Thierry CROUZET
Le blog : forme majeure
Le blog : forme majeure

Le blog : forme majeure

Un blog n’est pas nécessairement un ramassis de textes insignifiants et qui ne se suivent pas. Laissons le temps passer et je suis persuadé que les textes les plus importants du début du XXIe siècle auront tous été publiés dans des blogs, tout au moins en ligne en échappant au circuit de validation de l’édition traditionnelle. Et non pas comme des billets uniques mais comme de longs chapelets de perles qui se reflètent les unes les autres.

Tout d’abord, cette idée qu’une œuvre doit être achevée pour atteindre le summum de la création. Et La recherche du temps perdu, encore en chantier à la mort de Proust ? Et la correspondance de Flaubert écrite pour ne pas être publiée en tant que livre et qui forme le plus grand livre de Flaubert ? Et Pessoa qui entassé ses manuscrits dans une caisse ? Et les journaux intimes des écrivains, souvent écrits avec l’idée qu’ils seront publiés, mais presque jamais retravaillés. Achever un travail ne l’auréole pas de prestige. L’effort supplémentaire peut même tuer l’œuvre.

Et puis tous ces écrivains du passé qui ont travaillé comme les blogueurs aujourd’hui. Je pense à Witold Gombrowicz avec son journal, dont il publia semaine après semaine les pages. Jamais il n’avait une vue d’ensemble de l’œuvre. Il s’éparpillait souvent. Se répétait. N’empêche son journal est un des livres qui m’a le plus marqué. Je ne vois pas pourquoi un blogueur n’aurait pas la même ambition, quitte à retravailler ses billets a posteriori.

Vrai que Gombrowicz aussi n’a jamais vécu de sa prose, pas plus que Proust et Flaubert. Mais on s’en moque et nous n’allons pas en faire une fatalité.

Je prends l’exemple de mon ami Pacco. Il blogue et maintenant il publie des livres. Pour moi, dans ton blog, tu innoves biens plus que sur le papier. Tes planches en hauteur, tes meilleures, impossible sur le papier. Là, tout est reformaté, non pour être sublimé, mais pour revenir dans une norme ancienne. L’innovation en BD elle est en ligne. Je préfère lire ton blog, que tu juges un genre inférieur à tes livres. Le temps que tu passes à les packager, tu ne le passes pas à bloguer et donc à nous réjouir.

Tu me diras, si tu n’avais pas tes livres, tu passerais ton temps à faire autre chose (ce maudit marketing) et peut-être que tu bloguerais moins. C’est le bug : nous nous contentons du moins pire. Je ne suis pas d’accord. Pendant ce temps, Google et d’autres se gavent sur ce que nous donnons gratuitement à nos lecteurs. Notre travail n’est pas perdu pour tout le monde.

Fabriquons des produits si nous en avons le désir mais pourquoi faudrait-il s’imposer cet exercice alors que nous avons un public en ligne ? Je vais d’ailleurs me flageller. Hier, un commentateur a posté un commentaire pour tout de suite l’effacer. Voici ce qu’il disait.

Selon moi, vous feriez mieux de passer votre chemin devant la carrière d’écrivain. Vous ne le serez jamais à moins de monter votre propre maison d’édition et de publier d’autres auteurs que vous pour finir les fins de mois. Et là je parle en connaissance de cause car j’ai eu l’occasion (malheureuse) de lire il y a très longtemps un de vos manuscrits "Moi Je". Pathétique ! Je constate que votre style n’a vraiment pas changé même si vous ne faîtes plus de d’abus du "toutefois" et "cependant". Le blog vous a sans doute sauvé de la frustration. Cessez de pester contre les éditeurs littéraires. Ressortez la barque de votre père et allez pêcher des anguilles devant chez vous.

Que de paradoxes dans ces quelques lignes. Vous mes lecteurs n’avez donc aucun goût, aucun sens de la mesure, vous vous abaissez dans les égouts de la littérature. En résumé, vous êtes des lecteurs sans qualité, méprisables. Comme je reste punk, ça me convient plutôt j’avoue… mais vous imaginez combien je suis énervé par cette intervention.

