Thierry CROUZET
Tu peux rêver, j’ai droit d’agir
Tu peux rêver, j’ai droit d’agir

Tu peux rêver, j’ai droit d’agir

J’ai souvent vu cité depuis dix jours L’Éloge de la métamorphose de Morin et j’ai repensé à la trilogie de Krakauer. Nous n’aurions jamais connu ses héros s’ils n’étaient pas morts, parfois il se produit le contraire… par exemple pour Morin, nous n’aurions jamais autant entendu parler de lui s’il n’avait pas été en aussi bonne santé à 88 ans.

Dans cet article Morin illustre la Metasystem Transition Theory proposée par Valentin Turchin en 1977, année où sortait le premier tome de la Méthode qui ne l’évoque pas (si mes souvenirs sont bons). L’article est passionnant, je tire mon chapeau à Morin, même s’il n’est pas l’auteur de cette théorie.

Une métasystème transition se produit quand des sous-systèmes s’assemblent à l’aide d’un mécanisme de contrôle et forme un système plus grand qui démontre des caractéristiques émergentes. Exemple un organisme qui intègre des cellules individuelles et qui leur confèrent un nouveaux type de comportement.

Quand un système est incapable de traiter ses problèmes vitaux, il se dégrade, se désintègre ou alors il est capable de susciter un méta-système à même de traiter ses problèmes : il se métamorphose, explique Morin.

Comme le souligne Morin il est plus facile de basculer dans la désintégration que d’effectuer une transition vers un ordre de complexité plus grand.

Alors que, pour Fukuyama, les capacités créatrices de l’évolution humaine sont épuisées avec la démocratie représentative et l’économie libérale, nous devons penser qu’au contraire c’est l’histoire qui est épuisée et non les capacités créatrices de l’humanité.

Morin reste optimiste. Il reconnaît que la transition est en cours.

Ces initiatives ne se connaissent pas les unes les autres, nulle administration ne les dénombre, nul parti n’en prend connaissance. Mais elles sont le vivier du futur. Il s’agit de les reconnaître, de les recenser, de les collationner, de les répertorier, et de les conjuguer en une pluralité de chemins réformateurs. Ce sont ces voies multiples qui pourront, en se développant conjointement, se conjuguer pour former la voie nouvelle, laquelle nous mènerait vers l’encore invisible et inconcevable métamorphose.

Tous les adeptes de la complexité défendent ce point de vue car il n’y a pas d’autres possibilités. La question qui surgit alors est de savoir comment favoriser cette transition. Morin fait une proposition :

Pour élaborer les voies qui se rejoindront dans la Voie, il nous faut nous dégager d’alternatives bornées, auxquelles nous contraint le monde de connaissance et de pensée hégémoniques. Ainsi il faut à la fois mondialiser et démondialiser, croître et décroître, développer et envelopper.

À mon sens Morin s’arrête là. Il lance un message d’espoir, un éloge de l’approche complexe qui, en l’état, ne peut guère enclencher des actions concrètes… sinon d’attendre justement que les pièces s’assemblent toutes seules. Se pose alors la question de notre rôle, celui de notre implication politique. Que pouvons-nous faire ?

Dans le manuscrit de L’alternative nomade, j’ai depuis le tout premier jet inséré ce schéma pour illustrer le fait que nous nous transformons en fonction des informations que nous recevons et que, en nous transformant, nous transformons la société qui nous transforme à son tour ce qui nous pousse à produire de nouvelles informations. La boucle est depuis longtemps amorcée.

Nous pouvons agir sur les trois éléments, trois possibilités non exclusives et peut-être complémentaires.

1. Transformer la société

La société est aujourd’hui un système avec son centre de contrôle ou disons ses centres de contrôle qui interagissent.

Nous pouvons décider de prendre position dans ces centres pour faire en sorte que les structures changent, c’est-à-dire nous faire élire, gagner de hautes positions hiérarchiques dans les entreprises, faire du lobbying, préparer la révolution pour tout reconstruire à l’identique…

Je signale à tous ceux qui font l’éloge de cette méthode politique, que je qualifie de classique, et qui ne sont pas en quête d’une position de contrôle qu’ils feraient mieux de balayer devant leur porte. C’est trop facile de dire « Il faut faire » et de chercher quelqu’un pour aller le faire à sa place. Si cette méthode vous attire, soyez-en les acteurs. Sinon adoptez une autre méthode.

