Thierry CROUZET
Pour une littérature de gare
Pour une littérature de gare

Pour une littérature de gare

Je n’ai jamais participé à un atelier d’écriture, sinon ici même sur ce blog au quotidien depuis cinq ans, ou lorsque j’ai écrit Croisade alias La quatrième théorie. M’est venue l’idée d’un atelier physique, en face à face, autour d’une table. Le but : écrire une histoire, avec des paysages, des courses poursuites, des personnages drôles ou terriblement méchants, du mystère et des rêves pour nos propres vies.

L’auto-fiction me fatigue. L’écriture pour l’écriture, cette écriture qui se regarde, qui révèle la souffrance de l’écrivain, révèle aussi son vide cérébral et son manque de talent naturel. Que l’écriture serve de thérapie, c’est une chose, mais les lecteurs n’ont pas à cautionner ce déballage. L’esthétisme pour l’esthétisme me laisse deviner un manque de sens esthétique. Notre époque qui invente des lendemains incertains a plus qu’une autre besoin d’histoires pour anticiper tous les possibles, pour nous y préparer, pour nous donner envie de construire dans une direction plutôt qu’une autre (il va s’en dire que je ne goûte pas les serial killers).

L’écrivain doit devenir prescripteur. Nous ne sommes plus au vingtième siècle. Alors, plus nous nous retournerons vers ce siècle, plus les écrivains négligés se révèleront. Ce ne sera plus Proust le grand génie, mais Asimov, ou Herbert, ou Simak. Ils étaient, en leur temps, déjà en train de nous aider, de nous préparer à bâtir notre avenir.

J’imagine un atelier d’écriture dans cette perspective. Jeter la littérature pour la littérature et démultiplier ensemble notre puissance à imaginer des histoires positives. Avis aux amateurs. Si vous organisez un festival dans la planète littéraire, un séminaire, je ne sais pas trop quoi, faites-moi signe. Je suis partant.

J’aimerais reprendre les mécanismes du jeu de rôle. J’ai déjà effectué cette expérience, pour une version préliminaire de Croisade, mais la partie se jouait de manière traditionnelle, de vive voix. J’imagine tout transporter à l’écrit. Proposer un premier chapitre. Demander aux joueurs de se choisir un personnage. Puis qu’ils écrivent très vite ce qu’ils font suite à mon introduction. Puis j’écris un nouveau passage, ils réagissent. Et ainsi de suite.

Nous pourrions nous livrer à l’expérience en ligne… J’ai juste envie de face à face en ce moment. Il me semble que l’innovation doit se jouer en un aller-retour entre le matériel et l’immatériel. La lecture reste une activité matérielle, l’écriture aussi. Et peut-être qu’il me faut une expérimentation dans le dur pour découvrir les mécanismes transposables en ligne. OK, des expériences tournent déjà. Mais avez-vous entendu parler des histoires produites ? Non. La méthode n’est pas au point.

En même temps, je réfléchis à un roman d’aventures, un Croisade plus littéraire, mais néanmoins reprenant les mécanismes du roman populaire. Depuis plus d’un an, l’histoire est dans ma tête, les personnages apparaissent peu à peu, quelques amis, comme Ayerdhal et Sara Doke, m’ont encouragé à écrire ce livre. J’hésite encore, j’ai besoin de mes lecteurs, je veux appliquer La stratégie du cyborg sans encore trop savoir comment m’y prendre cette fois. Un blog dédié ? Facebook ? Un autre réseau social ? Par mail ? J’attends le déclic. Il viendra peut-être de vous, de nos échanges. Voici la littérature que nous élaborons, une littérature de l’interaction.

Notes

  1. Le numérique joue un rôle central dans la littérature contemporaine, pas tant dans les nouveaux modes de diffusion, que dans les nouvelles possibilités d’élaboration.

  2. Qui le désire peut publier sur le Web. Conséquence : il y a sur le Web plus d’écrivains médiocres qu’ailleurs (en nombre mais pas en pourcentage). C’est une question de statistique.

  3. Tous ceux qui sculptent leurs phrases à n’en plus finir se croient des auteurs parce que leur syntaxe ne ressemble à rien de visible. N’est pas Julien Gracq qui veut.

