Thierry CROUZET
Traffic sur le billet
Traffic sur le billet

Statistiques d'un buzz

Voici les statistiques du billet sur Twitter et les robots. Si le décompte BackType est correct, il a été retwitté 157 fois pour 2 938 entrées via Twitter et 4236 entrées directes, dont une bonne part sans doute via les desktop Twitter. Dans le cas le plus favorable, cela donne 7174 visites directement imputables à Twitter, soit une base de 45 visites par retwitt.

Rien d’extraordinaire. Un blogueur influent avait en 2006 la capacité de générer à lui seul 2000 visites ce qu’est incapable de faire un microblogueur (voir analyse de Petites phrases). En revanche, de proche en proche, on atteint le même effet, surtout quand on cumule avec Facebook. Si un jour Twitter a une véritable audience en France, les effets seronts ans doute démultipliés. À voir. Pour le moment tout cela reste très modeste.

jlstat2
jlstat2

Sur mon blog, Google n’a jamais été la principale source de trafic mais sa part ne cesse de diminuer au profit des services sociaux. Deux explications opposées.

  1. Version optimiste. On peut aujourd’hui exister sans Google.- Mon blog n’est pas irrigué par Google et donc il n’a aucune audience quantitative notoire. En dessous de 10 000 visiteurs uniques/Jour on est bien peu de chose sur le web.

Ces chiffres guère folichons devraient être comparés avec les chiffres d’un papier obscur dans Le Monde. Je ne suis pas sûr qu’un blogueur soit moins lu qu’un journaliste qui travaille dans le même domaine. D’autre part, il ne faut pas oublier que les articles sont publiés en de multiples endroits (coZop, Owni, Facebook... au minimum pour moi), ce qui rend difficile le suivi des statistiques.

J’indique tous ces chiffres pour ceux qui s’intéressent au buzz. Pour ma part je n’ai jamais ici poursuivi l’audience mais la conversation. Ce blog est l’atelier d’écriture de mes textes longs, que j’appelle encore livres. Je n’ai pas envie de changer d’habitude.

Arnaud @ Thurudev @

RT @crouzet: Statistiques d’un buzz http://is.gd/3M7ZI ou pour avoir une idée de l’influence de Twitter

marc @ 2009-09-29 10:12:30

qd meme vu la place que cela prend sur votre site, cela m’etonnerait bien que vous ne vous inquietassiez pas du tout de votre "quequette" :)

Thierry Crouzet @ 2009-09-29 10:27:23

Il est bien connu que pour avoir de l’audience sur le web (une vraie audience pas trois tondus qui viennent de Twitter), il faut parler de ce que tout le monde parle. Les histoires de Twitter ne font pas d’audience sinon parler d’elles dans un minuscule Landerneau. Donc oui je joue pas à avoir la plus grosse mais je joue à ce qui m’amuse.

Triple Zero @ 2009-09-29 12:00:57

"Si un jour Twitter a une véritable audience en France, les effets seronts ans doute démultipliés"

La multiplication de l’audience éparpille aussi les buzz. Tu as une multiplication du contenu et des candidats à l’audience.

Facebook a une très grosse audience, mais les sujets de buzz sont tellement éparpillés que cela ne génère pas des visites considérables vers un sujet en particulier.

Le problème des réseaux sociaux, pour ceux qui y voient la panacée à audience, c’est que tout le monde produit du contenu. Chaque cerveau est moins disponible pour un contenu en particulier.

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"d’un papier obscur dans Le Monde."

On a un bon instrument avec le site "Bibliobs", qui affiche le nombre de lectures pour chaque billet.

C’est la section littéraire du Nouvel Obs.

Le Nouvel Obs fait de grosses audiences avec les sujets people et actu politique, mais pour les billets littéraires :

  • on arrive à quelques milliers de lectures quand le titre est polémique et contient le nom d’une célébrité

  • pour les sujets vraiment littéraires ne jouant pas la carte people, et non adossés à une actualité qui fait déjà buzz, le nombre de lectures plafonne à quelques centaines, soit à peu près ce que fait un blog moyen.

C’est à dire que même en partant d’un site à grosse audience et très bon référencement, l’audience des sujets pointus et originaux s’effondre très vite.

Ce qu’on constate aussi sur nos blogs.

