Thierry CROUZET
maladienet
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Tout commence avec la carte

J’aime particulièrement les cartes des réseaux parce c’est sans doute en les contemplant, comme un voyageur qui rêve au-dessus des cartes géographiques, que j’ai eu l’intuition qu’une autre civilisation était en train de germer dans l’ancienne. Je réfléchis à un nouveau livre qui raconterait un voyage dans cette nouvelle civilisation, sous la conduite de toutes ces cartes. Si vous connaissez des cartes, n’hésitez donc pas à me linker vers elles. Phyreso à twitté une carte de la complexité. Pas à proprement parler un réseau mais elle pointe vers tous ceux qui nous ont permis de tracer les nouvelles cartes.

complexmap
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Ce livre en projet, plus que faire de la théorie, veut raconter la vie des gens qui ont déjà fait un pas vers la nouvelle civilisation. Par exemple les agriculteurs qui passent par les AMAP. Tous ceux qui changent leur façon se travailler, de s’alimenter, de vivre. Les développeurs de la communauté Open Source. Les hackers. La liste est longue. Ils ne se connaissent pas nécessairement, ils croient vivre dans des mondes étrangers mais ils habitent la même carte.

Si vous avez des idées de gens dont l’histoire mérite d’être racontée, des gens qui ont dit non à un monde pour un autre, idem, linkez-moi, connectez-moi. Je raconterai par exemple l’aventure de Veja. Mais toujours avec la carte en tête. Quand on change de représentation, on ne voit plus rien de la même façon.

YMB @ 2009-03-20 15:41:09

Un livre consacré à des gens qui essaient de changer le monde qui les entoure : http://www.amazon.fr/Hommes-pour-changer-monde-Entreprendre/dp/2253118257/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1237559766&sr=8-1

Je ne crois pas me souvenir que Veja soit dedans mais elle aurait pu, entre le mec qui vend des insectes en boîte pour éviter les pesticides et celui qui a OGMifié des bactéries pour qu’elles créent du plastique.

Thierry Crouzet @ 2009-03-20 15:44:08

Je vais regarder... Je m’intéresse à ceux qui ont conscience de la carte. Je veux faire l’analogie avec Christophe Colomb... il part parce qu’il a la carte. Ceux qui sont partis avant lui sans la carte n’ont pas changé le monde.

YMB @ 2009-03-20 17:18:55

Je dois t’avouer que j’ai du mal à saisir la cohérence dans les initiatives que tu as citées, vis-à-vis de "changer le monde" et de "la carte".

Les actions, les initiatives innovantes changent le monde. En cela, énormément de personnes et d’entreprises changent le monde. Apple a changé le monde, malgré une architecture hyper fermée, hyper centralisée, hyper pyramidale (au début au moins).

Dans ta bouche, j’imagine que changer le monde représente le passage du monde pyramidal au monde décentralisé (pour faire simple), avec au passage les interconnexions croissantes entre les Êtres.

En cela, les AMAP rentrent là dedans. Le producteur et les consommateurs s’influencent réciproquement par leurs contacts, le producteur répond mieux aux besoins des consommateurs qui eux apprennent les contraintes du métier ; ce qui au passage pourrait amener à une satisfaction optimale de chacun des agents du système.

Par contre, Veja, j’ai pas l’impression. J’ai acheté mes Veja dans un magasin normal. Si je ne savais pas qu’elles étaient écologiques et équitables, rien ne me les aurait fait préférer à d’autres. Je ne sais rien de particulier des producteurs, qui ne savent rien de moi. La différence entre Veja et GAP réside dans les éthiques des deux entreprises, pas dans leur vision de l’organisation du monde. Il manque l’aspect "connecting people" à Veja. Ni GAP ni Veja n’ont "la carte" qu’ont les AMAP.

Takatukité @ 2009-03-20 17:54:25

Attention à quelques passants et autres anciens qui seraient tentés de.... :

Je précise que partir de la carte d’un parti politique, ici ne compte pas :-)

Vaut mieux prendre les devants...

phyrezo @ 2009-03-20 18:00:38

merci pour le lien. je ne suis pas supris que cette carte t’ai plu...

Thierry Crouzet @ 2009-03-20 18:38:06

Si j’insiste sur la carte, c’est parce qu’à mon sens c’est clair pour personne et justement y’a de la lumière à amener. Veja, c’est côté prod notamment que c’est totalement en réseau, avec les producteurs de matière première notamment, puis le marketing est aussi en réseau... y’a que la distrib qui est classique... et ça changera sans doute un jour (j’ai évoqué cette idée avec un des fondateurs).