  4. Quand j’ai commencé à écrire, je me suis mis à détester le verbe être. J’en faisais l’élision presque systématique. Je vois partout en ligne des auteurs reproduire cette manie. J’ai fait partie de ces fainéants qui coupent plutôt que de reconstruire leurs phrases.

  5. La littérature ne doit pas se voir. Ce qui paraît littéraire ne l’est pas. En tout cas, telle est mon esthétique. J’ai un faible pour le minimalisme, un minimalisme qui me paraît nécessaire après un siècle de gabegie.

  6. Je pourrais écrire un manifeste contre la gabegie littéraire ou son pendant, un manifeste en l’honneur de la littérature populaire.

  7. La littérature expérimentale n’existe pas. Il n’existe que des expériences ratées, comme en science. Une expérience a pour but d’infirmer une théorie, pas d’en produire.

  8. La littérature soignée est déjà morte au moment où elle est produite. La littérature doit sourdre.

  9. Julien Green a écrit « La pensée vole et les mots vont à pied. Voilà tout le drame de l’écrivain. » Je ne suis pas d’accord. Les mots aussi volent, ils peuvent même aller plus vite que la pensée, c’est à ce moment qu’on devient écrivain.

marsupilamima @ 2010-08-25 10:08:13

du théâtre, non? cad, ne plus éliminer le verbe être, mais s’en tenir aux dialogues (avec quelques didascalies). pour un face/face....

Thierry Crouzet @ 2010-08-25 10:10:17

Oui, du théâtre peut-être... pourquoi pas.

jeanloub @ 2010-08-25 10:14:34

théâtre : c’est ce que dit - et fait- Henry Le Bal

cf bientôt mise en ligne depuis #numerile où François rédige encore et encore avec les nuages pour écrire !

cjeanney @ 2010-08-25 10:29:07

j’ai compris ce qui me coince, pas tant ton projet et même au contraire, mais dans les notes qui sont/semblent très définitives. Tu parlais des îles, des îliens, et on dirait que tu coupes des ponts, là. On peut voir l’écriture différemment du voisin sans pour autant le déclarer comme méprisable (mais j’ai peut-être compris de travers parce que je me sens dans l’expérience et pas dans la cavalcade haletante du mousquetaire)

Thierry Crouzet @ 2010-08-25 10:32:23

J’ai rien contre l’expérience, au contraire... mais quand l’expérience réfute, il faut l’abandonner pour autre chose.

On peut sculpter à n’en plus finir pour qu’au final on ne voit plus le geste du sculpteur. C’est quand ce geste se voit, et, pour moi, il se voit trop souvent, qu’il y a bug.

J’aime peut-être trop la pensée qui court.

cjeanney @ 2010-08-25 10:42:00

oui mais du point de vue de celui qui fait, comment savoir que l’expérience réfute ? Qui dit qu’il y a bug ? (critiques/lecteurs/succès/éditeur/la soeur de ma tante...etc) C’est l’écho qui est complexe, et la confiance en soi, et la liberté qu’on se donne de faire, je ne sais pas si quand je vois le geste du sculpteur, ma voisine le voit aussi, on n’est peut-être très divers.

(et puis ma voisine est un mauvais exemple dans ce cas-là, mais gentille, elle me donne des concombres de son jardin)

marsupilamima @ 2010-08-25 11:20:26

le théâtre c’est à la fois désuet et archi contemporain...En fait, mon rêve (à moi), ce serait de pouvoir traiter ça entre jeu vidéo pour le design et le mouvement) et textes...Pas pour demain, je suppose. Les contraintes sont différentes du roman, l’écriture est primordiale, et surtout, il faut savoir éliminer tout ce qui provoque l’ennui. Mais l’intérêt principal, c’est que de plus en plus, on y mêle de la musique (y compris live), de la vidéo, de la danse ou du cirque etc. Mais il faut que ce soit cohérent et absolument justifié. Sinon, c’est juste énervant. Et ça on peut le faire sur le web, mais pas seul!

Nessy Lupino @ 2010-08-25 11:21:28

Pour une littérature de gare http://blog.tcrouzet.com/?p=18752 par @Crouzet #numerile suite

françois bon @ 2010-08-25 11:30:53

Vers une écriture sans littérature ? http://bit.ly/d7coxv @Crouzet #numerile nos désaccords aussi sont riches

harmodio @ 2010-08-25 11:38:07

RT @fbon: Vers une écriture sans littérature ? http://bit.ly/d7coxv @Crouzet #numerile nos désaccords aussi sont riches

steph @ 2010-08-25 11:38:16

Des ateliers "online" existent, certes, la qualité du travail n’est pas au rendez-vous (par qualité, j’entends parvenir à la fin d’une histoire).

