Thierry CROUZET
Renverser l’économie du livre
Renverser l’économie du livre

Renverser l’économie du livre

Le Bélial, éditeur spécialisé dans la littérature de l’imaginaire, a lancé sa plate-forme de diffusion numérique avec un petit coup marketing : deux romans, un de Roland C Wagner, un autre de Thomas Day, sont accessibles à un prix libre ! Si cette méthode de diffusion a marché pour la musique, pourquoi ne marcherait-elle pas pour des livres ? L’expérience me paraît intéressante, nous verrons à la fin de l’opération quel en sera le bilan. Je me suis donc empressé de récupérer les deux textes, sans dépenser un euro. Pourquoi ai-je été pingre ?

J’ai passé une soirée non loin de Thomas Day il y a quelques mois, le personnage, au bord du burn-out, ne m’a pas enthousiasmé. Chez lui le pessimisme déborde par chacune des pores. J’ai néanmoins tenté de le lire, retrouvant dans le texte l’impression physique que j’avais ressentie. Son écriture n’est pas mon truc, même si je sais que par, ailleurs, Thomas Day effectue sous un autre nom un grand travail d’éditeur.

Je n’ai en revanche jamais eu l’occasion de croiser Wagner mais Ayerdhal m’a tant vanté l’écrivain que j’ai acheté plusieurs de ses livres, sans pour l’instant tomber sur celui qui soulèverait mon enthousiasme. Je sais que je dois lire les Futurs mystères de Paris, je l’ai acheté, il est sur ma gigantesque pile.

En voyant l’annonce, du Bélial, je me suis dit, voici une occasion de donner une nouvelle chance à deux auteurs. Je n’avais aucune envie en revanche de payer avant de voir. J’ai téléchargé les deux livres, tant en PDF qu’en ePub, et je n’ai pas eu le temps de les lire. Si plus tard, ils m’intéressent, si je dépasse la vingtaine de pages, je paierai.

Il me semble que nous devrions toujours avoir cette possibilité, surtout vis-à-vis des auteurs dont nous ne sommes pas fans. Goûter un livre, puis le payer si nous sommes satisfaits me paraît la seule solution réaliste. Je ne dis pas que les livres doivent être gratuits, mais qu’ils doivent aussi l’être, au moins pour de larges extraits (et ils le seront en téléchargement pirate de toute façon et sans les DRM qui ne font qu’emmerder les béotiens en technique). Dans une librairie, nous sommes presque dans cette situation de lecture gratuite et libre. Apple propose la même chose sur iBooks Store. Publie.net fait de même.

« Voir puis payer. » c’est s’opposer à l’ancienne logique « Payer puis voir. », qui impose le matraquage marketing. Je ne paye les yeux fermés que parce que j’ai été manipulé, que si mon désir mimétique a été stimulé. Si nous voulons nous arracher au consumérisme destructeur, nous devons déplacer l’acte d’achat, le transformer en un acte de don qui prouvera notre satisfaction. Il ne s’agit plus de disposer d’un objet, un livre, mais bien d’établir une connexion réciproque avec un auteur. Lui dire que nous apprécions son travail.

Imaginons donc que je sois satisfait d’un des livres téléchargés, combien dois-je donner ? Quel est le juste prix ? Pas facile à dire, c’est très subjectif. Alors nous pourrions convenir du prix minimal qu’un lecteur devrait reverser à l’auteur, je dis bien à l’auteur.

Ayerdhal dans une de ses fameuses envolées propose que les livres électroniques soient vendus 1 euro. Cette valeur correspond en gros à ce que touchent en moyenne aujourd’hui les auteurs dans la chaîne papier (en 2008, 466 millions d’euros distribués aux auteurs pour 468,3 millions d’exemplaires vendus).

Pour moi, cette somme de 1 euro est insuffisante. Si nous voulons profiter de la révolution numérique pour accroître la qualité de la production, nous devons donner plus de temps aux auteurs, un peu plus de liberté, un peu plus de revenus. J’aurais tendance à fixer le prix de la récompense à 2 euros (attention, il ne s’agit plus d’un prix d’achat).

