Thierry CROUZET
L’écriture antifragile
Le revenu de base et l'instabilité

Le revenu de base et l'instabilité

En donnant à chacun de quoi subvenir à ses besoins élémentaires, le revenu de base conférerait aux citoyens d’une zone monétaire le pouvoir de dire « Non ! ».

— Non, je ne fais pas ton ménage si tu ne me payes pas mieux.

— Non, je ne ramasse pas tes poubelles si tu ne me payes pas mieux.

— Non, je ne m’occupe pas de tes enfants si tu ne me payes pas mieux.

— Non, je ne changerai pas tes pansements si tu ne me payes pas mieux.

Ce serait un électrochoc dans la société hiérarchique bien ordonnée. Plus rien ne serait prévisible, les esclaves se révolteraient. Voilà pourquoi les esclavagistes n’accepteront jamais cette réforme du système monétaire et se battront contre elle jusqu’à la mort.

D’un autre côté, ne leur en déplaise, le revenu de base aurait l’intérêt de consolider la société, et même de la rendre antifragile, qualificatif inventé par Taleb pour décrire un état plus solide que le solide, caractérisé par un désordre non excessif qui a pour effet de stabiliser le système.

Des « non » imprévisibles et des « oui » tout aussi surprenants engendreraient un bruit perpétuel qui nous entraînerait à réagir en cas d’imprévus et nous aiderait à mieux encaisser les black swans.

Taleb donne l’exemple de la Suisse fédérale, perpétuellement agitée par des référendums, venant contrecarrer les plans des politiciens, selon un mécanisme bottom-up. Toujours d’après Taleb, cette agitation, parfois désagréable à vivre, n’engendre pas moins des effets bénéfiques sur le long terme. La Suisse est le pays le plus stable, et pour cette raison, les riches y placent leur argent, assurant la prospérité du pays.

Alors il ne serait pas surprenant que la Suisse devienne le premier pays à adopter le revenu de base. Tous les Suisses en ont entendu parler. Tous savent s’ils voteront oui ou non. Des partis l’ont placé à leur programme. La Suisse habituée au bruit acceptera sans doute sa légère augmentation, en échange d’une antifragilité plus grande.

many @ 2013-09-29 19:43:29

bonsoir,pour limiter les effets legerements negatifs il convient de choisir la bonne somme a distribuer pour trouver le bon equilibre,la est toute la question !!

Thierry Crouzet @ 2013-09-29 21:42:42

C’est ce qu’explique la TRM de Stéphane Laborde...

Arletta @ 2013-10-01 08:04:28

Je pense que ce qui cloche c’est de croire que l’argent soit aussi important...

Au contraire, le revenu de base doit être accompagné d’un discours vers la décroissance, vers un retour aux valeurs élémentaires de partage, de liberté, de plus sage consommation, un frein au gaspillage, à la pollution.

Si on ne pense qu’à "je serai plus riche" "tu seras moins riche" "il n’y aura plus de pauvres"... en effet ça ne va pas marcher.

Il ne s’agit pas de dire "je ne veux plus faire ton ménage" mais "j’ai mieux à faire de mes journées". Et si c’est pour s’enfermer dans un esclavagisme 2 étages plus haut, quelle bêtise...

Le revenu de base devrait au contraire aussi permettre à celui qui a un boulot bien payé mais ingrat, de tout plaquer pour choisir une activité plaisante.

Cessez de voir l’argent comme un dieu!

Thierry Crouzet @ 2013-10-01 08:57:45

La décroissance est une doctrine qui nie que la vie est croissance puis mort.

La masse monétaire elle_même doit être en croissance pour accompagner les œuvres nouvelles que nous créons sans détruire les anciennes.

Cela n’empêche pas par ailleurs un mode de vie frugal. Mais nous devrions prendre garde quand nous parlons de décroissance.

PHILIPPE @ 2013-10-22 16:48:56

La décroissance n’est pas une doctrine.

La vie n’est pas croissance puis mort. Entre les deux (la vie d’adulte pour des êtres humains), il y a une période de stabilité (ou de stagnation) puis une période où l’on décline.

Le revenu de base repose sur une productivité élevée rendue possible par les esclaves énergétiques (150 chacun en France). C’est là son talon d’Achille...

Thierry Crouzet @ 2013-10-22 19:02:26

Si on se place sur le temps long, la vie = croissance ininterrompue de la complexité...

Le revenue de base n’a aucun lien avec la productivité. Il s’agit simplement de répartir équitablement la création monétaire (une nécessité du moment qu’on produit de nouvelles valeurs... même si elles sont des œuvres de l’esprit).

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