Mon idée est que personne ne change tout. J’achète une partie ma bouffe dans une AMAP, mais pas tout. J’ai le solaire chez moi, une cheminée, mais j’ai aussi EDF qui m’alimente. C’est une accumulation de changements disparates qui fera boule de neige.

L’idée est qu’on ne part pas en voyage sans carte. Colomb avait une carte, merdique, mais une carte tout de même. Sans carte tu parts dans tous les sens, tu ne sais pas revenir sur tes pas... En plus la carte change la représentation du monde et avec elle tout change.

Je me rends compte que quand tu as une nouvelle carte en tête, tu ne vis plus comme avant.

Un Ingeigneur @ 2009-03-20 19:33:24

Ne pas oublier non plus cette histoire de faire un détour, même avec une carte...

@Phyrezo: D’ailleurs, j’ai laissé un commentaire sur votre dernier article qui pourra surement vous faire prendre un meilleur départ sur le sujet...

être Africains ne les rend pas pour autant incapables de comprendre que les personnes humaines peuvent aussi faire des erreurs...On se comprend j’espère ?...

Iza @ 2009-03-20 19:41:53

Ce n’est pas la seule analogie qui me parle. La carte, l’exploration et le thème du voyage me parlent bien sur (d’ailleurs, nous en avons fait encore deux récemment)... je ne peux que remarquer l’importance que ça prend (les cartes heuristiques, l’obession de la géolocalisation) ... mais .. comment te dire, ça ne perle qu’aux gens à qui les cartes parlent. Moi, oui.

Je te raconte une histoire. A Pekin, on avait prévu des cartes avec la localisation de l’hôtel ou des endroits où on voulait aller. Parce que la majorité des chauffeurs de taxi ne parlaient pas anglais, et que le chinois est de tout de même coton à prononcer. Et bien, ils n’arrivaient pas à lire les cartes. On n’a pas compris tout de suite, mais avec la répétition de la scène, on a fini par saisir. La "carte", ça ne voulait rien dire pour eux. La représentation en 2D de l’espace, no way. (et pourtant Pekin, c’est pas compliqué compliqué de s’y repérer....). On finissait (en moins d’une semaine) par leur donner des indications par gestes nous mêmes (parce que nous, on lisait la carte). Fou non ? en revanche, si on prononçait correctement où qu’on était capable de leur montrer le nom d’un lieu connu .... pas de souci. mais va dire "derrière" ou "près de" en chinois....

Bref, une analogie qui me parle bien aussi, c’est celle des sens supplémentaire. Si tu as un sixième et un septième sens, alors tout change. Tu perçois des choses qu’avant tu ne percevait pas. Et tu disposes de moyens différents. Donc tant dans la prise d’infos que dans la possibilité d’agir. Tout change.

A garder en mémoire pour ton futur lectorat chinois ;-)

Un Ingeigneur @ 2009-03-20 20:27:49

?? = "en arrière de "

si en revanche vous leur avez parlé de leur derrière, je pense avoir compris la source de leur trouble :-)

Bien vu Iza :-) les cartes ont aussi leurs légendes...

YMB @ 2009-03-20 21:07:54

mmm... Je ne connaissais pas Veja sous cet angle là. Forcément, quand on ne connaît une entreprise que part son côté non-réseau, ça change pas mal de choses ;)

Thierry, laisse tomber le bouquin que j’ai mentionné plus haut, c’est plus un recueil d’initiatives éthiques et développement durable.

Phyrezo @ 2009-03-21 11:53:26

exactemment la meme experience qu’Iza à Pekin. Les mec, la carte ne leur parle pas... Donc il faut effectivement savoir faire le saut conceptuel entre la carte et ce qu’elle représente. (la solution, comme à BKK, c’estd’avoir des cartes de visite avec le l’adresse ou tu veux aller, ou un petit bouquin qui cite tout les endroits)

@Ingeigneur

M%erci pour le comm. j’ai pas tout compris, mais j’essaye de te repondre.

En tout cas être Africain, Français ou Malais, ne fait aucune difference dans ce cas. On comprends ce que les journalistes décident de dire.

Thierry Crouzet @ 2009-03-21 12:17:03

Mon but sera d’expliquer comment lire la carte... si tout le monde savait la lire, on serait pas autant dans la merde.

Henri A @ 2009-03-21 13:05:41

Pour lire une carte, il faudrait commencer par ne pas se jeter dessus. Par exemple, la première en haut, on devrait lire ce qui se trouve écrit microscopiquement en bas à droite : Scale.

Si je devais dessiner une carte, je mettrais le "scale" en grand avec une sirène et des lumières partout.

Un ingeigneur @ 2009-03-21 13:50:02

@ Phyrezo: J’ai répondu à votre réponse sur votre blog en mettant des éléments qui vous permettront de mieux comprendre cette fois-ci.

