Thierry CROUZET
La pyramide ne décolle pas
La pyramide ne décolle pas

La pyramide ne décolle pas

Les libéraux ultra-optimistes supposent que leur modèle économique bénéficie à l’ensemble de l’humanité. Tout le monde s’élèverait en même temps. Il y aurait toujours des inégalités, mais ceux situés en bas de l’échelle vivraient de plus en plus dignement. Nous assisterions à un vaste mouvement de progrès social.

On peut résumer leur vision par la métaphore de la pyramide qui décolle, telle une fusée qui prend de la hauteur année après années. Idéalement cette pyramide s’aplatirait progressivement pour bien montrer que les inégalités entre la base et le sommet se réduisent.

Mais est-ce que la pyramide décolle ? Pour y voir plus clair, nous disposons d’une montagne de chiffres, notamment ceux fournis par la Banque mondiale, institution pas nécessairement impartiale car partie prenante dans le système capitaliste et libéral.

Qu’est-ce qu’un pauvre ? On a l’habitude de dire ceux qui vivent avec moins de 1$/jour ou moins de 2$/jour. Je n’aime pas trop cette définition. Je préfère celle qui dit qu’on est pauvre quand on consacre 80 % de son budget pour se nourrir. Alors on vit où ? On fait comment pour aller acheter à manger ? Et on oublie la santé. Cette définition est plus sévère que la limite des 2 $/jour, mais je n’ai pas trouvé les chiffres détaillés pour elle, et j’en reste au 2 $/jour pour la suite.

Pour moi, tant qu’il existe un pourcentage non négligeable de l’humanité qui vit dans cette pauvreté absolue, c’est la preuve que la pyramide n’a pas décollée socialement.

En 1981, nous étions 4,5 milliards dont 2,5 milliards avec moins de 2$/jour (55 %). En 2005, nous étions 6,5 milliards avec le même nombre de pauvres (38 %). Si le pourcentage baisse, le nombre de pauvres reste constant, ce qui pour moi signifie symboliquement que la base de la pyramide reste la même. Un pauvre de 1981 et un pauvre de 2005 mènent une vie tout aussi difficile.

Sur ce schéma qui a pour but d’illustrer la métaphore (nous sommes dans le littéraire et pas dans le scientifique), les surfaces des pyramides sont proportionnelles à la population. Les bases constantes reflètent la quasi stabilité du nombre de gens sous 2$/jour. Quand j’étire la pyramide de 1981 pour obtenir celle de 2005 (étirement qui illustre aussi l’écart grandissant entre les plus faibles revenus et les plus importants), je constate que certains pauvres entrent dans le monde des riches. L’ascenseur social fonctionne. Les libéraux semblent se satisfaire de ce phénomène (logique ils se situent déjà parmi les riches).

Les moins extrémistes parmi eux prétendent qu’il suffit d’attendre pour que la pauvreté tende vers zéro et que la pyramide finisse par décoller. Mais elle devra s’étirer jusqu’à quelle hauteur avant ce décollage ? En 25 ans, nous n’avons rien gagné socialement. Toujours autant d’hommes souffrent de la pauvreté absolue.

Avec la crise écologique, l’épuisement des ressources naturelles et le ras-le-bol grandissant des pays du Sud est-ce que ça ira mieux ? Il faut être fou pour encore le croire. Il est plus facile d’imaginer la totale implosion d’un système qui fonctionne encore sur le modèle de l’asservissement. Voilà pourquoi je passe autant de temps à imaginer d’autres possibilités pour notre organisation sociale.

PS : J’aurais pu dessiner des pyramides proportionnelles ou faire varier leur hauteur en fonction des écarts de revenus (1 à 40 aux US en 1980, 1 à 400 en 2005) et le résultat aurait été le même. Ce qui m’importe c’est le fond de cette histoire.

Un passant @ 2008-12-11 22:11:01

Très bon billet qui a le mérite de prendre le problème par le bon bout, sans voile devant les yeux, et de l’illustrer pour plus de clarté.