2. Transformer l’information

C’est ce que nous faisons sur le Web, en tout cas ce que nous essayons de faire. Le passage au Flux implique une révolution culturelle. Par exemple, si ce qui est important pour moi n’est pas important pour les autres, c’est un immense changement par rapport à l’ancien système de diffusion top down.

Nous pouvons bien sûr favoriser la propagation des informations qui nous paraissent pertinentes, mettre en lumière ce qui est par ailleurs occulté, propager de nouvelles idées, de nouvelles philosophies… Elles influenceront alors la façon de vivre de tous ceux qui reçoivent ces informations, aussi bien à titre individuel, qu’à titre collectif.

Par exemple, si nous estimons que le consumérisme est un problème, nous pouvons écrire pour l’expliquer et ainsi lutter contre le consumérisme (c’est ce que je fais en ce moment même).

3. Transformer l’homme

Plutôt que de prendre le contrôle de la société pour la réformer directement par le haut ou de tenter d’imposer une nouvelle vision culturelle, je peux décider de commencer par me changer moi-même. Si ma transition porte ses fruits, si elle me rend plus heureux, elle créera peut-être des émules qui à leur tour aurons envie de changer de vie… et la société changera (et les informations disponibles il va sans dire).

Collectif vs individuel

La méthode 1 implique une application collective immédiate, des décisions qui s’appliquent à un grand nombre de personnes.

Jusqu’à ces dernières années, la seconde méthode était aussi de type collectif, un petit nombre de personnes informaient un grand nombre de personnes. Les choses évoluent. Le many to many devient possible. C’est une méthode à la fois collective et individuelle.

Quelle que soit la méthode choisie, il faut être responsable, responsable pour aspirer au pouvoir, responsable pour informer, responsable pour se changer. Ces méthodes ne sont pas en elles-mêmes antinomiques.

Je pratique la deuxième et la troisième. Quand on écrit un livre où on dit aux lecteurs qu’ils doivent se changer eux-mêmes on utilise la méthode 2 pour que 3 se produise (et du moment qu’on est dans le 2 on peut avoir une influence en 1).

J’ai souvent exprimé des réserves au sujet de la première méthode, réserves qui prennent d’autant plus de poids au cours d’une transition qui implique l’apparition d’un nouveau système de contrôle, plus enveloppant, d’un ordre de complexité supérieur…

Je ne suis pas sûr alors qu’être dans le poste de commandement aide à participer à la transition. Au contraire, une fois qu’on s’est battu pour une position, on n’est guère chaud pour la faire disparaître. Au cours d’une transition, les centres de contrôle anciens sont souvent les lieux du conservatisme.

Par ailleurs, on peut aussi imaginer que le nouveau système de contrôle bourgeonnera là où on ne l’attend pas et prendra une forme qu’on n’attend pas. Aucune théorie a priori ne peut nous aider à savoir où nous devons agir. Pas simple de s’attaquer directement au métasystème. La meilleure façon de traquer son émergence, de l’accompagner, de la favoriser… c’est de se déployer partout, d’agir partout, donc que chacun de nous agisse dans la mesure de ses possibilités.

Voilà pourquoi je crois avant tout à méthode 2 et à la méthode 3. Et il me semble présomptueux de militer pour 3 à l’aide de 2 sans m’être appliqué à moi-même 3. Et je fais la même critique à tous les politiques qui parlent de changer la vie des autres sans eux-mêmes être capables de changer leur vie. Se changer soi-même n’est pas suffisant mais est nécessaire. Et c’est cette nécessité que néglige la plupart des gens qui parlent de politique.

