Thierry CROUZET
Réponse de Chris Anderson
Réponse de Chris Anderson

Réponse de Chris Anderson

Après mon mail, Anderson m’a tout de suite répondu au sujet de Free version française :

This is totally the call of each national publisher. I only worked directly with the English-language ones (UK and US), and we worked hard to make it free in both countries. But I haven’t had any contact with the others (these deals are negotiated by my agent) and am afraid I don’t really have any influence with them :-(

On comprend que la guerre du free ne fait que commencer. Que Pearson est à blâmer en France parce qu’il publie un livre sans respecter la volonté de l’auteur et encore moins la philosophie du livre publié. L’édition s’enfonce doucement, se replie sur elle-même comme la bête qui sent le danger.

Thierry Crouzet @ 2009-08-29 07:13:21

Je viens de publier la réponse de Chris Anderson à mon article sur #free http://bit.ly/16BART

small•talks @ 2009-08-29 08:30:33

BookMark: Réponse de Chris Anderson http://ow.ly/15MULq

Philippe @ 2009-08-29 09:40:08

J’adore Anderson à beaucoup d’égards et j’apprécie sa capacité à synthétiser et "pitcher" des concepts de fonds comme il l’a encore fait avec Free. Mais soyons aussi réaliste, il a l’influence et la liberté suffisante pour mettre son bouquin en PDF sur wired en Creative Commons.

Citons pour exemple Corry Doctorow (http://craphound.com) et Lawrence Lessig. Ce dernier permettant d’ailleurs de télécharger l’excellent "Free Culture" (http://www.lessig.org/blog/).

Web 0.0 @ 2009-08-29 15:23:48

Je ne comprends pas cette fascination pour la destruction de la valeur économique de la culture.

Le progrès, ce serait au contraire de baisser la valeur économique du monde matériel,

et de développer la valeur économique de la création immatérielle,

pour encourager un modèle de croissance propre et riche intellectuellement.

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Quelle stupidité de prôner la culture gratuite, et ensuite de gagner de l’argent en vendant des T-shirts à la con, comme fait Agoravox etc !

C’est l’inverse d’un modèle économique "vert", légitime et durable.

Au lieu de reconnaître la valeur économique des créateurs et des artistes, vous les traitez comme des esclaves

forcés à la gratuité,

à la mendicité,

aux produits dérivés débiles et polluants,

pendant que les traders s’enrichissent.

C’est nullissime.

Thierry Crouzet @ 2009-08-29 16:02:28

Tu te moques ou quoi ?

Il faut repenser le modèle parce que les œuvres, une fois numérisées, sont infiniment copiables et piratables. On ne peut pas leur imposer un prix initial parce qu’on ne peut pas empêcher la copie. Alors on cherche une autre solution. Diffuser gratuitement (puisque lutter contre la copie n’a pas de sens sinon à fliquer la population et tuer internet) puis inviter les gens à rémunérer. Au passage, c’est une façon de diffuser la culture plus largement et de ne pas mettre de ticket en entrée.

C’est ainsi que nous passerons d’une civilisation du tout matériel à une civilisation du tout culturel. Quand les gens n’auront plus rien à foutre du matériel, il leur sera naturel de donner pour la culture (à des auteurs qui aussi auront moins de désirs matériels en plus).

000 @ 2009-08-30 03:27:43

Le don ça a toujours été un système complémentaire.

Il ne faut pas réduire les sources de financement.

Tu défends la diversité, alors tu ne dois pas écarter dogmatiquement le modèle payant.

Quand on complique la vie du piratage, il n’écrase pas tout, il reste supportable.

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Vous négligez complètement le potentiel du micro-paiement :

la VOD ça marche de plus en plus.

Moyennant 3 euro, on peut voir un film. Cela évite de perdre du temps à chercher une copie pirate qui sera peut-être vérolée.

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L’idéal serait d’arriver à 1 euro pour une oeuvre numérique, prix psychologique abordable.

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Techniquement, on peut maintenant avoir un micro-paiement ultra rapide et simple, sans carte bleue ni paypal : on accède à une URL, qui facture automatiquement 1 euro qui sera prélévé le mois suivant avec la facture téléphonique.

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Il y a aussi les forfaits : 5 euro par mois, et accès à un catalogue d’oeuvres.

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Se reposer entièrement sur le don, c’est faire payer toujours les mêmes : les bonnes poires, et ils devront payer pour les autres.

