Thierry CROUZET

Tuile sur les crapauds fous

Aucun n’a résisté à la migration, ou presque. J’ai passé la matinée de hier à lire des articles sur les crapauds, encore ce matin en rentrant de Paris dans le TGV, connecté avec mon iPhone jailbreaké.

Je n’ai trouvé aucun article scientifique soutenant la théorie quand je reçois un mail de Pierre de La Coste, l’auteur de l’article initial sur les crapauds, qui me dit qu’il a tout simplement inventé. La théorie était belle mais, plus qu’une métaphore, c’est une légende urbaine, pas vraiment ce que je cherche.

En fait, je sais tout sur les crapauds maintenant. Les têtards naissent au printemps, deviennent crapauds, quittent la mare pour aller se nourrir, puis à l’automne vont se terrer. Quand le printemps revient, en l’espace de quinze jours, ils regagnent tous leur mare d’origine.

In regions with pronounced seasonal variations of temperature, hibernation during the winter months is followed by a spring migration towards the breeding site. This part of the migratory activity has been studied in various species of urodeles (Taricha vulgaris, Twitty 1959; Ambystoma texanum, Petranka 1984) and anurans (Bufo americanus, Oldham 1966; Bufo boreas, Tracy and Dole 1969). Even after passive displacement most individuals of these species return to their natal ponds (Twitty et al. 1964). When reproductive activity has ended, the adults leave the breeding site (Bufo bufo, Heusser 1967; Ambystoma talpoideum, Semlitsch 1985), and spend the summer months in feeding areas, frequently several kilometers from the breeding site (Bufo fowIeri, Stille 1952; Rana pipiens, Dole 1965). In autumn some species enter into another migratory period before hibernation (Rana sylvatica, Bellis 1962; Bufo bufo, Heusser 1967).

Il semble donc que certains individus ne retournent pas vers leur lieu de naissance mais je n’ai pas encore découvert une étude quantitative qui me dirait dans quelle proportion (j’ai juste lu l’abstract de l’article cité). J’ai ailleurs découvert que le taux de mortalité lors de la migration est souvent de 50 %, notamment au passage des routes.

Si l’essentiel de la métaphore peut tenir, il faut oublier l’idée que le crapaud fou peut aider à perpétuer l’espèce. Peut-être que s’il trouve une nouvelle mare, il contribue à la variabilité génétique et évite la consanguinité. Je continue mes lectures mais mon enthousiasme en a pris un coup. Vais-je devoir me tourner vers les écureuils fous qui, pour le coup, sont beaucoup plus laborieux mais non moins efficaces ?

Phyrezo @ 2009-04-03 19:14:11

merde ! dommage ...

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-03 19:44:35

La théorie du crapaud fou est née a contrario dans l’affirmation de Voltaire que :" Le crapaud aime sa crapaude." Ce qui est de dire que même le plus abominable marginal trouve toujours une dévojka qui lui convient et qu’ils se reproduisent.

Moi je suis un acrapaud qui suis avec la plus belle femme de Paris : C’est normal c’est Demy le Pince-Charmant !

Thierry Crouzet @ 2009-04-03 20:12:13

La théorie n’existe pas pour le moment. Pierre de La Coste a créé la fable l’année dernière et à part des crazy toads US d’un autre genre j’ai trouvé aucune autre référence. Je doute que Pierre se soit inspiré de Voltaire. Faudra lui poser la question.

J’ai écrit à un des spécialistes des crapauds pour voir si on peut prolonger la métaphore du côté de la génétique.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-03 20:20:46

Tous les gens qui évoquent les crapauds de façon métaphorique font forcément directement ou indirectement allusion à cette citation très importante pour la connaissance de l’âme humaine. Les Américains y font allusion indirectement, car ils ne connaissent pas Voltaire, faut pas trop en demander...

Henri A @ 2009-04-03 20:25:53

Je sais que tu aimais bien le mot "crapaud’ et la notion de chose répugnante qui va avec. Mais cela serait bien le diable, si dans la famille des poissons ou autres submersibles tu ne trouverais pas une bestiole à connotation répugnante et folle qui rentrerait correctement dans la mécanique de ta métaphore.

Thierry Crouzet @ 2009-04-03 20:29:25

La probabilité que je tombe dessus là tout de suite est très faible... Reste un espoir côté génétique /consanguinité de revenir toujours à la même mare... ce qui donnerait plus de nuance à la métaphore... et effacerait le côté sauveur du monde qui n’est pas dans l’esprit de ce dont je veux parler.