Un français achète en moyenne 7,3 livres par an (nombre de livres vendus / population, soit 468,3/64,3 en 2008). Dans la perspective tout numérique avec une récompense à 2 euros, une famille de quatre personnes devrait reverser en moyenne aux auteurs 58,4 euros (7,3 x 4 x 2). Dans l’économie actuelle, cette famille reverse à la chaîne du livre en moyenne cinq fois plus (7,3 x 4 x 10 euros), soit 292 euros. Avec l’économie de 233 euros réalisée, il est possible de s’acheter une liseuse chaque année (bientôt deux et même trois sans compter que la liseuse sera une fonction d’autres appareils). Bien sûr, les gros acheteurs de livres, attentifs à leurs dépenses, ont d’autant plus intérêt à passer à l’électronique.

Je n’en ai pas fini avec mes calculs, mais je veux d’abord mettre les points sur les i. Il faut cesser de considérer l’édition numérique comme un accessoire de l’édition traditionnelle, et de tenter de lui faire supporter les coûts qui ne la concernent pas (la réponse de Le Bélial à Ayerdhal ne me semble donc pas pertinente). Il faut démarrer une nouvelle économie, et pour commencer admettre que le prix du livre ne peut plus être unique.

Au commencement, nous avons un auteur qui produit un texte. Il peut décider de le distribuer sur son site personnel et demander une récompense de 2 euros. Qu’on ne me dise pas que créer des PDF ou des ePub demande des compétences extraordinaires. On peut toujours faire mieux, même mieux que Le Bélial d’ailleurs. Rien n’empêche l’auteur de travailler comparativement avec les auteurs qui ont les compétences qui lui manquent. Par exemple, Ayerdhal a révisé La quatrième théorie, je peux aider Ayerdhal à mettre en ePub ses textes. À ce stade du travail, une économie non monétaire peut s’installer entre chacun de nous.

Dans cette économie, il reste de la place pour un éditeur. Son travail peut être littéraire (editing) mais, comme cette tâche est la plus facile à régler coopérativement, il doit surtout être promotionnel (publishing). L’auteur et l’éditeur signent alors un contrat. Par exemple, un partage des revenus à 50 %. L’auteur peut exiger beaucoup plus s’il estime que l’éditeur ne se casse pas la tête. Certains auteurs commencent à réclamer 75 %.

Nous avons notre livre terminé, avec un prix de récompense fixé à 2 euros. Le livre est alors disponible dans différents lieux.

  1. À 0 euro, un très large extrait, voire l’intégralité pour que les lecteurs goûtent.

  2. À 2 euros, en direct sur le site de l’auteur ou de l’éditeur (un tel site n’est pas compliqué à mettre en place – je proposerai s’il le faut un WordPress avec les plugins ad hoc).

  3. À 2,1 euros, si l’auteur installe sur son site une technologie payante (un WordPress customisé par une société de services).

  4. À 2,2 euros, sur les sites des propulseurs qui seront affiliés avec l’auteur et l’éditeur. Les libraires en ligne. Les clubs de lecture qui arrivent : The reading room ou goodreads.com.

  5. À 2,6 euros sur les plateformes qui prennent 30 % des revenus (iBooks store d’Apple par exemple). Et j’imagine mal Google ne pas entrer sur ce marché sans faire exploser la barre de 30%.

  6. À 3 euros en audio.

  7. À 17 euros sur une plateforme d’impression à la demande.

  8. À 19 euros chez les gros libraires physiques.

  9. À 22 euros chez les libraires de quartier (mais qui font un travail de prescription).

  10. Peut-être beaucoup moins dans des bouquets disponibles en abonnement comme chez publie.net.

Si le prix du livre a protégé un temps les libraires, il risque maintenant de desservir toute l’édition au moment du virage au numérique. Il est temps d’abandonner cette règle. Nous devons en passer par cette abrogation si nous voulons expliciter où va l’argent du lecteur. Il choisira en suite en fonction de ses préférences, de l’ergonomie, de la confiance accordée à telle ou telle plateforme, de telle ou telle liseuse.