Le web a ceci de particulier qu’il demeure difficile de concentrer l’attention de personnes durant une longue période, nécessaire à la génèse d’un texte.

Bref.

Sinon, plus que jamais, l’auteur, l’auteur débutant, n’est pas seul !

Si je prends mon propre cas, j’ai terminé d’écrire mon premier roman. Je suis un débutant, un novice, un bleu de l’écriture... ce que vous voulez, avec une écriture de débutant et des fautes d’orthographes. Il n’empêche, après les deux premières phases de correction, avec l’aide de deux alphas lecteurs, je me retrouve avec un texte séduisant.

A présent, deux bêtas lecteurs ont pris le relais pour la phase III, ils chassent les coquilles d’un texte élagué, les erreurs de style, et d’autres choses. Ils livrent leurs impressions et suggestions.

Bien sur c’est long, entre le premier jet bouclé en décembre 2009 et cette phase III, il se sera écoulé 8 mois.

L’auteur débutant n’est plus seul avec sa page blanche, non, l’écriture devient un exercice plus collectif, "wired writing" en somme.

Quant au verbe être, le tuer n’est pas une solution, l’employer à bon escient oui ;-) Mais bon, ce n’est que mon humble avis de bleu.

Otto Von Früt @ 2010-08-25 11:39:59

RT @fbon : Vers une écriture sans littérature ? http://bit.ly/d7coxv @Crouzet #numerile nos désaccords aussi sont riches

svetlana s costa @ 2010-08-25 12:14:39

very good question - are we heading towards writing only and no literature? To see: http://bit.ly/d7coxv /via @fbon

000 @ 2010-08-25 13:59:04

Le roman de gare prend la place de Proust. Conclusion évidente de la fin des pyramides.

Le grand style culturel était la dernière pyramide à abattre pour opérer la fusion populiste.

Finkielkraut n’avait pas tort. Le populisme sur Internet conduit, de facto, au renversement de toutes les valeurs culturelles. La médiocrité est assumée comme nouveau standard du goût.

On voit à quel point la survie de la culture dépend de lignes de défenses pyramidales, érigées contre le goût du peuple vers la facilité, le jeu et le ludique à tous les étages.

99% du grand art n’existerait pas, si l’on suivait le goût de la masse, qui va spontanément au roman de gare et à la pop music.

-

Ce mouvement populo-citoyen n’est pas différent de Sarkozy, président populo qui n’arrive pas à comprendre qu’on puisse aimer la princesse de Clèves, et pour qui Johnny Hallyday c’est la grande musique.

On a une convergence de tous les populismes vers la médiocrité assumée :

""la Princesse de Clèves c’est si ennuyeux, n’est-ce pas ?"

Tout ce qui n’a pas sa place dans une grande gare populaire, compris par tous, devient un non-sens.

Au moment où le goût populaire est érigé en absolu, dans un mouvement mystique où se retrouvent Sarkozy, le Web 2.0, les fournisseurs de tuyaux, les nouveaux auteurs collaboratifs...

cjeanney @ 2010-08-25 14:03:43

je refuse de vivre dans un monde où "Fin­kiel­kraut n’avait pas tort".

Thierry Crouzet @ 2010-08-25 14:34:21

@000 Ne dit pas n’importe quoi. Lis les auteurs dont je parle. La littérature est un monde, pas un truc avec des objets idéaux qui y flotteraient. Personne n’a le pouvoir d’établir un classement (sinon pour soi même).

@cjeanney C’est pourquoi il faut connecter les îles, pour que le regard des autres aident à démasquer nos complaisances. Mais qui a le courage de dire ce qu’il pense des autres ? Surtout s’il croit les estimer?

cjeanney @ 2010-08-25 14:54:06

Mais c’est compliqué, il faut un capital confiance très fort, une sorte de lien qui unisse celui qui dit et celui qui reçoit, sinon on ressort tout froissé :-)

Juste en prenant ma (petite) expérience, jamais autant échangé/pensé/reconsidéré avec lectures "sensibles", qui donnent directions ou appuis. Mais ceux qui corrigent comme une copie de bac français, ptiou (symbole sonore du jet de salive parce que hein), qu’ils aillent se faire du creative writing et Musso&Gavalda seront les maîtres du monde, danger quand même.