Tout d’abord l’idée, jamais loin, que pour être écrivain il faut boucler ses fins de mois avec ses droits. Il se trouve que j’ai eut cette chance pendant plus de dix ans. Ça prouve quoi ? Rien. Aussi bien pour ceux qui gagnent que pour ceux qui ne gagnent pas.

Que penser de quelqu’un qui vous juge insignifiant et qui, plus de vingt ans après, se souvient de vous et vient vous envoyer une méchante pique ? Puis qui se ravise, peut-être par mauvaise conscience, je n’y crois même pas. N’est-ce pas plutôt une démonstration de ce qu’est le vieux monde de l’édition ? Une démonstration de ce mépris du blog ? Alors que nombre de blogueurs sont bien plus lus que n’importe quel écrivain intronisé par l’édition nombriliste.

Je continue à me prendre en exemple. Quand je ne donne pas dans le populisme, mon blog reçoit mensuellement 20 000 visiteurs uniques qui consultent en moyenne cinq billets (je ne compte pas les 5 000 abonnés au flux qui lisent par intermittences). Pas de quoi crier victoire.

Je peux néanmoins me livrer à un calcul amusant (et débile). Supposons que mes billets équivalent à quatre pages d’un livre (certains comptent pour dix ou quinze). Mes lecteurs lisent chaque année 20 000*12*4*5 soit 4,8 millions d’équivalent pages papier de Crouzet, soit près de 20 000 livres de 250 pages (OK je ne sais pas s’ils lisent jusqu’au bout… mais je ne compte pas tous les lecteurs, ceux qui me lisent ailleurs que sur mon blog).

Ce calcul ne veut rien dire mais il montre qu’un blogueur n’a rien à envier à la plupart des auteurs publiés sur le papier. Les gens qui nous lisent en ligne ne sont pas plus cons que ceux qui lisent des livres. Ils ont parfois de la culture, souvent des exigences esthétiques. Nous leur devons le respect. Nous leur devons de pousser plus loin notre art. Nous leur devons de la franchise qu’ils nous rendent en retour.

Merde. Le blog permet de dire des choses importantes d’une manière qui ne convient pas au livre. Comment croyez-vous que Nietzsche aurait publié aujourd’hui Le gai savoir ? Parmi tous ces équivalents livres qui se diffusent chaque année, parions que se cachent les gais savoirs de demain.

PS : Si vous avez lu ce billet jusqu’au bout, vous avez lu l’équivalent de quatre pages livre de Crouzet. Allez savoir combien réellement les gens lisent de pages de BHL.

Denis @ 2010-03-07 11:29:51

Les réseaux sociaux et Facebook assèchent les blogs au profit des "zinzins", les sites institutionnels de la presse en ligne.

Je ne crois pas que ce déséquilibre persistera. Nous avons - et aurons - besoin de l’invisible et de l’indicible dans une société broyée par les standards d’une pensée stéréotypée.

Le visible n’est-il pas d’ailleurs un "invisible" qui a réussi ? Et la question majeure est de savoir comment conserver cette spontanéité, ce anti-formalisme dans l’écriture malgré le succès éclairant d’un trafic qui amène certains blogueurs à dijoncter et à en perdre leur âme ?

L’affreux Jojo @ 2010-03-07 11:32:44

Si on lit jusqu’au bout, on lit l’équivalent de 4 pages de Crouet :)

Encore faut-il que tous les lecteurs lisent jusqu’au bout.

Encore faut-il que les personnes qui achèteraient ton livre, le lisent aussi jusqu’au bout !

Cela dit, tu le dis toi-même ce calcul ne veut rien dire.

Par contre, ceux qui lisent un blog ne sont peut-être pas aussi demandeurs que ceux qui achètent le livre écrit par la personne à qui appartient le blog.

