Thierry CROUZET
Friendfeed ou la dissolution de la conscience
Friendfeed ou la dissolution de la conscience

Friendfeed ou la dissolution de la conscience

J’ai éprouvé hier soir une étrange sensation. Immédiatement après la publication de mon billet sur Frienfeed, il a été retwitté, commenté ici-même, sur Facebook et sur Friendfied. J’ai un moment répondu partout, puis je suis descendu sur la terrasse prendre le frais avec Isabelle avant d’aller me coucher.

À ce moment, je ne me suis pas senti bien. Mes aller-retour entre plusieurs sites m’ont donné l’impression que je me dispersais, que je m’éparpillais, sans guère de logique, sans guère choisir, juste répondant à des stimulations éloignées de mon moi numérique habituel, moi que je tiens le plus proche possible de ce que je suis à tout instant.

J’ai alors connecté cette sensation avec le sujet auquel je consacre mon temps en ce moment : le superorganisme. Et si j’avais un instant expérimenté l’entrée dans ce superorganisme ? Et si j’étais devenu un propagateur d’influx nerveux, une espèce de pousseur de bits ? Mais au passage me niant moi-même, c’est-à-dire entrant dans un superorganisme inconscient-conscient, celui justement dont la possibilité m’effraie.

Que je m’explique rapidement. Je dénombre quatre formes de superorganisme.

  1. Inconscient-inconscient (une fourmilière).

  2. Conscient-inconscient (l’humanité aujourd’hui).

  3. Conscient-conscient (l’humanité selon Chardin).

  4. Inconscient-conscient (l’humanité après que les hommes se soient oubliés eux-mêmes au profit d’un tout auquel ils ne comprennent rien).

Hier soir, l’affaire d’un instant, je me suis cru dans cette phase 4. J’ai eu peur, peur de perdre ce que je suis au profit de quelque chose d’étranger et que n’ai aucune envie de regarder en face.

Que l’humanité forme un superorganisme conscient-inconscient je n’en doute pas. C’est une façon métaphorique de nous voir qui implique quelques conséquences politiques. Que cette humanité constituée de consciences deviennent consciente, c’est envisageable. Mais l’autre possibilité, le superorganisme inconscient-conscient implique de renoncer à tout ce que nous sommes.

Jusqu’à hier soir, je croyais que cette phase 4, souvent décrite en SF, ne pouvait survenir qu’après une longue période de phase 3. J’ai changé d’avis. Nous pouvons y plonger directement si nous devenons seulement les neurones indifférenciés d’un vaste cerveau.

Nicolas @ 2009-07-24 13:05:28

[plugin wp] essaie http://blog.slaven.net.au/wordpress-plugins/friendfeed-comments-wordpress-plugin/ on vient de tester, c’est déjà pas mal ;)

Selim @ 2009-07-24 13:06:27

Très bien dit et je ne peux qu’être d’accord!

Les nouveaux sites communautaires asservissent notre conscience. Je pense surtout à FF & à FB.

Twitter me semble beaucoup plus sain : un simple moyen d’expression, selon moi.

Marina Kha @ 2009-07-24 13:19:10

Merci Thierry Crouzet de nous faire partager le vertige de votre proche surhumanité, ce foisonnement d’idées vous permettant un avis éclairé sur pratiquement tous les sujets et dans lequel beaucoup – philosophes, sociologues ou certains de vos confrères journalistes – doivent venir piocher pour continuer d’avoir quelque chose à dire.

Elannuaire Azcrea @ 2009-07-24 13:21:44

Bienvenue dans mes followers à @crouzet :o) je vous invite à consulter son excellent article http://tinyurl.com/m8urqk

Alexis Taugeron @ 2009-07-24 13:28:45

J’ai du mal à comprendre ce besoin, que vous semblez éprouver, de contrôler tout ce qui découle de vos publications. On peut raisonnablement s’attendre à ce que vous participiez à la discussion qui s’engage sur votre propre blog, c’est bien l’intérêt des commentaires. Mais pour ce qui est de Twitter, Facebook, Friendfeed, si cela vous met si mal à l’aise de tenir plusieurs conversations à la fois (et je vous comprends tout à fait), pourquoi ne pas simplement laisser votre idée prendre son envol et faire son bonhomme de chemin au travers des réseaux, sans votre participation ? Peut-être que dans quelques jours elle aura grandi au contact d’autres communautés, qu’elle aura fait des enfants, et que vous tomberez là-dessus par hasard et discuterez de ces nouvelles idées sur ce blog sans même savoir que vous en êtes le grand-père ? Personnellement je trouve cela "cool", et c’est ce que j’attends d’Internet.

Quoi qu’il en soit, je n’ai pas le sentiment de me nier moi-même en laissant filer mes idées sur le web, hors de mon contrôle...

Cela dit je trouve intéressant ce concept de superorganisme, je vais peut-être m’y attarder un peu ;-)

J @ 2009-07-24 13:36:01

je compatis à ton vertige.

bien que je ne sois pas certain que son origine soit dans ce que tu décris.

celà dit, tu prends quoi comme tisane le soir avant d’aller au lit??? ;) rires

pagesapages @ 2009-07-24 13:38:21

Toujours aussi peu réveillée mais désireuse de réfléchir à ça aussi : n’y a-t-il pas un ressort enfoui, une peur de perte de contrôle de soi qui colorerait l’approche de tous ces nouveaux connecteurs...

La peur de la dispersion de sa pensée est, (en tout cas il me semble) en lien direct avec le sentiment de confiance que l’on s’accorde.

Est-on capable de trier, d’écarter, de focaliser sur un point sans l’angoisse de "passer à côté de quelque chose", d’être exclu du flot que l’on imagine "important" ?

Peut-être que trier/écarter/focaliser nécessite un effort neuf, car les interférences du twiit et autres viennent perturber une pensée que l’on a l’habitude d’amener du point a au point b, et ces liens nouveaux avec les activités extérieures des autres utilisateurs nous forcent à des digressions, des circonvolutions imprévues (c’est aussi leur richesse d’ailleurs, cette bonne surprise qui peut surgir d’un lien inopiné).

Et puis la peur aussi de ne pas avoir sa place propre, son degré d’interférence sur autrui, celui que l’on estime légitime, qui "vaut le coup".

Je mets beaucoup de guillemets, et je réalise que ce n’est pas parce que je ne suis pas sûre de mes mots, mais parce que je parle peut-être d’autre chose, d’une réalisation de soi psychologique, de nouveaux paramètres sociométriques à définir (et là, c’est peut-être chacun pour soi...).

Est-ce que ces nouveaux supports de la parole ne la réduise pas, en la perdant dans une masse encore non-hiérarchisée ? Ou, en tout cas, n’ai-je pas peur de sa réduction ?

Bref, plus qu’un questionnement sur le super-organisme, je me demande s’il n’y a pas ici l’occasion d’une réflexion sur la perte d’une "super-individualité". Et est-ce que définir sa place ne passe pas par la remise en cause du système qui nous force à la définir ? (un peu comme un acte compulsif, naturel, humain ?)