Aujourd’hui, le prix est fixe et l’on retranche plus ou moins en fonction des intermédiaires. Il ne dépend que de nous d’inverser cette logique. Nous auteurs et éditeurs fixons un prix auxquels les autres acteurs ajoutent leurs marges (j’ai négligé l’État et les banquiers dans mon histoire schématique mais il ne faudra pas les oublier).

Philosophie ! Les auteurs doivent se libérer de la distribution (avoir leur site personnel, chez eux et pas chez Facebook, rester maître de leur réseau social, utiliser tous les outils pour se propulser, inviter les lecteurs à récompenser à la source) et, avec eux, les éditeurs doivent aussi se libérer de la distribution qui les empêche d’éditer ce qu’au fond ils aimeraient publier (ils ne sont même plus conscients de n’éditer que ce que le réseau commercial exige).

En attendant, la distribution tient les éditeurs par les couilles. Elle les empêche d’innover sans restreindre leur imaginaire. Résultat : de nouveaux acteurs vont entrer sur le marché, libres des anciennes contraintes, ils feront la révolution numérique de l’édition. Les vieux acteurs ont toutes les chances de sombrer comme IBM sombra quand Dell lança la vente directe. Le Bélial a le courage de tenter quelque chose. Il faut aller plus loin. Ne pas avoir peur de lâcher les amarres. Ce n’est pas en voulant protéger le business du papier qu’on peut prétendre entrer dans le monde du numérique.

Clément Bourgoin (Le Bélial’) @ 2010-09-04 17:39:21

Plusieurs choses :

  • L’opération "Fixez votre prix" est en fait terminée depuis le 31 août, et nous en avons déjà publié les résultats dans la foulée. Le livre de Thomas Day est maintenant vendu 5 €, mais Roland C. Wagner a décidé de continuer à laisser un prix entièrement libre pour le sien. Les résultats sont là :

http://forums.belial.fr/viewtopic.php?f=16&t=766

  • La plateforme telle qu’elle est conçue actuellement ne permet pas de "racheter" le livre après l’avoir téléchargé (puisqu’une fois ajouté à votre bibliothèque, vous pouvez le télécharger à volonté sans avoir à le payer à nouveau à chaque fois). Mais c’est quelque chose qui a souvent été évoqué et auquel nous allons réfléchir.

  • Pour ce qui est de "voir avant de payer", nous proposons la plupart du temps des extraits à télécharger gratuitement de nos livres, certes courts. Mais par exemple, pour "Rosée de feu" à paraître le 16 septembre (en papier et en numérique), nous allons en proposer gratuitement les 30 premières pages, soit un peu plus de 10% et plus que la vingtaine de pages que vous évoquez. Ce n’est pas la même chose que de faire le pari de proposer un livre complet, bien sûr, mais c’est déjà un pas dans ce sens. Tout comme, d’une certaine manière, le fait de proposer des livres numériques sans DRM et d’en encourager le don (mais pas de plus vaste diffusion !)

  • Envisager deux économies hermétiques papier d’une part, numérique de l’autre, ce n’est pas possible à mon humble avis, sauf dans le cas, évidemment d’une maison d’édition tout numérique comme publie.net. Pour que ce modèle soit valable pour une maison traditionnelle comme Le Bélial’, il nous faudrait l’assurance que les ventes numériques ne soient que des ventes supplémentaires et qu’elles "grigotent" pas les ventes du papier (c’est dans esprit que nous proposons aussi la vente du livre papier + numérique pour 2 € de plus). Or, rien n’indique pour l’instant que ce soit le cas. A titre personnel, sans vouloir prétendre prévoir l’avenir, je vois plutôt le numérique devenir un marché comme celui du poche (voire remplacer celui du poche). Or l’économie du livre de poche n’est pas hermétique, les droits poches viennent souvent financer la publication d’un livre en grand format, et un livre ne paraît que rarement directement en poche, puisqu’il a besoin des ventes en grand format pour exister.