Pourquoi ? Parce que le support "blog" est plus simple et peut-être qu’il permet de transmettre une idée au fil du temps et non sur un fil de pages. En même temps, le formatage du format "livre" permet ce fil au travers des pages qu’on retrouve plus difficilement au le fil du temps.

Je peux me tromper en même temps, c’est ce que je pense présentement.

Christine Genin @ 2010-03-07 13:12:37

RT @crouzet Le blog comme forme majeure http://bit.ly/cMwCJz

pacco @ 2010-03-07 14:21:50

"nous nous contentons du moins pire"

Thierry, c’est là on nos chemins divergent.

Aujourd’hui un auteur à la possibilité avec l’édition de toucher un grand nombre de lecteurs (un livre acheté peut être lu par 4 à 5 personnes) et se faire payer.

Par contre en oeuvrant dans système contrôlé par l’argent, il y perd une part de sa liberté.

Mais un auteur peut aussi éditer sur un blog, expérimenter, s’exprimer pleinement, mais moins de lecteur et pas d’argent.

En éditant il peut amener un lectorat différent sur son blog et lui faire découvrir autre chose.

Combien de lecteurs de Fucking Karma m’ont dit qu’ils sont y arrivé par Maé.

Opposer les deux systèmes comme tu le fais, t’éloignes des messages qu’il faudrait passer.

  • Un auteur doit vivre de ses textes.

  • Ce n’est pas le système qui est bon ou mauvais, mais ce que tu en fais.

Je pense qu’un auteur devrait avoir comme objectif d’éditer chez une grosse major, chez un indépendants et d’avoir un blog.

Car c’est le monde d’aujourd’hui.

Alors peut être que demain "le monde" se retournera vers les blogs et se dira, "putain, s’est vrai , qu’on devrait tous faire que ça, c’est un art majeur".

Mais pour le moment les seuls à tenir ce discours sont les blogeurs, et pour moi, c’est pas super probant.

Le système va sûrement évoluer, finir par ramener de l’argent (ce qui ne sera pas forcement une bonne chose), mais ça ne n’est pas en le refermant sur lui même et en l’opposant à tout le reste que ça se fera.

Sort tes textes de la blogo, créer des passerelles, va chercher d’autres lecteurs, montre aux auteurs d’aujourd’hui toutes les opportunités qui s’ouvrent à eux.

Comment ce fait il que tes textes ne soient autant dans des magasines,

sur des linéaires que sur ton blog ?

Parce que tu ne veux pas participer à ce système ?

Comment faire changer les choses sans s’y frotter ?

Comment parler de liberté, enfermé dans sa forteresse ?

"Google et d’autres se gavent sur ce que nous donnons gratuitement à nos lecteurs"

Et les éditeurs se gavent sur ce que nous vendons à nos lecteurs.

Et les mauvais auteurs se gavent sur les lecteurs qu’ils nous piquent.

Et c’est sans fin.

Un bon auteur doit gagner sa vie avec des bons textes sur le blog…

Ou ailleurs.

000 @ 2010-03-07 14:33:01

Le problème du blog n’est pas la forme, fragmentaire.

Le problème est trop souvent la question du buzz : l’immédiateté de l’écho tend à pousser l’écriture vers ce qui suscite une réaction.

ET c’est souvent le plus bête qui suscite une réaction.

Le blog, par cette recherche de réactions immédiates, conduit donc à écrire des billets provocateurs, ou trop liés à l’actualité, ou trop accessibles, trop au niveau du lecteur qui se trouve là.

Très rare de trouver un blog dont les articles tiennent la route six mois après. Le plus souvent les billets sont périmés, les archives illisibles.

-

La littérature, c’est ce qui ne se périme pas en six mois.

Pour que le blog devienne une oeuvre, il faut que l’auteur écrive en passant au-dessus de ce qui va susciter la petite réaction immédiate du public.

Et là ce n’est pas gagné, car attendre la réaction devient une drogue.

On n’est plus satisfait d’écrire un texte, bon, qui ne suscite pas une réaction.

