Thierry CROUZET
La révolution dans un garage, encore
La révolution dans un garage, encore

La révolution dans un garage, encore

Durant les années 1970, quelques geeks décidèrent que nous disposerions tous d’une puissance de calcul digne des plus grandes multinationales ou organisations gouvernementales. Quarante ans plus tard, une nouvelle génération de geeks a la volonté de nous doter des mêmes outils de production que les industriels et de nous transformer en artisans.

Cette révolution découle de la précédente et ne pouvait venir qu’après elle. Tout d’abord parce que nous avons besoin d’ordinateurs pour piloter nos nouvelles machines, mais, surtout, parce que l’usage des outils de communication nous transforme nous-mêmes.

Dans L’alternative nomade (bientôt la version 1.0 sera disponible), je montre que plus nous nous lions, plus nous nous individuons. Nous devenons ainsi des éclectiques hyperspécialisés, ce qui nous transforme ni plus ni moins en artisans.

Dans de nombreux domaines, directement affectés par l’informatique (média, musique, cinéma, édition, services en tout genre, vente directe…), les artisans peuvent déjà rivaliser avec les industriels. Le mouvement prend de l’ampleur avec l’arrivée des imprimantes 3D.

Le rêve de Von Neumann

Pour mieux mesurer la révolution technologique en court un petit détour dans les années 1940 s’impose. Von Neumann démontra à cette époque qu’une machine universelle était possible, c’est-à-dire une machine capable de se créer elle-même. Il la baptisa réplicateur et montra qu’elle avait un coût énergétique minimal.

Il établit sa démonstration dans un monde simplifié, un automate cellulaires à 29 états, mais encore trop complexe. Depuis les années 1970, les recherches ont repris avec Le jeu de la vie, un automate cellulaire à deux états (je raconte tout cela en détail dans Le peuple des connecteurs).

Dans ce cadre, un pas décisif vient d’être franchi. Le 18 mai 2010, Andrew J. Wade annonça qu’il avait réussi à créer un réplicateur universel qu’il baptisa Gemini. Nous avons ainsi la preuve définitive que des règles ultra-simplifiées peuvent conduire à la complexité la plus stupéfiante, notamment celle de la vie. Le rêve de von Neumann de créer une machine universelle n’est pas utopique.

Un réplicateur pour tous

Depuis quelques années, des imprimantes jet d’encre savent projeter des couches successives de polymères et ainsi construire des objets. Une autre technologie utilise un laser qui fait fondre une poudre métallique et soude entre elles les particules. Jusqu’à ces dernières années, ces imprimantes étaient inabordables. En 2005, Adrian Bowyer supposa que de telles machines seraient bientôt dans toutes les maisons et ne couteraient pas plus de 500 $.

Il se lança dans la construction de RepRap, une imprimante 3D qui serait capable de s’imprimer elle-même. Aujourd’hui MakerBot propose une descendante de cette machine capable de se copier à 50 % (et ce pourcentage ne cesse de progresser en même temps que le design se simplifie). Assemblée d’après un schéma en open source, elle est commercialisée en kit pour moins de 1 000 $. Les bobines de plastique qui l’alimentent coûtent 15 $. Je me demande combien de temps je vais encore attendre avant d’en commander une. C’est ce que j’aurais déjà fait si j’étais plasticien ou bricoleur ou inventeur (petit message pour Roland Moreno : c’est une machine pour toi).

Dans le forum de RepRap, je perçois la même excitation que celle qui animait les premiers garagistes numériques de la Silicon Valley. La révolution technologique qu’ils nous préparent ne peut que se doubler d’une révolution sociale. Imaginez. Vous possédez chez vous une imprimante capable de se fabriquer elle-même. Non seulement elle échappe à tout industriel, mais vous pouvez l’offrir à vos amis, au seul prix de la matière première.

L’autonomisation et non l’autarcie

J’ai de nombreux amis qui cultivent des légumes (j’ai fini cette année par planter des tomates), j’ai un autre ami qui fabrique son charbon de bois pour alimenter sa forge. Il veut pouvoir fabriquer ses couteaux et ses outils au besoin. L’ambition de ces hurluberlus n’est pas de vivre en autarcie, mais de pouvoir survivre en cas d’implosion du système capitaliste.