Maintenant, il a aussi l’éventualité des champignons hallucinogènes qu’il faut absolument que j’arrête d’ingérer. :-)

Thierry Crouzet @ 2009-07-24 13:39:50

Ce@Alexis n’est pas un besoin de contrôle mais un problème d’identité si je vais commenter ailleurs. En général, je le fais jamais, j’ai décrit ce qui s’est passé dans ma tête hier soir. C’est juste un rapport d’expérience.

Je vais d’ailleurs intégrer ff à mon blog (si j’ai le courage je fais la synchro bi-directionnelle et basta).

000 @ 2009-07-24 13:40:34

Est-ce que le café du commerce est un superorganisme ?

On a un peu l’impression d’une réinvention par les mots, en leur conférent une mystique, d’un truc complètement banal :

le fait d’être emporté par une série de stimuli dans une communauté.

Ensuite en rentrant du café du commerce on s’aperçoit qu’on a perdu son temps à répondre à ces stimuli et qu’on aurait mieux fait de lire un bon livre, de regarder un film, ou de créer, ou d’aller se promener, d’être soi.

Et c’est le fait de se retrouver soi chez soi, qui établit que ce n’était pas un superorganisme, sinon par à coups.

--

C’était des instants communautaires, mais la structure mentale de l’homme retourne ensuite à ses fondements individuels.

--

C’est ce qui fait qu’on croit tout possible dans une réunion de militants politiques qui s’enthousiasment, puis qu’on découvre ensuite que tout cela était faux et superficiel: ces enthousiasmes et ces fusions collectives ne durent pas. Chacun retourne vite à ses objectifs individuels.

--

--

Comme disait Paul Valéry, l’homme est écartelé entre le type "fourmi" et le type "tigre solitaire".

Par moment il est fourmi: c’est ce que tu as ressenti avec cette dissolution de la conscience.

Et ensuite il redevient tigre solitaire: il ne sent pas bien en se livrant à la communauté.

Cet écartelement fait que l’humanité n’est pas un superorganisme, sinon par à coups passagers.

Thierry Crouzet @ 2009-07-24 13:43:25

C’est vrai que j’ai ressentit un peu la même chose lors de mon seul meeting politique :-)

Philippe @ 2009-07-24 13:47:20

RT @crouzet: Friendfeed ou la dissolution de la conscience ! Expérience live ! http://bit.ly/v2TFE

buzz-tweet.com (fr) @ 2009-07-24 13:52:22

BT @crouzet Friendfeed ou la dissolution de la conscience ! Expérience live ! http://bit.ly/v2TFE

Alexis Taugeron @ 2009-07-24 14:36:13

Un rapport d’expérience très intéressant M.Crouzet ;-) Je trouve les craintes de @pagesapages très intéressantes, et pour ma part je m’efforce de les surmonter...

pagesapages @ 2009-07-24 15:02:45

Alexis, ce ne sont pas mes craintes en fait, je tentais de déceler celles de M.Crouzet (mais visiblement, il n’a pas tilté, donc il y a moi et la plaque à côté).

Pour ma part, je n’ai pas peur de m’éparpiller sur le net, car lorsque que cela m’arrive, c’est librement décidé.

En gros, je Twitt-FF-FB à 50% du temps pour savoir, suivre, m’intéresser à l’extérieur, et les autres 50% pour "m’évader" d’une occupation difficile, prise de tête et besogneuse qui est pourtant le but premier de mes journées. Le net est souvent ma béquille, une aide pour me faire croire que je ne suis pas inactive (en tout cas cérébralement, oh, le premier qui se moque, hein :-) ). Le fait d’en être consciente m’aide sans doute à ne pas être submergée ni désorientée devant les sources et contacts divers zé variés. Et lorsque je sens que ma priorité redevient prioritaire, je déconnecte.

Comme disait Confucius "Lucidité vaut mieux que deux, tu l’auras". En gros.

elannu @ 2009-07-24 15:03:19

Après une journée d’utilisation conjointe de Twitter et Friendfeed j’ai réalisée la capture d’écran qui accompagne ce post pour illustrer cette impression très bien décrite et expliquée ici, "devenir seulement les neurones indifférenciés d’un vaste cerveau". J’ai trouvé l’expérience absolument fascinante, mais aujourd’hui j’ai beaucoup de travail... pas de twits jusqu’à ce soir... et il faut une sacré volonté pour s’y tenir... merci en tous cas pour cet article très intéressant.

Thierry Crouzet @ 2009-07-24 15:12:42

@pagesapages J’ai pas zappé. C’est que justement ça a trop à voir avec le superorganisme. Renoncer à sa super-individualité c’est justement créer un superorganisme inconscient-conscient. Y’a l’autre option où, au contraire, tout ça engendre des super-super-individualités (franchement ce qui m’intéresse le plus).

000 @ 2009-07-24 15:58:01

Reste plus qu’à coder le gène du superorganisme sur un virus de grippe A:

Bientôt "100 %" de la planète touchée par la grippe A

La propagation du virus A(H1N1) de la grippe porcine "s’approche du 100 %" de la planète, a indiqué, vendredi 24 juillet, un porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Rien qu’en Angleterre "nous pourrions voir plus de 100 000 cas par jour d’ici à la fin août".

--

Heureusement:

"le gouvernement a tout prévu.

Il envisage de convertir en "morgues temporaires" des sites dont ce n’est pas la vocation. Il propose aussi que les pasteurs organisent des "funérailles basiques et plus courtes" que d’habitude, ceci afin d’éviter l’encombrement.

Et de voir "s’il serait possible (pour les crématoriums) de travailler 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7"."

On va pouvoir mourir tranquille.

Louis-Martin Michaud @ 2009-07-24 16:58:19

Merci Thierry de tes insights!

Nous sommes en effet dans l’émergence de cette phase 3 et avons comme tâche de trouver comment favoriser l’émergence de la conscience dans cette édification d’un méta organisme. Cela me fascine et m’absorbe depuis longtemps.

Nous avons tous en mémoire un film poignant de Sci-Fi pour la phase 3 et cette perte d’individualité dans un méta-organisme est un risque possible, surtout à 2 décennies d’une éventuelle Singularité telle que Ray Kurweil l’envisage. J’en parlais hier comme de Mankind-as-a-Service, le prolongement du crowdsourcing.

Que ce soit plausible ou non importe peu, cela nous amène à nous interroger sérieusement sur ce qui devrait être l’état recherché.

Plusieurs chercheurs et pionniers de ce qui semble l’avant-garde de la gestion et de la conscience (Ken Wilber, Peter Senge, Otto C. Scharmer, Andrew Cohen) tentent de cartographier là d’où nous venons et d’identifier les premiers pas vers ce qui émerge comme futur.

Nous sommes en train d’explorer l’extension de notre conscience au-delà de notre frontière physique (biologique dirait Kurzweil). Je dirais que c’est essentiellement une nouvelle culture collective, possiblement basée sur les interactions riches possibles par le Web, qui doit émerger de la culture prévalente d’individualisme, afin de nous permettre de faire face ensemble aux défis de notre siècle.