-

En cela le blog pousse au journalisme grégaire, plus qu’à la littérature d’auteur, c’est ce qui est dommage. C’est le vrai sujet problématique du blog.

Henri A @ 2010-03-07 15:03:52

Une des particularités du blog : les commentaires ( cela a été mentionné, mais pas de façon empirico-psychologique ).

Imaginons une peinture, un bouquin, une musique que l’on se procure ou que l’on contemple. C’est un objet fait par un tiers que l’on peut apprécier ou pas.

Maintenant le cas de cet objet ou l’on aurait plus ou moins participé indirectement.

En musique, dans un groupe par exemple, un mec compose un truc de A à Z, le compositeur oublie souvent que les autres membres du groupe ont orientés d’une manière ou d’une autre, voire minime, la composition.

Il y a souvent des problèmes d’égo dans un groupe de musique qui est surmultiplié dès qu’il y a de l’argent à la clé. Ce n’est pas un bon exemple parcequ’il s’agit d’un "groupe" au départ.

Le cas du blog peut engendrer inconsciemment ou pas une attitude plus ou moins similaire de la part des commentateurs.

steph @ 2010-03-07 15:20:39

Un auteur d’un blog pourrait même rétribuer certains commentaires sous forme de crédits à utiliser sur l’ensemble de la Blog’Alliance.

(cf post de thierry sur vivre et gagner sa vie).

Crédits 2.0 @ 2010-03-07 15:35:07

"crédits à utiliser sur l’ensemble de la Blog’Alliance"

Utilisables dans les casinos et au bordel aussi ?

Thierry Crouzet @ 2010-03-07 15:40:43

@Pacco mon propos n’était pas les revenus mais la reconnaissance du blog comme forme noble. Au fond, le fric je m’en moque. C’est quelque chose qui ne m’a jamais préoccupé.

@000 Très rares sont mes billets de réaction, peut-être 10% de tout ce que j’ai publié ici, le reste creuse le sillon inauguré par le peuple des connecteurs. On peut faire des écarts, si on a une zone de pioche qui nous soit propre.

@Henri la friction propre au blog lui donne aussi son caractère, c’est ce qui le différencie du journal à l’ancienne... et ça change tout il me semble. Un blog sans commentaire, in situe ou externe, ne sert à rien. Autant faire du papier.

@Steph Aucun réseau à ce jour n’a réussi à décoller... mais ce serait pas un peu faire jouer ensemble des musiciens de groupes différents, pas sûr que ça donne quelque chose... mais pourquoi pas un jour essayer cette formule.

Monde nouveau @ 2010-03-07 15:43:45

Bientôt dans les saloons :

6 crédits commentaires Crouzet = 1 Coca

120 crédits commentaires = 1 heure avec Frida ou Gertrude

6000 crédits commentaires = 1 heure de boxe avec Charlie

Angele Paoli @ 2010-03-07 15:58:19

RT @oeuvresouvertes: Le blog : forme majeure - http://blog.tcrouzet.com/2010/03/07/le-blog-forme-majeure/

steph @ 2010-03-07 16:36:08

L’expérience est tentée (fédérer des blogs afin de mettre des animations et ressources en commun) par exemple sur l’alliance géostratégique qui réunit les blogs sur une problématique défense / sécurité.

http://www.alliancegeostrategique.org/

Les auteurs fournissent de la matière sur leurs blogs respectifs, peuvent choisir d’en parler ou pas sur l’alliance, de participer ou pas au thème du mois (en ce moment c’est la turquie dans l’UE). C’est libre.

Une quinzaine de blogs y participent.

Il peut y avoir des intervenants extérieurs également.

Ils ne vont pas encore jusqu’au payant pour l’accès aux articles, mais je ne serais pas étonné qu’ils y viennent en partie un jour.

Bien sur, certaines idées peuvent faire sourire (moi le premier d’ailleurs ;-) ) cela dit, je reste persuadé que la réponse est dans le collectif, des regroupements entre blogueurs.