Et un système unique reposant sur la vertu de chacun n’assure pas tous les besoins de financement.

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On peut très bien envisager un système viable de la façon suivante, mixte :

1 : les oeuvres numériques sont accessibles en micro-paiement à 1 euro pour les films, les disques et les livres,

ou moyennant un forfait mensuel modique;

2 : en complément, une petite taxe sur les fournisseurs d’accès

3 : en complément, développement du système de dons

Il y aura toujours des pirates, mais si le temps pris par le piratage dépasse la valeur de l’achat légal (1 euro), il y en aura beaucoup moins.

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Bref : on doit chercher des systèmes mixtes, qui n’écartent pas complètement le principe de l’achat ou du forfait thématique.

On peut aller vers un abaissement du prix de l’achat, qui ne soit pas un abandon idéologique du principe même de l’achat.

Le concept de gratuité comme modèle imposé est absurde comme tous les concepts totalitaires qui aspirent à devenir des principes uniques.

La création a besoin de financements multiples.

Tu sais très bien que les modèles uniques sont mauvais. Pourquoi la gratuité imposée à tout ce qui est numérique échapperait à cela ?

Thierry Crouzet @ 2009-08-30 08:27:17

Je suis d’accord avec toi sur le besoin de la multiplicité mais si on met du micro-paiement à un endroit on va en mettre partout et le web deviendra payant. C’est pas simple. Je vais essayer de faire un billet avec une liste des solutions et un pour et un contre.

J @ 2009-08-30 11:20:25

000, tu oublies je crois de prendre en compte quelquechose.

le modèle que tu appeles payant ne peut reposer que sur l’interdiction des échanges entre internautes.

or ce modèle de l’échange ouvert libre et multidirectionnel est celui sur lequel s’est construit le net, et celui sur lequel semble reposer sa plus grande richesse, sociale et organisationnelle avant tout.

nous sommes donc là face à un choix de société.

soit on promeut un système qui conserve l’échange comme principe cardinal.

soit on promeut un système où l’échange est traqué et interdit.

pour ma part, je ne vois pas comment la seconde option est tenable pour un esprit non soumis au dictat des grandes firmes et leurs soutiens financiers, qui ont prétention à guider seuls des choix politiques d’une telle importance.

B. Majour @ 2009-08-30 14:27:33

Bonjour

Sachant que l’Internet a été construit pour résister à une attaque nucléaire de grande envergure, je crois qu’il est maintenant totalement utopique de vouloir empêcher/maîtriser un quelconque échange entre les internautes (à défaut il se fera via des DVD, demain via des disques de 1 Téra, d’Ipod à Ipod, ou par d’autres moyens physiques... tant que le physique existe !)

Le choix de société est déjà là.

Et la mutation en cours.

Le tout gratuit (gratuit apparent, 1/3 de tout ce que nous achetons finance la pub !) est un leurre. (+ cf. le temps de "cerveau libre" sur une certaine chaîne télé, avec les émissions en adéquation pour le dit "cerveau libre")

Quand on vous offre un cadeau mercantile gratuit, le coût est une colline plus loin : dans un passage obligé. (ou alors parce que vous le financez déjà !!!)

Pour certains, englués dans leurs habitudes (voire quasi monopole), cette colline est difficile à imaginer... mais ne vous inquiétez pas, ils vont trouver. :-)

De plus, pourquoi se presser tant que leur public répond présent dans un seuil de rentabilité acceptable. Lorsque d’autres effectuent la R & D (Recherche & Développement), une R & D qui coûte très chère et où la casse est énorme.

C’est le propre même du charognard de se repaître des restes des victimes et d’en sucer les os, tant que la bête est encore trop jeune pour résister au coup de bec.

Et quel bel os final que le public... subjugué par la poudre de perlinpinpin gratuit.

Le public qui ne regarde pas, qui ne veut pas voir, les cadavres dans les abattoirs de l’art.

Ou encore ceux qui finissent dans les poubelles de l’oubli.

Le public qui devient vautour lui-même, faute de mieux ?

Nouvelle poudre aux yeux.

Le public devient maintenant producteur, capable même de produire (ou publiciser des auteurs) à la place des producteurs/sélectionneurs de l’art "canon" !

C’est bientôt la fin de ce monopole, et du temps de "cerveau libre" si cher à certains.