Ils ne se coupent pas du monde et ne commettent pas l’erreur des anarchistes, ils continuent à entretenir de riches liens sociaux, mais ils ne veulent plus dépendre d’industriels qui participent à la destruction de la planète et à notre asservissement en nous poussant à acheter toujours plus de leurs produits. Il est alors nécessaire de réapprendre des gestes élémentaires : ceux de cultiver, de forger… sans oublier ceux du programmeur et du designer d’objets 3D.

Nous disposons dorénavant individuellement de la possibilité de créer chez nous des objets d’une précision industrielle. L’implosion du système de production capitaliste n’impliquera pas alors la fin du progrès technologique, simplement il se produira de manière distribuée entre chacun de nous.

Des artisans fabriquent déjà des objets 3D en open source que tous les processeurs d’imprimantes peuvent reproduire. Pas plus que les blogs n’ont fait de nous tous des journalistes, pas plus ces machines ne feront de nous tous des Stradivarius (formulation piquée à Narvic). Mais ceux qui ont du talent pourront l’exploiter, ceux qui n’en ont pas pourront profiter de leur création… et développer leur talent dans d’autres domaines.

Avec toutes les techniques de décentralisation, de réappropriation des outils de production, les imprimantes 3D accompagnent le processus d’individuation, le processus d’affirmation de soi… Elles vont nous aider à couper les liens non réciproques qui nous liaient aux industriels, au profit des liens réciproques que nous allons pouvoir entretenir avec les créateurs de formes. C’est à cette seule condition que nous pouvons assister à une profonde transformation sociale.

ownicrew @ 2010-07-09 08:51:11

OwniCrew La révolution dans un garage, encore http://bit.ly/9EvKMs

Nicolas Ancion @ 2010-07-09 08:57:31

Refaire le monde dans son garage avec une simple imprimante 3D http://bit.ly/9kSrmp

Nessy Lupino @ 2010-07-09 09:13:24

tous artisans RT @crouzet: La révolution dans un garage, encore http://bit.ly/9kSrmp

Stéphanie Matéos @ 2010-07-09 09:29:45

RT @nessyduloch: tous artisans RT @crouzet: La révolution dans un garage, encore http://bit.ly/9kSrmp

Pascal Méance @ 2010-07-09 09:35:10

RT @crouzet: La révolution dans un garage, encore CAPITAL http://bit.ly/9kSrmp

Futur @ 2010-07-09 11:07:26

ça deviendra intéressant quand ça fabriquera des êtres biologiques.

Pour le coup, ce sera la plus grande révolution de l’histoire de l’humanité.

Tous les rapports humains changeront, quand on fabriquera sa femme, son ami, son enfant...

En attendant, fabriquer des objets ça ne m’intéresse pas trop.

Thierry Crouzet @ 2010-07-09 11:11:53

J’ai manqué ajouté un paragraphe sur ce point. Il y a des projets d’imprimantes qui déposent des tissus organiques. D’autres qui construisent des labs de génétique qui tiennent dans une cuisine et à un prix dérisoire...

Henri A @ 2010-07-09 11:41:11

Ce Von Neumann, un Léonard de Vinci scientifique du 20e siècle !

Avant hier, j’ai jeté un œil sur des travaux actuels à la pointe en logique et je tombe sur l’algèbre de Von Neumann comme outil !

Encore lui !

Sylvain Vrignaud @ 2010-07-09 11:50:18

Des vrais objets de la vraie vie, mais Open Source: http://blog.tcrouzet.com/2010/07/09/la-revolution-dans-un-garage-encore/

J @ 2010-07-09 13:03:20

RepRap, la machine réplicante qui fait peur aux capitalistes

http://www.poptronics.fr/RepRap-la-machine-replicante-qui

Remarque : ces réplicateurs aussi, comme le "e-book à interaction sociale", se retrouve dans le génial roman Age de diamant de Neal Stephenson (1995)

Thierry Crouzet @ 2010-07-09 13:56:11

J’ai lu, j’ai lu...