Un ancien @ 2009-04-03 21:55:31

"une bestiole à connotation répugnante et folle"

Tout cela va finir avec un livre de Thierry sur Demian West.

(Il faudrait tester la reproduction entre Demian West et Charlie, pour voir).

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-04 17:38:59

Le dernier qui a essayé fut Philippe Gammaire qui m’a interviewé pour Agoravox et quand il est arrivé au rendez-vous, il m’a tout de suite demandé "T’as un boulot ?"

Ca commençait mal et ça laissait bien entendre ce que Revelli pensait de moi...

Ces mecs qui se croient plus intelligents que tous les autres ne me connaissent manifestement pas.

On n’entend plus parler de Gammaire qui est encore traumatisé par l’expérience : "Demian West existe je l’ai rencontré dans ma gueule ou dans mes endroits les plus enchéris".

Quand je devais rencontrer Quitterie, j’ai été piqué par un insecte au pied dans mon jardin et on a reporté, et ça ne s’est jamais fait. Je suis sûr qu’elle est un peu amoureuse de moi et que mon irréalité ajoute à ce fantasme : c’est bien et aussi une bonne façon de me connaître.

Revelli n’a jamais osé me rencontrer car il avait tout de suite perçu que j’étais un plus grand dragueur (il l’a dit) que son vrai père le Prince Castagneto, et qu’il ne l’a pas reconnu comme son fils. Il aurait souffert de me rencontrer si pareil à son père.

Je ne me montre qu’aux personnes qui m’aiment sincèrement et simplement avec emphase de sentiments sûrs et constants. Je les teste avant...

Thierry Crouzet @ 2009-04-04 18:36:04

Tu viens à la maison quand tu veux.

Pierre de La Coste @ 2009-04-04 22:36:56

Bonjour,

Je ne me suis pas inspiré de la formule de Voltaire, que je ne connaissais pas, et que je découvre, pas plus que de la chanson de Claude François, qui parle précisément d’un crapaud fou d’amour et que j’ai aussi découverte grace au web.

Le fond de l’histoire est vrai: la migration des crapauds, le fait qu’ils sont victimes des autoroutes, et que dans ces cas, l’avenir d’un groupe d’individu ou d’un bassin de population dépende alors uniquement des crapauds qui sont partis dans la mauvaise direction, s’ils ont, en outre, de la chance.

Tout cela était décrit dans un documentaire d’Arte, et d’ailleurs toute personne qui vit à la campagne peut le vérifier par elle même. Ce que j’ai inventé, c’est le caractère "fou" des crapauds égarés, qui relève évidemment de l’anthropomorphisme, comme La Fontaine, lorsqu’il fait parler les renards et les corbeaux. Je n’ai donc pas "inventé" l’histoire, je l’ai interprétée librement...

Pierre de La Coste

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-04 22:41:38

C’est la folie qui est folle dans l’homme comme dans le crapaud.

Thierry Crouzet @ 2009-04-05 06:57:50

@Pierre J’ai creusé la question, j’attends la réponse de mon spécialiste des crapauds ! En fait la folie est logiquement soutenable.

Au printemps, les crapauds regagnent aveuglément leur mare natale qu’ils reconnaissent par sa composition chimique. Mais ils ne le font pas tous.

En 1935, les crapauds buffles ont été introduits en Australie pour manger des insectes qui attaquaient les cannes à sucres et en quelques années ils se sont retrouvés partout.

C’est la preuve qu’au moins quelques spécimens changent de mare.

Et à coup sûr ils sont fous par rapport à leurs congénères qui suivent des parcours stéréotypés.

Me reste à découvrir le % de folie et de découvrir à quel point elle est répandue.

Dès que j’aurais plus de billes j’écrirai un nouveau billet. En fait, vous avez proposé une métaphore de l’évolution en général. J’ai découvert qu’il existait aussi des serpents fous qui se comportent exactement comme les crapauds. Si tous les individus font la même chose, il ne peut y avoir d’évolution. La folie est nécessaire.

Un ancien @ 2009-04-05 08:03:48

"une métaphore de l’évolution en général"

Sauf que l’espèce humaine est toute particulière...

Si Jean-Marc repasse par ici, il pointera ta tendance à la zoo-logique, qui nie les abimes de la conscience humaine.