Js @ 2010-08-25 15:07:18

1) l’idée du jeu proposé a déjà été prise par... Alexandre Jardin. Hum.

http://www.lexpress.fr/culture/livre/alexandre-jardin-mon-prochain-livre-sera-numerique_905084.html

2) "L’écriture pour l’écriture", "l’esthétisme pour l’esthétisme", accolé à autofiction ? Amalgame, raccourcis désargumentés. Cela me rappelle un des conseils de Bernard Werber aux écrivains en herbe, conseil commenté ici : http://towardgrace.blogspot.com/2009/12/pas-joli-joli.html

3) Opposer Proust et Asimov (et Herbert)... Pff... je ne dis plus rien, tiens. Asimov et son monde de généreuse aristocratie scientifique seule à même de guider le troupeau humain... Bon, j’ai lu qu’en traduction, d’accord, et c’est d’ailleurs comme ça que j’ai appris le sens du mot "péremptoire", à force de le croiser à chaque chapitre.

4) et oui: "je refuse de vivre dans un monde où “Fin­kiel­kraut n’avait pas tort”" !

Moi, comme me le conseille M. Werber, je retourne enfiler des perles, c’est plus clair, hein.

J.

Iza @ 2010-08-25 15:11:46

Argl, pas le temps nom de nom, alors que je bouillonne.

L’expérience, j’y suis très attachée. C’est pour moi, en très raccourci, le droit d’essayer même si ça peut rater; c’est permettre aux participants de vivre une expérience, de la ressentir dans leur corps, d’y associer des odeurs/sensations physiques ... pour ne pas être que "dans la pensée". C’est donc produire de la "matière" pour avancer, pour changer, évoluer.

L’atelier d’écriture : faudrait vraiment que tu croises Gérard Mendy. Il faut que tu vives un atelier d’écriture comme j’en ai vécu plusieurs en vrai, avec lui (écriture de slams). Pour mixer ensuite ton ressenti à ton expérience de jeu de rôle ... on est pas dans notre projet là ??? presque presque.

"La médio­crité est assu­mée comme nou­veau stan­dard du goût." je vais essayer de ne pas foncer dans la muleta agitée par notre ami 000, mais juste ça. Cette phrase là, je l’ai entendue dans d’autre bouches et dans le même esprit. et ça me chatouille. Parce que moi par exemple, ce que j’essaye d’assumer, c’est d’où je viens, c’est mon milieu (normal hein, mais modeste). C’est ce qu’il a fait de moi, comment il a forgé ma façon de voir le monde. Oui. Que ça ne me prédispose pas à développer spontanément une immense culture, c’est juste un fait. Je suis donc effectivement inculte, je ne m’en cache pas. Je ne m’en vante pas non plus, note bien, mais je ne vois pas pourquoi j’en aurais honte, compte tenu des efforts tout à fait honorables que j’ai fourni et que je continue de fournir. Ce que tu pointes, c’est une dérive certes, mais sans doute dégénérée d’un processus qui doit ressembler à ce que je décris. Une fois de plus, je souffre de ton mépris.

Pour finir, c’est marrant que tu prononces "complaisance". ça me travaille beaucoup en ce moment ce sujet là. Pour essayer de ne pas l’être avec toi, je te le redis, tu peux sans doute sans te travestir perdre l’habitude de prononcer des sentences si définitives. Elles nous font bien rigoler mais tu perds l’attention de certains, c’est dommage, surtout quand on sait comment tu raisonnes en réalité.

cjeanney @ 2010-08-25 15:27:52

Sur la complaisance (après je vais bosser) si je prends par exemple "J’ai eu l’idée", que je te dis "cette idée là et puis celle-là et celle-là, bof, tu devrais les virer mais aussi rajouter une autre dans la veine de celle-là" et que le lecteur suivant te fait d’autres remarques sur d’autres idées parce qu’il n’est pas comme moi, et d’autres lecteurs d’autres remarques encore, tous de sensibilités différentes, qu’est-ce que tu fais ? tu tournicotes comme une girouette en modifiant le texte au fur et à mesure ? tu le défends mordicus ? C’est pas tant une question de complaisance ou d’une lucidité supposée sur le travail de l’autre... pas d’équation rassurante, parce que c’est peut-être pas scientifique de lire quelqu’un