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Le public pousse à faire de la merde.

A méditer pour ceux qui croient au "bon peuple" contre les "élites".

Les fameux "citoyens" aiment TF1, Voici, les jeux à la con, et le porno. Point barre.

Les citoyens ne peuvent pas être l’alternative pour un monde meilleur : ce sont eux qui ont fait ce monde. Arrêtons de les amnistier en reportant la faute sur les dirigeants qu’ils ont choisis.

Un pays, c’est d’abord une majorité de beaufs. On les retrouve sur les réseaux sociaux, et le résultat c’est un TF1 social, pas mieux.

Henri A @ 2009-09-29 12:17:35

"A méditer pour ceux qui croient au “bon peuple” contre les “élites”."

Tu es vraiment un dvd humain, gravé une bonne fois pour toute !

Tu confonds les effets et les causes, ce que tu décris du "peuple" n’est pas faux, mais est une conséquence et non une cause première.

"Les citoyens ne peuvent pas être l’alternative pour un monde meilleur"

Une alternative non vérifiée à grande échelle.

"ce sont eux qui ont fait ce monde."

Non. Ils ont participé à la fabrication de ce monde.

"Arrêtons de les amnistier en reportant la faute sur les dirigeants qu’ils ont choisis."

Voilà ce qui m’horripile chez toi, un début correct sur la non amnistie de ce "peuple" et la suite digne d’un misérable journaliste politique.

Les dirigeants n’ont pas été choisis par le "peuple". Les dirigeants se sont choisis eux mêmes.

De plus, ces dirigeants ne doivent pas être amnistié non plus.

Triple Zero @ 2009-09-29 13:11:30

"ce que tu décris du “peuple” n’est pas faux, mais est une conséquence et non une cause première"

Peux-tu prouver que c’est une conséquence ?

On peut tout aussi bien dire que nos dirigeants sont la conséquence de ce qu’est le peuple.

Après, bien sûr, nos dirigeants, ainsi choisis, entretiennent et renforcent dans le peuple les causes qui les amènent au pouvoir.

Cercle vicieux.

J @ 2009-09-29 16:18:30

"A méditer pour ceux qui croient au “bon peuple” contre les “élites”.

Les fameux “citoyens” aiment TF1, Voici, les jeux à la con, et le porno. Point barre.

Les citoyens ne peuvent pas être l’alternative pour un monde meilleur : ce sont eux qui ont fait ce monde. Arrêtons de les amnistier en reportant la faute sur les dirigeants qu’ils ont choisis.

Un pays, c’est d’abord une majorité de beaufs. On les retrouve sur les réseaux sociaux, et le résultat c’est un TF1 social, pas mieux.

"

OOO, il te reste il me semble beaucoup à réfléchir sur comment fonctionne la "démocratie" à ce jour, et sur les notions de peuple et d’élite(s), de représentants élus, de processus d’accession au pouvoir.

Beaucoup à réfléchir... :)

Iza @ 2009-09-29 16:20:46

000.

Ben comme d’hab hein, je ne rajoute rien à ce qu’Henri a écrit tout y est.

"Le public pousse à faire de la merde.

A méditer pour ceux qui croient au “bon peuple” contre les “élites”.

Les fameux “citoyens” aiment TF1, Voici, les jeux à la con, et le porno. Point barre.

Les citoyens ne peuvent pas être l’alternative pour un monde meilleur : ce sont eux qui ont fait ce monde. Arrêtons de les amnistier en reportant la faute sur les dirigeants qu’ils ont choisis.

Un pays, c’est d’abord une majorité de beaufs. On les retrouve sur les réseaux sociaux, et le résultat c’est un TF1 social, pas mieux."

Ton paragraphe est parfait, ne change rien. Plein de mépris surtout, tout dégoulinant (outre les raccourcis, tout ça).

J’exècre le mépris et le cynisme. J’aime les gens. J’aime ceux là que tu listes. Avec le pack, TF1 et toute la beaufitude du monde. Et la merde aussi tiens, en barre.

J’aime tout ça, voilà. J’en fait partie, ce sont les miens que tu vomis là. J’amnistie rien du tout, je constate juste les ravages.