"Si le pourcentage baisse, le nombre de pauvres reste constant, ce qui pour moi signifie symboliquement que la base de la pyramide reste la même"

C’est ici, sur ce constat (exact), que chacun divergera dans son appréciation de la réussite d’un modèle.

Pour moi, il y a une évidence:

  • la perfection ne peut pas exister. Aucun système ne peut être parfait.

A partir de là, il est impensable d’imaginer un monde sans malheur, surtout quand on atteint un niveau de population aussi important sur un espace limité.

Ce qui me semble le plus important est donc ceci: "le pourcentage baisse", qui est l’indice d’un système qui va dans le bon sens, qui peut être amélioré, mais qui n’est pas absolument mauvais.

La nourriture ne peut pas être isolée des problématiques géopolitiques: oui, on pourrait nourrir toute l’humanité, mais quelles seraient les conséquences ?

Un certain nombre de cyniques aux USA, par exemple, pensent que nourrir toute l’humanité créerait des effets pervers: populations pauvres devenant guerrières une fois mieux nourries, etc.

On ne peut pas récuser cela avec simplement un principe moral : "c’est monstrueux", sinon on ne comprend rien et on n’avance pas.

On est dans un jeu d’échec: quand une pièce bouge, elle menace les autres. Donc les autres cherchent à empêcher cette pièce de bouger.

Quand on nourrit un peuple, il peut vouloir prendre la terre du voisin, le pétrole du voisin, etc.

Il ne va pas se contenter de la nourriture: il veut se développer encore et encore, il déborde sur les autres, il pollue, etc.

Et c’est bien pour cela que la famine est entretenue par ceux qui jouissent des ressources de la terre.

Il faut prendre en compte les effets dynamiques pour comprendre qu’encore aujourd’hui, on ne nourrit pas toute l’humanité, alors que, sur le seul plan nutritionnel, on pourrait le faire très facilement.

Trop de gens ont une vue statique : "on pourrait nourrir tout le monde", et refusent de prendre en compte les effets dynamiques, parfois pervers.

phyrezo @ 2008-12-12 00:26:27

Très bon commentaire passant.

Moi, mais c’est par gout aussi, je comparerais le plateau mondial à un Goban plutot qu’à un échéquier.

Mais on se rejoint sur le fait que le haut de la pyramide n’a pas véritablement d’intérêt au contraire à ce que la base s’élève. En tout cas dans l’architecture actuelle.

Un passant @ 2008-12-12 01:52:31

A:

"En 1981, nous étions 4,5 milliards dont 2,5 milliards avec moins de 2$/jour (55 %).

En 2005, nous étions 6,5 milliards avec le même nombre de pauvres"

B:

"Mais elle devra s’étirer jusqu’à quelle hauteur avant ce décollage ?"

En passant de 4,5 milliards d’habitants à 6,5 milliards d’habitants, le nombre de pauvres n’a pas augmenté. On a donc 2 milliards de pauvres qui sont devenus "riches", en 20 ans.

Si la population humaine cesse de croître, on peut estimer que 2 milliards de pauvres deviendront à leur tour riches d’ici 20 ans.

Il restera une pauvreté résiduelle d’environ 500 millions.

La solution c’est donc:

  • stopper la croissance de la population terrestre, pour pouvoir s’occuper des pauvres sans être en permanence débordé par la naissance de nouveaux pauvres par explosion démographique.

Si l’on considère que l’homme bourgeois fait moins d’enfants, qu’il est en plus atteint par une baisse de la fertilité (pollution chimique...), on devrait arriver à stabiliser la population terrestre, ce qui permettra à l’ascenseur social de fonctionner sans génération perpétuelle de nouveaux pauvres.

Equilibrium @ 2008-12-12 03:16:37

Avant de se lancer dans des calculs inspirés par le malthusianisme, il serait déjà bon de prendre le temps de lire le PDF de l’équipe de la banque mondiale.

Nous avons tout le temps nécessaire pour comprendre le travail qui a été fait par ces derniers. Se poser des questions, c’est bien.

En faire des chèques en blanc que le passant s’empresse de remplir plus ou moins consciemment pour le compte d’une certaine idéologie politique, c’est autre chose.

