Thierry CROUZET

La métaphore des crapauds fous

Vos commentaires me donnent l’impression que vous avez interprété la métaphore dans un sens qui n’est pas celui que je lui donne. Chez Pierre de la Coste comme dans ce que j’ai écrit, il ne s’agit pas d’expliquer quoi que ce soit avec cette métaphore mais de donner un nom, quelque peu amusant, ironique, répugnant, aux gens qui ne suivent pas les orientations mainstream et ainsi ouvrent parfois de nouvelles voies (ça renvoie un peu à la théorie de Thomas Kuhn).

Quand j’ai renoncé à poursuivre une carrière dans la presse, quand j’ai décidé de cesser de vouloir grimper dans les hiérarchies, quand j’ai cessé de vouloir gagner plus d’argent que je n’en avais besoin, j’ai d’une certaine façon été un crapaud fous par rapport à ce que la plupart des gens auraient fait s’ils s’étaient trouvés à ma place. On m’a souvent dit que j’étais fou, à commencer par mes parents. Cette folie n’a rien d’extraordinaire. Elle est répandue. Elle affecte simplement les gens qui ne font pas exactement ce que les autres font à leur place.

Ce n’est pas une folie clinique mais une folie relative au comportement dominant. On dit bien parfois « cet artiste est fou ». C’est de cette folie positive dont il s’agit avec les crapauds fous humains. À la fin des années 1970, les punks étaient fous. On ne les a pas internés, pas plus que les cyniques en Athènes.

La métaphore n’explique rien, c’est juste une illustration amusante et surtout pas de la sociobiologie. Contrairement à Wilson qui a étudié les fourmis avant de formuler la sociobiologie, Pierre de la Coste n’a pas étudié le comportement des crapauds avant d’écrire son article. Il a juste trouvé l’image amusante, imitant plutôt La Fontaine. Les crapauds ne sont fous qu’au regard de la majorité des crapauds qui se comportent autrement.

Comme dans mon prochain livre, encore hypothétique, je veux parler des gens qui changent de comportement (choisissent des banques éthiques, passent par des AMAP, développent un business dans l’esprit longue traîne…), j’ai trouvé amusant de reprendre la métaphore et de surnommer ces gens crapauds fous. Ça me paraît moins prétentieux que de les appeler pionniers ou novateurs ou quoi que ce soit d’autre. J’aurais pu aussi bien les appeler écureuils fous car leurs actions minuscules, quand elles se cumulent, peuvent engendrer de profonds changements dans le monde. J’imite Nicolas Taleb quand il parle des black swans pour parler des évènements hautement improbables.

Si j’ai un peu lu sur les crapauds, c’est pour connaître le fond biologique de la métaphore. Il se trouve d’ailleurs que Ulrich Sinsch m’a répondu et m’a expliqué qu’environ 10% des crapauds ne retournent pas à leur mare d’origine. Sans eux, effectivement, l’espèce serait en danger.

In fact, most toads return to their natal pond to breed as adults. However, a few to up to 10 % roam around and disperse from their natal area. These are the individuals which colonize new ponds and are responsible for the gene flow among neighbouring populations. So, their behavior is not crazy at all, but necessary to maintain genetic connections, and to amplify the area inhabited by toads. Imagine that the natal pond is destroyed for some reason, so local extinction could eliminate all philopatric individuals. However, the dispersers will not be affected by local extinction and found new populations.

La pertinence biologique de la métaphore n’implique pas qu’elle soit pertinente chez les hommes et cette pertinence n’a au fond aucune espèce d’importance. Il ne faut pas oublier que la métaphore a été créée pour décrire un comportement humain et surtout pas traiter des véritables crapauds. Moi j’observe le phénomène du crapaud fou chez les hommes. Qu’est-ce qu’un artiste sinon un crapaud fou ? Si Proust n’avait pas été un crapaud fou, il aurait écrit des romans à l’eau de rose comme ceux qui se vendaient de son temps. Ou même il n’aurait pas écrit du tout.