J @ 2010-07-09 15:29:23

Je n’en doute pas 1 seconde :)

Mais peut être d’autres lecteurs des commentaires seront intéressés pour découvrir ces deux sources.

Thierry Crouzet @ 2010-07-09 15:34:52

Je parlais pour Stephenson... j’avais pas lu les articles français, mais uniquement anglais et américains.

MadissonCustomer @ 2010-07-09 16:16:15

La révolution dans un garage - http://blog.tcrouzet.com/2010/07/09/la-revolution-dans-un-garage-encore/

Philippe Scoffoni @ 2010-07-09 17:15:52

La révolution dans un garage, encore http://bypsc.fr/09q

djtarek @ 2010-07-09 18:07:23

La révolution dans un garage, encore http://j.mp/9OJwVV

lOurs @ 2010-07-10 09:47:34

Salut,

Il y a effectivement des "imprimantes à produits" dans l’excellent Age de diamant de Neal Stephenson, mais elles sont connectées à un réseau qui détecte si vous avez suffisament de "crédits" pour imprimer ce dont vous avez besoin. L’Age de diament me parait avant tout un essai sur l’éducation, les systèmes éducatifs et la manière dont les élites souhaitent les utiliser à leur seul profit (voir également "L’enseignement de l’ignorance" de Michéa à ce propos). Or l’héroïne n’est en mesure d’utiliser à sa guise les "imprimantes à produits" que lorsqu’elle accède (par hasard) à l’éducation des élites et est alors en mesure de hacker le système. On comprendra ;o) que les élites ne souhaitent pas nous apprendre à nous passer d’elles...

Pour répondre à Futur:ip1 : vous n’utilisez pas d’objets ? Et ne préfèreriez pas en maitriser la production ? Quant aux êtres vivants je préfère rencontrer ceux que le hasard de l’évolution me propose et décider de les fréquenter ou non.

Thierry Crouzet @ 2010-07-10 10:12:14

Si je me souviens bien dans l’âge on peut détruire un objet pour en reconstruire d’autres... suis plus trop sûr, ce qui serait un moyen de se rendre indépendant. Une fois que tu disposes d’un petit stock de matière, tu peux réinventer tes objets, c’est exactement le principe de la forge.

small•talks @ 2010-07-10 11:21:39

Bmk: La révolution dans un garage, encore http://ow.ly/184OoX

Ecco homo 0.1 @ 2010-07-10 15:04:51

"Quant aux êtres vivants"

Une des choses que je trouve les plus aberrantes du monde, c’est de faire des enfants, qui pendant 15 ans vont devoir réapprendre ce qu’on a appris : le calcul, la lecture, etc.

En dehors de toutes les raisons qui me font rejeter la vie de couple, il y en a une, définitive, qui me fait rejeter l’idée d’avoir des enfants :

devoir repasser, à travers eux, par l’apprentissage du b à ba.

-

La biologie humaine n’est pas en phase avec le développement des connaissances humaines :

biologiquement, on repart de zéro à la naissance, ce que les parents ont appris n’est pas disponible dans le cerveau de l’enfant.

Et que dire de la vieillesse ?

-

L’idée de fabriquer des êtres biologiques sans enfance et sans vieillesse, au sens biologique du terme, est intéressante.

Le corps ne sera qu’une série de pièces interchangeables à l’infini, et le centre de la vie, des sensations et des pensées, sera codé en 0 et en 1.

Henri A @ 2010-07-10 22:57:52

A este nino :

C’est un peu court, non ?

C’est un peu comme imaginer des bateaux sans eau ou des avions sans air.

Imaginer des êtres humains sans début et sans fin peu paraître rigolo ou pas, mais le problème n’est pas là ; on ne les qualifiera plus d’êtres humains.

On ne peut pas penser à, si on est sérieux, d’êtres humains moins quelque chose, pas plus que d’êtres humains plus quelque chose.

Cela n’aura tout simplement plus aucun rapport de près ou de loin avec des êtres humains.