Gilles G. Jobin @ 2010-01-19 18:07:30

crouzet

RT @crouzet Edgard Morin est célèbre aujourd’hui parce qu’il n’est pas mort http://bit.ly/50KqHO

ynfab bruno @ 2010-01-19 18:10:13

RT @crouzet: Edgard Morin est célèbre aujourd’hui parce qu’il n’est pas mort http://bit.ly/50KqHO

Zi @ 2010-01-19 19:27:08

Le problème avec Morin, c’est qu’il n’est pas arrivé à traduire par ex cet excellent

’’Pour élaborer les voies qui se rejoindront dans la Voie, il nous faut nous dégager d’alternatives bornées, auxquelles nous contraint le monde de connaissance et de pensée hégémoniques. Ainsi il faut à la fois mondialiser et démondialiser, croître et décroître, développer et envelopper’’

en projet formalisé qui puisse atteindre au titre de Système général.

Car qu’on le veuille ou non, il doit y avoir bien peu de gens capables d’intégrer ce genre de considérations, de jongler avec les concepts contradictoires, et encore moins de les transformer en projets de vie.

Alors, malgré leur désarroi et leur colère et dégout, les populations ont du mal à passer à des comportements différents car ceux ci sont dans leur esprit détachés de tout projet intelligible qui puisse avoir la cohérence et la force pour métamorphoser quoi que ce soit.

C’est pourquoi focaliser les efforts en priorité sur la volonté et les changements personnels en espérant un effet d’entrainement social ne me convient pas comme démarche ’’intellectuelle’’ et pratique.

Elle est par trop élitiste dans le fond.

Il faut comme une aura collective à leurs comportements pour la majorité des gens, et nous sommes à mille paliers d’évolution anthropologique pour oser avoir l’ambition de nous abstraire de cette contrainte -- cf girard cool pour le diagnostic bonjour pour le réalisme du projet!

Enfin vite fait thierry, c’est important de transformer l’information (point 2), mais transformer les hiérarchies sociales (par exemple...) et la manière dont elles se mettent en place me semble aussi important.

Zi @ 2010-01-19 19:49:24

Jus de cerveau

The Edge Annual Question — 2010

HOW IS THE INTERNET CHANGING THE WAY YOU THINK?

http://www.edge.org/q2010/q10_index.html

zoupic @ 2010-01-19 19:54:29

J’aime bien cette décomposition 1-2-3.

Je ne sais pas si tu as vu la conf de Michel Serres où il explique que tout vise à émettre, traiter, recevoir de l’information.

Au final, 3 entraîne un changement dans 2

2 entraîne un changement dans 1

1 entraîne également un changement dans 2 et 3

Comme une tresse, les 3 permettent le changement et implique des dynamiques dans les 2 autres.

Internet a créé le changement dans le mode dont nous créons, échangeons et transformons l’information. La société passe en mode deux vitesses: ceux qui acceptent, surfent, connaissent ce changement et vont dériver sur 1 et 3: se changent et changent les organisations. De l’autre côté ceux qui ne comprennent pas encore le changement dans l’information, ou bien y perdent intérêt par rapport à leur pouvoir.

Je pratique 3, 2 et 1. Sans utiliser la politique ou la forme classique, nous pouvons via les pétitions, la communication du 2 réinventer notre société et nos liens.

Nessy Lupino @ 2010-01-19 20:13:39

Tu peux rêver, j’ai droit d’agir du bon @crouzet que j’aime bien http://ow.ly/Yjs0 d’accord avec 2 et 3 :) et l’oeil/l’oreille sur 1

Thierry Crouzet @ 2010-01-19 23:44:38

@J Transformer les hiérarchies sociales c’est du 1... et moi je n’agis pas dans ce domaine sinon via 2. Mais c’est ton droit d’être dans 1, car il ne suffit pas d’en parler.

@Zoupic je crois pas que tu sois dans le 1. 1 exige justement d’avoir le pouvoir de changer les structures.

Zi @ 2010-01-20 00:13:08

Ca se discute thierry.

J’ai écris "c’est important de transformer l’information (point 2), mais transformer les hiérarchies sociales (par exemple…) et la manière dont elles se mettent en place me semble aussi important."

Si tu prends l’exemple tarte à la crême, wikipedia, tu noteras qu’il y a eu modification de la manière dont se mettent en place les hiérarchies et les structures sociales.

Pour prendre un autre domaine qui te tient à coeur, celui des media et du journalisme, tu noteras aussi qu’il y a aussi ce type de modification.