J’ai lu il y a quelques temps un article dans NewScientist qui montrait que beaucoup de scientifiques qui avaient fait des percées s’écartaient de la pensée dominante (c’est encore une fois la théorie de Kuhn). Wolfram est aujourd’hui l’exemple type du crapaud fou. On se fiche de savoir si sa folie fera histoire. Ça, c’est l’histoire qui nous le dira. C’est exactement comme quand un crapaud part plus ou moins au hasard explorer une direction inconnue. Trouvera-t-il une mare ? Il n’en sait rien, personne ne le sait avant d’avoir essayé. Quand je parle des crapauds fous je ne pense à rien de biologique mais juste à des hommes qui s’écartent un poil de la norme. J’aurais pu les appeler les serpents fous ou les cacatoès géniaux. Crapaud fou a au moins le mérite de relativiser les petits gestes que font chacun de ces hommes qui s’écartent de la norme (ce qu’on appelle aujourd’hui norme).

Un ancien @ 2009-04-08 11:53:44

Tout cela est vrai ;

juste:

  • la folie créatrice, c’est un thème un peu banal

--> le génie et la mélancolie (au sens fort de quasi folie), chez Aristote

--> credo quia absurdum, la folie de la Croix, etc

--> Erasme etc

--> "nur narr, nur Dichter", rien qu’un fou, rien qu’un poète : l’homme supérieur et libre, chez Nietzsche.

...zwischen falschen Himmeln

herumschweifend, herumschleichend -

nur Narr! nur Dichter! ...

Das - der Wahrheit Freier? ...

--> Le problème des métaphores approximatives, c’est qu’elles créent autant d’abcès de malentendus, qu’elles aident à illustrer des problèmes complexes.

La boursouflure de métaphores néo-bibliques pèse d’ailleurs sur Zarathoustra.

--> Toute notre société de consommation repose déjà sur l’éloge de la folie individuelle, les idéaux de 68 ayant rencontré les intérêts marketing, et ce sont les héros de 68 qui ont peuplé les agences de pub...

Se faire une folie c’est consommer... Servir le système.

On n’est plus dans la société corsetée du XIXe siècle, avec ses hommes en noir et ses femmes en deuil permanent...

Henri A @ 2009-04-08 14:14:16

Cygne noir c’est plus classe que crapaud fou.

Pour l’écureuil fou, il me semble que la plupart des écureuils sont un peu fou.

Une métaphore comme ça :

Les connecteurs déconnectés.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-08 14:46:17

La chance du fou c’est qu’il ne craint pas la mort car il ne la connaît pas. Tous les autres sont fous de peur...

Thierry Crouzet @ 2009-04-08 19:01:16

C’est pas une métaphore sur la folie... mais sur ceux qui traitent d’autres hommes de fous parce qu’ils ne font pas comme eux. Combien de gens disent que ceux qui mangent bio sont des fadas. J’aurais pu parler aussi bien de crapauds lucides, crapauds curieux, crapauds expérimentateurs, crapauds aventuriers...

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-08 20:13:11

Tiens ! Agoravox vient de changer de pyjama.

Il y a même des demandes de dons partout.

Bientôt la dernière !

Ils n’étaient pas assez fous pour durer...:-)

Un ancien @ 2009-04-09 01:14:32

@ Demian

Changement de pyjama, mais pas de thématique de Une;

"Quand Ségolène Royal éternue, la Sarkozye s’enrhume !"

"Ségolène Royal (en boubou) me rappelle ma femme de ménage"

Agoravox est pitoyable de tant coller à l’actua-nullité politique.

Ce journal est le pire du poujadisme creux.

C’est fini la campagne électorale !

Carlo se plaint de la focalisation sur la fausse alternance Sarko / Ségo, mais il ne sait pas parler d’autre chose.

Mise en avant de la merde, et de temps en temps un article culturel à la fin pour servir d’alibi, en bas de page.

Agoravox, ou le TF1 du net citoyen...

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-09 07:21:42

C’est surtout la boutique des t-shirt qui est le comble de ce que je ne saurais plus qualifier. En tous les cas on rigole bien.