  • Je reste convaincu que la loi Lang sur le prix unique est une nécessité aujourd’hui non pas seulement pour protéger les petits libraires (comme on le croit souvent), mais pour empêcher une concentration radicale de l’édition (comme c’est le cas dans le disque). Si l’on impose aux petits libraires, comme vous le suggérez, un prix supérieur (pour le papier) à celui des grandes surfaces, c’est signer leur arrêt de mort à tous dans les six mois (combien de fois ai-je entendu, quand je travaillais en libraire, des clients ignorant cette loi, s’exclamer "Vous ne voulez pas me faire de remise ? Alors j’irai à la FNAC !"). Et donner toute puissance aux grandes surfaces, c’est aussi signer l’arrêt de mort de l’édition indépendante qui ne peut tirer les prix de fabrication vers le bas comme les grands groupes et être compétitive sur ce terrain (cf. ce qui s’est passé dans l’industrie du disque depuis 25 ans). Pour le numérique, évidemment, c’est un nouveau marché, donc difficile de jouer les Cassandre, mais il me semble qu’elle est d’autant plus indispensable que tous les vendeurs sont tous "dans la même" rue et qu’on peut comparer leur prix très facilement.

Ouf, je crois n’avoir rien oublié !

Thierry Crouzet @ 2010-09-04 18:10:45

Merci pour ces précisions.

Petit calcul. 4,72*155/(155+179)=2,2 euros!

En laissant le prix libre, c’est comme si ceux qui voulaient le livre payaient 2,2 euros.

Personnellement, j’aime l’idée du prix libre.

Faudra que je tente l’expérience sur mon blog, avec un nouveau texte (je vais écrire une nouvelle de SF :-) la semaine prochaine et tester).

10% gratuit me paraît un minimum, publie.net pousse à 20% il me semble.

Je n’envisage pas deux économies // mais la fusion totale de ces économies dans une nouvelle économie. Le prix unique n’est plus tenable, ma liste de prix suffit à le démontrer. Croire que le livre numérique ne sera qu’une partie de l’économie me paraît une grosse erreur. Les choses risquent maintenant de basculer très vite.

L’éditeur doit faire corps avec les auteurs... 50/50 sur tous les canaux de diffusion. Il faut un modèle de contrat qui se moque des canaux. On ajoute un truc, c’est 50/50 des recettes. Rien à renégocier.

breizh2008 @ 2010-09-05 12:30:27

RT @pierrechappaz: Renverser l’économie du livre : http://wik.io/dauqS

Melanie Chamaah @ 2010-09-05 15:27:45

RT @ arnaud_thurudev

Crouzet: Renverser l’économie du livre http://bit.ly/cmzGuK

So(cial)BookOnline @ 2010-09-05 16:01:06

"Il faut cesser de considérer l’édition numérique comme un accessoire de l’édition traditionnelle" : http://bit.ly/cn9KSf

wullon TTimes (all) @ 2010-09-05 16:17:53

Renverser l’économie du livre http://goo.gl/fb/7kobV

steph @ 2010-09-05 20:26:44

Je pense que tout cela participe du mouvement qui frémit actuellement (Nouvelle technologies littéraires et crise ).

L’initiative du Bélial est une bonne initiative, pas parfaite, et c’est encore un peu tôt pour tirer le bilan. En peut bien sûr en pointer les défauts, mais ça va dans un bon sens.

C’est le volet "commercial" (désolé pour le gros mot ;-) )

Reste le volet littéraire, la connexion entre les textes et les éditeurs (trads ou/et online).

Sur http://cocyclics.org/phpBB3/ les auteurs, en pool, travaillent leurs textes, qui s’affinent et permettent aux éditeurs de récupérer (si les auteurs le leur soumettent) des travaux déjà bien élagués par le collectif.

Cocyclics d’ailleurs a établi des partenariats avec des éditeurs qui sentent bien que les choses évoluent.