Je serais d’avis de poser les divers éléments et documents soumis à notre attention par Thierry, et d’y réfléchir avant de lancer des verdicts faits pour corroborer les impressions fugaces.

Car il se pourrait bien que ce billet soit d’une facture un peu différente et qu’un bout de silhouette commence à émerger de la brume. ;-)

Ni ce billet, ni le thème qu’il couvre ne vont s’envoler. Ne cédons pas à la quantité d’arguments (comme en période électorale) mais commençons plutôt à nous intéresser à la qualité de la réflexion. Ouvrons nos horizons...

Un passant @ 2008-12-12 03:54:35

A propos du doc de la World Bank, il faut noter:

"The poverty rate in East Asia fell from almost 80 percent to under 20 percent over this period. By contrast it stayed at around 50 percent in Sub-Saharan Africa"

On a une diminution spectaculaire de la pauvreté en Asie, précisément là où le libéralisme s’est développé.

En revanche on a une stagnation en Afrique, là où les conflits tribaux ont empêché l’économie libérale de se développer.

Ce sont donc les guerres en Afrique qui bloquent le développement.

Le libéralisme quant à lui réussit à merveille l’ascension sociale en Asie.

herve\_02 @ 2008-12-12 08:49:03

Bonjour,

Le problème de regarder région par région les taux de pauvreté dans une économie mondialisée c’est faire l’impasse intellectuelle sur les transferts.

Prenons un exemple tout idiot. Mettons une population ’indigène’ vivant comme leurs ancètres, sans monnaie, (donc avec moins de 2 $ par jour.) Mettons un pays voisin en ’pleine’ croissance libérale qui délocalise vers cette population indigène en les faisant travailler 30 jours par mois pour 61 dollars et ce faisant crée des ’riches’ indigènes. C’est certains que le ’libéralisme’ chez les indigènes aura crée de la richesse. certain. mais quelle richesse ?

Ils seront passés d’un modèle ou ils ne travaillent pas pour vivre à un modèle ou ils travaillent tous les jours (dans des conditions toujours mirifiques) de leur nouvelle vie de riche. Une vrai merveille non ?

Ce qu’il faut regarder, ce n’est pas tellement les seuils ’riche pauvre’ car 2 $ par jour , ok mais avec le pétrol à combien de $ le baril 30$ ou 150$ ? le sac de riz 5$ ou 20$, l’eau potable 3$ ou 50$ le M3.

Personellement je préfère être pauvre à 1$ par jour dans un monde ou l’eau potable est à 3$ et ou je peux me soigner ’raisonnablement’ pour moins de 10$ par mois à un monde ou je suis riche à 3$ par jour avec l’eau potable à 50$ le M3 et ou il faut 60$ par mois pour me soigner dans les même conditions. [je ne parle même pas de logement !]

Thierry Crouzet @ 2008-12-12 08:55:05

1 / Ne jamais oublier que la World Bank est un organisme libéral, donc qui défend le libéralisme. Sa définition de la pauvreté est un peu limite. En fonction de cette définition, le nombre de pauvres diminue ou augmente.

2 / Je le répète les pourcentages n’ont aucun intérêt pour moi quand il s’agit d’affaires humaines et notamment de souffrance.

3 / Il y aura toujours des malheureux c’est sans doute une certitude car nous portons tous en nous une part de malheur (notre côté tragique). Mais ce n’est pas une raison pour croire que la pauvreté absolue est une fatalité (même argument que pour l’esclavage).

4 / Juste un autre chiffre au passage. Un plein au biocarburant permet de nourrir un enfant pauvre pendant un an.

Henri A @ 2008-12-12 15:15:19

Au passant Roufiol ou Adler :

Pas besoin de raisonnements ou d’argumentations ou de choses cohérentes.

En admettant que les stats de la Banque Mondiale soient correctes, je rappelle qu’il s’agit d’estimations.

Juste un truc subjectif, je suis d’accord avec la réserve de Thierry sur la définition de « pauvre », mais je le trouve malgré tout trop « charitable » dans le schéma : 2,5 $ par jour, c’est toujours une misère.