Un ancien @ 2009-04-09 08:08:03

@ Demian

"la boutique des t-shirt"

Je n’avais pas vu. Enorme !

http://agoravox.spreadshirt.net/fr/FR/Shop

Marketing et consommation à fond...

Et des pubs pour des crédits à la consommation diffusées à la pelle sur le site...

Endettez-vous bonnes gens, nourrissez les banques, achetez nos T-shirt à 27 euro pièce...

Ce Web citoyen est une drôle de comédie à l’italienne...

La morale selon Carlo Revelli :

on a le droit de piller les artistes, tout télécharger gratuitement, mais il faut acheter 27 euro ses T-shirts ridicules...

Ces "pirates" ont des relans affairistes détestables.

charlie @ 2009-04-09 08:39:19

"Carlo se plaint de la focalisation sur la fausse alternance Sarko / Ségo, mais il ne sait pas parler d’autre chose."

Hé hé...

L’ancien se plaint de la nullité d’Agoravox et d’autres, mais il ne sait pas parler d’autre chose :-)

Un de mes meilleurs amis se plaint régulièrement (à moi !) du traitement de l’info sur France Inter ou France 2... J’ai cessé, après des années, de lui dire d’écouter ou de regarder autre chose.

Je n’ai pas de télévision, je n’éprouve pas non plus le besoin de la critiquer en permanence. Je fais autre chose, du coup, je parle d’autres choses.

Vous faites exactement ce que je reproche à la critique des média : tourner en rond. Si quelqu’un se mettait ici à encenser Agoravox, je comprendrais vos critiques. Moi-même, je n’ai pas dû y mettre la souris depuis plus d’un an. Mais là, ça tourne au règlement de compte à OK Connecteurs et je ne vois pas bien en quoi ça fait avancer la caravane.

Pareil pour les pirates : les critiques trouvaient toute leur place quand le débat portait sur Hadopi, d’ailleurs, vos arguments étaient tout à fait intéressants, mais quand il est question de crapauds, je ne vois plus qu’un acharnement visant Nicolas Voisin.

Tu disais que je n’avais pas de réflexes de marketing (je n’ai plus la formule exacte) ou de "communicante". Normal, je n’en suis pas une :-) Je préfère donc la formule d’Oscar Wilde à la règle de la pub, même si les deux disent la même chose : parler d’un sujet - ne serait-ce que pour le dénigrer - c’est lui faire plus d’honneur que ne pas en parler.

Ca ne veut pas dire se taire tout le temps, mais une fois les mécanismes démontés et la critique posée, on peut sans doute passer... aux crapauds ?

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-09 09:30:44

Charlie tu es prise en flagrant délit d’angélisme.

Il est parfaitement normal de tout faire pour libérer des arnaqués des arnaqueurs.

Il faut démonter le système Agoravox car c’est un mensonge et une arnaque.

D’ailleurs, le seul argument de Revelli pour écarter les critiques, c’est le même que tu emploies, car ça l’arrange : qu’on le laisse arnaquer les lecteurs sans rien dire.

Ca ne marche pas comme ça.

Toute la littérature et son meilleur est bâtie sur ce principe de dénoncer les mensonges et les voleurs du temps et de la pensée, et je ne parle pas du beau.

S’il n’y avait pas eu une loi contre les pirates, on ne saisirait pas aujourd’hui le bluff qu’ils sont et le réduit que représente le 5ème pouvoir qui n’est rien.

Dire qu’il faut laisser faire et ne rien dire est une fausse sagesse qui participe de l’arnaque et qui la sert. Comme disaient les antiques Romains, il faut couper les racines de la maladie avant qu’elle se soit trop étendue, après il est trop tard.

En d’autres termes ton conseil est à destination d’endormir les critiques.

Et je rappelle que des types comme Voisin et Revelli qui censurent activement des articles etc. ne doivent pas rester impunis et libres d’agir ainsi, il faut les empêcher...et tout va dans notre sens, alors pourquoi irait-on moins loin ?

Il faut censurer les censeurs.