Selon vous, que manque-t-il pour atteindre l’état de conscience-conscience ? Et pour reprendre ton propos, que manque-t-il dans cette expérience pour en retirer un sentiment positif d’inclusion et de conscience accrue plutôt qu’un sentiment d’aliénation ou de perte de conscience ?

000 - "C’est ce qui fait qu’on croit tout possible dans une réunion de militants politiques qui s’enthousiasment, puis qu’on découvre ensuite que tout cela était faux et superficiel: ces enthousiasmes et ces fusions collectives ne durent pas. Chacun retourne vite à ses objectifs individuels."

Pas faux, en même temps, pourquoi on s’y reprend à chaque fois ? N’est-ce pas parce que nous savons qu’il y a là un potentiel extraordinaire ? Ne serions-nous pas rendu au point où nous pouvons maintenant explorer les mécanismes pour mettre en oeuvre ces élans collectifs ? C’est ce que propose du moins Otto Scharmer avec la Théorie U.

Existe-t-il des groupes francophones explorant ces questions et testant des méthodes ? Je suis disponible!

@lm_michaud

000 @ 2009-07-24 17:25:53

"pourquoi on s’y reprend à chaque fois ?"

J’en reste à la phrase de Paul Valéry:

“L’homme est comme en oscillations entre le type social “abeille-fourmi”, et le type solitaire “tigre”, grand carnassier.”

(Pléiade, Cahiers II page 1524)

L’homme est cette oscillation. Il n’est ni un type solitaire pur, ni un type collectif pur.

--

On connait la fonction du sommeil, par exemple, qui recompose notre moi à l’issue d’une journée qui nous a changés:

on change au cours d’une journée,

et le sommeil nous ramène à nos fondamentaux, à notre caractère,

il reprogramme notre organisme, éliminant une bonne part des évolutions.

Cette fonction de reprogrammation du sommeil est fondamentale pour expliquer des constantes de caractère et des difficultés à changer.

Le sommeil nous ramène à nous.

On note que la privation de sommeil est souvent utilisée pour sortir les hommes du contrôle d’eux-mêmes, pour les fondre dans un groupe, pour en faire des fourmis obéissantes: à l’armée, dans certaines communautés religieuses, lors d’interrogatoires de police, etc.

--

"Les rêves seraient des moments de reprogrammations génétiques de l’individu, qui maintiendraient fonctionnels les circuits synaptiques responsables de son hérédité psychologique, celle qui est responsable de ses réactions idiosyncrasiques." (Michel Jouvet, neurobiologiste)

00000 @ 2009-07-24 17:41:29

"Dans son livre Le Paradoxe du sommeil, Jouvet propose la théorie spéculative selon laquelle

la fonction du rêve serait une reprogrammation neurologique itérative pour préserver chez l’individu l’hérédité psychologique à la base de sa personnalité."

* Membre de l’Académie des sciences en 1977

* Médaille d’or du CNRS en 1989

Il est l’inventeur en 1961 du concept de sommeil paradoxal et l’auteur de la classification du sommeil en ses différents stades

Thomas James @ 2009-07-24 19:57:39

RT: @_Jeanne: RT @nessyduloch: Friendfeed ou la dissolution de la conscience http://u.nu/5j5n @crouzet poursuit sa réflexion #FF #internet

Henri A @ 2009-07-24 21:38:22

" 1. Inconscient-inconscient (une fourmilière).

  1. Conscient-inconscient (l’humanité aujourd’hui).

  2. Conscient-conscient (l’humanité selon Chardin).

  3. Inconscient-conscient (l’humanité après que les hommes se soient oubliés eux-mêmes au profit d’un tout auquel ils ne comprennent rien)."

Ce que je n’aime pas là dedans, c’est l’utilisation de deux sens différent pour "conscient" et "inconscient".

Il ne faut pas confondre "conscience" avec "pseudo libre arbitre ou libre arbitre tout court".

La même chose avec "conscience" et "volonté".

Autant le 3 me parait extravagant mais pas impossible, le 4 me parait impossible si on prend le sens le plus stricte de "conscient" et "inconscient".

Thierry Crouzet @ 2009-07-24 21:55:39

Pas question de libre arbitre à ce stade.

organisme-superorganisme

Inconscient et conscient s’appliquent à ces deux membre

fourmis (a priori inconsciente)/fourmilière (a priori inconsciente)

Inconscient-conscient, c’est très facile à imaginer (c’est nous).

Et beaucoup d’auteur de SF ont joué avec l’idée.

00000 @ 2009-07-24 22:05:24

“conscient”

"Conscient" n’a de toute façon aucune autre signification ici que celle d’une abstraction.

C’est à dire que c’est tout simplement un viol de la notion rigoureuse de conscience, qui est une pensée subjective et pas une abstraction objectivante.

Le tout du "4" ne représente en aucun cas un phénomène de conscience.

On est dans une pure falsification intellectuelle des concepts.

--

La notion de "conscience collective" a été réfutée depuis longtemps, aussi bien par Freud le copain d’Henri que par Hans Kelsen:

« C’est comme si, outre l’âme singulière, on voulait prendre en compte une âme collective remplissant l’intervalle entre les individus, englobant tous les individus (…) pensée dans ses ultimes conséquences – du fait qu’une âme sans corps est empiriquement impossible –, cette représentation conduit nécessairement à imaginer à son tour un corps collectif tout aussi différent des corps individuels, dans lesquels on place l’âme collective. C’est par ce biais que la sociologie psychologique est amenée à l’hypostase qui caractérise la théorie de la société dite organique, une hypostase qui confine au mythologique. »

— Hans Kelsen, « La notion d’Etat et la psychologie des foules », 1922

Henri A @ 2009-07-24 22:24:55

Pour répondre à cette fabrique d’ hypostases qu’est 000, il faut éliminer le "Je" dans cette histoire pour ne pas s’emmêler les crayons.

"Inconscient-conscient, c’est très facile à imaginer (c’est nous).

Et beaucoup d’auteur de SF ont joué avec l’idée."

Je suis désolé mais c’est dans le sens plus ou moins mystique que l’on se place là ( tu en avais fait la remarque d’ailleurs ).

Le machin conscient est conscient comment, et de quoi ?

De plus :

Je ne vois pas trop le rapport dans leurs sens, entre les inconscients de 1 et celui de 4, le conscient de 2 et celui de 4 et les conscients de 2, 4 et ceux de 3 que l’on pourrait renommés « conscient ++ ».

000 @ 2009-07-24 22:47:36

Sur la psychologie des foules, l’âme collective, etc.

32 pages à lire en ligne :

http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/2042/15686/1/HERMES_1988_2_134.pdf

Hans Kelsen fait le tour de la théorie de Le Bon sur l’âme des foules, celle de Durkheim sur le lien social, la critique de Freud, etc.

Une bonne base.

Thierry Crouzet @ 2009-07-24 22:54:03

C’est quoi ce délire Henri.

Nos cellules sont inconscientes, nous sommes conscients.

Inconscient-Conscient (c’est nous).