Ancienne estimation en pourcentage de population dans le monde avec la définition de pauvre de 1993 ( 1,08 $ / jour ) :

1981 : 40,6 %

2005 : 17,2 %

Nouvelle estimation avec la définition de pauvre de 2005 ( de 1 à 2,5 $ / jour ) :

1 $ / jour :

1981 : 41,4 %

2005 : 17,2 %

1,25 $ / jour ( utilisé par la propagande du libéralisme économique ):

1981 : 51,8 %

2005 : 25,2 %

1,45 $ / jour :

1981 : 58,4 %

2005 : 32,1 %

2 $ / jour ( utilisé avec précaution par Thierry dans son billet ):

1981 : 69,2 %

2005 : 47,0 %

2,5 $ / jour ( Tiens, on constate une moindre progression ):

1981 : 74,6 %

2005 : 56,6 %

Et à 3 $ par jour ? Quelque chose me dit qu’à 3,5 $ par jour les pourcentages doivent être probablement les mêmes. ( merde, j’ai raisonné )

En excluant la Chine :

1 $ / jour :

1981 : 29,4 %

2005 :18,6 %

1,25 $ / jour ( utilisé par la propagande du libéralisme économique ):

1981 : 39,8 %

2005 : 28,2 %

1,45 $ / jour :

1981 : 46,6 %

2005 : 37,0 %

2 $ /jour ( utilisé avec précaution par Thierry dans son billet ):

1981 : 58,6 %

2005 : 50,3 %

2,5 $ / jour ( Tiens, on constate une moindre progression ):

1981 : 65,9 %

2005 : 62,9 %

La quantité de gens en millions :

2 $ / jour :

1981 : 2535,1

2005 : 2561,5

2,5 $ / jour ( ben, ça augmente !? ) :

1981 : 2731,6

2005 : 3084,7

En excluant la Chine :

2 $ / jour :

1981 : 1563,0

2005 : 2087,9

2,5$ / jour ( ben, ça augmente pas mal !? ) :

1981 : 1759,5

2005 : 2611,0

Thierry Crouzet @ 2008-12-12 15:34:27

C’est c e que je disais dans mon dernier comment... j’ai fait les mêmes calculs que toi puis je me suis arrêté sur 2$ (parce que déjà ça montre que le nombre de pauvres ne diminue pas). En plus, j’ai lu qu’avec la crise les chiffres pour 2008 seraient nettement moins bons (même avec 2 $).

Je pense qu’en prenant la règle des 80% pourt se nourir (ce qui n’est déjà pas une vie), les valeurs seraient catastrophiques.

Henri A @ 2008-12-12 16:11:41

En effet.

Parallèlement ce tableau aussi est intéressant ( on ne parle que de salariés ! Il faudrait voir le % de chômeurs, RMi, retraités, etc...):

http://www.inegalites.fr/article.php3?id_article=190

Phyrezo @ 2008-12-12 16:58:32

"un plein au biocarburant permet de nourrir un enfant pauvre pendant un an."

berk :( ça ne doit pas être très bon le biocarburant ...

Blague à part, je ne sais pas si c’est très judicieux de mettre le biocarburant en competition avec l’alimentation (arguement utilisé par les opposants aux énergies renouvelables et surtout les biocarburants).

Effectivement ils sont cultivés sur les mêmes surfaces, mais sommes nous en manque de surface cultivable ?

Combien d’enfants nourris par les tonnes de blé européen brûlées chaque année ?

Je pense que le problème n’est pas la limite des surfaces cultivables mais lié aux logiques de marché. Et ce ne sont pas les mêmes marchés.

Sur l’évolution de la pauvreté: pour véritablement pouvoir comparer il faudrait encore corriger l’inflation. 2$ en 1981 sont loin d’être égal (en pouvoir d’achat) à 2$ en 2005...

Thierry Crouzet @ 2008-12-12 17:04:37

2$/jour c’est compensé biensûr, sinon ça ne voudrair rien dire.

