Thierry CROUZET
La nouvelle révolution industrielle
La nouvelle révolution industrielle

La nouvelle révolution industrielle

Ainsi titre le Wired de février, un Wired qui s’amincit de numéro en numéro et qui bientôt se désagrègera. Anderson y annonce la révolution 2.0 dans l’automobile, parle de design Open Source, de voitures DIY… Il prophétise une nouvelle forme d’artisanat comme je le fais en cinquième partie de L’alternative nomade.

Mais je vois un bug dans son approche. La nouvelle révolution industrielle se débarrasse des vastes usines, des énormes entreprises, elle réduit les timings, s’appuie sur les idées et non sur les matières premières… mais n’oublie-t-elle pas de lâcher quelque chose ?

Anderson raconte la fable de Local Motors et la détruit à la fin en annonçant une capitalisation de 7 millions de dollars. Pour Anderson, c’est une somme si ridicule qu’il n’y prête même pas attention. Mais en mathématique epsilon n’est pas zéro. Et en psychologie epsilon peut valoir l’infini.

Anderson nous fait une belle théorie pour nous dire qu’au final tout est comme avant. On change le décor, mais pas le moteur. Et c’est le propre des révolutions, de ne donner que dans la cosmétique. Nos entrepreneurs de Californie ne connaissent qu’un modèle. Ils sont incapables de penser autre chose qu’une révolution qui nous ramène à notre point de départ : une histoire de dollars, d’investisseurs, de crédits.

Nous n’inventerons une nouvelle industrie que si nous nous individuons, que si nous créons des forces coopératives qui montrent une grande intelligence collective. Pour cela, nous devons nous interconnecter avec des liens réciproques, des liens d’égal-à-égal. Malheureusement le crédit est un lien unidirectionnel de type maître-esclave (d’autant plus quand on vous prête de l’argent qui a été fabriqué pour l’occasion).

Anderson et les cow-boys californiens, et ceux de France et d’ailleurs avec eux, ne pensent qu’avec la moitié de leur cerveau. Ils voient une innovation, s’y engouffrent, et oublient de dénouer la laisse qui les étrangle.

À quoi bon penser une économie peuplée de microentreprises travaillant en réseau à la surface du globe si elles sont pieds et poings liés aux pitres de la finance ? Je ne vois pas. Ou si, trop bien. Je vois des financiers qui ont juste changé de joujou. Avant c’était des aciéries qui crachaient des fumées nauséabondes, maintenant c’est de petits ateliers qui amènent leurs employés jusqu’au burn-out.

L’artisanat n’est que la moitié de la solution. Il découle de notre plus grande individuation, elle-même n’étant accessible qui si nous nous libérons aussi de la dictature du crédit.

If the past 10 years have been about discovering post-institutional social models on the Web, then the next 10 years will be about applying them to the real world.

Non, nous n’avons rien découvert durant ces dix dernières années. Il faut arrêter de délirer. Nous n’avons pas découvert le socialisme d’après l’État. Nous avons plus que jamais remplacé l’État par la finance, c’est très différent. Nous sommes entrés dans l’époque de l’impérialisme financier, de l’esclavage 2.0. Il nous reste à inventer le socialisme sans la finance, ce socialisme au-delà des institutions, au-delà de toutes les hyper-structures quelles qu’elles soient.

Anderson continue d’entretenir l’ambigüité entre accessibilité et démocratisation. À ces conditions, la jungle est une démocratie. Il y aura une garage renaissance, elle a commencé, sur les blogs nous en sommes les pionniers dans le domaine du texte, mais elle ne s’accomplira que si elle se double d’une renaissance de la liberté, une liberté construite sur des liens d’égal-à-égal.

Les charognards rodent déjà. Ils reniflent le DIY ? Ils voient de nouvelles opportunités de big business. Ils ne veulent surtout pas que la longue traîne se développe spontanément, ils veulent la contrôler, la marketer… et se faisant nous éloigner d’autant plus la renaissance du socialisme.

Anderson ne peut pas s’empêcher de parler des millions de dollars. Il reste englué dans ses anciens metrix. Il termine pourtant son article en nous racontant comme lui-même s’est lancé dans le DIY, sans financement a priori. C’est vers ce développement organique que nous devons nous diriger (je discute cette idée à la fin de L’alternative nomade).

Le propulseur est non seulement celui qui pousse l’information dans le Flux, mais aussi celui qui y pousse des objets, des services… Le propulseur succède au salarié, à l’employé, à l’amateur… Il est l’artisan de la nouvelle renaissance.