Et rien à foutre de ce qu’on appelle conscience (personne n’a jamais réussi à définir mais nous savons ce que c’est parce que nous en faisons l’expérience - et nous supposons que les cellules ne sont pas conscientes).

000 @ 2009-07-24 23:04:48

"nous en faisons l’expérience"

La conscience c’est précisément ce que quelqu’un expérimente, ressent.

Il n’y a rien de connu au-dessus des individus qui expérimente et ressent.

La foule n’expérimente pas et ne ressent pas.

Seuls les individus ressentent les choses, donc pas de conscience au-dessus des individus.

Carlo Revelli @ 2009-07-25 00:39:30

"Hier soir, l’affaire d’un instant, je me suis cru dans cette phase 4. J’ai eu peur, peur de perdre ce que je suis au profit de quelque chose d’étranger et que n’ai aucune envie de regarder en face"...

Je sens que tu as besoin de repos... Je plains ceux avec qui tu vas passer quelques jours de vacances... :-)

Pierre Tran @ 2009-07-25 01:27:12

Friendfeed ou la dissolution de la conscience http://bit.ly/dMmuA (via @css4design)

Henri A @ 2009-07-25 12:36:18

Ce n’est pas un délire, c’est ma maniaquerie.

"Nos cellules sont inconscientes, nous sommes conscients.

Inconscient-Conscient (c’est nous)."

Ok, mais cela n’a aucun rapport avec le 4.

Les gens seraient comme lobotomisés ? Défoncés à mort ? Si ce n’est pas le cas, des gens n’auraient pas de sens critique, de mémoire à court et long terme et malgré tout ça, ils seraient "conscients".

A part le coma ( et encore ), un homme reste conscient ( pas dans le sens super conscient ).

Caracciolo aux citoyens sans culotte ! @ 2009-07-25 12:48:14

Avec la théorie du superorganisme, il faudra redistribuer les héritages :

nous sommes tous des enfants de l’humanité,

et pas d’un Caracciolo ou de je ne sais quel prince ou trou du cul du web.

Les héritages redistribués aux citoyens !!

Superorganisme sans culotte.

Thierry Crouzet @ 2009-07-25 12:53:17

C’est pour ça que 4 pas cool du tout henri !

J’imagine un scénario où nos consciences se fondent avec celle du superorganisme et disparaissent. C’est ce que j’ai tenté d’exprimer dans le livre.

000 @ 2009-07-25 13:01:57

Le seul superorganisme qui a figure humaine intéressante, c’est l’orchestre symphonique.

Mais outre qu’il y a un chef (on peut à la rigueur s’en passer), il y a surtout une partition (qui est le véritable chef, indiquant la direction, le chemin, faisant la cohésion entre les parties).

De même les fourmis ont une partition dans leur code génétique.

Pas de superorganisme sans partition.

Et être esclave d’une partition, ça va pour le temps d’un concert, pas pour toute la vie.

Thierry Crouzet @ 2009-07-25 13:11:24

Tu as une conception de la musique qui date ;-)

000 @ 2009-07-25 13:23:36

La musique n’a pas progressé depuis les grandes polyphonies de la Renaissance.

Il y a des nouveautés rythmiques ici ou là, mais à part Bach qui puise largement dans le contrepoint renaissant, guère de progrès.

La démocratie a tiré l’exigence vers le bas.

Henri A @ 2009-07-25 13:44:45

Et les musiques indiennes, chinoises, etc...?

La dissonance ? L’atonalité ? Dédaco-machin ? Les sons électroniques ? La musique concrète ?

000 @ 2009-07-25 14:53:51

A la Renaissance, la musique a atteint son apogée sur le plan cérébral: la complexité du contrepoint.

Par exemple le motet à 40 voix de Tallis, Spem in alium.

Ensuite la musique n’est jamais montée plus haut, sur ce plan de la complexité cérébrale, du jeu mathématique avec les sons.

Elle est retombée pour une part à sa fonction de base: le rythme, la danse, la mélodie.

Le contrepoint a reculé. Il est redevenu au mieux un outil, mais plus le but.

La musique dodécaphonique a au mieux retrouvé cette polyphonie ici ou là (Schoenberg avait écrit un traité de contrepoint), sans vraiment la surpasser.

--

On aurait pu imaginer qu’à partir du contrepoint à 40 voix de Tallis (1570), la complexité se serait poursuivie, le cerveau de l’homme se serait alors transformé, devenant beaucoup plus mathématique: travaillant de plus en plus la complexité des combinaisons.

On aurait pu imaginer un cerveau jonglant avec 200 voix en contrepoint, 300, 500, 1000...

Le cerveau serait devenu un vrai système informatique capable de jongler avec des niveaux de complexité sans précédent, prenant son plaisir dans cette complexité architecturale.

Mais non, la Renaissance a marqué un sommet, et par la suite les hommes n’ont plus cherché à étendre cette complexité mathématique des combinaisons sonores.

On a une exception avec Bach qui parvient à combiner à la perfection les trois éléments de la musique:

  • le rythme, la mélodie, le contrepoint.

Mais en dehors de quelques oeuvres qu’il présente comme des exercices pour élèves (l’art de la fugue notamment), le contrepoint n’est plus l’objet ultime de l’oeuvre.

J @ 2009-07-25 14:55:44

c’est quoi cette idée de ’’progrès’’ dans la musique 000 ?????

000 @ 2009-07-25 15:04:25

Progrès au sens de complexité.

Un motet à 40 voix en contrepoint est plus complexe qu’un rythme simple sans contrepoint.

J @ 2009-07-25 15:06:05

ah d’accord...

ben dis donc...

Henri A @ 2009-07-25 15:37:45

000/100 :

Tu es le meilleur musicologue de ta rue, quoique.

Qu’est-ce qu’il faut pas lire à défaut d’entendre.

000 @ 2009-07-25 15:46:34

T’aimes bien donner des notes, toi.

A part ça...

Donne-moi un lien vers ce que tu considères comme le meilleur de la musique actuelle.

Henri A @ 2009-07-25 16:01:19

Un contrepoint à deux voix de temps en temps seulement, mais bougrement efficace !

http://www.youtube.com/watch?v=FjAsAHU4-M0

000 @ 2009-07-25 16:08:18

C’est de la musique à la U2 ça.

C’est juste bon pour exciter le cerveau reptilien.

Je te parlais de musique pour le cerveau évolué.

J @ 2009-07-25 16:43:17

j’t’en foutrais du reptilien pas évolué

:)

pas mal du tout ce lien henri : couillu et ... savant.

j’écoute pas mal ce genre de choses en ce moment, Rza particulièremt : http://www.youtube.com/watch?v=P93PCSDa6_o&feature=related

+

avec tous plein d’animaux : http://www.youtube.com/watch?v=bwKd69F4Blk

000, un lien tout pour toi, c’est pas reptilien mais plutôt canin, baaaah ;)

http://www.youtube.com/watch?v=5h_byk_uKoU

Henri A @ 2009-07-25 17:18:45

Un peu de pédagogie au lieu de faire le perroquet savant :

http://www.youtube.com/watch?v=xY_GMnQvj6E&feature=PlayList&p=CE480D16F5DC6DD1&index=2

Pour Thierry :

Bonne expérience pour atteindre une conscience multi quelque chose.