Chaque blogueur dans son coin est condamné à périr, lentement et surement s’il ne dispose pas d’un boulot à côté. C’est comme ça et ça ne changera pas. Point.

Donc, il faut changer les termes de l’équation et celui qui me parait le plus simple à changer c’est le blogueur, parce que le reste (les lecteurs, google, les intermédiaires, les publicistes...) n’évoluera que sous la contrainte.

pacco @ 2010-03-07 18:10:38

Thierry,

Que ce soit pour le fric ou pour la reconnaissance, mon commentaire reste le même.

Nous n’avons rien fait, nous n’avons même pas atteint un début de maturité et tu voudrais que le blog soit déja considéré comme une forme majeure.

Un bel entassement de cubes de couleurs, pour le moment, c’est tout ce que nous avons réussit à faire.

Alors oui, gros potentiel… Mais encore du chemin.

Sinon, la radio, une forme majeure ?

marsupilamima @ 2010-03-07 18:25:26

Quand j’ai pris le plan social de mon ex employeur, j’ai passé bcp de temps sur les blogs ne serait-ce que pr comprendre ce que j’allais faire du mien. Et été voir aussi du côté es réseaux sociaux.

Je crois aussi qu’il y a des blogs épatants et que pr leurs auteurs, c’est devenu une forme majeure d’expression. Plus compliqué pr les lecteurs qui ne voient pas forcément la différence avec les expressions plus traditionnelles (chroniques, les articles de revues etc...).

Le blog permet d’écrire autrement (liens)et d’être lu autrement (commentaires). C’est passionnant à faire et à lire.

Cela dit, je suis saisie d’une sorte de ras le bol et je reviens au livre à la vitesse motocyclette.

(incise, je ne veux pas faire long donc style machette coupe coupe...)

D’abord parce que je lis mieux sur du papier (yeux secs maladie quasi prof), c’est plus simple à trimballer, et l’ebook a des progrès à faire (en plus j’ai peur qu’on me le pique, on ne se fait pas attaquer pr un livre de poche).

Ensuite, parce que Balzac n’a pas de blog. Cad marre d’être forcément dans le temps présent, l’actu etc.

Et aussi voire surtout parce qu’on reste ds la sphère francophone. Il faudrait traduire qques blogs étrangers, je suppose. J’ai besoin d’air d’ailleurs...

J’ai dit "je" damned, pardon

Camille G. @ 2010-03-07 18:33:09

RT @crouzet: Le blog comme forme majeure http://bit.ly/cMwCJz

Thierry Crouzet @ 2010-03-07 18:45:03

@Pacco Tu peux pas comparer le blog à la radio... certaine des choses qui passent à la radio sont mémorables. Compare Internet à la radio mais pas le blog qui n’est qu’une forme possible de ce que nous pouvons faire sur Internet.

Quand à savoir si nous avons déjà produit des oeuvres majeures, nous ne pouvons pas voir de certitude vu qu’il nous manque les outils critiques... mais c’est oeuvres existent déjà, c’est ma conviction.

@marsupilamima Heureusement qu’il faut lire Balzac. Mais c’est tout le problème. Sur le papier je ne lis pratiquement plus que des morts. Les vivants qui font du papier m’ennuient parce que la forme n’a plus grand chose à donner peut-être...

??f @ 2010-03-07 19:16:22

RT @crouzet: Le blog comme forme majeure http://bit.ly/cMwCJz

Cédric @ 2010-03-07 19:18:59

RT @_arf_: RT @crouzet: Le blog comme forme majeure http://bit.ly/cMwCJz

BlogonetFeed @ 2010-03-08 06:35:59

Le blog : forme majeure http://bit.ly/bpRfQH

BlogAgency @ 2010-03-08 10:30:01

RT @BlogExperience: RT @crouzet: Le blog comme forme majeure http://bit.ly/cMwCJz

Marianna Gelussi @ 2010-03-08 11:09:39

RT @alainromang "je suis persuadé que les textes les plus importants du début du XXIe auront été publiés dans des blogs" http://ow.ly/1fuih

Philippe Brière @ 2010-03-08 13:16:20

RT @_arf_ RT @crouzet: Le blog comme forme majeure http://bit.ly/cMwCJz

blabla @ 2010-03-08 16:16:44

Pourquoi blog-tu ?