??f @ 2010-01-31 12:28:31

RT @crouzet: La nouvelle révolution industrielle ou la grande arnaque http://bit.ly/dBpV3Q

ownicrew @ 2010-01-31 12:28:39

OwniCrew La nouvelle révolution industrielle http://bit.ly/aQyj0y

Carole\_Fabre @ 2010-01-31 12:38:34

RT @crouzet: La nouvelle révolution industrielle ou la grande arnaque http://bit.ly/dBpV3Q

Galuel @ 2010-01-31 13:48:05

Bien vu !

La solution est là : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dividende_Universel Voltaire et Victor Hugo rejoignent Friedman Douglas et Louis Even dans l’espace temps !

Bill Boquet @ 2010-01-31 13:49:11

RT @crouzet: La nouvelle révolution industrielle ou la grande arnaque http://bit.ly/dBpV3Q

Solofo Rafeno... @ 2010-01-31 14:02:03

Merite un débat, j’y reviendrai mais allez-y ! RT @crouzet: La nouvelle révolution industrielle ou la grande arnaque http://bit.ly/dBpV3Q

Yannick Tessier @ 2010-01-31 14:33:20

RT @crouzet : La nouvelle révolution industrielle ou la grande arnaque http://bit.ly/dBpV3Q ~à lire absolument !

steph @ 2010-01-31 15:35:31

Il n’y a pas de (ré-)évolution sans assise populaire. L’adhésion des personnes, acteurs, producteurs, propulseurs, consommateurs est un pré-requis indispensable.

Or, on assiste, dans toutes les démocraties occidentales, au laminage de la classe moyenne, celle là même qui possède les instruments (outils et intellectuels) pour donner l’amplitude nécessaire au décollage d’une évolution vers le flux et d’une nomadisation (partielle) de leurs activités.

La classe moyenne est un démarreur, c’est elle qui entraine et actionne le moteur de l’évolution : par ses positions acquises dans la société ( chefs d’entreprises, professeurs des écoles, cadres intermédiaires, etc....), sa capacité à évoluer elle même, à mettre en œuvre tout ou partie des étages nécessaires à la propulsion et sa capacité à faire évoluer les autres (à les influencer à provoquer des effets de mimétisme).

Laminée par le haut et par le bas, se réduisant comme une peau de chagrin au fil des crises et des coup de butoirs, elle ne dispose plus des moyens d’insuffler une telle évolution.

Globalement, nos sociétés se bi-polarisent fortement. Le premier effet de la bi-polarisation est d’engendrer un immobilisme social (panne de l’ascenseur social, grèves, conflits...), économique (érosion du pouvoir d’achat de la classe moyenne, crises à répétition...) , politique (renouvellement des élites, pauvreté de la proposition politique, atomisation de l’électorat) et intellectuel (peopolisation par exemple).

Le deuxième effet est de ralentir considérablement les avancées dans divers domaines de pointe.

Ensuite, survient le décalage profond entre ces avancées et le corpus (législatif ou conceptuel). Exemple, la question des droits d’auteurs (Hadopi inapplicable).

En conséquence, la révolution tant attendue ( On rabâche ça depuis la fin des années 80...) est engluée, sclérosée, entravée et étouffée.

La classe moyenne, celle qui soutient le changement, va se renouveler et ça va prendre du temps, beaucoup de temps...

J @ 2010-01-31 20:03:12

Tu n’as pas tort...

Mais il y a un soucis à mes yeux, c’est que comme pour toi la mesure de toute chose se fait par rapport à une société où chaque individu est parfaitement parfait, et où les structures sociales habituelles sont abolies pour laisser la place à des individus unités reliés par des liens de qualité (bref, tu es anarchiste même si tu ne l’admets pas :) ), et bien ça limite légèrement la possibilité de sortir de l’impasse dans laquelle je crois que nous sommes et explorer d’autres voies, aussi imparfaites soient elles.

En juin 44 tu aurais dis "à quoi ça sert de débarquer, de toute façon à l’arrivée on ne sera pas en situation parfaite où tout homme est éclairé".

+spéciale triple0 : ..."et où tout homme pense comme moi’’

Pierre Fraser @ 2010-01-31 20:10:03

La nouvelle révolution industrielle http://ow.ly/12kOJ Un billet intéressant de mon ami Thierry @Crouzet !

Jacques-André FS @ 2010-01-31 20:33:49

La nouvelle révolution industrielle - http://blog.tcrouzet.com/2010/01/31/nouvelle-revolution-industrielle/

000 @ 2010-01-31 22:41:24

"En juin 44 tu aurais dis"

Mauvais exemple.