Ensuite, à quel degré sont ils responsables ? ça m’intéresse pour juger de quel est leur libre arbitre ... pas pour les amnistier, au contraire, pour muscler leur libre arbitre, mon job.

Bon voilà, c’était pour la minute "j’ai foncé dans le chiffon rouge agité devant mes yeux".

ça a du bon ta provoc, ça me redonne justement envie "d’accrocher à mon coeur un morceau de chiffon rouge, une fleur couleur de sang etc ...".

La lutte des classes n’est pas morte, elle se niche juste là. Faudrait pas grand chose finalement pour que "lève toi car il est temps". Ou encore que la "haine" de Keny Arkana nous emporte.

Nom de dieu de bordel de merde.

Lass ihn kreuzigen! @ 2009-09-29 17:12:49

"J’aime les gens"

On ne peut pas opposer le peuple aux classes dirigeantes, ils sont ensemble, naissent l’un de l’autre.

De ceux qui ont des rêves vulgaires à ceux qui leur proposent des satisfactions vulgaires, chacun se tient par la barbichette.

"Panem et circem", César et le peuple réunis dans le grégarisme facile.

-

Il n’y a pas d’opposition entre la foule et le pouvoir, mais seulement entre quelques minorités curieuses d’un côté, et le bloc majoritaire grégaire de l’autre, qui hurle avec les loups dominants et adore TF1.

-

La foule et le pouvoir s’entendront toujours ensemble pour sauver Barrabas, et pour dire de celui qui est différent, qui n’est pas une canaille vulgaire : "qu’on le crucifie".

Sie sprachen alle: «Lass ihn kreuzigen!»

terror plebum @ 2009-09-29 17:55:29

Tiens Iza,

voici le peuple, admire-le :

http://www.ina.fr/histoire-et-conflits/seconde-guerre-mondiale/video/AFE85001047/fete-de-l-unite-nationale-sur-le-plateau-de-gergovie.fr.html

C’est lui, le peuple, tel qu’en lui-même, en images pour l’eternité.

Et qu’on ne dise pas qu’ils ne savent pas ce qu’ils font, qu’ils sont manipulés.

Ils le savent très bien, ce qu’ils font.

Ils ont leurs instincts primaires satisfaits, et ne demandent rien d’autre.

Tu peux continuer ton éducation populaire. Mais dans 50 ans, ce seront toujours les sujets les plus cons qui feront de l’audience sur le Net et ailleurs. TF1 pour l’éternité, quel que soit le support.

Henri A @ 2009-09-29 18:23:03

A Terror triple zéro :

Avec ton dernier commentaire tu as réussi un prodige : un auto démontage irréfutable.

Avant le film, il me semble que l’on parle de sa provenance : propagande du régime nazi et vichyste.

Donc, ce n’est pas "le peuple", en admettant que cette chose abstraite qui ne veut rien dire existe.

Lionel @ 2009-09-29 20:15:52

Certains utilisateurs Twitter ne suivent que quelques dizaines de personnes, mais sont suivis par plusieurs milliers, voire dizaines de milliers… Par exemple: "OscarFilho", "cortezrafa", "MAX12DOZE", "monicaiozzi", "danicalabresa", entre autres.

Y a-t-il un truc? Peut-on le démonter, et reproduire de tels résultats?

Thierry Crouzet @ 2009-09-29 20:45:20

Faut regarder qui les suit. Souvent les mecs n’ont même pas envoyé un seul tweet et ils ont des milliers de followers. Je suppose qu’Inde des esclaves doivent créer des comptes twitter zombie à la mano.

Triple Zero @ 2009-09-29 22:14:38

Vous accordez un bien grand pouvoir aux élites manipulatrices.

Des gens qui manipulent, il y en a dans tous les sens.

En définitive, les manipulations qui réussissent, sont celles qui reçoivent le soutien du peuple.

On ne fait pas l’histoire contre le peuple. L’histoire, c’est l’enfant du peuple.

-

Il ne peut pas y avoir une autre histoire simplement en "libérant" le peuple. Le peuple était déjà acteur de cette histoire passée.

Libéré de TF1, le peuple retourne sur Internet donner son audience majoritaire à LePost.fr, plus gros carton des médias participatifs.

Quel progrès !