Tu me diras, ces deux points sont très liés à l’information.

Mais si maintenant tu élargis cela par exemple à Mozilla et son mode d’organisation de la production, tu vois qu’il est possible d’envisager autrement que par tes points 2 et 3 la modification du point 1.

Et nous sommes dans ces deux cas dans des situations qui n’ont rien pas grand chose à voir avec la nature du point 1 tel que tu le décris, et qui pourtant transforment elles aussi la/les sociétés par actions individuelles pleinement dans le cadre de la/des sociétés (au sens de collectifs humains).

Sinon, pas compris ta deuxième phrase.

Thierry Crouzet @ 2010-01-20 08:15:03

Ce que tu appelles du 1 n’est pas du tout du 1 pour moi. C’est du bottom-up. Le 1 est top down.

C’est du 3 dont tu parles. Je me transforme veut pas dire je fais du yoya mais je vis différemment. Exemple : plutôt que de consommer passivement l’information, je vais la chercher... voire j’en produits. Un changement en 3 implique un changement en 2 puis éventuellement un changement en 1.

C’est pas moi qui vais dire qu’il faut pas changer les hiérarchies mais il y a plusieurs angles d’attaque au problème. Si tu décides de créer une boîte par exemple, c’est du 3. Idem quand tu participes à Wikipedia... puis ça se propage éventuellement jusque en 1 de manière non déterministe.

En revanche, un politique peut en théorie agir en 1 directement, en changeant un loi par exemple.

Zi @ 2010-01-20 08:54:51

Je comprends. Mais il me semble alors que la catégorisation 1/2/3 - Société/Information/Homme pose problème.

Tu vois bien que ce que tu appelles 3 a autant à voir avec Homme(individu en gros) qu’avec Société(collectifs).

Le 3 dont tu parles ressemblerait plus à société bis mais pas repetita reposant sur des hommes aux comportements différents de société 1, et une structuration basée sur le bottom up comme tu dis.

Ces 3 catégories ne matchent pas bien je trouve, en tout cas telles que tu les décris, pas assez exclusives l’une de l’autre.

D’ailleurs, les catégorisations sont elles le bon outil conceptuel pour aborder le fluxinet? -:)

phyrezo @ 2010-01-20 09:23:08

Commentaire de @crouzet à ’l’eloge de la métamorphose’ d’Edgar Morin http://bit.ly/63jLVS

Thierry Crouzet @ 2010-01-20 09:35:30

Notre cerveau ne peut pas s’empêcher de décomposer... c’est pour ça qu’on introduit des loops pour sortir de ce piège. Une catégorie n’existe pas seule et donc n’existe pas d’une certaine façon.

C’est sûr qu’il y a toujours des hommes partout. Donc c’est toujours un homme qui agit. Mais soit il agit sur lui (je consomme différemment par exemple, soit sur les autres (il passe une loi pour que les gens consommes différemment). La différence me paraît gigantesque.

Wikipedia, c’est je consommes différemment. J’écris un article parce qu’il n’existe vs voici une encyclopédie avec tout ce qu’il faut savoir.

J @ 2010-01-20 10:25:53

Bien entendu pour les catégories et les décompositions nécessaires pour notre petit cerveau ; il faut absolument que tu lises quelques trucs de Eleanor Rosch et ses descendants sur ce sujet. Et puis dans le fond ta position est cohérente avec ton rejet de l’essentialisme et ta fixette fluxinet, bien que les nécessaires catégorisations pour nous ne soient pas incompatibles il me semble avec un essentialisme...

Mais vraiment cette approche par catégorisations ne me semble pas la plus adaptée.

  • quand on catégorise il faut essayer de respecter entre autres le principe d’exclusivité. Les 3 catégories que tu proposes ne me semblent pas le faire.

Par ailleurs, Homme Société Information ne respecte pas le principe d’homogénéité.

Bref, sans rester scotché à la rigueur des catégorisations, je ne comprends pas de toute façon que tu essaies de formaliser/"catégoriser" un truc en rapport à fluxinet avec cet outillage.