Essayer de suivre les quatre voix comme un tout et les quatre voix indépendamment en même temps.

J @ 2009-07-25 18:18:01

ceci me semblerait plus adapté, car largement infiniment largement au delà de la pédagogie :

http://www.youtube.com/watch?v=OFuUrUWfo5Q

000 @ 2009-07-25 19:42:47

"ceci me semblerait plus adapté,"

Glenn Gould était un grand fan de la musique de la renaissance.

Pour Gould le contrepoint était l’essentiel de la musique; le reste c’était pour les veaux et pour Henri A.

"Bonne expérience pour atteindre une conscience multi quelque chose"

Le top de l’expérience de fusion mystique à 40 voix (mais avec YouTube les 40 parties sont un peu noyées):

http://www.youtube.com/watch?v=ncsqIe-S-Fg

Sommet de la bravitude à 06:33 jusqu’à 07:33 : sur les mots "Creator coeli et terrae"

On a l’impression d’assister à la formation de la première cellule d’ADN du Superorganisme.

(Ne pas confondre avec Superonanisme, ça c’est J)

00000 @ 2009-07-25 20:07:06

Et quand Glenn Gould est passé à la composition, c’était ... pour écrire une fugue:

http://www.youtube.com/watch?v=PvtsoLKYIu8

--

Sinon, je ne suis pas fan de Karajan, mais dans ses vidéos il a souvent mis le focus sur le côté très organique de l’orchestre, et pour le coup on a vraiment l’impression d’un superorganisme, comme ici:

http://www.youtube.com/watch?v=LdfNTO_o-3k

On a là une représentation assez idéale d’un superorganisme, où le chef ne ferait qu’amener chacun à son sommet.

Mais il y a une partition ! Et chaque partie a accepté la partition, et la sert au mieux.

200 musiciens sans partition, s’auto-organisant, ce serait la cacophonie.

L’impro au jazz ça marche pour les toutes petites formations.

Henri A @ 2009-07-25 20:10:07

Heu...agent 000, comment dire ?

C’est un peu comme ceux qui pensent que nous utilisons que 10 % de notre cerveau.

Il n’y a pas 40 mélodies en même temps calamar !

Si ça arrive de temps en temps à 6, voire 8 c’est le maxi.

Si tu arrives à siffloter les 40 voix une par une du début à la fin, tu viens me voir.

Si tu arrives à suivre 2, voire 3 voix en même temps, tu viens me voir.

Au delà je te conseille de monter un numéro de cirque.

Les voix humaines n’étant pas particulièrement percussives contrairement au piano, le tempo étant lent, cette musique est loin d’être si complexe que cela.

J @ 2009-07-25 20:25:33

putain OOO, tu es la preuve vivante que Culture et Intelligence sont deux choses différentes :)

Progrès de la musique.

Que le contrepoint que lui.

Musique pour cerveau reptilien versus musique pour cerveau évolué...

Grave tout ça quand même, à croire que tu le fais exprès... :)

Conseil : cultive toi moins, intelligente toi plus, et si tu as un moment pour t’y aider fréquente par exemple plus d’agriculteurs et d’ouvriers qui n’ont pas eu le temps d’apprendre toutes tes références.

000 @ 2009-07-25 20:30:51

"Il n’y a pas 40 mélodies en même temps calamar !"

Il y a 8 choeurs de 5 voix dans ce motet de Tallis.

On a des exemples plus savants en contrepoint pur, mais la magie de ce motet c’est sa perfection harmonique.

C’est un bijou musical, et c’est l’intérêt. Sinon on a souvent des exercices d’école.

Même l’Art de la Fugue de Bach, que j’adore, est davantage un exercice d’école, sans parler des essais de Schoenberg qui frisent souvent la démonstration technique.

Dans ce motet de Tallis, on vise une harmonie parfaite, se déployant sur une base de contrepoint très complexe.

Cet équilibre entre contrepoint et harmonie fait que c’est de la musique, complexe mais de la musique, et pas de l’érudition ou de la démonstration savante.

00000 @ 2009-07-25 20:48:09

"Si tu arrives à suivre 2, voire 3 voix en même temps, tu viens me voir.

Au delà je te conseille de monter un numéro de cirque."

Le contrepoint complexe n’est pas fait pour suivre chaque voix une à une.

Il construit une harmonie faite d’infimes décalages sonores.

On aboutit à une harmonie extrêmement dense et riche de résonances, qui se déploie dans toutes les dimensions du temps, qui contient comme plusieurs dimensions du temps à chaque instant.

C’est comme une fusion des dimensions spatiales et temporelles: chaque aplati harmonique contient une sorte de déploiement temporel qui le tire hors de ce qu’il est pour être aussi autre chose en devenir et en passé.

On a un jeu avec les volumes et les plis, les infinis, les plans et les arrières plans,

comme la richesse des détails chez van Eyck (dont on parlait dans un autre billet de Thierry) ou le jeu des monades chez Leibniz.

C’est une musique qui vise à contenir l’infini, elle s’inscrit pleinement dans cette utopie de la Renaissance qui avait soif de connaître tout l’univers.

On a souvent rapproché van Eyck des compositeurs de contrepoint, d’ailleurs.

000 @ 2009-07-25 21:05:47

Voir aussi l’illustration du disque Utopia Triumphans contenant le motet de Tallis:

on y retrouve cette architecture de l’infini :

http://ecx.images-amazon.com/images/I/61kPvnwRKDL.jpg

Henri A @ 2009-07-25 21:40:54

"Le contrepoint complexe n’est pas fait pour suivre chaque voix une à une."

Ah bon. Et les chanteurs ( musiciens ), chantent en pensant à toutes les parties en même temps ?

"C’est une musique qui vise à contenir l’infini, elle s’inscrit pleinement dans cette utopie de la Renaissance qui avait soif de connaître tout l’univers."

C’est de toi cette connerie répugnante et dangereuse ?

C’est en parti à cause de ce genre de discours précieux, pédant de non pratiquant que dès que l’on me parle d’ "art", je sors mon flingue.

Par contre je n’ai rien contre la vue d’un artisan pratiquant son art, encore moins quand il m’explique ce qu’il fabrique qui est le contraire de ce genre de discours.

000 @ 2009-07-25 21:54:19

“Si tu arrives à suivre 2, voire 3 voix en même temps, tu viens me voir"

Je te renvoie aussi à la théorie de l’art chez Proust, puisque tu es lecteur de Proust:

--

"Il fut devant le Ver Meer, ... où, grâce à l’article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. ...

« C’est ainsi que j’aurais dû écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs,

il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune. »"

--

Le motet à 40 voix de Tallis, c’est cela : plusieurs couches.

Le beauf n’entend pas toutes les voix, de même que le beauf ne voit pas les détails peints par Van Eyck dans le tableau du Chancelier Rolin, ou dans la vue de Delft de Vermeer.