Si ta réponse est : "pour obtenir de l’argent en retour", stp cesse de te mentir, ce blog est produit par l’économie de don (Marcel Mauss). [Ce qui n’a rien à voir avec la charité] : tu donnes car tu y trouves ton intérêt (non monétisable).

Le jour où tu ne t’y retrouveras plus, tu cesseras de donner. Point. Compare-toi aux wikipédiens pour un peu de modestie, tes billets ne valent pas un euro dans cette économie de don !

Et le plombier c’est l’économie du don ? @ 2010-03-08 17:58:47

"ce blog est produit par l’économie de don"

Le problème c’est que cette économie n’est pas généralisée.

Il faut donc bien un revenu, pour acheter tout ce qui n’est pas donné : le logement, la nourriture, le transport, les équipements de base, le pc, l’abonnement Internet, le plombier, l’électricité...

Il n’y a aucune raison que les oeuvres de l’esprit soient les seules à ne pas avoir droit à un revenu.

Un plombier, qui vient dix minutes, a le droit de réclamer 100 euro, mais un article écrit en une heure ne vaut pas 1 euro ?

blabla @ 2010-03-08 18:52:50

@plombier : "Il n’y a aucune raison que les oeuvres de l’esprit soient les seules à ne pas avoir droit à un revenu."

Il y a une raison, c’est le droit d’auteur.

Les oeuvres de l’esprit ne donnent pas droit à un revenu ; c’est leur exploitation commerciale qui donne droit à un revenu via le droit d’auteur.

Or à priori personne n’exploite commercialement le billet de Thierry donc son billet n’a pas de valeur financière (si jamais ça arrivait il aurait droit à sa part).

Les journaux sont produits par l’économie marchande. Les blogs sont produits par l’économie de don (décrite par Marcel Mauss).

Le plombier travaille pour des euros (économie marchande) tandis que le blogueur offre son travail pour autre chose (à chacun de savoir pourquoi il blogue).

Un article écrit en dix heures et publié librement sur un blog ne vaut aucun euro tant que personne n’en fait commerce.

Emma @ 2010-03-08 19:02:26

Si on parle de blog, on parle d’immédiateté de contact avec un contenu. et là, le blog de littérature prend toute sa place, non pas en comparaison avec la lecture d’un bon vieux bouquin de littérature, mais parce qu’il prend une place dans le quotidien, à côté des autres sites de contenu, des jeux videos, etc..et c’est à mon sens cette relation "nouvelle" qui est riche. Ce n’est pas le blog qui est fragmentaire, mais bien la juxtaposition de contenus dans la réalité du surfeur.

Comme tu le disais, Thierry, je suis convaincue que l’ensemble des posts de ce blog n’a rien de disparate, d’éclatés, de discontinus : ils forment par points de vue apposés la grande carte de l’identité, ta marque de fabrique, ou autrement l’essentiel de l’être, et c’est là que se trouve la beauté de la vie, une forme qui s’affine, se détend, se distend en apparence.

Un autre point aussi qui m’a interpellée : tu reposes la question de la valeur d’un texte au regard de sa forme achevée, finie. Là encore, une forme quelle qu’elle soit, un livre, une peinture, une action même est parfaite telle qu’elle est : cela a un sens complet en soi. pour moi, ceux qui y voit un manque d’aboutissement regarde avec les yeux de la perfection (souvent définie par des codes de société) et ne sont plus capables d’apprécier les choses pour ce qu’elles sont réellement.

Profs gratuits 2.0 @ 2010-03-08 20:38:26

"c’est leur exploitation commerciale qui donne droit à un revenu via le droit d’auteur"

Le droit d’auteur vient de Beaumarchais, auteur dramatique.

Il était conçu pour permettre aux auteurs de vivre de leur art.