Henri A @ 2009-09-29 22:37:53

A 3 à 0 :

Une leçon de chose,

http://henrialberti.blogspot.com/2007/04/extrait-de-les-derniers-jours-de.html

Triple Zero @ 2009-09-29 23:05:11

"Une leçon de chose"

La propagande n’est pas une magie. Elle ne mène le peuple qu’à ce qu’il est prêt à faire.

On a, depuis pas mal d’années, une propagande verte : le peuple change très peu ses habitudes de consommation, parce que cette propagande verte est plus contraignante que de tuer des Juifs.

La propagande, ça merche avec les nazis parce que le peuple ça ne le dérange pas de tuer des Juifs, minoritaires, surtout s’ils sont riches et qu’on envie leurs biens.

-

Alors toi tu soulignes le fait qu’il y a propagande,

de mon côté je souligne le fait que le peuple a une pente à commettre des horreurs et injustices, et qu’il cède à une forme de propagande plus facilement qu’à une autre.

Si tu essaies une propagande qui déplaît au peuple, ça ne fonctionne pas.

La propagande ne fait que mettre en lumière les instincts populaires dans leurs profondeurs égoistes.

Triple Zero @ 2009-09-29 23:12:50

PS :

"Si tu essaies une propagande qui déplaît au peuple, ça ne fonctionne pas. "

On le voit parfaitement dans le cas des référendums européens.

La propagande n’est jamais quelque chose qui retire au peuple sa responsabilité, puisque le peuple sait parfaitement résister à la propagande quand il n’y trouve pas son intérêt ou la satisfaction de ses instincts.

Le peuple a dit Non à de Gaulle lors du référendum sur la participation, en 69.

Il a dit Non aux derniers référendums en France et en Irlande.

Le peuple sait dire Non.

Il dit souvent Non quand il ne faut pas, et il dit Oui à Hitler et à Pétain.

Il est majeur. Il ne cède à la propagande que quand il le veut bien et que ça lui correspond.

Triple Zero @ 2009-09-30 02:44:28

@ Henri A

Si la propagande explique tout comme le veut ton ami Kraus,

pourquoi est-ce qu’à la même époque, le même peuple français dit Non à l’Europe et Oui à Sarkozy ?

Il y avait encore plus de propagande pour l’Europe que pour Sarkozy.

Pourquoi est-ce que dans un cas le peuple a résisté à la propagande, et pas dans l’autre ?

Tout expliquer par la propagande c’est trop facile.

Le peuple fait des choix, qu’on ne peut pas réduire à des actions sous propagande.

Barabas @ 2009-09-30 14:47:16

A 000

"Merci de prendre ma défense, mais que lui reprochez-vous exactemment ?"

J’entends ton cri parmis la foule "qu’on le crucifie" et qu’on nous abreuve de TF1.

Je t’entends hurler avec les loups "a bas le Pape, et les obscurantistes qui le défende"

je suppose que tu t’identifie au peuple que tu décris...

J @ 2009-09-30 14:54:50

000, comment tu définirais le peuple???

car si on a analysé un peu l’électorat qui a voté sarkozy, ou celui qui a voté non/oui au traité, ce n’est pas simple n’est ce pas.

et comment tu définirais qui serait l’élite???

Triple Zero @ 2009-09-30 19:56:31

"et comment tu définirais qui serait l’élite???"

Il y a plusieurs sortes d’élites.

Celle qui m’intéresse, par opposition à la "masse grégaire", c’est les "happy few" de Stendhal.

Rien à voir avec la classe sociale.

Mais plutôt : la sensibilité intellectuelle, la finesse d’esprit, la curiosité, le goût, le travail sur une oeuvre par passion (à l’inverse du travail mercantile).

Une façon de sentir qui est personnelle, qui ne suit pas la mode, qui se tient à l’écart du snobisme et des sectarismes.

Ne pas s’inspirer d’un code social pour apprécier ou non quelque chose ou quelqu’un.

Ne pas dire qu’on aime quelque chose, parce que ça fait bien socialement d’aimer cette chose.

Ne pas condamner quelque chose parce que ça fait bien socialement de condamner cette chose.

Etre vrai.

Ne pas dépendre du jugement social pour exister, mais se référer à des grands modèles qu’on respecte.

Choisir ses modèles, et ne pas suivre ceux que la mode présente.