Toute l’histoire de l’humanité, c’est quelque chose qui échappe à toutes les règles de l’évolution animale.

On a déjà beaucoup de mal à exploiter un exemple historique tiré de l’histoire humaine, alors les exemples tirés de la zoologie...

Entre tes crapauds fous et tes oiseaux auto-organisés... On n’avance pas beaucoup dans ce qui peut guider l’évolution d’une société humaine complexe. Tu peux accumuler 500 exemples du genre sans rien démontrer d’applicable à l’homme.

C’est marrant de retrouver chez toi une forme de statisme incroyable, alors que par ailleurs tu es évolutionniste.

L’homme d’aujourd’hui n’a rien à voir avec un crapaud, de même que l’art aujourd’hui n’a rien à voir avec les quelques peintures de l’époque de Lascaux.

Tu tiens tellement à montrer que notre système est mauvais, que tu en viens à nier toutes sortes d’évolutions fondamentales, depuis l’apparition des crapauds et celle des premières peintures pré-historiques...

D’un côté tu es hyper évolutionniste, de l’autre côté tu nous ramènes au crapaud et à l’homme de Lascaux, avec l’air de dire qu’on n’a rien fait de mieux depuis, et qu’on peut appliquer les mêmes règles...

Thierry Crouzet @ 2009-04-05 08:37:22

Tu dis un peu n’importe quoi non ? Depuis quand une métaphore réduit l’objet de la métaphore. C’est la folie qui est intéressante pas le crapaud. La folie est humaine justement alors que si j’étais dans le domaine du biologique je me serais cantonné à la mutation.

Quand à Lascaux, oui je pense qu’on n’a pas fait mieux, comme on n’a pas fait mieux que les grandes pyramides, que Van Eyck, que Beethoven ou que les Clash. Il n’y a justement pas de progrès possible en art car l’art s’adresse à la part indicible de notre conscience (cf fin du peuple des connecteurs et lien avec les machines).

C’est comme Dieu. Il n’y a pas de Dieu plus grand que Dieu (pour ceux qui croient à lui). Dire qu’il y a aujourd’hui proportionnellement plus d’art que par le passé me paraît une grosse connerie. Il y a plus de gens qui se disent artistes et plus de merdes produites, c’est tout.

L’évolution n’implique pas le progrès mais le changement. Si je suis évolutionniste, c’est parce que le changement m’intéresse. Étudier les mécanismes du changement, l’auto-organisation chez les oiseaux par exemple, c’est un peu avancer dans la compréhension des changements plus généraux. Je ne partage pas la passion française qui voit encore l’homme comme une créature à part. Pour moi, nous fonctionnons comme le reste de la création… avec quelques changements supplémentaires, mais nous n’avons pas abandonné tout le reste, malheureusement j’ai envie de dire.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-05 09:26:19

Pourquoi toutes ces violences permanentes dès lors que vous parlez d’art ? La raison est la conscience que vous avez de l’énergie immense qu’il y faudrait pour bien comprendre cet espace de la culture qui vous échappera toujours. La maîtrise des arts se prend comme la philosophie ou la sagesse : dans le silence et la longue obstination des études complexes et vétilleuses les volets baissés et le nez planté dans les livres et les weekends aux expos.

Pierre de La Coste @ 2009-04-05 11:12:34

Thierry,

C’est vrai que cette "théorie du crapaud fou" est très liée à l’évolution en général et à la sélection naturelle. On peut même probablement l’appliquer aux végétaux, qui envahissent un terrain peu favorable, ne s’y accrochent qu’à grand peine, mais peuvent y survire, par exemple après un changement naturel. Ce qui montre que lorsqu’une espèce surmonte une épreuve de ce type, et s’adapte à un environnement nouveau, elle obéit aussi aux lois de la sélection naturelle: elle sélectionne certains caractères particuliers, parmi les quels la "folie"...

J’aime beaucoup votre aproche scientifique et documentée, mais j’espère qu’on ne perd pas de vue le caractère légèrement humoristique de la formule, qui est liée, comme l’a dit quelqu’un, à l’image "dégoutante" que l’on se fait du crapaud. Et tout cela, au service des logiciels libres, qui eux-mêmes vont devoir subir une mutation, s’ils ne veulent pas être écrasés par leur propre "normalisation", comme essaie de montrer le dernier projet "crapaud fou" www.faascape.org

Thierry Crouzet @ 2009-04-05 11:45:06

La métaphore est intéressante pour tous ses aspects, ce qu’elle illustre directement, ce qu’elle ne dit pas... et on a fait dire tellement de choses crapauds et aux grenouilles que ça ne peut qu’être ironique aussi. Je n’oublie pas.