(bon, au boulot)

Thierry Crouzet @ 2010-08-25 15:55:06

@cjeanney La confiance oui, et la franchise aussi... on peut avoir confiance en des lecteurs qui nous mentent... rien n’est simple, et puis tout le monde peut détester un auteur, et demain tout le monde peut l’aimer. Ce serait simple s’il y avait des règles mais est-ce qu’on serait là en train de discuter? C’est pourquoi dans l’immense réseau de la littérature, il faut créer des affinités électives, dans le même temps écouter aussi les autres, sans pour autant faire ce qu’ils disent. Et surtout avancer, loin, plus loin...

Iza @ 2010-08-25 16:00:39

C’est pour ça que c’est trop restrictif de penser le contact et l’interaction comme de simples propositions de corrections.

C’est plutôt d’entretenir un lien, qui produit des mouvements, des frictions, des éclats de ... d’expérience tiens, qui iront (peut être) modifier les trucs que l’un ou l’autre écrira un jour, plus tard.

Ce qui est difficile, c’est de concevoir une règle du jeu féconde, qui permette de produire le plus d’"experiment" possible. Dans le cas de "croisade" par exemple, ça demandait au bout d’un moment trop de temps et d’attention. Donc nous avons fini par décrocher. l’idée de cadrer un moment précis est sans doute plus astucieuse.

Thierry Crouzet @ 2010-08-25 17:16:21

Le problème c’est qu’on ne crée rien en quelques heures... un livre demande des mois de travail. Mais quand je jouais, je pouvais jouer une partie durant des mois. C’est dans cette direction que je vois une solution.

Iza @ 2010-08-25 17:39:38

Un mix des deux peut-être. des entrées et sorties permanentes possibles. Pour favoriser le foisonnement. Accumuler des petites sessions. Je ne sais pas.

En même temps, on en parlait il n’y a pas longtemps, ce que nous faisons ici se passe comme ça. Des petits bouts, mais depuis un bout de temps maintenant. Et toujours des choses à brasser.

Il faut peut être juste modeler, orienter, inspirer cette matière là.

Henri A @ 2010-08-25 17:45:41

Les collaborateurs ( trices ) devraient être les personnages, comme le jeu. Mais alors cela ressemblerait bigrement à un jeu de rôle.

La piste BD ne te tentes pas ?

Quand est-il par exemple de l’hypothétique projet avec ce feignantasse de Pacco ?

Thierry Crouzet @ 2010-08-25 17:59:02

Pacco, c’est un vrai auteur maintenant, il fait des trucs pour bouffer. :-)

Sérieusement, on n’a plus remis le sujet sur la table depuis longtemps. On ne s’est pas vu depuis un ans. Il faut nous tirer les oreilles. Aussi quelle idée de partir habiter loin du Midi!

000 @ 2010-08-25 18:42:30

""Jeter la littérature pour la littérature et démultiplier ensemble notre puissance à imaginer des histoires positives."

Vous êtes battus par "Titine" sur LePost.fr, grande référence de la nouvelle culture 2.0 :

""Et si l’on créait, tous ensemble, un livre collectif"

http://www.lepost.fr/article/2010/07/20/2157712_mini-feuilleton-de-l-ete-a-vous-de-jouer.html

le 20/07/2010 à 20:29, vu 4492 fois

Foin du style des vieilles barbes, Titine et les posteurs enfoncent à la fois Proust et Céline.

Echantillon :

""Voilà donc, le début :

""Depuis plusieurs jours, Pierre était en froid avec son ordinateur. Dès qu’il s’en approchait, ses idées s’enfuyaient. Pourtant il lui fallait écrire. Son éditeur réclamait les premiers éléments de son nouveau livre. Qu’allait-il bien pouvoir inventer, cette-fois ci ?"

Maintenant, c’est à vous de jouer !

Et vous, qu’allez-vous écrire à la place de Pierre ?"

Henri A @ 2010-08-25 18:57:31

A Trois Z comme triple 0 :

Ben, c’est presque aussi bon que "à la recherche de l’autre..."