Il y a des situations dans l’histoire où l’obstacle est politique : dictature, invasion...

La réponse alors est politique : renverser la dictature, repousser l’invasion, car l’homme n’est pas libre d’agir autrement (ou seulement sous une forme de vie diminuée, pleine d’interdits inadmissibles).

Nous ne sommes pas dans ce cas.

Dans une démocratie libérale, dans une société de consommation, l’obstacle n’est pas politique, il est culturel : mimétisme publicitaire.

La solution n’est pas politique, elle est culturelle : désaliénation vis à vis du mimétisme publicitaire.

J @ 2010-01-31 23:12:42
  1. tes solutions sont tellement idéalistes et complètement irréalisables qu’elles sont équivalentes à dire "LA solution c’est de transformer l’humanité en gandhis" (de force évidemment, et qu’ils ne bandent intellectuellement que devant bresson et proust avec l’ampoulé 000 sinon ce ne sont que des nazes victimes de la superficialité et de la pub :) )

  2. tu nous emmerdes avec ton désir mimétique qui a bouffé dans ton petit cerveau tout le reste de la complexité des choses ; les gens qui comme toi expliquent TOUT avec UNE seule chose ne peuvent être que soit des intégristes soit des idiots soit les deux.

Quoi qu’il en soit des gens aussi problématiques et à impasse que ce qu’ils dénoncent.

  1. l’enfer est pavé de bonnes intentions.

  2. tu crains :) que ce soit quand tu la joues 2eme degré ou que tu es authentiquement suffisant à donner la nausée

  3. ciao

000 @ 2010-02-01 00:44:22

"tu nous emmerdes"

On a bien compris que toi tu veux continuer à te goinfrer tranquillement, et tu attends tout d’une critique des élites, qui changera epsilon car les élites ne sont que pour epsilon dans les problèmes du monde.

Les élites ne sont que l’alibi des beaufs dans ton genre, avec tes blagues sexistes pourries, ta petite femme qui fait le ménage, ta maîtresse à grosse poitrine, et tes petits sports d’hiver une semaine par an.

Tu es l’incarnation de ce qui explique l’état du monde actuel, et tu ne veux pas changer.

Alors il ne te reste qu’à cibler des salauds comme Finkielkraut, pour bien t’exempter du coeur du problème, comme si tu valais mieux que lui.

J @ 2010-02-01 00:54:38

tu fantasmes sur ce que je suis ou non mon pauvre boursouflure, que dommage que tu n’aies pas autant d’imagination pour tes pensées plutôt...

je n’ai rien contre les élites, quand elles en sont.

j’ai du mal par contre avec les fats, ou les intégristes, ou les précieux ridicules, qui n’ont rien à envier aux publicitaires ou aux amateurs de presse people en termes de "nuisances sociales" situvoiscequejeveuxdire.

sur ce...!

000 @ 2010-02-01 02:55:11

Tu parles d’intégrisme dès qu’on remet en cause la folie consumériste.

Dès lors, tu es à côté de la plaque des problèmes actuels.

Et tu ne peux rien comprendre à la nature des solutions adaptées à ces problèmes.

Tu crois voir venir Besancenot le couteau entre les dents dès qu’on menace de s’en prendre à ton petit confort.

Sur ce, comme tu dis, comme ta vision des problèmes n’est pas la même, épargne-nous d’inutiles quiproquos sur les solutions.

On ne peut pas s’entendre sur la nature des solutions, quand on ne voit pas les problèmes au même endroit.

Tu n’as pas compris que nos problèmes n’ont rien à voir avec ceux du XVIIIe siècle.

On est face à des problèmes de comportement des masses, beaucoup plus que face à des problèmes d’organisation de la société politique, ou de savoir qui détient le pouvoir et les outils de production.

Quand un blogueur s’empare d’un outil de production, pour faire culturellement la même chose qu’un journaliste (une fixette sur les sujets jetables du jour), il n’y a aucun progrès.

Artisanat Cambodge @ 2010-02-01 05:56:24

La nouvelle révolution industrielle, je la vois de très près au Cambodge au tout se construit.. et change si vite en 6 mois de temps.

Pierre Fraser @ 2010-02-02 15:05:07

La nouvelle révolution industrielle http://ow.ly/12OQ0

Lionel Chollet @ 2010-02-02 15:19:37

La nouvelle révolution industrielle http://is.gd/7yfhl

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