Et regardez comment il est beau le sommet de la pyramide :

http://www.rtlinfo.be/rtl/news/article/203517/--Une+fraude+gigantesque+:+50+milliards+de+dollars+pour+lex-patron+du+Nasdaq

Un passant @ 2008-12-12 17:23:35

"d’un modèle ou ils ne travaillent pas pour vivre"

Oui, enfin quiconque a vécu un peu à la campagne pas loin de paysans relativise un peu ton propos.

(Je parle de vrais paysans, traditionnels).

C’est un esclavage de tous les instants.

Le travail commence pour les enfants dès le plus jeune âge, ce sont des journées de travail qui durent du lever au coucher du soleil, la notion de vacances et de jours fériés n’existe pas.

Le bon modèle traditionnel n’est heureux que dans la tête des bobos des villes, qui s’imaginent que c’est très poétique de vivre dans la nature.

Dans la réalité, ce qu’on constate à chaque fois, c’est que tous ceux qui ont la possibilité de quitter cette vie pour adopter la vie moderne le font. C’est donc que cette vie traditionnelle est loin d’être un paradis, et constitue bien un travail éprouvant.

Le stress de la vie moderne des employés de bureau n’est rien du tout en comparaison des souffrances physiques permanentes d’un paysan traditionnel.

Enfin, à un bobo alter qui fustigeait la vie moderne, un médecin répondait:

"ok on a la pollution et le stress dans les villes.

Mais vous avez le choix: vivez de façon traditionnelle dans la nature sans pollution, votre espérance de vie ne dépasse pas 40 ou 45 ans.

Vivez dans une ville polluée, votre espérance de vie grimpe à 80 ans!"

Quand les alters auront fini d’idéaliser la nature et la vie traditionnelle...

Qu’ils y aillent, vivre en Amazonie, si c’est le paradis !

Phyrezo @ 2008-12-12 17:34:44

Excellent ! 50Mds de $ de fraude, c’est beau quand même. Même Kerviel à côté c’est un petit joueur... (alors que c’est une de mes stars de la finance :D)

Apparemment il aurait monté une chaîne de Ponzi. Un coup bien connu, hyper simple, mais faut se barrer à temps.

Ce qui amusant avec les chaîne de Ponzi, c’est que l’on prétend que c’est illégal, quand bien même c’est exactemment le principe de la finance de marché à plus petite échelle...

herve\_02 @ 2008-12-12 18:58:52

@à un passant.

Puisque la vie libérale est le bonheur, je te propose d’aller vivre ce libéralisme qui allonge la durée de vie ... comme ouvrier de base en asie.

C’est beau cette mentalité de bobo libéral qui n’a pas connu les bons cotés du libéralisme ;-)

Un partout ?

Pour l’espérance de vie, elle commence à diminuer et la fécondité masculine aussi. En moins de 20 ans la fécondité masculine dans les pays occidentaux a été diminué de moitié.

Un passant @ 2008-12-13 09:39:29

Ce qu’a montré cette crise financière, c’est que les prétendues grosses fortunes n’existent pas. C’est de l’argent virtuel.

Si les milliardaires retirent de banque tout leur capital, l’économie s’écroûle, car en réalité ils ne possèdent pas cet argent. Ce sont juste des nombres virtuels. Ils s’imaginent riches.

L’inégalité des capitaux est surévaluée.

Tout le monde a vécu sur une illusion.

Ce qu’il reste, c’est une petite inégalité des niveaux de vie.

Et une bonne part du niveau de vie de chacun est à crédit, sur les générations suivantes.

Pour supprimer la pauvreté dans le monde, il ne faut pas prendre le capital des riches, car ce capital n’existe pas. Il n’y a pas de réserves, sauf à emprunter encore sur les générations suivantes.

Il faut baisser le niveau de vie réel du tiers supérieur de l’humanité = la quasi totalité des Européens et des Américains.

Et comme les Européens, qui vivent déjà au-dessus des moyens du monde dès qu’ils gagnent plus de 1000 euro par mois, réclament encore plus de hausses de salaires, et ne sont pas prêts à baisser leur niveau de vie, on continue d’avoir un tiers-monde.