Quand est-ce que tu vas te rentrer dans la tête que Proust a fait un truc à part, rien qui ressemble avant, rien qui s’en approche après.

T’es vraiment un cube, l’inverse d’un lecteur de Nitche.

Arnaud M. @ 2010-08-25 19:00:47

Dans les notes : « La lit­té­ra­ture soi­gnée est déjà morte au moment où elle est pro­duite. » — je ne vois pas bien le rapport… Le souci de la langue, son exigence, la précision des mots, le souci de porter la langue à son degré d’intensité le plus haut (et relire Saint-John Perse, ou même Lautréamont), est-ce que ce n’est pas aussi, AUJOURDH’HUI, une arme dont on dispose face à l’état de fait que le pouvoir (économique, politique, etc.) nous inflige, dans la sécheresse et l’inintelligence élevée en dogme ?

Est-ce que ce n’est pas AUSSI le rôle du net d’endosser une langue qui pourrait dire le monde avec le plus de force possible (lieu d’invention d’un nouveau [attention, gros mot] lyrisme politique ?) ?

Au lieu d’abandonner notre langue, elle pourrait être bien plutôt un levier de plus dans le déplacement des anciennes frontières : et je ne vois pas en quoi c’est contradictoire avec le fait de dire des choses

Transitiver l’expérience d’écriture est aussi une tâche ancienne, qui appartient aux écritures les plus exigeantes dans l’histoire, et qui n’en finissent pas de nourrir notre compréhension du monde.

Alors, me semble que, si, comme je le crois, on ne peut penser que dans une langue, et si celle-ci devait être pauvre, c’est notre pensée elle-même qui s’appauvrirait…

Phrase de Koltès qui me soutient (et si je peux dire, m’aide) : "la seule morale qui nous reste est la morale de la beauté". Est-ce qu’on doit renoncer à cela aussi…?

000 @ 2010-08-25 19:32:45

""Au bord de l’abîme, je me raccroche au point-virgule"

Gabriel Matzneff

Pierre Ménard @ 2010-08-25 20:35:25

Écriture en création : http://bit.ly/9h4SEG Une réaction à l’article "Pour une lit­té­ra­ture de gare" de @crouzet http://bit.ly/cqwBWj

Christine Jeanney @ 2010-08-25 20:45:33

RT @liminaire Écriture en création : http://bit.ly/9h4SEG Une réaction à l’article "Pour une lit­té­ra..." de @crouzet http://bit.ly/cqwBWj

jean-philippe pastor @ 2010-08-25 20:45:43

RT @liminaire: Écriture en création : http://bit.ly/9h4SEG Une réaction à l’article "Pour une lit­té­ra­ture de gare" de @crouzet http://bit.ly/cqwBWj

Thierry Crouzet @ 2010-08-25 20:55:00

@Arnaud Ce n’est pas le beau style que je critique, ou la force des mots justes, mais le travail qui se voit comme de grosses tâches déplaisantes... un travail trop laborieux pour qu’il soit beau ou puissant. Je déteste la complaisance de l’auteur avec lui même, de celui qui se satisfait d’une phrase en apparence originale... le net est aussi propice à ce penchant... la phrase n’a pas le temps de vieillir qu’elle est déjà lâchée. L’auteur reste encore dans béatitude de sa magnificence.

Monique Le Pailleur @ 2010-08-25 20:55:41

RT @liminaire: Écriture en création : http://bit.ly/9h4SEG Une réaction à l’article "Pour une lit­té­ra­ture de gare" de @crouzet http://bit.ly/cqwBWj

francis royo @ 2010-08-25 20:59:13

RT @liminaire: Écriture en création : http://bit.ly/9h4SEG Une réaction à l’article "Pour une lit­té­ra­ture de gare" de @crouzet http://bit.ly/cqwBWj

????? / Makaimura @ 2010-08-25 21:02:43

RT @liminaire: Écriture en création : http://bit.ly/9h4SEG Une réaction à l’article "Pour une lit­té­ra­ture de gare" de @crouzet http://bit.ly/cqwBWj

JS @ 2010-08-25 21:09:42

@crouzet, à propos de votre réponse à Arnaud, je ne la comprends pas: ce que je veux dire c’est que je vois difficilement comment vous pourriez continuer dans cette voie sans exemple, sans concret, sans démonstration illustrée, argumentée, avec des sources, des citations soulignées, quelque chose de précis et dirigé.