Avoir de la curiosité plutôt pour ce qui est original et personnel, que pour ce dont tout le monde parle et qui fait buzz.

Ne pas copier ni envier le voisin.

Ne pas être arriviste au sens social du mot.

Ne pas chercher à être au-dessus des autres, ni comme les autres, mais à être soi, et assumer ce qu’on est.

Ne pas être suiviste, ne pas hurler avec les loups.

L’élite c’est ce qui n’est pas interchangeable, qui n’est pas mécanisable, qui se distingue par une capacité propre à être différent, qui a le courage de ne pas suivre quand il ne faut pas suivre.

Qui pour autant n’est pas dans la contestation pour la contestation.

Qui est "autre" plus que "contre".

Je n’utilise pas ce mot d’élite à vrai dire, sauf quand un autre l’emploie.

Ce mot d’élite implique trop une notion de hiérarchie, même si à l’origine c’est bien une hiérarchie morale et non de pouvoir :

"À l’origine, le statut d’élite n’est pas accordé par la détention du pouvoir, mais par l’autorité morale" (WP)

Je n’aime pas cette notion d’autorité si on la prend au sens social.

Mais on peut la prendre au sens intellectuel. Comme quand des maîtres artisans reconnaissent la qualité de travail d’un jeune artisan qui vient de réussir une belle chose.

L’élite, ce sont ceux pour qui la vie consiste principalement à faire de belles choses, plutôt qu’à jouer le jeu du cirque mondain.

Henri A @ 2009-09-30 23:42:02

A Triple quelconque :

Bon, tu viens de faire mon portrait, mais toi, tu te situes ou exactement ?

Triple Zero @ 2009-10-01 01:25:34

"toi, tu te situes ou exactement ?"

Je ne me situe pas socialement, je m’en fous de la place sociale, estimant peu ce et ceux qui font les hiérarchies et les situations.

Je me situe par rapport aux quelques bonhommes que j’apprécie, la plupart morts, que j’apprécie pour l’oeuvre qu’ils ont laissée.

Si je vie encore une vingtaine d’années j’essaierais de laisser quelque chose aussi.

Je n’aime pas les Rimbaud et les trucs de gamins précoces.

La plupart des oeuvres que j’admire ont été réalisées ou écrites après 40 ans, pratiquement sans rien avant sinon le lent mûrissement intérieur.

Je ne veux pas laisser quelque chose pour laisser quelque chose, mais seulement si cela le mérite. Je n’ai pas encore 40 ans, je commence seulement à sentir ce qui pourrait se construire de valable et à préparer les premiers matériaux, il me faut encore quelques années avant de pouvoir évaluer ma place dans la lignée de ces bonhommes qui sont mes seules références.

Soit il y aura quelque chose de valable à l’issue de ces années, soit j’aurai juste été un contemplatif, race pour laquelle j’ai beaucoup d’estime.

J @ 2009-10-01 20:02:35

OOO, il y a tant de choses dans ta liste : des valeurs morales, la capacité à avoir une pensée personnelle, le rejet des mondanités, l’objet d’une vie placé dans l’oeuvre, etc et etc

Tu rabotes là bien des diversités humaines...

Par ailleurs, cette perfection digne d’un surmoi protubérant oublie la notion de temps ; le même homme pourra par moments être plus ou moins en phase avec ce listing. Je ne crois pas à la perfection" (?) permanente, je ne l’ai jamais croisée dans la vie ou les biographies.

D’autre part, cette galaxie de principes que tu édictes ne forme pas un tout insécable, et il est par exemple des gens très autonomes et très créateurs d’oeuvres qui peuvent apprécier les mondanités et le luxe d’apparat.

Autre chose, le sujet de fond étant les réseaux sociaux, l’organisation sociale et in fine politique, ..., et celui de savoir si tout ceci nous permettra d’améliorer la situation présente très problématique, les critères que tu énonces sont très subjectifs et ne sont pas opérationnels, et ne peuvent par exemple servir à imaginer disons des processus de régulation sociale qui tendraient vers le meilleur de l’aristocratie et de la démocratie (pris aux sens les plus stricts).