Si tu diriges un organe ou un support d’infos sur le web et que tu censures un auteur, tu es fichu et je peux dire que tous les journaux citoyens du web sont destinés à disparaître car ils se sont tous trahis en agissant ainsi : en censurant des auteurs qui avaient des choses à dire et dans des formes valables.

C’est la loi naturelle et de la culture, ils ont coupé le tronc sur lequel ils se sont bâtis et donc ils vont tomber. Et nous sommes la cognée, avec beaucoup d’autres.

Je l’ai dit dès le début et ça m’a valu la méfiance instantanée de Revelli : ces organes ont été créés pour préempter le web qui reste libre. Ils sont des leurres ou des bulles si tu préfères et ils vont éclater l’un après l’autre et tous ensemble. C’est une phase de transition...C’est tout.

La critique, tout comme la peinture, est une juridiction du réel.

Bisous de Demy

Henri A @ 2009-04-09 11:45:34

A Les artistes créateurs ne sont pas des putes ( donc c’est gratuit ):

Tu me fais penser à Brigitte Bardot ( d’aujourd’hui ).

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-09 12:59:14

On ne doute pas que chez toi c’est payant, enfin que tu paies...

charlie @ 2009-04-09 14:11:40

@ Demy qui écrit : "Dire qu’il faut laisser faire et ne rien dire est une fausse sagesse qui participe de l’arnaque et qui la sert."

J’avais bien dit : "Ca ne veut pas dire se taire tout le temps, mais une fois les mécanismes démontés et la critique posée, on peut sans doute passer… aux crapauds ?"

Je ne suis juste pas sûre que ce soit le combat du siècle. Que d’énergie dépensée :-)

Sinon, censurer les censeurs... bof. On sera toujours le censeur pour quelqu’un et à part le tribunal populaire ou le bureau politique, je ne vois pas trop comment faire. On entre forcément dans une logique d’exclusion qui n’est pas la mienne. C’est tout :-)

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-09 15:21:48

J’suis submerciblé par l’émotion de rencontrer une sainte de la troupe du grand Bouddha. Si vous vouliez érijacter un temple à Omaha Beach je veux bien vous faire un chèque en blanc genre gris pour vos oeuvres pacifistes de ceux qui auraient lutté contre le nazisme pendant 5000 ans par la non-violence. Le Tibet a déjà commencé genre province enchinoisée...

Un ancien @ 2009-04-09 15:31:04

"L’ancien se plaint de la nullité d’Agoravox et d’autres, mais il ne sait pas parler d’autre chose"

Erreur:

ne pas confondre le niveau du commentaire sur un blog, et le niveau de la production d’articles sur un site.

Dans les commentaires, il est normal d’être sur un mode réactif, poil à gratter.

C’est au niveau de la direction éditoriale d’un site qu’on doit chercher autre chose.

J’en parle ici, parce que Thierry fait l’éloge du 5ème pouvoir citoyen, et quand je constate que ce 5e pouvoir citoyen:

  • nous explique qu’on a le droit de voler la production artistique

La musique serait trop chère etc.

  • et qu’en revanche il faut payer 30 euro un t-shirt de merde aux couleurs d’Agoravox

On se trouve au comble de la perversité d’un système malhonnête.

En signant le pacte des pirates qui se fout des droits d’auteurs des artistes, et en vendant par ailleurs ses t-shirts de merde à des prix démesurés, Carlo Revelli n’est qu’une vulgaire canaille qui inverse les priorités: il nous construit un monde de merde.

Un Berlusconi qui place la marchandise inutile au-dessus de la création culturelle.

On s’en fout de ces t-shirts qui ne servent à rien, sinon à servir de Spam sur les plages pour imposer l’image d’Agoravox dans notre champ visuel.

Plutôt que de payer 30 euro ces t-shirts, les "citoyens" feraient mieux de payer comme ils en ont le droit les artistes qu’ils téléchargent.

Re passeur @ 2009-04-09 16:04:12

En plus, il est anormal qu’Agoravox demande de l’argent, alors que les auteurs ne sont pas rémunérés.