maryse hache @ 2010-08-25 21:10:28

RT @liminaire: Écriture en création : http://bit.ly/9h4SEG réaction à l’article "..une lit­ra­ture de gare" de @crouzet http://bit.ly/cqwBWj

Thierry Crouzet @ 2010-08-25 21:36:04

Je pourrais le faire, je devrais le faire, c’est aussi la proposition implicite de créer un archipel où nous effectuons ce travail les uns avec les autres. C’est un travail à effectuer à la phrase même, tout au long d’un texte, avec patience... Ayerdhal vient de se prêter à l’exercice avec Croisade (roman de hall de gare). Il n’y a rien de rédhibitoire.

Pour l’instant, je viens de prolonger cette réflexion par un billet que je publierai ce soir ou demain, suivant l’envie d’Isabelle de me relire, car elle relit presque tout (sauf les commentaires).

Mickaël Simon @ 2010-08-25 22:27:34

Pour une littérature de gare http://blog.tcrouzet.com/2010/08/25/pour-une-litterature-de-gare/

Céline Anger @ 2010-08-26 03:58:59

RT @liminaire: Écriture en création : http://bit.ly/9h4SEG Une réaction à l’article "Pour une lit­té­ra­ture de gare" de @crouzet http://bit.ly/cqwBWj

marsupilamima @ 2010-08-26 10:48:44

ce n’est pas de la littérature, certes, mais on peut faire....http://www.ebouquin.fr/2010/08/26/ibookstore-le-premier-livre-enrichi-en-francais-chez-eyrolles/

zoupic @ 2010-08-26 15:56:17

J’aime bien l’idée d’un jeu-roman / jeu de rôle au tour par tour.

Un maître du jeu qui plante le décor, donne les rôles, vérifie le timing et a un droit de rectif / modif et après on y va: le joueur 1 doit réagir selon son personnage, écrire son texte, ce qu’il ferait dans telle situation etc.. le maître du jeu reprend le fil et lance la balle au joueur 2.

Reste à définir l’étendue des droits du maitre du jeu: est-il le meneur et le narrateur de tout ce qui est autour des personnages?

Cela peut faire comme du théâtre ou du cinéma sauf que le scénar n’est pas forcément écrit d’avance.

Niveau technique: du mail ou un forum doivent faire l’affaire.. ajoute à cela un peu de meetingwords et hop.

Pour les mayas la dernière phase de leur calendrier après l’ère du pouvoir et celle de l’éthique est celle de la cocréation. Nous y sommes.

Iza @ 2010-08-26 18:22:21

j’aime bien aussi l’idée. Je vote pour.

Thierry Crouzet @ 2010-08-26 19:28:59

@zoupic J’ai essayé d’expliquer ma vision de la cocréation dans la stratégie du cyborg. Comme 000 je ne crois pas aux oeuvres collectives, en revanche, je crois qu’un cerveau peut être augmenté par d’autres cerveaux et réciproquement... c’est dans cette direction que j’aimerais creuser, et rien n’empêche de tester dans diverses directions, avec différents textes... pourquoi se limiter et s’enfermer dans une seule combinaison ? Non. Essayons encore et encore. Tu le bien placé pour comprendre mon approche.

000 @ 2010-08-26 19:49:21

J’ai écrit un texte ce matin, pour une oeuvre collective cyborgienne.

A vous d’améliorer et d’imaginer la suite !

(Je ne dis pas que ça traversera les siècles, mais il faut commencer. J’ai tenté de faire positif, dites-moi ce qui ne convient pas).

"Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.

La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.

Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut.

Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres.

Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour."

Iza @ 2010-08-27 08:30:50

@000 : hi hi hi, bonne humeur du matin, merci.

Silvae @ 2010-08-27 16:47:47

Pour une littérature de gare http://ping.fm/dbovt

Valentin Burger @ 2010-08-28 10:40:58

J’allais poster un petit commentaire pour rebondir sur vos positions, et finalement ça a enflé, enflé...

Vous trouverez donc une suite à la discussion ici :

http://terrainouvert.blogspot.com/2010/08/suite-un-article-de-thierry-crouzet.html

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