Comme une journée n’a que 24 heures, que le Net va ressusciter le passé (savamment mis de côté par certains, pour laisser la place à la "nouveauté payante") et que le temps pour les "échanges gratuits" va croissant (par le nombre de blogs, par le nombre d’amis/contacts que l’on se fait à travers le Net)... que va-t-il rester au payant ?

Et même au "tout gratuit" ?

On a le monde devant soi, et seulement une vie pour le parcourir.

La colline suivant apparaît : comment le parcourir ?

Bien cordialement

B. Majour

000 @ 2009-08-31 00:47:04

"soit on promeut un système qui conserve l’échange comme principe cardinal.

soit on promeut un système où l’échange est traqué et interdit. "

Trop binaire.

C’est un peu comme si je te dis :

  • soit tu prêtes ta femme à tout le monde et on la fait tourner dans les caves

  • soit tu lui mets un tchador et tu la gardes enfermée à domicile, avec un fusil pour tirer contre les envahisseurs.

Désolé, mais entre ces alternatives binaires il y a la civilisation, et des moyens judiciaires de niveaux multiples.

La civilisation : ce savant dosage entre liberté et repression.

Il faut arrêter de mettre en avant un concept lénifiant de la liberté.

Dans une civilisation, la liberté ne s’oppose pas à l’existence d’un palais de justice. Et c’est la loi qui garantit la liberté.

Et dans une civilisation, on a un système judiciaire qui n’est pas obsédé par la repression, mais qui n’abandonne pas pour autant toute repression.

La liberté absolue n’est compatible avec aucune idée de la civilisation.

Il faut arrêter de hurler aux SS dès qu’on voit un car de CRS.

Le tout est de faire très attention aux définitions des normes, de savoir les actualiser, de connaître la souplesse, de n’avoir de justice que le nécessaire.

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Toute la politique est dans cette attention portée au juste rôle que doit revêtir l’Etat : ni trop ni pas assez d’intervention.

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Pendant un temps, Internet existait en marge de la société économique normale. Il pouvait faire ce qu’il voulait.

Aujourd’hui, Internet absorbe peu à peu toute l’économie et toute la vie sociale.

Il est impossible qu’Internet échappe aux mesures qui sont à la base des civilisations, dès lors qu’Internet devient toute la société et n’est plus un simple machin à la marge.

Aucune société ne peut vivre avec la seule liberté pour étendard, sans responsabilité garantie par un système judiciaire et des lois.

On doit veiller à ce que les lois soient bonnes, on ne peut rêver à l’abandon de toute loi et repression.

J @ 2009-08-31 10:35:58

je ne vois aucun rapport entre ton laïus et ce que j’ai écris.

000 @ 2009-08-31 11:24:07

Ben réfléchis.

Tu poses des alternatives trop binaires:

  • ou bien la liberté absolue des échanges

  • ou bien un horrible monde de surveillance et de punition brisant toute créativité libre et tout échange

C’est comme si ta femme n’avait pas le choix entre se donner à tout le monde ou s’enfermer dans un couvent.

Tu ne vois pas qu’il y a des possibilités entre ces extrêmes ?

Qu’échanger ne signifie pas tout échanger n’importe comment ?

Votre vision d’Internet est complètement irréelle, dès le moment où Internet devient toute la société.

Il est devenu impossible de maintenir une liberté absolue des échanges, les enjeux économiques sont trop forts.

Pour autant, l’arrivée de la loi sur Internet, comme dans toute société mature, ne signifie pas une plongée dans un monde horrible brimant toute la créativité des échanges.

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Il y a des formes d’échanges possibles, à l’intérieur d’un cadre où tout n’est pas permis.

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On peut par exemple s’échanger des extraits, qui suffisent largement à propager une culture, avant un acte d’achat complémentaire pour obtenir l’oeuvre intégrale à prix modique et en meilleure qualité.

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Le port d’armes est interdit, pour autant on ne fouille pas tout le monde en permanence : une loi ne signifie pas un contrôle de tout à chaque instant. Une loi repose sur l’effet dissuasif de contrôles au hasard.

On n’a pas besoin d’instituer un couvre-feu de la créativité du Net, pour faire respecter quelques règles permettant la vie économique de la création.

MarcL @ 2009-09-03 13:34:13

Ce que l’éditeur français fait est logique, il a acheté les droits à Chris Anderson et son éditeur US...et on parle milliers d’euros. Donc normal que le livre soit à la vente, c’est pas gratuit les droits d’auteurs dans l’édition ;-)

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