Créer des plateformes est indispensable dans un monde ouvert. Il faut des points de rencontre et d’échange. faascape.org me parait une bonne idée.

Maintenant j’ai un petit a priori contre le cloud qui nous fait revenir à l’informatique des années 1960. Le tout centralisé, car c’est bien ça, me fait peur. Je préfère de loin de P2P qui par son aspect organique me paraît plus proche de ce que nous avons besoin en informatique comme dans la société en général.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-05 11:50:32

Vous ne faites plus de la métaphore là, vous confondez une chose avec une autre en créant des liens logiques entre-elles à la manière des scientifiques. Ce n’est pas de la métaphore c’est de la cause à effet.

Henri A @ 2009-04-05 15:05:23

Les personnes privées du sens de la vue ou de l’ouïe de naissance, que rêvent-elles et surtout de quelles façons ?

Cette fâcheuse habitude de ne pas faire attention à la faculté de voir, de regarder, d’entendre et d’écouter nous enferment dans des certitudes, des définitions, des représentations construite par auto référencement sur rien de tangible. Enfin si, le fait de vivre, une façon de vivre.

"Art", "Arts", "philosophie", "sagesse", "histoire", "conscience", "part indicible de notre conscience", sont des activités faites par des humains et surtout définie en tant qu’ activité par ces mêmes humains . On peut en discuter plus ou moins de façon sure en tant qu’ activité. Au delà c’est une histoire de goût, d’idéologie, d’éducation et rien d’autre.

Un ancien @ 2009-04-05 16:16:19

"Pour moi, nous fonctionnons comme le reste de la création… avec quelques changements supplémentaires"

La politique commence avec ces petits changements supplémentaires.

Chaque fois que tu les mets de côté, tu mets de côté la politique, alors ne parle pas d’organisation de la société, et parle uniquement d’évolution biologique.

Inscris-toi à la suite des Lamarck et des Darwin, et pas à la suite des écrivains politiques.

Ta phrase est très intéressante, en montrant justement à quel point la politique est complètement étrangère à ton mode de pensée.

Tu balaies comme des questions accessoires, ce qui est le coeur du problème: la gestion ultra complexe de ces "petits changements" qui font de l’humanité une espèce particulière.

La politique est un problème de gestion de la complexité.

Je te rappelle que l’homme a créé la bombe atomique, et qu’il en possède assez pour faire sauter plusieurs fois la planète.

La gestion de la folie humaine, c’est un peu plus complexe que la gestion de la folie d’un crapaud.

Aucun crapaud peut tuer toute l’espèce. Un homme peut conduire à la guerre totale menaçant toute l’espèce.

Un homme seul peut répandre un virus de grippe aviaire s’étendant à toute la planète. Aucun animal peut le faire par la volonté. S’il tue son espèce, c’est par hasard, au hasard d’une mutation qu’il ne contrôle pas.

La politique est la gestion de milliards de volontés complexes.

Elle commence avec la notion de "volonté", notion qu’on n’applique pas aux instincts animaux, encore moins aux logiques des végétaux.

La politique, c’est justement gérer cette complexité, avec ce taux de danger pour tous, qui impose des contrôles et un encadrement de la société, des normes, une police, un droit international, de grandes organisations comme l’OTAN qui ont garanti la paix pendant 60 ans...

C’est sûr qu’en t’amusant à balayer tous ces accessoires, tu peux te faire croire qu’on va gérer la société humaine comme une bande d’oiseaux auto-organisés...

Tu t’amuses tout seul.

Si tu crois que les métaphores zoologiques ont une quelconque valeur pour guider l’évolution de l’espèce humaine...

On n’est pas à la recherche de solutions basiques s’appliquant à n’importe quel animal ou végétal.

On est à la recherche de solutions permettant d’améliorer une société humaine ultra-complexe, commençant avec ces "petits changements".

Quand tu cherches des solutions en-deçà de cette complexité spécifique, avec des crapauds ou des oiseaux, c’est comme pisser dans un violon : aucune portée applicable à l’homme. La folie du crapaud n’est pas celle de l’homme qui possède la bombe atomique.