Enfin, et c’est peut être le plus gênant, ta colère certes compréhensible contre les errements des pauvres humains s’accompagne d’un jugement péremptoire et définitif, ce qui leur hôte dans ton esprit et dans ton regard la possibilité d’évoluer, leur potentiel humain.

Ce manque d’amour et d’empathie peut poser problème, philosophiquement et politiquement.

Triple Zero @ 2009-10-02 03:32:53

@ J

Pas faux, et je sentais bien cela en écrivant le commentaire, mais j’essayais de ne pas me dérober à ta question,

en sachant que de toute façon je ne crois pas qu’il soit possible de définir les choses comme cela en quelques lignes.

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Les définitions ne sont au mieux que des angles d’une question, toujours incomplètes.

Je ne crois pas qu’on puisse jamais faire le tour d’une question, donc j’ai pour habitude de focaliser, creuser un angle.

Cette focalisation n’est pas un "ou" exclusif, juste une focalisation.

(Pour répondre à ta remarque d’un jour sur le "ou" versus le "et").

Le "et... et..." est toujours implicite chez moi. On ne pourrait jamais faire le tour des "et".

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Les auteurs que j’aime sont ceux qui n’en finissent jamais de compléter des définitions toujours laissées ouvertes et incomplètes :

Montaigne qui passe sa vie à faire des ajouts, parce que la question n’est jamais assez creusée et que chaque circonstance nouvelle modifie ce qu’on croyait une règle.

En définitive, Montaigne ne voit que des exemples, certains lui semblant plus à propos que d’autres, mais la vie reste pour lui une somme d’exemples souvent contradictoires.

Ce qu’on condamne chez l’élève de première année de logique, lorsqu’il dit "par exemple..." au lieu de chercher des enchaînements logiques rigoureux.

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Un mot typique chez Montaigne :

"toutefois".

Il commence par laisser entendre qu’une chose se définit de telle façon, à partir de quelques exemples.

Puis il trouve un exemple contraire, et au lieu de le gommer pour parvenir à une règle marchant à tous les coups, il cite cet exemple contraire : "toutefois..."

Et il reconnait qu’en définitive on ne sait rien de sûr.

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Idem chez Proust, qui accumule les "soit que ... soit que ..." sans jamais trancher dans les causes, parce que les choses sont trop complexes.

Il n’y a que des sommes d’hypothèses, rien n’est jamais résolu comme dans un roman d’Agatha Christie.

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Cette démarche logique sceptique est pour moi tellement implicite depuis des années que je ne prends plus la peine de préciser : "ceci n’est qu’un angle".

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Mon "trollisme" dans les commentaires consiste en général à poursuivre l’examen d’un "soit que" ou d’un "toutefois" qui n’a pas été examiné par l’auteur.

Il y a alors focalisation sur cette alternative, mais cette focalisation n’est qu’un pan d’une démarche logique à compléter, et non pas son dernier mot.

Ce n’est pas imposer un dogmatisme contre un autre, mais faire éclater le dogmatisme en mettant au jour un "toutefois".

Les gens qui gomment les "toutefois" ce sont les publicitaires, mes principaux adversaires conceptuels.

Thierry Crouzet @ 2009-10-02 07:21:14

Justement j’ai prétendu fonctionner autrement... ton défaut c’est souvent d’oublier pour ton "toutefois" tous les "toutefois" que j’ai déjà exprimé... mais bon tant que ça nous fait avancer... tout ça est un jeu de "toutefois" et le restera. C’est bien dans l’esprit liquide tout ça.

J @ 2009-10-02 11:16:59

je vois.

ok...

ps. je ne suis pas certain toutefois que ton habile argumentation sur les ’’toutefois’’ et ’’par exemple’’ ne soit pas faite a posteriori, une fois la main prise dans le sac :)

il y a trop de cohérence dans l’ensemble des propos que tu tiens sur internet, le peuple, les goûts musicaux, les ’’grands hommes", etc

Triple Zero @ 2009-10-02 13:33:33

@ J

Le truc aussi c’est que tu ne me lis qu’au sein d’un seul espace conceptuel, où j’ai à peu près toujours le même angle parce qu’on retombe souvent sur les mêmes types de problématique abordées de la même façon (avec des variantes d’approches).

Tu vois toujours ce même angle, donc tu en tires un dogmatisme.