Mais bon, Crouzet’s brain is Crouzet’s brain :)

Pour ce qui regarde l’homme partout partout (et la femme...), les ’’soit’’ dans ta phrase sont ils indispensables?

C’est comme si rejetant hardiment ce que tu appelles le top-down tu basculait sur le bottom-up de manière entière et absolue.

Je ne peux te suivre là dessus.

Sans compter que cela me parait incompatible avec les jonctions/fusions que Morin a tenté de décrire.

Thierry Crouzet @ 2010-01-20 10:42:21

Qu’est-ce que tu fais en 1 ? C’est la question. Si tu fais quelque chose raconte, sinon... ton soit et soit... on veut voir. Moi je sais pas faire et j’en connais pas qui font les deux en fait.

charlie @ 2010-01-20 10:56:04

Pas mal, bouec, pas mal ;-)

J’aime bien la pédagogie zoupicienne avec la tresse.

D’ailleurs ma première remarque rejoint les siennes :

J’ai l’impression que dans le 1 tu définies la société uniquement comme un système hiérarchique, avec des lieux de pouvoir, des "centres" à conquérir avant d’y faire quoi que ce soit. Pourtant, tu as consacré un temps fou à démontrer le contraire avec le Peuple..., non ? Toutes les initiatives décentralisées, auto-organisées, etc. changent la société.

Alors où j’ai mal compris (et j’ai l’impression de ne pas être la seule) où il y a un truc à préciser, une différence à penser entre collectif et pouvoir politique ou économique que tu sembles viser.

Du coup, j’ai l’impression que dès qu’on construit un truc collectivement, on agit à fond dans le 1 (et évidemment, c’est lié au 2 et au 3). O alors, il manque un degré, le collectif en 3 et ton 3 qui devient 4 ?

Thierry Crouzet @ 2010-01-20 11:16:09

L’auto-organisation se construit par interaction des agents. C’est à leur niveau qu’il faut changer de comportement pour qu’elle puisse se produire et se transformer en une action en 1.

Je ne dis pas que nous ne pouvons pas agir en 1... mais que cette action est indirecte et néanmoins terriblement efficace, peut-être la seule possible.

La politique tradi vise une action directe en 1. Les militants des partis n’imaginent que ce mode d’action.

Stanislas Jourdan @ 2010-01-20 12:54:10

Tu peux rêver, j’ai droit d’agir http://bit.ly/6FPPcL (by @crouzet )

J @ 2010-01-20 13:03:07

Thierry, j’ai bien peur que tu sois un peu autiste :) Ce que tu me réponds est absolument sans rapport avec ce que j’ai écris sur les catégorisations, etc.

Enfin bon...

A+

Thierry Crouzet @ 2010-01-20 14:15:26

Si je suis autiste toi il te manque un neurone (voire plus). Et j’attends toujours que tu racontes... pour nous démontrer à quel point tu es responsable mr le donneur de leçons. ça tu sais faire.

Par exemple introduire un principe d’exclusivité serait selon toi nécessaire... justement il ne peut pas y en avoir (cf Wittgenstein). Voilà pourquoi les catégorisations ne peuvent être déterminées et qu’elles ne sont qu’un outil aux contours flous et sans cesse décalés par les feedbacks.

000 @ 2010-01-20 14:59:13

L’impasse c’est aussi de discuter méthodologie entre personnes qui n’ont pas les mêmes objectifs.

Il est évident que les objectifs de J sont beaucoup plus conventionnels et conformistes que d’autres.

"J" fait une fixette sur les médias et sur les élites, il a un compte à régler avec elles.

A part ça, il n’est pas concerné par le problème climatique, il n’aime pas les alters qu’il juge des puristes excessifs, il n’est pas du tout choqué par la marche mercantiliste et consumériste du monde telle qu’elle s’exprime par les nouveaux marketeux du Web.

-

Sa vision du monde est très conservatrice : on continue à consommer comme on veut, on a sa voiture, sa petite femme qui fait le ménage, sa maîtresse, ses sports d’hiver, son chauffage au fuel dans le chalet...

Pas étonnant qu’il déteste tout ce qui l’invite à changer lui-même. Il ne veut rien changer pour lui.