Et le beauf trouve que Proust est trop long.

Et que Bresson c’est chiant. (Souvent il ne sait pas que BREsson existe et il croit qu’il n’y a que BEsson qui fait du cinéma).

--

Mais les Happy few, et l’art n’est fait que pour les Happy few, qui prennent le temps et l’attention, les happy few voient ces détails et c’est ce qu’ils aiment:

une matière dense, qui en chaque détail contient encore plusieurs couches d’art, qui ne se moque pas d’eux.

-

Tu remarques aussi que Proust note l’importance du critique: l’oeil ne voit pas spontanément, et c’est grâce au critique que Bergotte découvre toute la richesse du Vermeer.

"Grâce à l’article du critique..."

Proust ne considère pas le critique comme un pédant inutile. L’art passe par une éducation de l’oeil, de l’oreille, du goût.

--

C’est ce qui distingue l’art de la publicité utilitariste, où il suffit d’un décor en carton pâte pour faire illusion, de loin.

-

Et ce que je trouve par exemple insupportable dans ta musique, le plus souvent, c’est une basse continue et rythmique extrêmement grossière et vulgaire, insupportable.

A côté de ça il y a quelques idées intéressantes, mais en tant que tout il manque cette perfection du détail, ce bon goût du détail, ces plusieurs couches.

(C’est pareil chez U2, mais je n’ai jamais considéré U2 comme du grand art. C’est un truc d’adolescents.)

00 @ 2009-07-25 22:22:35

"Et les chanteurs ( musiciens ), chantent en pensant à toutes les parties en même temps ?"

Les chanteurs chantent leur partie, mais dans une composition complexe qui comprend un grand nombre d’interprètes, l’auditeur ne se met pas à la place de chaque partie. Il entend un tout organique et pas une collection de parties isolées.

Le contrepoint apparaît dès lors davantage dans son résultat harmonique riche (comme les plusieurs couches du tableau de Vermeer), que comme suite de lignes indépendantes.

Cette pièce est une des plus difficiles à interpréter, et très peu de chorales en sont capables.

Celle de Paul Van Nevel est d’une qualité exceptionnelle.

-

Il y a aussi les Tallis Scholars qui sont très bons, mais il y a un peu moins d’onctuosité fusionnelle que chez Van Nevel. (En revanche on perçoit un peu mieux les lignes):

http://www.youtube.com/watch?v=U2tEt5q7Glo

(Le passage "Creator..." est beaucoup moins mystique chez les Tallis Scholars que chez Van Nevel)

--

Sinon tu as aussi un contrepoint à 2 voix ce soir sur France 3 :

Duel, de Spielberg, à 23h55

000 @ 2009-07-25 23:27:23

"Il n’y a pas 40 mélodies en même temps calamar !"

Plus d’infos à ce sujet:

"Tallis dispose ses chanteurs en groupes de huit chœurs à cinq voix (soprano, alto, ténor, baryton et basse) et il semble probable qu’il voulait les disposer en fer à cheval. La pièce commence avec une seule voix du premier chœur ; les autres voix la rejoignent progressivement en imitation puis, tandis que les premières voix s’arrêtent, le son évolue le long de la ligne du premier chœur jusqu’au huitième.

Pendant la quarantième brève, les quarante voix font leur entrée simultanément pendant quelques mesures, puis le processus s’inverse lorsque le son repasse du huitième chœur au premier. Après un autre bref tutti, les chœurs chantent en groupes de deux, projetant le son pour traverser l’espace qui les sépare, jusqu’à ce que les voix finissent par se rejoindre dans une splendide apothéose."

Henri A @ 2009-07-26 02:24:30

Regardes la partoche petit con au lieu de répéter des conneries comme les journalistes.

000 @ 2009-07-26 13:45:14

"au lieu de répéter des conneries comme les journalistes"

Pour un mec comme toi qui utilise le premier (mauvais) résultat Google venu pour "défoncer un adversaire" (cf les sacs plastiques), ton mépris des journalistes commence vraiment à être gonflant.

On lit simplement 100 fois moins de conneries dans les papiers des journalistes, critiques professionnels, et experts, qu’on en lit sur les blogs.

Alors laisse ça à ceux qui en font leur fond de commerce, Agoraconnerie.vox et autres attrapes couillons démagos qui veulent devenir princes à la place des princes, comme le ci-devant Carlo Machintruc.

En l’occurrence le passage que j’ai cité n’a rien d’une connerie. Et je n’échangerai pas un journaliste musicologue sérieux contre tout Cozop.

00000 @ 2009-07-26 14:20:51

Elle est ici ta partition:

http://www.cpdl.org/wiki/images/5/55/Tallis_Spem_in_alium_full_score_PML.pdf

Et comme d’habitude tu t’es trompé.

C’est beaucoup plus complexe que ce que tu as entendu avec tes petites oreilles.

Encore une fois tu t’es trompé en affirmant pompeusement:

"Si ça arrive de temps en temps à 6, voire 8 c’est le maxi."

Va donc voir la page 16 : 40 voix différentes.

Et d’autres pages semblables.

40 voix différentes avec chacune sa ligne mélodique, et tu n’en entends que "8 maxi". C’est à peu près la mesure de ton entendement des choses. 1/5e.

Henri A @ 2009-07-26 15:35:35

Je te présente mes excuses 000 pour l’insulte méprisante.

Je remplace ce détestable "petit con" par "misérable banane à moitié folle" qui est plus dans mon style.

La partoche dont je parlais est justement ton lien. Je n’ai pas utilisé mes vastes oreilles. Cette généralité que j’ai proférée “Si ça arrive de temps en temps à 6, voire 8 c’est le maxi.” est une espèce de règle relativement importante parce que physique.

J’utilise exprès par contre le terme "connerie" quand il s’agit de hiérarchiser les musiques diverses et mondiales.

Dans le rock / pop ( quoique pas souvent ) on n’arrive à ces 6 voire 8 "voix".

Dans le jazz cela se fait plus couramment.

Dans la musique classique symphonique contrairement à ce que l’on pourrait croire on dépasse très rarement ces 8 "voix".

Dans le contrepoint de compétition, c’est la même chose.

Pour ce qui est de la partoche, a part le fait que à première vue on voit pendant une, deux ? mesures presque 40 parties gribouillées, dans le détail tu prends une règle et verticalement, vérifies si 40 notes différentes sont joués en même temps à un moment donné.

Sachant que dans notre musique supérieure il n’en existe que douze, on atteint une première limite.

Le contrepoint de cette époque avaient des règles très strictes qui empêchaient certaine tournures, ce qui limitait un peu plus la limite des 12 notes à 8.

Je ne raisonne pas dans ce cas comme un magnétophone 40 pistes indépendantes. Je raisonne en termes de règles harmonique et du contrepoint de l’époque.

Dans le lien pédagogique sur Bach par exemple, que j’ai laissé plus haut, on le voit très bien.

000 @ 2009-07-26 16:19:06

Il y a une différence fondamentale entre une musique juste faite pour danser;

et une musique construite comme une architecture ou un grand roman.