Quand l’auteur publie sur un blog, il a le droit d’en vivre.

Beaumarchais aurait appliqué le droit d’auteur à Internet, s’il avait connu Internet.

-

Un professeur est payé pour une heure de cours, et souvent pour uniquement répéter ce que dit un manuel.

Mais une heure de travail sur un blog, qui se situe entre le professorat et l’oeuvre littéraire, est condamnée à la gratuité ?

-

Allez donc dire aux professeurs qu’ils doivent maintenant enseigner pour rien, pour l’amour du don !

Et la cremière elle se donne à Mauss ? @ 2010-03-08 20:53:16

"Les journaux sont produits par l’économie marchande. Les blogs sont produits par l’économie du don"

Mais tu décrètes cela tout seul !

Tu inventes cette distinction.

Il n’y a pas de différence entre écrire une pièce de théâtre comme Beaumarchais et écrire un article de blog.

Chacun décide de donner ou non. Ce n’est pas la forme Blog qui force au don.

De même qu’on peut offrir au public une pièce de théâtre, ou la monnayer.

marsupilamima @ 2010-03-09 08:55:37

A lire les ctaires, il serait intéressant d’aller plus loin: donner des précisions sur ce que tu entends par forme majeure, des exemples , des liens sur ce que tu considères comme ayant fait avancer le schmilblic etc. Le pb de la gratuité se pose aussi bien sûr, mais s’il n’y a qu’un seul auteur de blog et qu’il assume de ne pas être rémunéré, cela le regarde. Je continue à dire que ce qui me gêne le plus c’est qu’on est dans une blogosphère liée par la langue donc francophone et en réalité francofrançaise, avec qques gouttes d’anglais ou d’américain. Ce qui est quand même un comble, comme si le web rétrécissait note horizon à l’hexagone. Les livres importants sont en général traduits. Ce serait bien qu’on puisse faire connaître des blogs étrangers.

PensezBiBi @ 2010-03-10 00:20:38

J’ai écrit cinq livres (publiés par des Maisons d’édition donc pas à compte d’auteur).Tirés à 2000 ex et vendus à 400 exemplaires à peu près.

J’ai ouvert mon blog il y a deux ans : 10000 visites aujourd’hui par mois. Bien entendu, je n’ai jamais eu ce lectorat avec mes livres parus. Aujourd’hui, les invendus sont passés au pilon.

Mon écriture de bloggeur n’a pas grand chose à voir avec mon écriture romanesque et avec mon écriture de nouvelles.

Le blog sera ce qu’il sera.

Je ne vois pas pour quelle raison vous mettez de telles alternatives en perspective ( blog contre livre, insignifiance ou non etc). C’est d’un rapport à l’écrit(ure) dont il s’agit. Là, écriture qui vise une certaine immédiateté (le blog). Là-bas, l’écriture inégalée jusque-là du livre ( vous préférez la forme Journal en livre qui est proche mais quand même pas assimilable à l’article-Blog).

Enfin - avis tout personnel - pas lu de bloggeur de l’équivalent de Kafka ou de Cervantès. Mais blog et/ou livre : l’écrit m’aide à vivre.

Le blog : forme majeure ? Ben... via ma lecture bloggesque, aucun blog n’a changé ma vie de fond en comble ( la littérature via les livres, oui).Mais ça peut changer...

Curieusement, mon lectorat de blog monte mais mon Désir de plus en plus pressant est de revenir à la Fiction ( et au livre). Et d’abandonner peut-être mon blog.

Thierry Crouzet @ 2010-03-10 07:35:20

@pensezBibi J’oppose peut-être epaper (ebook) et papier (livre), mais pas les textes courts et longs qui peuvent être publiés en ligne.