"J" fait vraiment penser à un certain ... Carlo R., qui lui-même déteste les alters, a toujours jugé que les freemen étaient des tarés, et est au fond un centriste bon teint qui a juste un problème personnel à régler avec certaines élites et médias pour prendre leur place.

-

La méthodologie n’est pas la même, quand on veut simplement bousculer un peu l’organisation sociale des élites, ou quand on a un vrai projet de transformation en profondeur, incluant les problèmes d’environnement, de pollution et de consommation, la remise en cause de la valorisation du bien matériel et de la valeur "argent", etc.

000 @ 2010-01-20 15:11:08

Dès qu’on remet en cause la consommation, la place de l’argent et certaines aliénations fondamentales, "J" voit en nous des adeptes de Besancenot.

ça en dit long sur son conservatisme fondamental sur ces questions.

Il ne peut pas chercher une méthode qui remette en cause ce qu’il ne veut pas remettre en cause.

Philippe JURY @ 2010-01-20 15:26:22

RT @phyrezo Commentaire de @crouzet à ’l’eloge de la métamorphose’ d’Edgar Morin http://bit.ly/63jLVS

J @ 2010-01-20 16:02:11

Ok ok thierry, je voulais pas t’énerver, c’est top cool génial hyper hype comme ça, garde la pause.

je ne faisais que passer faire deux trois apports que j’ai eu la prétention de croire peut être utiles à la communauté, remarques il est vrai non adoratrices, oh grand sachem ;)

quant au cv détaillé, je te le déballerai avec ses forces et ses faiblesses dans une autre cybervie, puisqu’il semble nécessaire pour donner une note aux écrits des commentateurs...

Mon petit Triple ampoulé, tu rêves de moi parfois pour me faire dire autant de choses sur des sujets que je n’ai jamais évoqués??? :) brrrrh, je ne vais dormir que d’un oeil cette nuit je sens.

faut que je songe à me désengager de cette micro communauté très fière de son reflet et qui tourne en boucle sans feedback ni positif ni négatif ; ça commence à être ennuyeux.

Thierry Crouzet @ 2010-01-20 16:33:12

@J Je ne dis pas que tu n’ouvres jamais de pistes... mais si nous tournons en rond tu devrais te regarder un peu... tu as ta position et tu n’as pas envie d’en bouger à un seul instant persuadé que tu sais ce qui est bon.

Tu nous parles des bienfaits du pyramidal (dans une certaine mesure). Moi je parle de comment agir. Alors je te demande ce que tu fais pour agir. Parce que je n’en ai aucune idée et que je n’arrive même pas à imaginer.

Qu’est-ce tu fais pour que le monde trouve une solution à la crise écologique? Moi je propose ma méthode, je dis ce que je fais. Que fais-tu? Que proposes-tu de faire? Suivant quelle méthode?

000 @ 2010-01-20 16:47:53

"une solution à la crise écologique?"

Il s’en fout de ça. ça n’a jamais été son souci.

C’est pour ça que cela tourne en rond, et qu’il ne comprend pas qu’une remise en cause de la consommation est nécessaire.

-

Il est tellement éloigné du souci écologique, que lorsqu’on parle remise en cause de la consommation, il pense à Besancenot.

Il en est resté à la lutte communistes / capitalistes, et n’a pas intégré la voie écolo qui impose une réforme de chacun, pas seulement des élites.

J @ 2010-01-20 17:01:59

"Tu nous parles des bienfaits du pyramidal (dans une certaine mesure)"

dominique darcy @ 2010-01-20 20:13:52

Tu peux rêver, j’ai droit d’agir - http://blog.tcrouzet.com/2010/01/19/rever-agir/

Philippe Brière @ 2010-01-20 21:03:59

Stimulant cérébral, qu’en dites vous ? "Tu peux rêver, j’ai le droit d’agir" @crouzet http://bit.ly/7dMbXP #Théorie #Complexité #web2.0

Philippe Brière @ 2010-01-20 21:05:33

Stimulant cérébral, qu’en dites vous ? "Tu peux rêver, j’ai le droit d’agir" @crouzet http://bit.ly/7dMbXP #theorie #complexite #web2

zoupic @ 2010-01-21 00:16:47

hmm.. J’essaye de comprendre.