Pour connaître quelqu’un, il ne suffit pas de discuter dans un seul cadre. Il faut observer ce qu’il est dans la somme des différents contextes et interlocuteurs.

C’est dans un autre contexte conceptuel que j’ai des "toutefois" différents.

Face à un réac, j’ai des "toutefois" complètement différents de ceux que j’ai face aux évangélistes des médias citoyens et des réseaux.

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J’ai très souvent défendu les réseaux face à ceux qui n’y croyaient pas.

J’ai lancé moi-même plusieurs réseaux, et j’en gère un de plusieurs milliers de membres.

Mais face à ceux qui présentent les réseaux comme le nouveau monde qui résoud tous les problèmes de l’ancien, je rappelle qu’il ne suffit pas de changer de cadre structurel pour résoudre le problème du "mal".

Tous les problèmes ne sont pas résolus en abattant les pyramides.

Il y a des problèmes humains qui résistent, même quand les citoyens sont tous ensemble sans intermédiaires négatifs.

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Par ailleurs, la multiplication des réseaux tend aussi à affaiblir la force de cette idée originelle.

Quand tout le monde est dans 15 réseaux, beaucoup de réseaux finissent par devenir des illusions de réseaux, des réseaux fantômes et superficiels.

Quand tu as 30000 syndicats, la force du syndicalisme s’auto-détruit.

Comme ces gens qui sont "suivis" par 50 000 personnes sur Twitter, mais lus réellement par 500 personnes.

Cette dilution et cette abondance d’offre génère de nouveaux problèmes.

La concentration des forces c’est utile parfois. La longue traîne a ses inconvénients.

Pour produire un beau film à 5 millions d’euro, l’économie de la longue traîne ne suffit plus.

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Thierry est conscient de tout ça, mais comme il focalise à outrance sur le côté bénéfique, je rappelle les apories à résoudre encore, si l’objectif est la qualité, et pas seulement changer de monde pour changer de monde.

Dézinguer les pyramides, je m’en fous, c’est pas l’objectif. L’objectif c’est de faire mieux, pas la même chose sous un autre nom avec une autre étiquette et un autre management.

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Les "toutefois" et les "soit que" j’en ai retrouvé la figure conceptuelle symbolique dans l’Hermes Quadrifrons, il y a déjà une dizaine d’années. C’est pas un truc que je sors de mon chapeau tout d’un coup.

Pour rappel, un texte qui est ma philosophie depuis les années 90 :

"l’Hermès quadrifrons monté sur pivot et mobile sur son socle.

Un de ses visages est un visage profond (quasiment le visage de l’être de sagesse bouddhique),

l’autre un visage tragique (le masque tragique grec),

l’autre un visage héroïque (la Marseillaise de Rude),

l’autre un visage rieur (un visage de faune).

On tourne l’Hermès, mettant en lumière l’une ou l’autre des quatre faces, à volonté.

On peut même le tourner de telle sorte que la lumière vienne sur deux visages à la fois. Tout n’est qu’une question de tourner l’objet d’une certaine manière, ou de tourner autour de lui, ce qui revient au même.

J’ai écrit dans La Relève du matin : “je crois au sérieux de la vie”. Et j’ai écrit dans les Carnets : “La vie devient une chose délicieuse, aussitôt qu’on décide de ne plus la prendre au sérieux.”

Nulle contradiction. C’est une question de moments.

Mon “instabilité”, a-t-on dit. Certes, une instabilité qui est un principe. Et une instabilité qui reste stable pendant trente-sept ans.”

Henry de Montherlant, Va jouer avec cette poussière, Carnets 1958-1964

J @ 2009-10-02 14:43:08

ok, ok :)

c’est bien de ne pas être un fanatique des réseaux sociaux ou du net ou que sais je.

pourtant, je te fais cette remarque, sous forme quasiment d’équation, et qui pour moi constitue une raison suffisante pour prendre parti pour tous ces nouveaux "machins" techniques et surtout sociologiques.

  1. nous sommes dans une situation à tous points de vue problématique et verrouillée de l’intérieur, que ce soit pour le fonctionnement politique, les media de masse, le fonctionnement de l’économie, bref tout ce qui structure et régule nos sociétés.