Les connaissances ( quelque elles soient ) vont de pair avec son propre corps et le corps des autres.

La vie me semble par analogie être un truc comme la vitesse. Cela se vit, cela s’observe et cela se calcule obligatoirement de façon fausse dans l’absolu.

Humanoïde @ 2010-07-11 00:21:06

"on ne les qualifiera plus d’êtres humains"

Oui c’est un passage à un autre niveau d’évolution.

-

Le truc de fabriquer ses propres objets, pour moi c’est un gadget qui ne me fait pas fantasmer.

Je vis avec le moins d’objets possibles, et j’ai passé l’âge de jouer aux légos et aux trains électriques.

-

En revanche, fabriquer des êtres biologiques humanoïdes, c’est fascinant parce que c’est une vraie révolution, un changement considérable dans l’humanité, qui laisse rêveur sur le plan des conséquences.

-

Et on y va, ce n’est plus un fantasme impossible.

-

C’est aussi l’étape pour aller dans l’espace, car le corps humain n’est pas prêt à habiter l’espace : trop de radiations, trop de dépendance à l’eau, etc.

-

Il y aura toujours une histoire individuelle, une évolution de vie : un logiciel évolue.

Mais on s’émancipe du départ de zéro.

-

Avec l’ADN, la nature a déjà "inventé" un programme, mais il n’inclut pas la pensée et les connaissances acquises par une génération.

Il y a un acquis des mutations et des évolutions biologiques, il n’y a pas un acquis biologique des connaissances intellectuelles.

Avec l’homme 0.1 on aura un acquis des connaissances.

Chaque "homme" créé débutera avec le niveau de connaissances de son créateur (ou accessibles par son créateur).

L’enfant et la vieille disquette @ 2010-07-11 00:37:58

(Je trouve ça effarant qu’on en soit encore à faire des enfants, qui mettront vingt ans avant de comprendre une discussion à table, quand on aborde un sujet de connaissance contemporain de niveau moyen.

L’enfant reste un archaïsme biologique considérable, en regard de l’évolution de l’esprit humain.

Un jour on sourira de ce mode de reproduction archaïque, comme on sourit des vieilles disquettes qui ne stockaient que quelques Ko.

On aura inventé un truc bcp plus performant.)

Ami @ 2010-07-11 11:59:17

*****

Quand je m’examine et examine mes façons de penser, j’en viens presque à la conclusion que le don de l’imagination a davantage compté pour moi que mon aptitude à assimiler des connaissances pures.

L’imagination est plus importante que la connaissance.

Elle a un impact réel en recherche scientifique.

La connaissance est limitée, l’imagination embrasse le monde, stimule le progrès, donne naissance à l’évolution.

Einstein

*****

Enfant, certains ciels ont affiné mon optique : tous les caractères nuancèrent ma

physionomie. A présent, l’inflexion éternelle des moments et l’infini des mathématiques

me chassent par ce monde. C’est aussi simple qu’une phrase musicale. Rimbaud

*****

On dit que les grands hommes conservent nécessairement quelquechose d’infantile.

Le long maintien de cette pulsion peut montrer avec quelle lenteur s’arrache à son enfance quiconque a, dans ses années d’enfant, connu la félicité érotique suprême, plus jamais atteinte par la suite.

Nous savons que les symptômes névrotiques sont des formations subtitutives de certaines opérations de refoulement que nous avons à accomplir au cours du développement qui nous mène de l’enfant à l’homme civilisé, nous savons que nous produisons tous de telle formations substitutives et que seuls le nombre, l’intensité et la répartition de ces formations substitutives justifient que l’on recoure au concept pratique d’état de maladie et que l’on conclue à une infériorité constitutionnelle comme 000.

Freud

Thierry Crouzet @ 2010-07-11 12:14:13

Ce serai cool pour tout le monde que tout le monde utilise un même pseudo... les gens qui débarquent ne comprennent rien à vos échanges... plusieurs m’ont fait la remarque. J’ai pas envie de déployer un système de filtrage des commentaires qui force un pseudo par ip et qui interdit les anonymizer.