George Clinton, que tu cites en référence, plus personne n’écoutera dans 500 ans.

C’est juste bon pour aller en boite.

Le motet de Tallis, 500 ans après il vit toujours, et il passionne encore les musicologues et les interprètes d’exception du monde entier.

Mais 500 ans après Monsieur Henri, très sûr de lui, vient expliquer que le fameux motet à 40 voix n’est pas à 40 voix, mais à "7 ou 8 au mieux".

Et pour cela tu ranges sous le tapis tout ce qui dépasse "oh ça ne dure que quelques mesures", "oh ce ne sont pas 40 notes différentes" ...

ça montre juste que tu ne sais pas ce qu’est le contrepoint, la différence de rythme qui compte aussi, et pas seulement la différence de note.

Si depuis 500 ans ce motet se nomme "Motet à 40 voix", c’est qu’il est à 40 voix, et pas à 7 ou 8.

Tu as décidé de montrer que ce n’est pas si intéressant que cela, et ce faisant tu fermes ta sensibilité et ton honnêteté, juste pour le plaisir de glisser des peaux de banane.

--

Si tu n’es pas sensible à la beauté de cette architecture, qui part de quelques voix puis arrive à 40, en maintenant une perfection harmonique à chaque rencontre des voix, retourne bouger ton cul sur George Clinton mais cesse de donner des leçons de musicologie.

Henri A @ 2009-07-26 16:30:11

Tu es une espèce de Spengler des années 2000. Ça craint.

000 @ 2009-07-26 16:42:08

Et oui.

Ne te reste plus qu’à écrire un article sur les "petites frappes spengleriennes des années 2000".

Rien de tel que de dénigrer l’interlocuteur quand on n’a pas de réponse solide sur le fond.

--

Par ailleurs, 6 voix en contrepoint classique, c’est beaucoup plus dur que 6 voix en rock.

Vu que les règles harmoniques sont beaucoup plus contraignantes.

Tu ne comprends rien en ne faisant que compter les notes différentes.

Un Kyrie à 3 voix de Byrd c’est une perfection.

Les messes de Tomas Luis de Victoria, qui vont jusqu’à 12 voix de contrepoint, c’est autre chose que 12 instruments en rock.

Henri A @ 2009-07-26 17:30:16

"Rien de tel que de dénigrer l’interlocuteur quand on n’a pas de réponse solide sur le fond."

Ton bla bla devient de plus en plus ridicule.

Sais tu qui est George Clinton ?

Sais tu qui sont ses musiciens ( ceux qui sont déguisés dans le clip ) ?

En tant qu’instrumentistes, ce sont des mythes en funk, rock & blues, jazz. Certains sont prof à Bercley, d’autres arrangeurs, d’autres musicologues.

Arrêtes la branlette avec proust.

Il existe des musiques très élaborés dans pratiquement tout les genres musicaux.

Il se trouve que U2 malgré leur succès sont des primitifs dans leur propre genre musical.

Pour ce qui est du contrepoint, arrêtes tes clowneries ! Je suis très loin d’être un expert en la matière, mais après quelques années d’apprentissages et de pratique, je sais un peu de quoi je parle.

Je peux te pondre un truc en contrepoint à 3 voix en 5 minutes.

Pour information :

40 mélodies différentes en même temps nécessiterait un tempo extrêmement rapide. Essaies de comprendre comment fabriquer un morceau à trois voix, après tu me feras un cours.

http://www.polyphonies.eu/lemensuel/article.php3?id_article=232

000 @ 2009-07-26 18:12:31

"Ton bla bla devient de plus en plus ridicule"

Parce que tu n’es pas ridicule quand tu dis que le motet de Tallis à 40 voix n’est pas à 40 voix ?

Tu as raison contre 500 ans de musicologie ?

Tu vas envoyer un communiqué pour réfuter son appellation ?

Tu ne sais simplement pas de quoi tu parles.

-

"des mythes en funk"

Tu es ridicule en comparant de la musique faite pour bouger le cul, aux plus grandes créations architecturales de la musique de tous les temps.

Je ne suis pas anti-rock, j’en écoute, mais je fais la différence avec une grande architecture musicale classique.

Pour toi la musique c’est juste le rythme, tu es insensible à l’architecture.

-

C’est comme si tu comparais le forum des Halles à la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, et tu ne comprends pas pourquoi c’est différent.

Et tu me dis que l’architecte du forum des Halles enseigne ici ou là.

--

"Je peux te pondre un truc en contrepoint à 3 voix en 5 minutes."

Vu ton goût, ça ne m’étonne pas que tu penses pouvoir le faire.

Le tout n’est pas d’aligner des notes mais de créer un truc qui a une âme.

Ah oui, tu n’aimes pas le mot "âme".

Mais c’est pas avec son cul que Tallis a créé son motet.

Le passage sur la création du monde est sublime de sensibilité et de finesse.

Si tu avais de la finesse tu ne supporterais pas l’horrible basse continue de George Clinton.

Henri A @ 2009-07-26 19:07:58

"Il n’y a pas 40 mélodies en même temps calamar !

Si ça arrive de temps en temps à 6, voire 8 c’est le maxi."

Tout ton bla bla vient de là petit con !

Tu es complètement malade, mon pauvre. Tu inventes comme d’habitude des conversations avec des tiers qui n’existent pas. Tu ne serais pas autiste par hasard ?

Qui a dit que je n’apprécie pas la musique classique ?

Je joue du Bach au piano, imbécile, depuis l’age de 10 ans ! A la guitare à 15 ans !

T’as entendu un morceau fait sur le pouce en apprenant au fur et à mesure la MAO, et tu me le ressort à chaque fois pauvre tache !

C’est quoi cette ethnocentrisme à la con, implicitement raciste en plus !

http://www.youtube.com/watch?v=-MTdQVPViiI&feature=related

Cela traduit bien mon état d’esprit "on est pas sauvés !".

hug\_h @ 2009-07-26 19:39:11

Liked "Friendfeed ou la dissolution de la conscience [Le peuple des connecteurs]" http://ff.im/-5I8zC

000 @ 2009-07-26 19:46:40

Mon vieux, c’est toi qui invente des trucs.

Tu n’as rien compris au contrepoint de la Renaissance.

Tu prends pour base les exercices de Bach, qui sont des exercices.

L’Art de la fugue c’était pas écrit pour être joué en public. C’est une démonstration, un exercice, alors il tire ses voix depuis le début, c’est carré, paf, A à Z.

-

Tallis il crée une oeuvre, dont l’architecture correspond à une mystique, se fonde sur un texte.

Il ne tire pas ses 40 voix depuis le début comme dans un exercice d’école.

Je te signale que bien plus haut j’ai cité le principe constructif du motet:

"25 July 2009 @ 23:27

Pendant la quarantième brève, les quarante voix font leur entrée simultanément pendant quelques mesures, puis le processus s’inverse"

Tu n’as visiblement pas lu.

On n’a jamais dit que les 40 voix entamaient une mélodie de la première mesure à la dernière, c’est toi qui invente ça comme si c’était le principe sine qua non d’un motet à 40 voix.

