02:02:43

Je trouve votre point de vue bien plus intéressant que celui d’E Todd, parce que vous osez affirmer : "Il y a une autre possibilité, accepter la complexité exponentielle de nos sociétés et apprendre à vivre avec. [...]. Nous devons inventer de nouvelles formes de gouvernance".

Et en affirmant celà, vous heurtez de front les "simplifications" des oligarques au(x) pouvoir(s). L’approbation du "Traité de Lisbonne" par le Parlement était-il autre chose que cette "démocratie simplifiée" où la démocratie s’efface ?

Pourtant, avec le développement de gigantesques réseaux humains non centralisés et non hiérarchiques entre personnes qui ne partagent ni la même langue, ni la même culture, ni même les mêmes projets, "nous", humains, avont démontré par l’exemple la possibilité de telles organisations à "zéro hiérarchie", à échelle mondiale.

Il ne faut pas y voir seulement l’aspect technique : l’important dans ces réseaux est l’aspect humain. Il préfigure, comme vous le soulignez, un dépassement de "l’impuissance systémique" de vieux modes de "gouvernance" inapates à gérer correctement des flux d’informations devenus trop asymétriques.

Et votre conclusion préfigure les novations indispensables pour que notre avenir soit démocratique : "Après tout, nous inventons des arts nouveaux, de nouvelles technologies, de nouvelles philosophies, de nouvelles sciences… et pourquoi pas de nouvelles politiques ?"

C’est pourquoi je me permet, en espérant que vous y trouverez quelque intérêt, de mettre en lien un texte qui analyse l’impuissance systémique des "partis de gauche" à innover ...

Hasselmann @ 2009-01-04 10:24:42

Thierry,

Je suis avec attention les échanges, cela me permet de souhaiter un bel an neuf, aux visiteurs "connecteurs" et de rebondir sur MINGA.

Ce n’est pas la démocratie représentative qu’il faut tuer , mais ses instruments humains (cumul des mandats) et matériels (NTIC) qu’il faut revisiter et recalibrer.

Le politique est usé, en ce sens qu’il ne souléve pas les vraies questions.Il nous faut un etat stratége, qui oriente et impulse à partir du plus grand dénominateur commun.Comme je l’ai dit et écrit en d’autres lieux(www.libracteurs.fr) cela implique la fin des partis et des syndicats à la française, et l’émergence de la "Volonté générale" exprimée, dans différents domaines par le citoyen objectif.

Ambitieux mais réalisable, les Europeennes vont nous servir de terrain d’experimentation.

Bonne reprise

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