Des auteurs du collectifs sont publiés.

http://cocyclics.org/site-temp/partenaires.html

Les pièces du puzzle doivent être rassemblées petit à petit.

Nous parviendrons à créer un nouvel ecosystème littéraire (bon pas demain, ça va prendre encore du temps...)

Steph

Thierry Crouzet @ 2010-09-05 21:06:40

Je leur ai envoyé un mail il y a une dizaine de jours, il a dû se perdre dans les limbes.

Je vais essayer de faire le cycle coopératif complet avec la nouvelle que je vais écrire cette semaine si tout se passe bien.

lény @ 2010-09-05 22:29:21

Salut Thierry,

je suis très intéressé par le livre numérique et en te lisant ce soir je ne peux m’empêcher de penser à nouveau aux moyens à mettre en place pour qu’une telle révolution ai lieu aussi dans le milieu dit de l’art contemporain.

En dehors des installations, mise en scène qui demandent un espace, l’image qui est la plus importante production du marché ne pourrait elle pas elle aussi se retrouver sur le net ?

J’ai tenté en 2008 de le faire sur mon blog. Simplement. Les quelques personnes qui y venaient semblaient avoir du plaisir à mes trucs. Certains possesseurs de pièces que je leur avait donné se plaisaient de ce qu’ils avaient en main. J’ai proposé à celles et ceux qui le voulaient de passer commande des images qui les intéressaient moyennant un prix équivalent aux papiers, aux cartouches d’encre et à l’envoi par la poste du colis (le tout 6euros). Bref une seule personne à tenté le coup.

J’en ai déduit que l’art plastique était question d’objet unique mettant en valeur UN propriétaire. Être le seule à avoir une œuvre (ou pour certains cas en tirages limités mais c’est au fond pareil).

Cette notion de propriété est exclusive dans le monde des collectionneurs.

Quand je vois ce qui se passe pour la musique, ce qui commence à se passer dans la littérature je ne peux m’empêcher de me dire que le monde de l’art est à la traine et que même les défenseurs du téléchargement numérique de musiques et de livres ne sont pas prêts à passer le cap pour l’art plastique.

J’aimerais qu’un jour nous nous penchions aussi sur ce sujet.

Créer une sorte de coopérative d’artistes mettant en ligne musiques/vidéos/livres/images avec des modalités de bonus si commande en ligne pour une objet. Le reste étant téléchargeable gratuitement.

Eric Nicolier @ 2010-09-06 05:47:28

RT @crouzet: Renverser l’économie du livre http://bit.ly/ciGWKW

Thierry Crouzet @ 2010-09-06 07:46:23

C’est une bonne idée. En plus on peut déjà imaginer des ePubs d’artistes. Des livres d’artistes électroniques. On pourrait renter ça avec tes images. Créer un livre d’art numérique. Et les lecteurs qui veulent l’acheter aurait un fichier personnalisé avec un bonus, une dédicace... on n’a qu’à...

egrisel @ 2010-09-06 08:07:12

RT @Couve RT @cyceron - Renverser l’économie du livre - http://blog.tcrouzet.com/2010/09/04/renverser-economie-du-livre/

Marie Calberg @ 2010-09-06 11:48:52

Renverser l’économie du livre http://ow.ly/2A1v6

florent taillandier @ 2010-09-06 12:15:02

Renverser l’économie du livre >> http://ow.ly/2zYWk

Benlekehal Mehdi @ 2010-09-06 12:25:16

Renverser l’économie du livre : T. Crouzet approfondit l’expérience du Bélial - http://bit.ly/9TrTLf

J-B BOURNISIEN @ 2010-09-06 12:37:58

Renverser l’économie du livre >> http://ow.ly/2zYWk (via @actudesebooks)