L’anonymat oc mais la cohérence dans l’anonymat... les changements de pseudo actuel ne font qu’emmerder les nouveaux arrivants.

Ami @ 2010-07-11 13:06:13

Du calme Thierry Crouzet. Ceci n’était pas un échange, juste un coup de bâton donné en passant sans vouloir utiliser mon pseudo habituel. Souhaitons pour tes lecteurs que ceux qui par habitude changent de pseudo à chaque commentaire t’entendent, eux.

Ami @ 2010-07-11 13:07:07

***Du calme Thierry Crouzet. Ceci n’était pas un échange, juste un coup de bâton donné en passant sans vouloir utiliser mon pseudo habituel. Souhaitons pour tes lecteurs que ceux qui par habitude changent de pseudo à chaque commentaire t’entendent, eux.

Internet et l’éclatement de l’identité @ 2010-07-11 13:09:28

"ne comprennent rien à vos échanges"

C’est aussi parce qu’ils sont dans une lecture superficielle : "qui dit quoi ?"

au lieu d’être dans une lecture créative : "qu’est-ce qui se dit ?"

ça fait longtemps qu’en psychologie on a détruit la notion d’identité.

L’identité est un mensonge social, et c’est en grande partie l’identité du nom qui force chacun à une fausse cohérence, et à un conservatisme artificiel :

"moi, je suis Henri Dupont, état civil, j’ai dit cela un jour, je suis connu pour avoir telles idées, je dois m’y tenir, même si mon intelligence à l’instant présent me fait penser le contraire."

Je suis pour qu’on s’intéresse à la chose même, et pas à l’émetteur de la chose.

Rien que la lecture d’un nom (ou d’un pseudo) induit à la paresse de lecture :

ce qu’on lit est biaisé par l’idée qu’on se fait de ce que va dire l’auteur.

C’est bien d’inventer des machines nouvelles, mais si c’est pour en rester à la vieille notion d’identité sociale, on n’avance pas tellement dans la connaissance de l’essentiel.

-

Le truc le plus révolutionnaire qu’Internet a inventé, c’est l’éclatement de l’identité.

-

Les psychologues ont analysé que l’usage des pseudos multiples libérait de nouvelles zones du cerveau et de la personnalité :

l’homme se multiplie et fait un bond en avant dans l’évolution.

C’est cela, la révolution. Et pas de fabriquer sa propre boite de petits pois.

000 - Sur la notion d’enfance @ 2010-07-11 13:27:56

@ Ami

Ce que vous dites (ou citez) sur l’enfance est ridicule.

L’homme tire parti de tout, et est capable de tout transformer en or.

Certaines oeuvres géniales sont nées pendant l’occupation allemande, qui offrait de longues périodes de loisirs.

Pour autant, on ne peut pas souhaiter l’occupation allemande.

-

L’homme tire parti de son enfance, malgré l’état d’infériorité du cerveau.

Pour autant, on ne peut absolument pas considérer comme un idéal indépassable, le fait du bébé qui nait avec rien dans le cerveau.

Il y aura d’autres sources d’émerveillements que ce qu’on appelle aujourd’hui l’enfance.

On peut imaginer sans être un bébé pendant des années.

Il nous reste tout l’univers a connaître, il y a une infinité de choses dont pourront s’émerveiller des hommes qui ne perdront pas 20 ans de leur vie avec un cerveau vide.

Le bébé humain est un archaisme biologique. La biologie n’a pas suivi l’évolution de l’esprit humain, l’ADN n’a pas intégré l’acquis culturel.

On y viendra. L’histoire de la nature, c’est la notion d’évolution. L’homme biologique actuel n’est pas la merveille indépassable.

Ce qui est nouveau, c’est que l’évolution pourrait naître de l’esprit humain, et pas seulement d’une mutation au hasard.

Il y aura fusion de la biologie et du génie informatique. Et l’on décidera vite d’éviter le stade "bébé" avec départ de zéro.