C’est justement la grande limite de la métaphore, appliquée à la politique. La métaphore est une figure littéraire qui a très peu de valeur en politique, pour ne pas dire une valeur nulle. On ne construit pas l’avenir comme on écrit un roman.

Avec des métaphores, tu peux justement faire dire à l’avenir ce que tu voudrais qu’il soit. Tu peux trouver des métaphores qui "prouveront" l’intérêt de ta critque du système. Mais ce sera juste des métaphores, et en tant que telles elles n’auront rien prouvé. Tu te fais juste plaisir. La métaphore est à la portée de n’importe qui pour promettre ou expliquer n’importe quoi.

"Il n’y a justement pas de progrès possible en art"

Tu ne parlais pas de progrès au sens esthétique. Tu disais : "il n’y a pas plus d’art aujourd’hui qu’à l’époque de Lascaux", avec pour contexte corollaire : "le droit d’auteur ne sert à rien".

Si pour toi, 10 films sortant chaque semaine sur les écrans parisiens, chacun ayant pu réunir des millions d’euro de financement, ce n’est pas "plus d’art qu’à l’époque de Lascaux", alors tu nages dans un monde qui est vraiment inquiétant.

Chaque film est comme une petite cathédrale, le résultat d’un immense travail d’équipe sur plusieurs années. Et il en sort dix CHAQUE SEMAINE.

A part ça, "il n’y a pas plus d’art qu’à l’époque de Lascaux" ? Même en tenant compte de l’évolution de la population...

Et l’évolution de la population est aussi la conséquence de l’organisation de la société. Ce n’est pas l’espèce humaine qui a changé depuis Lascaux. C’est son organisation en société, c’est sa politique.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-05 16:31:18

Toute cette discussion est bien la preuve, s’il en fallait une de plus, qu’une pensée intelligente et inventive est très difficile à faire naître en quelqu’un, et surtout en soi. Et que tous ceux qui se pensent intelligents sont simplement ignorants de leurs limites trop visibles depuis l’extérieur.

Henri A @ 2009-04-05 16:49:02

Mon dernier commentaire visait surtout le perroquet et le cacatoès.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-06 11:15:05

Tu parles tout seul Henri ?

Un ancien @ 2009-04-07 15:45:30

"Mon dernier commentaire visait surtout le perroquet et le cacatoès."

Sinon je peux proposer une nouvelle théorie du management humain, à partir de l’étude du comportement des cacahuètes, aussi.

On notera que les cacahuètes n’ont jamais ressenti le besoin d’inventer les feux rouges, ni la police, ni l’OTAN ou l’OMC.

Reste à étudier l’impact de la cacahuète folle.

Un modèle pour les freemen ?

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-07 17:21:32

C’est ce que je disais : Discussion au sujet de l’inutile.

Débat dans le journalisme citoyen pour inonder le net de sable.

charlie @ 2009-04-07 22:55:29

Pfuit ! On ne peut pas s’absenter 5 mn ici ; impossible de reprendre le fil :-)

Alors, je vais faire du vrac, après ma lecture en diagonale des commentaires.

1/Le crapaud de Darwin.

D’abord, j’aime l’idée que ces crapauds fous relèvent de la légende urbaine. Je trouvais ça assez bizarre une éthologie qui aurait un paradigme sur la santé mentale des crapauds... Surtout pour en faire un avantage adaptatif.

Personnellement, j’ai certaines réticences envers la psychologie ou la sociologie évolutionnistes. On y trouve parfois de belles intuitions ou observations, mais aussi un flou épistémologique assez systématique. Bon, ok, c’est relativement récent, pas stabilisé, etc. Mais avant de s’en servir, il y a quelques questions à se poser :

  • Sans réduire le débat à inné/acquis, il faut s’y positionner un minimum. Si tout dans la psyché ou dans le social (ou presque) résulte d’adaptations, où sont-elles inscrites ?

  • Que fait-on des phénomènes d’émergences ? Le cerveau humain et les sociétés humaines ne seraient pas concernés ?

  • Quid de l’empirisme ? A part quelques expériences de psychologie sociale, on trouve le plus souvent mobilisées des études en éthologie (les grands singes...) ou des comparaisons avec des sociétés de chasseurs-cueilleurs. Rôde en plus le spectre de Freud, qui pousse sournoisement certain(e)s à pondre sous couvert d’historicité des fictions sur la société humaine originelle.

Alors, tant que tout cela n’est pas éclairci, je rejoins l’ancien repasseur : ça ou le comportement des cacahouètes...