Le système où le diffuseur s’enrichit sans payer le créateur d’article, ce n’est rien d’autre que Leclerc s’enrichissant en exploitant le petit producteur, lui imposant de vendre à perte.

J’aime particulièrement chez Demian West sa critique régulière et intelligente (même si obsessionnelle...) du nouveau système "2.0", où des agrégateurs s’enrichissent en expliquant qu’il ne faut pas payer les sources, et en poussant de pauvres RMIstes à écrire à l’oeil des articles "au nom de l’expression citoyenne".

Qu’on ne nous dise pas que c’est un progrès, "5e pouvoir" etc.

C’est un recul : l’auteur devrait être placé au-dessus du diffuseur, dans un "nouveau monde" plus équitable.

Ces rédacteurs bénévoles sont très souvent des gens en détresse sociale dont on exploite le besoin de reconnaissance, sans leur proposer aucun modèle économique ... tandis que le diffuseur développe, lui, son modèle économique.

Un ancien @ 2009-04-09 16:19:48

"que ce soit le combat du siècle. Que d’énergie dépensée"

Mais si, Charlie !

Tu sais bien l’importance de remettre au premier plan le petit producteur paysan, au-dessus du gros distributeur Auchan qui l’exploite.

Je crois que tes amis alters dépensent beaucoup d’énergie pour ce combat.

Si Internet commence à se développer sur ce modèle, comment peut-il construire un autre système plus équitable ?

La moindre des choses, serait qu’Agoravox passe au modèle Cozop : 50% des revenus aux auteurs.

(Avec une sélection éditoriale bloquant les articles sans intérêt, destinés uniquement à générer du clic sur des mots clés People.

Cozop est mort né, de n’avoir pas bloqué les articles à la con. Pas d’art sans sélection. Le tout étant que la sélection ne repose pas sur un principe de censure d’opinion divergente, mais sur un écartement de ce qui est bâclé.)

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-09 16:20:37

Je connais Revelli comme peu le connaissent, car il a vraiment essayé de me mettre dans son plan d’arnaque étendue de la pensée en France. C’est une horreur intellectuelle. Ce type-là parle aux auteurs comme à ses chiens ou à ses esclaves, genre il y en a 100 qui attendent à la porte. Et il te donne des ordres quand tu n’as même aucun lien ni intérêt commun dans une hiérarchie avec lui. Je crains que toutes les têtes du 5ème pouvoir soient à l’identique, et seul change le degré de dissimulation.

Et il a pensé que ça m’intéressait. Mesurez donc sa méconnaissance de l’esprit français.

Ma différence : c’est que je n’ai pas peur de parler, car je ne crains rien, je n’attends rien et j’ai déjà tout. Et mieux encore, je suis au-dessus d’eux, à tout le moins culturellement et intellectuellement, alors je les méprise comme si ces chefs étaient mes laquais...voilà comment il faut leur parler, pour garder sa tête hors de ce marigot des temps nouveaux.

Désormais, Revelli s’est fait tellement d’ennemis en France, avec son arrogance de marchand des techno-sciences, qu’il tente juste de sauver le navire. Mais c’est cuit.

Thierry Crouzet @ 2009-04-09 18:53:24

Faudra que vous m’expliquiez quel rapport il y a entre 5e pouvoir et Agoravox (à part que AV a organisé les journées du même nom). Le 5e pouvoir est une force de décentralisation. En quoi un média alternatif est-il un 5e pouvoir ? En rien car si ce média grossit il devient un média comme les autres. Il n’y a de 5e pouvoir que dans la décentralisation. Que ce soit au niveau médiatique, énergétique, alimentaire, business, financier... Agoravox appartient au 4e pouvoir.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-09 19:19:57

Mais arrête ! on se souvient assez de la bande que vous formiez entre Voisin, Quitterie, Revelli et toi. Tu vas nous dire qu’on a rêvé ?

Vous n’aviez que ce mot à la bouche pour vous présenter : "nous sommes le 5ème pouvoir". T’as vu ce qu’il en reste ! une boutique de t-shirts et de strings nullissimes qui singent le marketing hippie des années 70, et un journal qui plagie la ligne graphique de Rue89 pour éviter la noyade.