Tu n’as strictement rien compris à sa volonté de construire une architecture complexe avec évolutions spatio-temporelles, tu voudrais 40 voix présentes de A à Z chantant Au clair de la lune en contrepoint à 40 mélodies.

Jean Sébastien B @ 2009-07-26 20:11:53

Hihihi.

Avec Wolfgang là haut, on se disait que c’était vraiment n’importe qui pouvait parler de notre musique en ce 21e siècle, n’importe qui.

Plus grave : c’est vraiment n’importe qui qui peut parler de LA musique ainsi.

Allez, on va se mettre un p’tit James Brown ou un autre de ces génies pour danser avec les anges.

;)

Henri A @ 2009-07-26 20:20:04

Cites tes sources, comme je l’ai fais avec les sacs plastiques.

XL, pour chœur extra-large ! XL, pour 40, 40 comme le nombre de voix du célèbre motet de Tallis, Spem in alium. XL, titre d’une ambitieuse partition chorale du compositeur anglais Antony Pitts (né en 1969), en hommage à Tallis, son glorieux prédécesseur à la Chapelle Royale.

Cet enregistrement devrait faire date dans le répertoire choral. Le SACD est techniquement réussi: cinq configurations différentes ont été adoptées, en fonction de l’agencement spatial des compositions, les possesseurs d’installations multicanal apprécieront! Quelques secondes suffisent pour être happé par les quarante voix du Spem in alium de Tallis. Cette plongée en apnée sonore est saisissante: chaque voix apporte sa vibration à cette cathédrale sonore qui semble jaillir soudain des profondeurs. La montée en puissance procède par vagues successives de lignes polyphoniques qui se répondent et s’interpénètrent, passant d’un chœur à l’autre jusqu’au paroxysme ultime de la totalité des voix. Musicalement, le résultat est plus que probant. Seuls Paul Van Nevel et son Huelgas-Ensemble (Sony) sont parvenus à faire mieux, en instillant dans chaque ligne polyphonique ce zeste de souffle qui vous rappelle que l’on chante bien un verset du psaume 40...

L’œuvre de Pitts est fort intéressante, lisible et par moments hyper-expressive, notamment la troisième partie qui explose sur les paroles "et dedit in ore meo". Autre sommet de ce disque, le fragile et miraculeux "Immortal Bach" de Knut Nystedt, à partir du choral "Komm, süßer Tod" BWV 478. L’œuvre figurait dans le disque d’Accentus. Elle trouve là sa version de référence, par le parfait rendu sonore des timbres et l’impeccable maîtrise des dissonances qui créent, par empathie, des vibrations uniques. La prise de son contribue à ce résultat étonnant. Rien que pour cette composition, ce disque mérite de figurer dans votre discothèque. XL, comme excellence!

--Sylvain Gasser

Tu en a fait l’expérience j’imagine en mp3 ?

Pour information :

George Clinton peut jouer Les Variations Goldberg avec sa bite, entre autres. Et je ne suis pas sur de plaisanter.

000 @ 2009-07-26 20:44:36

"Cites tes sources"

J’avais mis les guillemets.

Le style de ce mec est assez vulgaire, mais le passage que je citais décrit néanmoins la chose avec justesse.

C’est pas une contre-vérité comme ta source Google sur les sacs.

Mine de rien je bosse aussi donc je n’ai pas tout le temps pour chercher les meilleures études sur le sujet tout de suite. En plus je crois que tu ne parles pas anglais et les meilleures études sont souvent en anglais, sur le Net.

-

Sinon pour passer le temps, voici le cycliste qui a fait l’ouverture du JT, sans avoir gagné une seule étape du tour. très fort:

http://zigzornif.com/wp-content/uploads/2008/10/nicolasfaitduvelo.jpg

Et Chirac qui jubile en lui souhaitant "un bon rétablissement". C’est sûrement le plus beau jour de la vie de Chirac.

00040 @ 2009-07-27 01:57:46

"Certains sont prof à Bercley, d’autres arrangeurs"

Bigre !

Tallis "compose et tient l’orgue pour"

(excuse du peu):

"Henry VIII,

Édouard VI,

Marie Tudor,

et Élisabeth I"

Avec "privilège exclusif pendant vingt-et-un ans d’importer, imprimer, publier, vendre de la musique et d’imprimer du papier musique".

Marie Tudor, dite « la Sanglante ».

Elle n’aimait pas le funk.

Spem in alium, hymne de la blogosphère @ 2009-07-27 02:28:45

Le dernier mot sur "Spem in alium" revient à "randomcheesecake555", de YouTube:

"the composer is? not human"

Voilà. C’est le Superorganisme incarné et incarnant.

Et pour le blog "zvezdoliki":

"Le Tallis, Spem in alium c’est tellement beau qu’on devrait l’instituer hymne de la blogosphère"

http://zvezdoliki.net/blog/2005/07/11/4-ensemble-huelgas-a-saintes-14-juillet

Iza @ 2009-07-27 10:07:41

en tous cas, vous donnez vraiment envie de les écouter ces morceaux. Merci pour ça.

elannu @ 2009-08-02 02:33:15

Du pure son, qui n’a certainement rien à voir avec ce que veut dire le mot musique pour 000, mais c’est tellement bon ^^ et à quoi pourrait servir la moindre note si ce n’est pas simplement pour que ce soit bon :o) http://blip.fm/profile/azcrea/blip/18305956/Minimono-Ratman_Hugo_rmx

Maryvonne Piétri @ 2009-08-03 10:22:11

Meditation RTFriendfeed ou dissolution de la conscience http://bit.ly/UnVo1

Philippe\_Paul Lamber @ 2009-08-17 17:56:02

Friendfeed ou la dissolution de la conscience http://bit.ly/UnVo1

Stella Star @ 2009-08-18 03:43:07

Vous n’auriez pas lu Robert Charles Wilson par hasard ? :-)

Thierry Crouzet @ 2009-08-18 07:52:19

Jamais lu, désolé... je vais y songer. Par où commencer ?

Stella Star @ 2009-08-18 15:07:36

Je pense que vous vous y sentirez comme chez vous...

"Spin" et "Axis" sont un bon point de départ.

Je ne connais pas les titres français des autres - nombreux - romans, qui devraient vous paraître tout aussi familiers, bien qu’inégaux. Darwinia est un pensum, en revanche...

Thierry Crouzet @ 2009-08-18 15:19:15

Je commande... merci !

Stella Star @ 2009-08-18 15:24:02

J’espère que ce n’est pas trop mal traduit, ou bien que vous lisez l’anglais...

Thierry Crouzet @ 2009-08-18 16:52:47

J’ai commandé la VO.

George Por @ 2009-08-21 19:11:17

Friendfeed ou la dissolution de la conscience http://bit.ly/7QOI8 Deep insights about us, the superorgamism

lentremetteur @ 2009-08-26 08:42:16

Lis l’article de Thierry Crouzet #LePeupleDesConnecteurs http://bit.ly/UnVo1

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