@Thierry Crouzet: C’est effectivement la seule chose à faire.

re@ Phyrezo : pour pékin, la même remarque qu’ à Iza: lorsque différents chemins sont envisageables au gré d’une circulation pour atteindre un point, cela ne veut pas dire que les gens d’un autre peuple n’ont pas admis dans leur culture une possible localisation géographique (si, si, les cartes existent bien en Chine, ils savent très bien où situer le gouvernement de pékin autant que le gouvernement de Hong kong, la géographie ne manque pas à leur culture), cela veut simplement dire que dans le cas d’une efficience maxi ce n’est pas la plus appropriée.

Philippe Boukobza @ 2009-03-21 14:00:55

C’est en contemplant des nouvelles formes de visualisation de l’information que j’ai entrevu qu’une transformation profonde était en train de se produire au niveau du langage et de la transmission des idées. La carte est en train d’entrer dans le langage d’une culture numérique. Ce n’est pas par hasard si bon nombres de startups, de blogueurs et d’organisations fortement présentes sur le Web se mettent à résumer leurs idées et leurs projets sous forme de cartes heuristiques. Les enfants ne s’étonnent même plus lorsqu’on leur soumet des cartes heuristiques. Il existe au Canada un courant pédagogique appelé connexionnisme et qui prétend que la compréhension des constellations de "nodes" (un noeud qui peut être un idée ou une personne dans un graphe social) est une compétence de base pour les nouvelles générations, une alphabétisation à la lecture des cartes d’idées ou de réseaux sociaux.

Equilibrium @ 2009-03-21 14:41:44

En effet, monsieur Boukobza, si cela permet de faire une distinction entre "idée" et "réseau social" cela devient plus qu’urgent dans notre quête de découverte de nos différents plans d’existences.

Seulement le mot "alphabétisation" devient ici inapproprié.

Il s’agit de distinger "la CONNAISSANCE de quelque chose" pour laquelle on découvre que la classification est de moins en moins appropriée,

de "l’ EXPRESSION de quelque chose" pour laquelle le concept d’alphabet n’a pas encore été égalé.

Ca permettrait à nombre de personnes de s’abstenir d’expliquer avant d’avoir vraiment compris ce qu’elles cherchent à expliquer.

@ Un Ingeigneur : je suis de tout coeur avec vous :-)

Iza @ 2009-03-21 20:23:53

@un ingeigneur : tiens, c’est marrant, je n’avais pas pensé à ça. Une histoire de priorité plutôt que de représentation, pourquoi pas ? ceci dit j’avais bien l’impression qu’ils ne voyaient pas "où" on voulait aller, plutôt que de se demander "comment" y aller. Mais c’est intéressant. J’ai dit "j’ai compris", j’aurais du dire "j’émets l’hypothèse que". Comme toujours.

Pour le reste, je reviens sur mon analogie... j’ai une drôle de sensation (je fais exactement ce que dit equilibrium, j’essaye d’expliquer un truc que je n’ai pas encore compris. Mais je pense que je ne dois pas m’abstenir, je pense même que c’est ce qui m’intéresse ici, essayer de nommer ce qu’on a pas encore complètement compris. Bon, "nommer", c’est mieux "qu’expliquer" dans ce cas. Sauf qu’il faut bien essayer "d’expliquer" où on veut en venir ....). Bref, cette histoire de passion pour les cartes heuristiques ou le connexionisme en tant que courant péda, c’est comme si ces poules avait découvert un couteau. Par exemple, j’ai toujours pris des notes en patates et flèches, en cartes heuristiques donc, et souvent appris les choses en "noeuds". je suis une connectrice, bon. ça veut dire que ce nouveau "sens", ces compétences, je les ai toujours eu, ou je les avais développées comme Thierry le raconte dans "le peuple ...". Un peu plus complexe et un peu plus nouveau que "je suis visuel" ou "je suis auditif" ou "je suis kinésthésique" ....certes, mais proche.

Tout ça pour dire que "apprendre à lire la carte", c’est une prise de conscience (la remise en cause de son système de représentation) ET le développement de compétences. Ok. Mais du coup, en face, il y a des gens plus ou moins sensibles, pour des raisons diverses. Culturelles comme dans mon exemple précedent, ou autres .... la liste est longue.

Victor @ 2009-03-26 02:49:43

La carte de Veja, j’ai l’impression que ce sont les clients qui se connectent entre eux. Cette boite ne fait pas de pub, elle laisse les clients se connecter entre eux, échanger ce qu’ils savent. C’est la meilleure connexion, la meilleure carte qui existe : l’autre. J’ai vu une conférence d’un des mecs, il parlait beaucoup d’intelligence collective. C’est ça la carte.

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