Nicolas Ancion @ 2010-09-06 14:41:34

Salut Thierry,

Ton billet est une nouvelle fois très stimulant. Mais je ne peux pas suivre ton élan jusqu’au bout : supprimer le prix unique du livre papier, c’est tuer les petites librairies. C’est facile à observer, il suffit d’aller voir en Belgique (jamais eu de prix unique, seules les grosses librairies parviennent à concurrencer la FNAC et Carrefour et encore, difficilement). Pourquoi les gens achèteraient-ils un livre à 22 EUR en petite librairie ? Pour le conseil ? Ça n’a pas de sens, ils iront chercher le conseil là puis fileront acheter le livre chez Cultura, à 3 EUR de moins. Tu ne peux pas vendre le même objet à deux prix différents sans condamner à terme le petit commerçant qui vend plus cher. Pour le numérique, en revanche, le prix peut varier, me semble-t-il, si le service offert est différent (bibliothèques intégrées dans un reader, possibilité ou non d’imprimer, de copier-coller, index...) et l’utilisation différente (ex. prêt en bibliothèque, mise à disposition dans un réseau local...)

Thierry Crouzet @ 2010-09-06 15:37:18

Tu sais que j’aime provoquer. Le prix peut rester fixe pour le papier. Mais quel papier? Car la question se pose. Qu’est-ce qui empêchera tel ou tel libraire de vendre une version différente d’un autre? On ne peut empêcher les gens d’innover dans la mise en page et le format par exemple, et donc de proposer des prix divers! Car la technologie permets aujourd’hui cette diversité de l’objet papier. Tu ne peux pas avoir un prix unique pour des objets différents (même si le texte est identique).

Je sens que je vais devoir écrire un nouveau billet pour développer cette idée :-)

Nicolas Ancion @ 2010-09-06 15:42:58

Attention que l’économie du papier repose sur la reproduction en nombre fini mais en grande quantité d’un prototype, alors que dans le numérique la reproduction ne coûte rien. Si tu imagines que chaque libraire ajoute de la valeur ajoutée au livre alors tu sors du modèle économique du livre imprimé (et tu t’orientes alors vers de la commercialisation d’objets rares, du genre des tirages de tête ou des exemplaires signés en BD, ce qui reste anecodtique)

Thierry Crouzet @ 2010-09-06 16:22:44

C’était anecdotique parce que cher. Aujourd’hui rien n’empêche un distributeur de passer par l’impression à la demande. Ce serait plus rationnel d’ailleurs. Que tous les livres soient à la carte, donc différents, donc avec des prix différents...

Nicolas Ancion @ 2010-09-06 16:28:27

Alors tu tues un métier (éditeur) pour en créer un autre (micro-éditeur). Pourquoi ne proposes-tu pas la même chose pour la musique et le cinéma ? Youtube ne fait pas apparaître des micro-films regardé vingt fois et tous différents, les plus gros compteurs sont ceux de LadyGaga pour une chanson (de merde) qui se télécharge à tour de bras à l’identique, en vidéo et en fichier audio. On ne se met pas à inventer des salle de cinéma où on regarde les films dans des cabines individuelles pour copier le web. Le monde réel a d’autres règles que la simple copie du virtuel.

Le livre survivra aussi par la présence de best-sellers à gros tirages, qui justifieront les rayonnages librairie dans les magasins et les libraires traditionnels. Je pense que tu prônes un retour à l’artisanat en édition qui n’a pas lieu d’être. Qui ne s’impose pas, en tout cas, sous prétexte que c’est "techniquement faisable".

Thierry Crouzet @ 2010-09-06 17:18:35

C’est un peu comme quand on vendait des CD dans des boîtes différentes à des prix différents. La musique restait la même inside. C’est la même chose avec le livre, le texte reste le même, c’est le design qui change et qui donc implique un changement du prix. Cette seule possibilité technique rend définitivement inapplicable le prix unique. Les club cassaient déjà les prix avec leurs éditions cartonnées. Plus rien n’empêche cette technique d’exploser. ça ne change rien pour l’auteur et l’éditeur, mais ça change tout pour la distribution, petit ou gros tirage ce n’est plus un problème.

PS : pour moi l’édition a toujours été un arisana :-)

Michèle Drechsler @ 2010-10-17 15:41:02

RT @crouzet: Renverser l’économie du livre http://bit.ly/ciGWKW

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