Chacun, en Europe, estime que son niveau de vie doit encore être augmenté: 32 heures, retraites à 45 ans, études gratuites jusqu’à 30 ans, soins médicaux illimités et gratuits, 4 mois de vacances par an...

Le jour où vous accepterez de vivre avec seulement 1000 euro par mois, et de ne pas toucher plus de 10 ans de retraites, vous pourrez supprimer la pauvreté.

En attendant c’est juste jouer à la révolution dans des salons bien chauffés, en accusant le système pour éviter de verser votre fortune aux pauvres, et en pensant que c’est toujours aux plus riches que vous de payer

Didier @ 2008-12-13 10:58:28

Encore un très bon article de Thierry, je rejoins Equilibrium quand il parle de silhouette émergeant de la brume.

Relativement au problème des biocarburants en opposition à l’agriculture alimentaire, je vous conseille le reportage Vers un crash alimentaire : "*S’oriente-t-on vraiment vers un crash alimentaire ?

Si l’on ne prend pas de mesures rapidement, la rareté alimentaire ne peut que s’accentuer. Entre les agrocarburants et la demande croissante des pays émergents, la menace d’un crash existe réellement.*"

Quand aux commentaires du passant, j’ai l’impression que la solution qu’il propose est une réduction drastique de la population, me gourre-je?

phyrezo @ 2008-12-14 17:37:11

le line vers un crash alimentaire stp (il n’a pas fonctionné...)

Didier @ 2008-12-16 07:06:13

http://cdurable.info/Vers-un-crash-alimentaire-Monopoly-de-la-faim-Arte,1363.html

Claudec @ 2012-01-21 19:04:47

Depuis nous avons franchi le cap des 7 Milliards

Une autre analyse à cette adresse :

http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com/

Claudec @ 2012-10-17 21:13:02

Vient de paraître :

La Pyramide sociale - Monstrueux défi

lisible en pdf ou édition papier, via :

http://www.thebookedition.com/la-pyramide-sociale

Claudec @ 2013-06-15 21:21:19

L’article qui suit est inspiré du blog : http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com

Inégalités sociales - Fondamentaux pragmatiques

La pauvreté – comme la richesse – est une composante de la société, structurelle et mécanique, aussi relative qu’incontournable ; et les inégalités de toutes sortes en résultent. En prendre conscience serait le premier pas à faire pour atténuer cette pauvreté et ces inégalités, voire les maîtriser, à défaut de pouvoir les éradiquer. La preuve a en été largement administrée depuis plus 20 siècles, durant lesquels les raisonnements, les doctrines ainsi que les méthodes et les moyens appliqués pour les combattre n’ont fait que les augmenter et les exacerber.

En occident comme ailleurs, dans les pays développés comme dans les autres, la société des hommes est, a toujours été et sera jusqu’à sa fin, faite d’inégalités. L’exception y domine la masse ; le pouvoir y domine le peuple, la force la faiblesse, l’intelligence la sottise, le savoir l’ignorance , la richesse la pauvreté etc. ; dans tous leurs aspects. Et plus les richesses augmentent – qu’elles soient d’ordre matériel ou immatériel –, plus s’accroît l’écart entre le sommet d’une pyramide sociale qui n’a pas d’autres limites que l’ambition humaine et les capacités de la planète et, à l’opposé, une base où règnent la pauvreté absolue et l’indignité, dernier état de la condition humaine.

Il existe des chiffres et un mécanisme vieux comme le monde, dont il faudrait pourtant avoir clairement conscience avant de tenter quoi que ce soit d’utile pour secourir durablement les plus nécessiteux d’entre nous, qu’il s’agisse de continents, de nations, de régions, comme d’individus.