Thierry Crouzet @ 2010-07-11 13:35:35

C’est juste que j’ai reçu des petite plaintes... je vous dis. Et si ça peut aider les gens à mieux suivre les échanges c’est pas plus mal, ça simplifie aussi quand on veut pas lire quelqu’un et c’est une liberté que nous devons préserver, même si l’usage du pseudo est intéressante... mais l’abus non.

Parce que moi je sais qui est qui parce que je vous lis à travers des mails avec des tonnes de stats... il me semble que tous les lecteurs doivent être à égalité avec moi.

000 @ 2010-07-11 13:49:02

(Croire le stade "bébé" indépassable, c’est comme si l’on avait décidé que le stade "sans ADN" était indépassable.

Un jour l’ADN est arrivé, transmettant un acquis biologique.

Nous aurons un jour une évolution à l’ADN de la connaissance, via le génie informatique, qui transmettra un acquis intellectuel dès la naissance.

Plus besoin d’apprendre les bases à la naissance. On commencera avec un acquis des bases actuelles.

Les jeunes organismes auront autre chose à faire de leur vie que de réciter "2 et 2 font 4".

C’est stupide de s’émerveiller d’un enfant qui en est encore à devoir apprendre "2 et 2 font 4".)

000 @ 2010-07-11 13:54:04

"C’est juste que j’ai reçu des petite plaintes…"

Oui je m’en doute. Mais ton blog est une sorte de laboratoire, et il faut aussi inviter les gens à sortir des petits conformismes sociaux pour entrer dans une dimension plus expérimentale et imaginative.

On ne peut pas à la fois inventer le futur, et être socialement immobile.

Le futur c’est pas seulement les objets, c’est aussi l’évolution de la psychologie.

Le multi-taches en informatique, la multi-identité, font partie du futur.

Thierry Crouzet @ 2010-07-11 14:45:20

Le multi-identité est une forme de nomadisme que je respecte. le multi-identité dans un fil de commentaires, on va pas dire que c’est révolutionnaire, surtout quand seuls les nouveaux venus se font prendre...

Pour les enfants, j’aurais pu écrire ce que tu écris avant d’en avoir :-) Sauf que tu découvres alors qu’ils te font apprendre de putains de trucs les enfants... et qu’ils te poussent à la limite (parfois de la crise de nerf il est vrai). Eux ils répètent un truc, mais chaque fois différent que ce qu’il s’est déjà joué, qui mènera donc à autre chose, à d’autres Proust, Einstein... et celle différence là te change toi qui vit près d’eux. Cela dit je n’ai rien contre le transhumanisme... et cette idée que la vie pourrait se prolonger infiniment... cette route n’empêche pas l’autre, en tout cas aujourd’hui.

splinter cells, although united @ 2010-07-11 17:05:37

" mais chaque fois dif­fé­rent que ce qu’il s’est déjà joué, qui mènera donc à autre chose"

(soulagement) Merci d’avoir réintégré cet aspect, contenu dans l’émerveillement, qu’un certain individu semblait avoir réduit de son regard dévaluateur de mauvais juge.

On se demandait s’il avait encore (et toujours comme à son habitude) l’intention d’imposer à tout le monde son réductionnisme au lieu de prendre son propre corps comme champ de ses expérimentations si élevées et si socialement "mobiles" que ça, celui-là.

Tu sauras, en tout cas me distinguer de l’autre, sur une nuance remarquable. je n’impose que ce à quoi je ne puis me soustraire, sans aucune ambition politique : ce que je suis et deviens, c-à-d multiple.

Et sûrement pas d’imposer à tous ce que je souhaiterai qu’ils soient.Et ce, même pour leur devenir.

Et si je le fais, c’est souvent pour avoir vu l’inverse par des gens qui étalent par habitude et sans complaisance leur contraintes au mépris (tiens, encore)de l’humain qu’ils prennent pour un sim unilatéral.Comme si cela allait de soi !

Ce n’est que lorsque je sens qu’il se sert d’une majorité sur la quelle il se méprend (hé, oui, la méprise (encore elle) c’est tellement traitre) pour imposer à grande échelle ce qui avait l’intention de murir plus modérément avec son équilibre vital et nécessaire, que j’interviens.