Les 3 sont tellement liés, alors que 2 et 3 concernent ma propre consommation et ce qui se passe "chez moi", 1 traite pour moi des liens que je développe avec les autres, dans l’information certes mais dans tous les autres rapports aussi.

En pratiquant 2 et 3 on change 1. Ca ne se voit pas au JT, c’est sûr, et sans faire tomber les têtes, pour moi, nous sommes acteurs du 1.

Je vois un peu trop de top-down et de pouvoir hiérarchisé pyramidal dans ton explication. Effectivement, la majorité de nos pouvoirs sont verrouillés comme ça aujourd’hui, mais la société pour moi, ce n’est pas que ça.

La société, les organisations, ce sont les propriétés de nos liens, des rapports que nous entretenons, les pyramides oui, mais pas que.

Il y a tout ce monde qui grouille. Ce vivier, cette forêt qui grandit.

Les associations, les ONG, le local, les conférences, les coopératives, le développer autrement, les réunions de quartier, la débrouille, les squats...

Changer la société en top-down à l’ancienne, c’est jouer dans le pyramidal.

Chacun de ces hommes aujourd’hui en haut était jadis en bas. Changer la société (1) sans rentrer dans le top-down, c’est construire, consommer et échanger collectivement d’une autre manière, et faire un développement horizontal et qualitatif plutôt que vertical et quanti.

Dans le 1 que tu présentes, je dirai aux autres quoi faire.

Dans le 1 auquel je pense, je le co-construis.

Ce que je veux dire par là, c’est que le 1 pyramidal ne peut contrôler et décider pour moi de ce que je consomme, ce que je fais, ce que je mange et comment j’échange. Donc faire 3, puis 2 constitue déjà une façon de faire 1 sans demander à ceux qui croient tenir les manettes.

Je change la société à mon échelle, dans mes faits et gestes. C’est moins visible et médiatisé que le top-down, mais ça a le mérite d’exister et d’être mentionné. C’est là où il faut mettre de la lumière et médiatiser tout ce qui se fait d’incroyable en local.

En fait, ce qui est bizarre, c’est qu’à partir du moment où je change ma manière d’être (3), de consommer (3) ou de consommer de l’info (2), je change mon rapport et mes échanges avec les autres, donc la propriété des liens, donc la forme de la société (1).

Je n’affirme pas ici une vérité, mais juste ce que je perçois dans tes 3 catégories.

Les deux sens du mot société - 000 @ 2010-01-21 02:51:03

"Donc faire 3, puis 2 constitue déjà une façon de faire 1 sans demander à ceux qui croient tenir les manettes"

On n’a rien dit d’autre.

Dans une dictature, changer 1 est impératif, car on n’est pas libre d’agir autrement.

Dans une démocratie libérale, le consommateur est roi. Si le consommateur change, et viralise entre consommateurs son changement, l’étape 1 devient inutile : la consommation a changé sans même une seule nouvelle loi.

--

Il y a confusion sur le mot société.

On peut prendre "société" en deux sens :

A - la société politique, formelle, administrative, légale, politique

B - la société au sens de l’ensemble des citoyens : c’est ici une abstraction qui désigne un collectif, sans niveau administratif

--

Ce que Thierry désigne par 1, c’est la société au sens A.

La société politique administrative, celle que certains veulent changer en faisant de la politique, en prenant le pouvoir ou en s’adressant au pouvoir en espérant qu’il passe une loi.

Quand les consommateurs changent volontairement leur consommation, ils agissent sur la société au sens B : les relations entre citoyens changent : par exemple : la valorisation économique des différentes filières, puisqu’on consomme autrement.

Mais la loi, la société au sens A, n’a pas changé.

--

In fine, la seule chose qui compte c’est le changement de la société au sens B.

= ce que font réellement les gens, en dehors même de la loi.

On peut agir dans le bon sens sans une loi y forçant;

et inversement, certaines lois ne font pas agir, car elles ne sont pas appliquées.

Or ce qui compte c’est que les choses soient faites, pas qu’elles soient sur le papier juridique sans existence réelle.