C’est une déchéance aussi élevée que les espoirs que vous aviez de tout renverser.

Il reste, que toi tu as toujours émis des doutes et des retenues, et que Quitterie n’a jamais censuré : vous avez donc été trahis par Revelli qui a aussi trahi votre idéal commun.

Un ancien @ 2009-04-09 19:54:28

"Le 5e pouvoir est une force de décentralisation. En quoi un média alternatif est-il un 5e pouvoir ? En rien car si ce média grossit il devient un média comme les autres."

Je suis absolument d’accord avec toi sur le plan théorique.

Mais l’on voit bien justement comment, dans la pratique, de nouvelles forces s’emparent du 5e pouvoir, et finissent par le noyer.

Qu’il y ait des formes de centralisations n’est pas forcément un mal:

le petit producteur a souvent besoin de regroupements entre producteurs pour ne pas être noyé. Mais la condition c’est que le principe de ce regroupement reste au service des petits.

Par exemple, Cozop est un modèle centralisé qui, économiquement, est compatible avec le 5e pouvoir, dans la mesure où 50% sont reversés.

(Le problème de Cozop est autre: éditorial).

A l’inverse Agoravox détourne à son seul profit.

Agoravox est au service d’une société privée qui ne redistribue rien, mais se présente comme la voix citoyenne et un 5e pouvoir, différent du 4e. C’est justement ce hiatus et cette manip qu’on dénonce ici.

Le 5e pouvoir, ce n’est pas seulement sa figure idéale.

Souvent tu dis : "je n’ai pas dit ceci ou cela".

Mais la politique ce n’est pas seulement ce que les gens ont dit. C’est la configuration réelle que prennent les forces dans le jeu politique.

C’est toute la différence entre la politique et la philosophie: on ne discute pas de tes seules idées, mais de la façon dont elles prennent vie dans la société, y compris en étant détournées par des intérêts privés. On dénonce ces détournements.

Toute l’histoire des idées, c’est l’histoire de leur détournement par des sociétés privées :

  • l’Eglise Catholique pour les idées du Christ,

  • le Stalinisme pour les idées communistes,

  • le Charlisme pour les idées alters (ah non, zut, Charlie n’a pas encore pris le pouvoir. Dommage :-) )etc.

Si tu ne poses pas le problème de ce détournement, tu condamnes les idées à se faire toujours baiser dans la société.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-09 19:59:56

C’est ce que j’appelle simplement le mensonge du "journalisme citoyen", et de ceux qui l’ont théorisé sans jamais l’appliquer tel qu’ils l’ont théorisé.

Thierry Crouzet @ 2009-04-09 20:31:48

Le 5e pouvoir peut collaborer avec d’autres pouvoirs. Qu’il soit décentralisé ne veut pas dire que les pouvoirs centraux n’existent plus. Je vois pas le rapport. Que moi je préfère les pouvoirs décentralisés, c’est mon droit, une affaire de goût et de convictions pas totalement injustifiées. Seul le temps nous montrera quelle forme de pouvoir émergera à l’avenir et aidera la société à continuer sa vie. Quand je fais une conf, je commence souvent par dire que je suis un militant. Je ne prétends pas décrire la réalité.

Je peux pas empêcher le détournement, mais j’ai encore le droit de dire ce que je pense.

Henri A @ 2009-04-09 20:39:33

(ah non, zut, Charlie n’a pas encore pris le pouvoir. Dommage :-) )

Heu...si le cas se présente je lui demanderais de me nommer ministre de l’intérieur. Ainsi je m’occuperais personnellement de vos cas.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-09 21:00:02

Je trouve qu’il est présomptueux de s’intéresser aux pouvoirs. Comme si quiconque avait un pouvoir. Le pouvoir de crever comme un rat oui ! Je n’en vois pas d’autre, ultime en tous cas.

Le pouvoir est un leurre, car ce ne sont jamais les mêmes hommes qui l’ont : ils changent et passent sans jamais l’avoir eu au fond.

