Thierry CROUZET
Aux origines des domaines publics et privés
Aux origines des domaines publics et privés

Aux origines des domaines publics et privés

Pour certains extrémistes libéraux, la propriété privée doit s’étendre à tout, l’État doit s’effacer. Pour les ultracommunistes 2.0, elle doit disparaître, tout doit devenir public.

Ces deux positions sont absurdes. Dès qu’on s’interroge sur la notion même de vivant, bien avant l’apparition des premières consciences, on découvre la propriété privée. Une cellule se constitue en créant une membrane entre elle et l’extérieur, une peau qui la délimite, sépare ce qui lui appartient de ce qui est public.

Sans privatisation, pas de vie, pas d’autopoïèse. La vie peut même être vue comme la naissance de la privatisation. Nationalisez un être, il meurt par dissolution dans le milieu.

Mais si tout était privatisé, les agents ne pourraient plus se déplacer sans se heurter aux autres. L’espace serait saturé par le vivant qui s’étoufferait lui-même. La vie a besoin d’un domaine public pour se déployer. Reste à définir un équilibre entre public et privé. C’est une question politique.

Le privé doit-il se limiter au corps, en deçà duquel la vie est impossible, doit-il accepter l’habitation privée, l’entreprise privée, la culture privée, l’armée privée, la monnaie privée ? L’ultracapitalisme répond par l’affirmative à toutes ces questions. Il paraît toutefois évident que cela conduit à un étouffement de la société, étouffement que nous appelons plus communément : crise.

Au commencement, tout était public. Puis a débuté un long processus de privatisation qui semble vouloir se poursuivre aujourd’hui aveuglément. Pourtant, la vie désire vivre comme dirait Spinoza. Elle n’a aucune autre ambition. Et cette ambition se trouve contrariée par son succès même. Nous devons donc user de notre conscience pour changer le cours de l’Histoire. Nous devons maintenir un équilibre entre le privé et le public.

C’est alors qu’entre en jeu la technologie. Elle ne cesse de nous rendre de plus en plus indépendants du milieu. En quelque sorte comme si la peau de la cellule devenait de moins en moins utile. Nous avons commencé une nouvelle aventure. Celle où on peut voir reculer le privé au profit du public.

Dans un monde prospère, un monde où le revenu de base serait instauré, nos besoins primaires seraient satisfaits et nous offririons nos créations sans rêver d’un surplus de biens privés. Nous sommes déjà nombreux dans cette situation. Nous basculons peu à peu dans la société du partage.

Pas encore question de renoncer au corps, ni à son extension l’habitation, mais déjà la voiture est moins indispensable, et beaucoup d’autres objets, tels que livres et CD qui peuvent être dématérialisés… Nous avons entamé, au regard de la conquête du privé, une involution, d’autant plus nécessaire que la démultiplication du domaine public démultiplie nos possibilités existentielles, et donc notre bonheur.

Il me paraît évident que si les technologies le permettent nous irons plus loin. L’habitation aussi se dématérialisera, le corps aussi… et nous nous transformerons en consciences libres sur le réseau. L’extension du domaine public n’est qu’un prélude à de plus grands bouleversements. C’est une lutte pour l’espace vital.

Alexandre Girardot @ 2013-03-15 10:15:05

http://www.numerama.com/magazine/25385-l-art-prehistorique-serait-ne-grace-a-la-copie.html

Thierry Crouzet @ 2013-03-15 10:22:10

On peut remonter plus loin. La vie est copie, tout simplement.

Mais c’est pas un argument valable pour justifier la copie aujourd’hui. La vie => évolution et donc certaines règles peuvent changer en cours de route.

Pour justifier la copie, le domaine public, il faut des arguments d’aujourd’hui... du type espace vital, bonheur... C’est pas parce qu’une chose marchait hier qu’elle doit nécessairement marcher aujourd’hui.

Mais bien sûr que la copîe est une condition nécessaire à l’art (mais entre copie à 10% et copie à 100% il y a une nuance).

Thierry Crouzet @ 2013-03-15 13:24:15

Cet argument sur l’art pariétal, c’est comme dire avant les hommes chassaient, les femmes cueillaient, alors les femmes doivent rester à la maison et les hommes partir se promener. C’est irrecevable.

Pour justifier la nécessité de la copie, mieux vaut faire référence au cycle d’apprentissage des enfants... C’est une évidence que la copie est indispensable. Et personne ne le conteste d’ailleurs. C’est le 100% copie possible qui est questionable.

Laurent Fournier @ 2013-08-09 14:25:20

Le dilemme Public/Privé cache le problème de la rémunération la plus juste possible des citoyens. Au delà du revenu de base que je soutiens, un artiste doit pouvoir toucher un petit + pour saluer son travail et son génie.

Or, pour les biens culturels immatériels, on ne peut pas compter sur l’État pour décréter qui est artiste professionnel ou pas, comme on le fait dans les sciences. Donc toute œuvre immatérielle (culturelle) doit pouvoir être proposée à la vente sur Internet (sans dépossession) par son auteur et uniquement lui pour en tirer un revenu mérité et escompté qui si atteint met automatiquement l’œuvre dans le domaine public. Tout intermédiaire est un i-voleur et devra disparaître. Il ne faut plus parler de "copie", mais de "lien" avec l’auteur qu’il ne faut pas couper. Internet permettra cela et assurera la ’mobiquité’ de la "playlist" de chacun. De plus, avec le modèle économique que je propose, chaque acheteur paye à tout instant le même prix (décroissant vers 0) pour la même œuvre. Bref, tout le monde est comptant sauf GAAF (Google Apple Amazon Facebook)!

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