S’il s’agit d’une simple métaphore, pourquoi pas ? D’ailleurs, les faits n’ont pas besoin d’être véridiques : il peut s’agir d’une sorte de conte moral. "Il existe un pays où chaque année, les crapauds..."

Dans ce cas, aucun besoin de le vêtir des oripeaux scientifiques du darwinisme.

(au passage, l’Ancien, bien sûr que la politique se fait à coup de métaphores ! Je se demande même parfois si la politique n’est pas principalement un art de la métaphore.)

2/Lard ou cochon ?

Henri l’a écrit : l’art est une activité humaine. Je m’associe à lui pour renvoyer dos à dos l’Ancien & Thierry. Polémiquer sur l’art, Lascaux et les mammouths, ça ne va pas vous mener loin. La seule certitude qu’on puisse avoir, c’est qu’il n’y a rien de comparable entre "l’art" à cette époque et "l’art" au 21e siècle. Ni au 20e, ni au 19e, etc., d’ailleurs.

L’art hors contexte... Pardon, l’Art. Vous êtes pris en flag d’essentialisme ;-)

Avant d’être l’histoire des courants artistiques, l’histoire de l’art est forcément celle des formes d’art légitimes, donc de la définition - mouvante - de l’art mais aussi de ceux qui contribuent à la forger : artistes, mais aussi mécènes puis marchands.

L’art contre le divertissement est aussi une question politique. Est-ce que l’art reste l’art si le public/les consommateurs participent à sa définition ? Est-ce qu’il y a un effet de seuil au-delà duquel un bien artistique devient un bien de consommation ? Etc.

Comme ce n’est pas vraiment ici qu’on va en décider entre la poire et le fromage, c’est le genre de discussion qui tourne en rond ou qui se refonde sur une volonté commune d’échanger des impressions, non pas du soleil levant, mais d’une réalité sociale que nous voyons par des bouts de lorgnettes différentes.

Allez, bises les bouecs.

@ l’Ancien : tu noteras que j’ignore superbement tes provocations, ce qui n’est pas dans mon caractère. Met ça sur le compte de l’heure tardive et tremble, tu ne paies rien pour attendre :-)

Un ancien @ 2009-04-08 04:44:34

Et bien voilà.

Charlie a parlé et une fois de plus avec vérité.

Charlie est à peu près la seule personne rencontrée sur la blogosphère, jamais prise en flagrant délit de propos malhonnête.

  • Elle n’utilise pas la mauvaise foi (sauf boutade / blague).

  • Elle ne cherche jamais une explication à trois sous pour justifier une thèse bancale qu’elle tient à défendre. (Contrairement à Thierry qui part parfois dans des délires avec la joie de l’enfant qui croit avoir trouvé la clé de la malle aux trésors).

  • Elle ne traite pas quelqu’un de petite frappe quand elle ne trouve plus d’argument.

  • Bref : elle ne fait pas de marketing vulgaire, ni ne sert la soupe du merveilleux à deux balles façon cour des miracles.

Sa formation est scientifique, elle n’a pas été gâtée par le marketing, comme tant d’autres commerciaux du Web, qui ont envahi l’espace de la critique du système, et ressortent perpétuellement l’argument du nouvel Omo qui lave plus blanc que blanc, Omo attendant juste qu’on fasse les noeuds connectifs pour attaquer les bactéries au coeur.

"j’ai certaines réticences envers la psychologie ou la sociologie évolutionnistes. On y trouve parfois de belles intuitions ou observations, mais aussi un flou épistémologique assez systématique."

Absolument. Bref: c’est bon pour une 4e de couverture dans un Auchan.

C’est joli et bien agencé, mais on pourrait prendre tout l’argumentaire en sens inverse sans plus d’illogisme, tant le flou est la base.

Trop partent avec une idée, dont ils cherchent confirmation rapide au moyen d’un exemple naturel. Comme on trouve de tout quand on cherche... Même des histoires de lionceaux !

La rigueur voudrait que la bonne idée vienne après l’observation impartiale.

"je rejoins l’ancien repasseur : ça ou le comportement des cacahouètes…"

Voilà. Je suis bien d’accord avec Charlie :)

“Il existe un pays où chaque année, les crapauds…”

Ouep. 4e de couv dans un Auchan.

On dirait la bande annonce typique d’un film américain, signée Donald LaFontaine : "In a world where..."