Un blog peut-être romanesque(et beaucoup d’auteurs s’y adonnent). Rien de l’empêche. Et c’est pas Kafka qu’il faut chercher à lire aujourd’hui en ligne mais les auteurs d’aujourd’hui

Pourquoi un blog serait dédié à l’immédiateté? Et à la fugitivité. Je mets souvent plusieurs jours à écrire mes billets, parfois dix minutes. Et ce n’est pas une raison pour que tout ça n’ait plus d’intérêt le lendemain. Franchement, je n’écrirais pas sur mon blog dans ce cas.

Pour moi, je dis bien, pour moi, les billets écrits en 2006, restent d’actualité (et peut-être ils le deviendront de plus en plus), quand les idées que je défends feront peu à peu leur chemin vers la surface.

De même ces questions au sujet des blogs, si les blogs deviennent en effet une forme majeure. :-)

Mark Z @ 2010-03-10 14:42:12

"Mark Zuckerberg aurait utilisé des données confidentielles glanées via Facebook pour s’inbtroduire dans les webmails privés d’utilisateurs, indique Business Insider, Mark Zuckerberg aurait récolté les mots de passe erronés introduits par ces personnes pour se connecter à leur compte Facebook. Il aurait ensuite utilisé ces mots de passe -qui ne correspondaient donc pas à des profils Facebook- pour rentrer dans les boîtes de courriel de ces personnes, partant du principe que si ces mots de passe n’étaient pas ceux du compte Facebook mais qu’ils avaient tout de même été encodés, ils devaient bien donner accès à quelque chose..."

Pensez BiBi @ 2010-03-10 15:29:59

Mais ce n’est pas honteux d’écrire dans l’immédiateté. J’ai encore la marque au coeur et au corps des articles de Serge Daney qu’il faisait paraitre quotidiennement dans Libération. En aucun cas, je pourrais les assimiler à de la "fugitivité".

Plus les articles mis en ligne sont "justes", plus ils tiennenent le coup dans le temps ( et effectivement peuvent être relus sans être insignifiants, bien au contraire).

Donc, pour ma part je confonds pas 1. immédiateté et fugitivité 2. Lorsque je parle d’immédiateté, je parle de la réaction à un évènement qui pousse à la rédaction (cela concerne le rédacteur) 3. la fugitivité, au contraire, c’est le récepteur-lecteur qui en décide.

Je vous donne mon rythme de "travail-plaisir" : deux ans de blog, 600 articles argumentés sur plus de vingt lignes. Rajoutez un boulot qui n’a rien à voir avec le Net et un travail de lectures de quotidienS, d’HebdoS etc.

Sait-on vraiment quand commence un article ? Il y a dix secondes ? Ou il y a dix ans ? L’élément déclencheur est évidemment dans le Présent immédiat...

Kafka sera demain encore un auteur d’aujourd’hui :-)

Ce que je trouve passionnant dans vos articles c’est que vous vous attelez à tenter de comprendre ce que vous faites. Parfois - sourire- je ne comprends pas tout car je viens de la Vieille Ecole du Livre et les rouages du Net me sont encore trop souvent brouillés. Enfin, voilà quelques mots pour votre gouverne :-)

Thierry Crouzet @ 2010-03-10 19:35:32

Bien sûr que Kafka est immortel pour quelque temps encore... je voulais dire que les immortels d’aujourd’hui ne peuvent pas ressembler à ceux d’hier et donc qu’ils sont difficiles à repérer.

Les écrivains se sont toujours interrogés sur leur art... ce n’est pas du snobisme mais la volonté de comprendre et peut-être d’aller plus loin. Les blogueurs n’échappent pas à la règle.

Pour moi, mon blog est un tout, lié d’ailleurs à des années d’un journal intime dont il est la suite. C’est peut-être pour cette raison que l’actualité y a peu de place. Il s’inscrit dans une quête...

Chrys @ 2010-03-20 13:50:02

@tcrouzet le #blog, vu par thierry http://ow.ly/1ob3P

Cédric @ 2010-06-04 10:12:37

Effectivement, je pense que l’on à trop souvent tendance à critiquer les blogs, et leur contenu.

Un blog peut se révéler d’une grande qualité, et riche en informations et en contenu, si l’auteur s’implique !

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