La loi, société au sens A, n’est donc pas décisive pour transformer la société réelle, au sens B.

Et quand il devient trop difficile d’obtenir une bonne loi, il faut chercher la transformation de la société réelle : la consommation.

Thierry Crouzet @ 2010-01-21 08:04:02

C’est le mécanisme que je décris depuis dans le peuple des connecteurs... La méthode top-down ne peut marcher que si celui au top souhaite un changement profond ce qui est en soit illogique. Et même quand il le souhaite, il se heurte à la complexité ce qui l’empêche souvent de faire évoluer les choses dans le sens qu’il désire. Alors il y a de la place pour agir au top mais de moins en moins avec la complexité croissante. Agir sur l’ensemble de la société directement est donc difficile, voire impossible, il faut agir à l’intérieur... et qui est à l’intérieur l’homme, c’est à lui de changer pour que la société change.

zoupic @ 2010-01-21 15:05:57

Merci pour vos explications.

J’aime bien les sociétés 1A et 1B. C’est effectivement plus clair.

B a déjà changé, A a encore de l’influence sur la partie de la société qui n’a pas fait 2 ou 3, qui suit encore TF1 et a confié sa liberté et sa réflexion à d’autres.

Mais 1B change et 2 et 3 s’accélèrent dans la population. Reste à savoir comment se passera le changement et la nouvelle forme 1A, ou si nous n’essayerons pas de chapoter tout ça, pour une fois.

000 @ 2010-01-21 18:35:35

"C’est du 3 dont tu parles."

Absolument. La société au sens B, c’est le 3 de Thierry : les hommes, pas les institutions.

Thierry Crouzet @ 2010-01-21 18:42:40

On peut agir sur 1 et 1 et 1 et 1... le 3 ou 1+1+1+1... le 1

Henri A @ 2010-01-21 19:28:56

1 "je peux décider de commencer par me changer moi-même."

2 "Si ma transition porte ses fruits,"

3 "si elle me rend plus heureux,"

4 "elle créera peut-être des émules"

5 "qui à leur tour aurons envie de changer de vie…"

6 "et la société changera (et les informations disponibles il va sans dire)."

Si 1 et 2 et 3 et 4 et 5 alors peut-être 6.

On peut écrire un livre pour chaque proposition.

Je pense au temps, court, moyen, long terme, avec la filiation par exemple. Des enfants de babs sont-ils devenus des babs eux-mêmes ?

Thierry Crouzet @ 2010-01-21 20:11:53

Pas besoin de x livres pour raconter ça... je sais même pas si y’a besoin d’un seul livre ;-) Lucrèce a déjà presque tout dit.

000 @ 2010-01-21 20:22:01

Sans parler de la phrase de Montesquieu, qui contenait déjà TOUT.

Même si Henri n’a pas fini de la comprendre.

Jaim @ 2010-01-22 19:24:42

Je participe, à ma manière, à la démarche N° 2 de votre proposition, via http://www.chapitre3.net . Mais cette démarche 2 n’est-elle pas un oreiller de paresse? De plus en plus de gens qui se sentent utiles en envoyant des messages et en proposant un autre avenir, ce n’est pas agir, ce n’est pas s’impliquer, ce n’est pas changer le monde... Tout ce que l’écrit online nous permet un peu d’éviter, non ?

Amitiés

Thierry Crouzet @ 2010-01-22 20:48:17

C’est à vous de juger par rapport à ce que vous faites... et c’est aussi pourquoi qu’il me semble que 3 doit être préliminaire sinon 2 ne peut avoir de substance.

Gabriel BONDAZ @ 2010-01-22 21:51:23

RT @crouzet Tu peux rêver, j’ai droit d’agir http://bit.ly/50KqHO

Y.T. @ 2010-01-31 20:59:20

"par exemple pour Morin, nous n’aurions jamais autant entendu parler de lui s’il n’avait pas été en aussi bonne santé à 88 ans."

Sauf si on a assisté à son passionnant seminaire "theorie des systemes auto-organisateurs" à l’EHESS à son retour de Californie en 73/75, j’ai encore mes notes....

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