Il y a des gens qui ne vont plus assez au cinéma, alors ils mettent du cinéma dans la politique. C’est fatigant parce que le cinéma ne joue pas avec nos vies, la politique, si. On attend un peu plus de rigueur de ceux qui proposent une grande mutation du monde.

Sinon, comme le disait le regretté Jean-Marc, c’est jouer aux apprenti-sorciers, avec nos vies. Le XXe siècle a déjà donné.

"(au passage, l’Ancien, bien sûr que la politique se fait à coup de métaphores ! Je se demande même parfois si la politique n’est pas principalement un art de la métaphore.)"

J’aimerais bien qu’on sorte de la politique pour enfants, façon conte de noël, justement. L’art est très bien pour s’amuser à tout changer.

Ras le bol des illusionnistes dans le champ politique.

Avec la métaphore, on peut aussi faire l’apologie de la real-politik de Bismarck:

"je fais en politique comme dans la chasse au gibier d’eau: je ne mets un pied en avant que quand je suis sûr que le sol peut me porter".

La métaphore mène à tout, donc à n’importe quoi.

"j’ignore superbement tes provocations"

Là tu confonds avec Pierre Lellouche ou, pire, Henri A.

On t’a déjà enlevé les menottes, cette fois ? Je t’ai vue en cagoule noire à Strasbourg. Trahie par les gants de boxe cloutés dans la gueule du CRS.

*

Merci Charlie, pour ton honnêteté argumentative, si rare sur les blogs, même quand on n’est pas d’accord.

Re passeur @ 2009-04-08 07:21:56

@ Demian l’artiste peintre végétarien...

SI tu ne connais pas Charlie, la voici sur cette affiche, elle mériterait un portrait signé Demian West:

http://nsa06.casimages.com/img/2009/04/08/090408081848295333.jpg

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-08 07:56:40

Je n’ai aucune envie d’aller sur ce lien qui doit être encore une blague de potache du web sans intérêt. Réessayez plus tard !

Thierry Crouzet @ 2009-04-08 08:39:42

@L’ancien Tu oublies juste un truc dans ton éloge de Charlie : elle ne se cache pas et elle est toujours disponible en face à face pour faire avancer les choses...

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-08 09:01:45

En plus, elle montre une suprême ou habile intelligence en m’évitant, ce que peu peuvent faire.

Un ancien @ 2009-04-08 09:06:31

L’argument de "se cacher" est d’une part faux:

elle n’écrit jamais sous son identité complète, donc elle est libre de se présenter à "pseudo ouvert", sans que cela nuise à son travail professionnel.

Ce qui n’est pas mon cas, mon ancien nom n’étant pas un pseudo.

Quand on travaille dans un milieu artistique, et particulièrement dans la communication d’artistes, il est difficile de parler politique à visage ouvert sans impliquer ces artistes.

Par respect pour leur diversité d’opinions, je ne parle plus jamais politique à nom ouvert, mon nom étant lié à mon travail avec eux.

Je ne me cache pas de toi quand j’écris, je ne cache pas mon IP.

--

D’autre part, cet argument du visage ouvert est con:

dans l’urne le vote est anonyme.

Exiger du débat politique qu’il ne soit jamais anonyme, c’est introduire une fausseté entre ce que les gens diront à visage ouvert, et ce qu’ils voteront dans l’urne.

On a considéré, avec raison, que la politique soumettait à d’importantes pressions, et qu’il fallait l’anonymat du vote pour s’exprimer librement.

Cet anonymat du vote est garant de la liberté d’opinion.

C’est dans les dictatures qu’on force les gens à voter ouvertement, à main levée.

C’est à partir du moment où les gens parlent avec leur vrai nom, qu’ils commencent à mentir, parce que leur discours entre dans une stratégie de défense d’image personnelle.

Tu sais parfaitement que tu ne peux pas tout dire en signant Thierry Crouzet.

Je m’intéresse à la vérité du discours, donc l’anonymat ne me dérange pas: je lis le fond.

Idem pour le "face à face": c’est le début de l’hypocrisie et du mensonge.

Tu crois que le "face à face" fait avancer, mais c’est le contraire: comme les gens sont faux dans le face à face, on a l’impression qu’ils sont plus facilement d’accord. Mais c’est un accord hypocrite qui ne mène à rien.

Le vrai déguisement, c’est l’homme non déguisé: son apparence étant nue, il place le mensonge dans son discours.