À l’aube de notre ère, la Terre était peuplée d’environ 250 millions d’êtres humains. Elle en compte plus de 7 milliards aujourd’hui, dont 1,5 milliard vivent dans un état de pauvreté profonde. L’homme et le progrès dont il est porteur ont ainsi créé, en 20 siècles, 5 fois plus de miséreux qu’il n’y avait d’individus de toutes conditions sur terre au début de leur entreprise. Et la population augmente, quotidiennement, de 220 à 250 000 âmes qui viennent dans leur grande majorité surpeupler la base d’une pyramide sociale dans laquelle le "descenseur social" prend le pas sur l’ascenseur du même nom démontrant, s’il en était besoin, que la pauvreté est plus facile à partager que la richesse.

Les objections ne manqueront pas, à commencer par le reproche de voir la bouteille en partie vide plutôt qu’en partie pleine et de faire ainsi preuve d’un pessimisme exagéré. À supposer que tous les hommes aient été pauvres au début de notre ère, ce qui ne saurait être le cas du simple fait de le relativité de la pauvreté – comme de la richesse bien entendu –, alors que le nombre de ces pauvres a été multiplié seulement par 4 à 5, celui de la population totale l’a été par 28. De quoi effectivement dédramatiser leur augmentation en nombre ! D’autant que le même raisonnement conduit, en supposant qu’il n’y ait eu que des non pauvres au début de notre ère – ce qui ne saurait davantage être le cas que le contraire – le nombre en est passé, par différence, de : 250 millions à 7 milliards - 1.4 milliards = 5.6 milliards, soit une multiplication par 22.4, d’où raison supplémentaire de se réjouir. Mais ce qui nous préoccupe ici est la pauvreté et sa progression en nombre ; et non leur progression dans ce qu’elles ont de relatif. Ce qui est important et prioritaire n’est pas de savoir si la civilisation a créé plus de riches que de pauvres mais de savoir quels ont été ses effets sur la pauvreté. Quand bien même il n’existerait qu’une poignée de miséreux sur terre, c’est leur sort qui nous intéresse et non celui des heureux élus qui ont le bonheur d’y échapper. Or l’observation est indiscutable : le nombre de pauvres profonds a augmenté de un milliard et demi en vingt siècles, si nous ne chipotons pas sur quelques dizaines de millions.

Quant à savoir si cette variation a connu des fluctuations ; quels en ont été les pics ou les baisses, il s’agit d’autres aspects de la question. Il suffit de réaliser qu’à un moment donné de l’histoire des hommes – en l’an 2000 – le nombre d’êtres humains atteints de misère profonde est inacceptable, même s’il est communément admis qu’il ne représente que 14% de la population totale de la planète ; certains prétendant que la réalité est bien supérieure

En dépit du véritable escamotage du facteur démographique par la plupart de ceux qui se penchent sur le cas des pauvres, la pyramide sociale, pour aussi schématique qu’elle soit, met pourtant en évidence le fait que les pauvres des uns sont les riches des autres, dans une relativité universelle que non seulement les uns et les autres négligent, mais qu’ils contribuent à masquer avec un égoïsme comparable à celui des riches du sommet qu’ils ne font le plus souvent qu’imiter et jalouser dans leur impuissance. Ceux qui confondent richesse avec confort et bonheur avec richesse, démontrent ainsi que le sort d’un milliard et demi de pauvres réels et profonds leur importe moins que les enjeux de leur propre lutte, reprochant aux riches d’être nés ce qu’ils sont et tentant de leur arracher ce qu’ils leur envient, avec une rapacité obstinée. En dépit de leurs généreux principes, ils méprisent ainsi ceux dont ils sont eux-mêmes les riches tout en s’en prétendant les défenseurs. Ils ignorent, dans un égoïsme médian qui vaut n’importe quel autre, que tout ce qu’ils parviennent à obtenir pour améliorer leur propre confort est autant de moins pour plus pauvres qu’eux et, in fine, pour ces pauvres et miséreux authentiques qu’ils contribuent ainsi, la conscience plus ou moins tranquille, à priver de leur pain.

Face à ce constat, s’il est possible de penser que l’accroissement de la population est porteuse de progrès, il est aussi permis d’imaginer qu’il peut avoir d’autres effets ? N’est-il pas en tout cas surprenant que si peu parlent de démographie ? Ne devons-nous pas, tous autant que nous sommes, ouvrir les yeux et en débattre sérieusement si nous voulons véritablement, sincèrement, offrir avec lucidité et réalisme quelques chances aux plus malheureux d’entre nous de voir s’améliorer durablement leur sort et au-delà celui de leur descendance ?