J’ai eu de nombreux accrochages avec ceux qui cherchent à étouffer de manière sourdement industrielle, ce qu’ils ne comprennent pas, croyant que l’uniformité résout tout ce qu’il identifient comme des problèmes dans la population humaine de la planète.

Une autre caractéristique de ma démarche est de ne citer quasiment personne à part moi et ceux qui me sont contemporains (comme toi Thierry): Ma bibliothèque est vivante, même si certains écrivent mieux et plus simplement, mais plus mortellement. On pourrait les y reconnaître parfois ici et là, mais presque toujours là où on ne les attendait plus par références ou habitudes.

Je fais cet éclaircissement afin que tout ceci ne désarçonne plus outre mesure les éventuels curieux de ce qui se tisse autour de tes courts résumés et de ton atelier.

000 @ 2010-07-11 17:39:05

La magie de l’enfance proustienne n’est pas liée aux connaissances de base à apprendre.

La magie de l’enfance chez Proust, c’est la rencontre des êtres, et la rencontre des êtres sera d’autant plus mystérieuse et passionnante qu’ils seront plus complexes.

La figure même d’Albertine chez Proust, c’est celle de la multi-identité impossible à déchiffrer.

"Les innombrables Albertines".

L’essentiel de la magie proustienne n’est pas lié à "2 et 2 font 4".

On peut conserver la magie de l’enfance, tout en les libérant d’un stock de connaissances basiques à ingurgiter. ça c’est vraiment du temps usé pour rien.

Qu’un enfant nous parle des dernières découvertes sur le cosmos, au lieu de nous réciter la table de multiplication par 9.

Exemple @ 2010-07-11 17:52:39

Il ne me viendrait pas à l’esprit, alors que je suis multiple, de traiter avec autant d’indifférence l’idée selon laquelle, pour les scolaires, 2+2 serait une base de l’apprentissage, alors qu’on le fait plus rarement de la gamme en musique.

Cette hierarchie qu’on donne en mathématiques est une distinction qui tendrait à séparer ces deux voisines (mathématiques et musique)alors que certains compositeurs, dont certains ici se réclamaient plus tôt, ont justement voulu évoluer vers le contraire.

Il y a là un élément notable qui pourrait être tout simplement exploré au lieu d’être mis au rang de "problèmes de développement" duquel on devrait, pour être "socialement mobile" faire table rase.

;-)

Henri A @ 2010-07-11 18:59:01

Tu confonds tout 000 comme d’hab et c’est reparti !

J’enlève arbitrairement Proust aux citations :

"La magie de l’enfance n’est pas liée aux connais­sances de base à apprendre."

"La magie de l’enfance, c’est la ren­contre des êtres, et la ren­contre des êtres sera d’autant plus mys­té­rieuse et pas­sion­nante qu’ils seront plus complexes."

Il n’y a pas de MAGIE, ni de choses MYSTÉRIEUSES et PASSIONNANTES dans une rencontre, ni de COMPLEXITÉ ( dans le sens ou on l’entend ici ).

Tu pourrais parler de la magie, du mystère, de la chose passionnante qu’est le fait de marcher à quatre pattes.

Ce que nous faisons psychologiquement, sociologiquement, émotionnellement EST la "normalité" et l’ évidence. Nous le vivons TOUS 24h /24 h.

"L’essentiel de la magie prous­tienne n’est pas lié à “2 et 2 font 4?."

Chez Proust ? Quoique... Une misérable addition me semble plus mystérieuse que l’attachement de deux personnes. Nous sommes ultra entrainés à ressentir, manipuler l’autre. Rien de nouveau et d’étonnant.

La question n’est pas qualitative dans mon propos.

Il y a ce que nous faisons les doigts dans le nez ou ailleurs : émotions, psychologie empirique etc...( par mimétisme d’ailleurs ).

Ce que l’on doit apprendre par "dressage", etc...

Albertine et la table des 9 (000) @ 2010-07-11 19:24:23

"Il n’y a pas de MAGIE"

La magie naît quand quelque chose n’est pas immédiatement réductible à du connu, et qu’on ne sait pas comment ça va finir.