S’intéresser à la notion de pouvoir c’est fantasmer sa puissance absente et donc exprimer clairement qu’il n’est pas de pouvoir. Car dans le cas contraire, on ne s’interrogerait pas, on agirait et tout par le pouvoir. Ce que personne ne fait.

Henri A @ 2009-04-09 21:12:48

A l’artiste créateur qui manifestement ne paye pas les putes :

Demianou, en tant qu’ historien spécialiste de la seconde guerre mondiale et du nazisme vu que tu nous les sers à toutes les sauces, que penses-tu de ceci ?

http://cozop.com/parallax/homme_africain_est_pas_assez_entre_dans_histoire_la_preuve

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-09 21:29:18

Je pense que t’as le droit d’être con. Et que tu en abuses parce que tu aimes ça. :-)

Henri A @ 2009-04-09 21:55:44

C’est grave, ohama beach cowboy "artiste créateur".

Un ancien @ 2009-04-09 22:10:34

Ce qu’on ne peut pas défendre, c’est un modèle qui réclame la gratuité au créateur de contenu, dans le même temps qu’il demande de l’argent pour enrichir le distributeur.

Tu ne peux pas placer le marchand au-dessus du créateur, dans l’organisation économique de la société. C’est de cela dont crève notre système.

Le marchand est nécessaire, mais s’il force le créateur de contenu à travailler gratuitement, très vite la qualité se dégrade:

on le voit avec les petits paysans qui sont obligés de réduire la qualité de la nourriture, parce que le distributeur leur impose un prix trop bas.

Le problème étant que les gros distributeurs trustant le marché, le petit créateur de contenu ne peut que difficilement s’en passer.

La défense du petit créateur passe donc par la dénonciation, au moins morale, du gros distributeur abusif.

C’est parce qu’on a stigmatisé les gros distributeurs, que le public a commencé à comprendre, et s’intéresse maintenant à la vente directe de produits locaux, "pour un commerce équitable".

Le modèle Internet qui ne prévoit aucune rémunération pour le contenu, et toute la rémunération pour le diffuseur, n’est pas bon. On court à l’abime avec ce modèle, et il est temps de chercher un modèle qui remette le créateur devant.

Dans le débat Hadopi, on pouvait très bien dénoncer les abus des majors, sans tomber dans l’éloge du piratage, qui revient à l’éloge de l’esclavagisme des artistes.

Agoravox se comporte au fond comme une Major, tout en faisant croire qu’il est un petit citoyen.

Ne pas dénoncer cela c’est laisser croître un nouvel esclavagisme.

Tes "pionniers" ne servent à rien pour changer le monde, si tu en restes à ce système vicié d’un Web 2.0 qui ne profite qu’à de nouvelles majors, imposant cet odieux système de la gratuité de la création, qui n’est viable que pour les héritiers rentiers.

Les artistes créateurs ne sont pas des putes @ 2009-04-09 22:27:15

De toutes façons, aujourd’hui, ce ne sont plus que deux ou trois dizaines de retraités et d’asociaux tous paumés qui font les forums d’Agoravox. Toujours les mêmes, et c’est ça qui fait l’échec encore plus sûrement.

Car l’esclave finit par devenir le maître de l’ancien maître. Et Revelli est coincé car il survit grâce à ces petites gens qui tiennent à son journal juste pour tuer le temps et se donner l’impression qu’ils bossent pendant la retraite ou pendant l’inactivité.

Au début, il y avait la découverte de la nouveauté, maintenant c’est la dépendance des faibles qui alimente les tribunes et forums. C’est une forme d’opium misérable dans une maison de retraite-post-pôle-emploi virtuelle.

Quand j’ai compris qu’il n’y avait plus découverte, j’ai saisi aussitôt qu’il fallait partir pour sauvegarder sa dignité. Car des gens qui se battent à longueur de journée et pour rien sont des gens qui souffrent et qui ne veulent pas guérir.

Ils noient ceux-là-mêmes qui viendraient les sauver. :-)

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