  2. cette situation n’est plus tenable, il faut un changement majeur, philosophique, politique, économique, social, pour le bien de presque tous (j’exclue quelques milliers de malfaisants, et j’inclue les millions de personnes qui les servent sans s’en rendre vraiment compte, par naïveté ou faiblesse).

  3. l’internet est le seul espace où le statu quo est bousculé, et où des alternatives de portée suffisante émergent, dans tous les domaines sus-cités.

le net est d’ailleurs tu l’auras remarqué la cible de bien des attaques de la part de ceux qui ont intérêt à maintenir les choses en l’état.

trivial?

pas tant que ça je crois.

ce qu’il se passe via le net, entre les gens (notion importante), est le seul moteur de réforme majeure.

après, que le point d’arrivée ne soit pas un paradis de sagesse et d’intelligence, c’est une autre question.

Triple Zero @ 2009-10-02 15:34:35

"c’est une autre question"

Comme je suis d’accord avec les 3 points précédents (qui sont aussi ceux de Thierry), et qu’ils ne sont pas attaqués ici, je n’en parle pas et je me concentre sur cette autre question, justement:

comment faire en sorte d’éviter que ces nouvelles structures développent les mêmes pièges.

Comment faire en sorte que ce ne soit pas, de nouveau, des TF1 qui dominent, sur de nouveaux supports et formats.

Par TF1 j’entends surtout la médiocrité du contenu, plus que l’aspect concentration.

Comment développer les espaces créatifs originaux.

Comment faire vivre, dans la longue traîne, la part la plus créative, sans que tout soit broyé par le goût de la masse pour les sujets les plus cons.

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Il ne suffit pas qu’il y ait la longue traîne : il faut encore que le bout extrâme de la queue ait assez d’oxygène pour se développer, sans être réduit à une existence symbolique.

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Comment empêcher de nouveaux truands de prendre en otage les "réseaux citoyens" pour en faire les uniques agents "à l’insu de leur plein gré" de leurs intérêts économiques personnels.

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Comment dépasser le modèle esclavagiste 2.0 où les créateurs de contenu sont exploités par les diffuseurs, les moteurs de recherche, les publicitaires et autres agences marketing...

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Voilà tous ces pièges, tout ce qui m’occupe quand on parle du Net.

Le reste, les aspects très positifs, sont tellement évidents que je n’en parle plus.

La liberté, oui. La défendre, oui.

Mais il y a aussi la qualité.

Et l’histoire montre que la liberté ne suffit pas à faire émerger la qualité.

La qualité, c’est comme certains bons produits du potager : il faut beaucoup de soin, un environnement protégé, des conditions à construire.

Tout ne se développe pas dans la jungle de la liberté.

Je ne remets pas en cause la liberté, mais la liberté n’est pas l’alpha et l’omega du Net. Il faut aussi la création, et la création qualitative.

Il faut une économie permettant la création, la recherche, le travail dont le fruit est à long terme et dont la masse ne perçoit pas l’importance...

La part positive de l’Etat, c’est aussi une capacité d’investir à long terme avec de gros moyens, dans les domaines culturels, scientifiques, artistiques...

Et pas simplement pour faire des coups financiers, comme font les start-up du Web.

En définitive, on est libre pour en faire quelque chose d’intéressant. La liberté n’est pas une fin en soi, sinon la vie est un peu vide.

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Et l’idée de civilisation, c’est aussi de donner un petit coup de pouce supplémentaire à ce qui n’émergerait pas spontanément dans l’état libre de nature, ou par le simple dialogue égalitaire entre citoyens.

C’est ici qu’on retrouve la notion d’élite : idéalement, ceux qui, à la pointe du savoir et de la curiosité, poussent en avant la civilisation, au-delà des intérêts matériels à court terme du gros de la population.

J @ 2009-10-02 16:32:16

oui.

au stade où nous en sommes (très bientôt) arrivés, la suite ne peut être que le chaos ou/et la renaissance, ce sera donc d’une certaine manière ’’qualitatif’’ :)

sinon, pour tes interrogations, il y a peut être à réfléchir sur le système de ’’récompense’’.

par exemple, la sortie d’aujourd’hui du gouvernement sur la rémunération financière des classes dont les élèves sont assidus est exactement opposé à ce qui nous permettra de nous en sortir!

bonne réflexion à toi...

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