Le face à face induit le mensonge social. L’anonymat enlève les inhibitions et pressions sociales, et ouvre la voie à la vérité.

Je me fous des fausses vertus de primates virils qui croient qu’il faut se parler face à face, et ce faisant vivent dans le mensonge.

La seule chose qui m’intéresse dans un débat, c’est qu’un discours soit le plus vrai possible.

Je trouve cette vérité plus souvent dans les réponses anonymes que dans les étalages d’égos personnifiés, qui se fabriquent des réponses flatteuses pour leurs stratégies personnelles.

Charlie sait très bien qu’elle ne serait pas aussi libre d’écrire, en signant de son nom connu professionnellement.

Thierry Crouzet @ 2009-04-08 09:37:14

C’est pas à ça que je fais référence... mais au face à face. Avec Charlie comme avec la plupart des gens qui viennent ici, je discute aussi en face à face. ça permet d’aller plus vite et d’avancer. référence à l’article de l’année dernière.

Un ancien @ 2009-04-08 09:49:20

Tu sais très bien que l’inhibition sociale est inévitable, quand deux êtres sont en face à face réel.

J’ai toujours été déçu en rencontrant en vrai des grands auteurs.

Ce n’est pas en vrai qu’ils sont vrais:

en vrai ils sont faux, inhibés, ternes, timides comme tous les sensibles.

Ils ne sont vrais qu’à l’abri du jeu social, quand ils écrivent seuls, chez eux.

Proust en vrai était un fat tête à claque, avec sa ridicule rose à la boutonnière...

Ce Proust "en vrai et en face à face" ne m’intéresse pas. Je préfère l’auteur, qui souvent n’écrit la vérité qu’en la mettant dans la bouche d’un autre personnage, d’un pseudo.

--

(Et le nom est un mensonge social.

Tout être est bien plus complexe, ondoyant, changeant et divers, que l’identité étiquettée que véhicule son nom.

Le vrai Proust c’est ses mille personnages de la Recherche. Pas son identité de "Marcel Proust"

Quand tu lis un discours signé d’un nom, tu commences par le lire à travers un prisme déformé: l’idée que tu te fais de ce nom.

Tu synthétises sous un nom quelques vues éparses que tu as d’un être, et tu en fais une identité, une personnalité.

Tout cela c’est de la foutaise.

Quand on s’approche d’Albertine, on découvre mille Albertine.

Lecteur de Proust, tu sais que rien n’est plus éloigné de la vérité qu’un nom, réceptacle à fantasmes, préjugés et idées fausses.

La plupart des malentendus naissent des noms, qui ne sont que des approximations.

On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, et ce n’est jamais la même Charlie qui signe deux messages de ce nom, à deux jours d’intervalle.)

charlie @ 2009-04-08 09:53:19

Hé ! Ma modestie a presque souffert. Heureusement, j’apprends qu’en vrai, je déçois ;-)

@ l’Ancien :

"les gants de boxe cloutés dans la gueule du CRS". Non, maintenant, ce sont les pieds, j’ai beaucoup progressé ! Je vais me re-autoportraitiser avec cagoule pour mettre à jour cet avis de recherche. Là, franchement, c’est pas sérieux, on dirait Martine en vacances alors qu’en vrai, je fais très peur...

Henri A @ 2009-04-08 09:57:09

Laisses tomber Proust, On est en 2009 ! Le monde a progressé et tu t’enfermes dans l’ancienneté, l’ancien ! Un Proust aujourd’hui ferait, bla....myspace...des milliards d’artistes.....bla...etc...!

Mise à jour :

Personnellement, rien ne m’a déçu chez Charlie et autres. J’ai eu l’impression de vous connaître depuis longtemps.

L’ancien en est encore aux salons du début du XXe siècle.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-08 10:26:02

Donc, vous ne savez même pas où vous êtes et vous ne savez pas en plus avec qui vous parlez.

Moi je sais que je suis chez moi, et que je parle avec ma Chérie. C’est mieux.

Un ancien @ 2009-04-08 10:38:37

"L’ancien en est encore aux salons du début du XXe siècle."

... dit l’homme qui tous les matins lit les dernières nouvelles du jour ... de 1929, en lisant Karl Kraus. :-)

En guise de vivre dans le passé, entre le moine copiste de Kraus, et le biographe d’Eratosthène vivant dans la grotte de Lascaux, vous vous posez bien là, aussi ;)

Visibilité
Newsletters Me soutenir