"2 et 2 font 4", il n’y a aucune forme d’individuation de cette chose.

"2 et 2 font 4" : la formule est la même chez Paul et Jacques, en 1900 et en 2010.

Sensation d’immobilisme évolutif, de perte de temps, d’apprendre deux choses identiques à 100 ans de distance, avec les mêmes efforts.

-

Quand Marcel rencontre Albertine, il y a une forme d’individuation : chaque être est quelque chose de beaucoup plus unique et différent d’un autre, que l’universalité plate de "2 et 2 font 4".

Cette individuation introduit un mystère :

personne peut prévoir ce que fera Albertine : est-ce qu’elle va baiser Marcel comme une chienne, ou bien se tirer avec Andrée ?

-

A l’inverse, 2 et 2 font 4, c’est sans mystère. On ne s’attend pas à ce que 2 et 2 fassent autre chose, tout d’un coup.

Répétition sans inattendu, pour la table mathématique de base.

-

Albertine, c’est du mystère et de l’imprévisible. Tu peux dire qu’elle RESSEMBLE à une autre fille, mais elle n’EST PAS cette autre fille. Tu es incertain de sa conduite.

Tu attends la fin de la rencontre, parce que tu ne sais pas comment elle va mourir, ou pas.

Quand ton fils te récite la table de 9, il ne peut rien inventer de 9, c’est la même table que celle que tu connais.

On peut lui injecter la table de 9 en intraveineuse neuronale.

David Vincent @ 2010-07-11 19:43:34

Si, si, Les extra terrestres sont arrivés, je vous dis...

avec leurs maths lyophilisées, ils vont vous faire faire des cauchemars

:-)

Cerveau lyophilisé (000) @ 2010-07-11 19:54:21

"avec leurs maths lyophilisées"

:-)

Après, on peut discuter de la faisabilité de la chose.

Les connaissances de base sont codées et stockées chimiquement dans le cerveau.

Aujourd’hui, on ne sait pas encore décoder et recoder ces informations chimiques, mais il n’y a pas d’impossibilité métaphysique absolue.

Pas d’impossibilité métaphysique absolue, à transférer ce codage chimique sous forme informatique.

C’est plus fascinant que de fabriquer une boite de petits pois dans son garage.

Neurones de rat sur puces électroniques (000) @ 2010-07-11 20:08:20

Il y a deux voies d’accès possibles :

  • l’étude du codage chimique dans le cerveau

  • l’étude des systèmes informatiques : à quel niveau de complexité des connexions naît la conscience

Dans le premier cas, on aboutirait à un humain décodé, recodé et modifié, sur la base de sa biochimie naturelle.

Une sorte d’OGM.

Dans le deuxième cas, on aurait un système informatique humanoïde, complètement émancipé de la biologie humaine.

On peut aussi imaginer des complexes mixtes entre neurones et systèmes informatiques.

On a déjà expérimenté des complexes de neurones de rat et de puces électroniques.

J @ 2010-07-11 20:24:39

On pourrait aussi essayer de combiner Triple avec un cerveau normalement constitué.

Car c’est effarant le nombres d’inepties et la quantité d’ignorance étalées ici concernant l’enfance, la connaissance, et le reste!!!

J défend la structure minérale contre l’ADN (000) @ 2010-07-11 20:40:19

Mais oui, J.

Continue de croire que les quinze ans d’école élémentaire sont quelque chose d’indépassable.

Tu aurais défendu les structures minérales sans ADN, ne voyant pas l’intérêt de jouer à l’apprenti sorcier avec l’ADN.

Heureusement, la nature est moins conservatrice que toi.

L’ADN a permis un bond en avant évolutif, en transmettant une série d’acquis biologiques pour aller plus loin ensuite, sans recommencer la biologie de zéro face aux forces physiques, comme fait le monde minéral.

La même chose pour les acquis de connaissance ouvrira des espaces infinis.

C’est le vrai sujet pour le monde de demain. Autrement plus intéressant que le sort de Guillon.

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