Apprécier la mesure dans laquelle leur nombre influence le sort des hommes, tel est le vrai sujet. Car s’il est possible aux individus qui bénéficient d’un confort matériel évident de se livrer avec un certain recul à une telle réflexion, tout se passe dans l’opacité d’une misère aggravée par une démographie galopante pour les autres. Les nantis faisant par ailleurs cette opinion qui dénonce la pauvreté, n’est-il pas utile d’y réfléchir, spécialement à l’époque où la population du globe a franchi le cap des 7 milliards ? Nul doute que ce soit d’autant plus indiqué que cette dénonciation repose sur des critères d’évaluation contestables – et contestés.

Soulevant davantage de questions qu’ayant la prétention d’apporter de réponses, les présents propos émanent d’un profane, selon le terme servant aussi bien aux scientifiques qu’aux religieux à désigner ceux qui n’appartiennent pas à leurs communautés. Néanmoins curieux de sociologie et interpellé par une misère omniprésente que la démographie entretient sans vergogne au vu et au su de tous, Candide voudrait partager les sentiments que lui inspire le croisement de ces deux disciplines. Son ambition de partage et de vulgarisation d’idées touchant à ce qu’il considère comme l’aspect fondamental de la vie en société et de ses difficultés, pourrait-elle lui être reprochée ?

Les évidences auxquelles sa réflexion renvoie, déterminent en tout cas les conditions et contraintes sous lesquelles est placé un équilibrage dont la société moderne a le plus grand besoin :

  • La richesse et la pauvreté sont relatives et existent l’une par l’autre.

  • Chacun d’entre nous hérite à sa naissance de sa part de l’une et de l’autre.

  • La structure pyramidale de la société humaine est non seulement inéluctable mais incontournablement assortie de sa distance – variable il est vrai – entre sa base, la pauvreté, et son sommet

  • Si la richesse n’a pas de limites, la misère a la sienne, qui est le fondement même de la condition humaine, là où elle est le plus concernée par la démographie ; là où, absolue, elle peut descendre au niveau zéro, au-dessous duquel règne l’inexistence sociale.

  • Du fait de la structure pyramidale de la société, la croissance démographique s’accompagne d’une augmentation exponentielle du nombre de pauvres par rapport à celui des plus riches occupant son sommet.

  • Lutter contre l’enrichissement de la société aggrave d’abord le sort des pauvres, sans pour autant les faire bénéficier du partage qui pourrait en résulter.

Aucune résignation dans ce qui précède, mais bien au contraire un appel à regarder la pauvreté pour ce qu’elle est réellement, à une échelle planétaire qui concerne dorénavant chacun d’entre nous, du plus humble au plus riche. L’histoire nous enseigne qu’une révolution chasse l’autre ... jusqu’à celle d’après, aucune n’ayant jamais changé durablement quoi que ce soit à un ordre établi dont il serait temps de prendre conscience et de tenir compte avec l’intelligence dont l’homme est censé être doté.

Une conviction par contre : si l’éradication de la pauvreté est un mythe, son endiguement dans des limites aussi tolérables que possible, ainsi que l’élimination de la misère profonde sont à sa portée. Niant une décroissance contraire au progrès qui distingue l’espèce, autant qu’une course irresponsable au "toujours plus", de tels objectifs passent toutefois, inéluctablement, par une croissance démographique maîtrisée, au profit d’une population contrôlée et pour le plus grand bien d’une planète qui n’en peut plus.

Visiter attentivement à ce sujet : http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com (articles et schémas). Agnostique et apolitique, la simple observation d’une réalité démographique, y est mise en relation avec la pauvreté et les inégalités sociales, en laissant à chacun la liberté d’en prendre ce qu’il jugera compatible avec ses propres convictions, aussi bien religieuses que philosophiques ou politiques.

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