Thierry CROUZET
Le jour s'est levé sur une connerie de plus
Le jour s'est levé sur une connerie de plus

Le jour s'est levé sur une connerie de plus

Je rentre de vacances dans les Pyrénées, avec le pouce droit out, l’épaule droite out, une côte gauche out, et je me reconnecte, pour voir buzzer un manifeste de Xavier Alberti.

Trop de mes amis le linke pour que je ne le lise pas. Et pour aussitôt me demander pourquoi ils sont mes amis. Je manque de souplesse palmaire pour me lancer dans une longue diatribe, mais je n’enrage pas moins.

On veut nous faire croire à un discours novateur et immédiatement frappe le conservatisme le plus affligeant :

Voilà le rôle inaliénable d’un leader, qu’il soit président, roi, prince ou premier ministre, proposer une vision et une ambition afin de la faire partager et ainsi redonner une perspective à chacun et donc à tous. Gloire à celui qui aura la force et la clairvoyance de poser ces questions autour desquelles se bâtissent les projets qui dépassent les hommes pour mieux les rassembler.

« Et pourquoi pas moi », aurait pu ajouter Alberti. Croyez-vous encore que si on remplace un Sarko par un Hollande puis un Hollande par une Le Pen ça changera quelque chose ? Le problème, c’est pas eux, c’est nous.

L’homme ou la femme providentiel, pas plus que la mesurette miracle, n’existent pas. Ses conditions de possibilités ont été abolies avec l’explosion de la complexité (cf Le peuple des connecteurs, 2006). Le monde est devenu ingouvernable par le haut alors arrêtez de nous pointer du doigt le grand jour où un nouveau leader nous éclairera.

Quand vous scandez :

Quand l’exécutif s’effondre, que la droite se dilue, que la gauche se fissure et que le système partisan ne vaut plus que par la politique des slogans, vient cet instant rare et précieux où les peuples ont la capacité de reprendre leur destin en mains.

Vous nous mentez. Primo en postulant une loi dont vous n’étayez pas les fondements, nous laissant croire à une sorte de déterminisme historique. Deuxio en sous-entendant qu’un soulèvement ou qu’un renversement miraculeux pourrait résoudre nos maux.

À la suite de Spinoza, je crois qu’un peuple ne se révolte spontanément que quand il ne reste à la plupart de ses hommes et de ses femmes que le désir de survivre. Nous n’en sommes pas là, et de très loin. La vérité est plus cruelle. Et Alberti le sent bien :

Or, la crise que traverse la France aujourd’hui est avant tout celle d’un peuple enfermé et qui peine à s’emparer de nouveau, librement, de son destin.

Les Français, et pas qu’eux malheureusement, écoutent trop les médias, cette boucle de feedback qui amplifie sans fin la connerie, médias qui ne vivent et ne dominent que par la centralisation qu’ils ne remettront jamais en question (surtout les médias sociaux). Toute alternative est impensable sous leur lumière. Ils n’ont d’intérêt que dans la poursuite du même, l’état de crise étant leur meilleur gagne-pain.

Je viens de passer une semaine coupé de tout et je vous garantis que tout va très bien, surtout quand la tempête vous bloque dans un refuge de haute montagne en compagnie d’autres déconnectés. Les problèmes ne ressurgissent qu’une fois de retour dans la plaine, que devant mon écran et les larmoiements concomitants.

Vous criez que rien ne va et vous n’êtes capables que d’appeler un nouveau scrutin. Vous parlez de l’action et vous n’envisagez pas la politique autrement que par le vote d’une nouvelle volée d’incompétents. Vous voyez un problème typiquement français alors qu’il est planétaire, qu’il se manifeste dans la finance, l’écologie, la barbarie persistante.

Nous sommes bien en crise, une crise qui dépasse nos maires, nos députés, nos présidents et autres roitelets de pacotille. Action, oui, alors construisons une autre alternative politique, plus transversale, plus responsable, plus libre, vous avez raison, mais point de liberté quand un andouille tiré au sort par le suffrage universel décide pour vous.

La véritable révolution ne peut qu’être silencieuse, lente, invisible, parce qu’elle se joue en dehors du vieux jeu délétère. Elle est à l’œuvre partout. Quand on la regarde, on retrouve l’espoir. Quand on vous écoute, on doute à nouveau. On se dit « Merde, ils sont encore nombreux à ne pas avoir compris. » Tout ce que vous proposez ne changera rien. Vous ne vivez plus dans le monde dans lequel vous êtes nés, dans lequel nos lois ont été pensées, nos institutions fondées. Nous avons tous émigré sur une autre planète.

Lac de l’Oule
Lac de l’Oule
Rosselin @ 2013-12-28 19:04:54

Faudra que tu m’expliques en quoi l’état de crise est le meilleur gagne-pain des médias d’information. Vu leur état aujourd’hui...

Thierry Crouzet @ 2013-12-28 19:38:09

C’est Facebook et Google les gros médias d’informations... Ils gagnent leur fortune sur la centralisation des flux alimentés connement par les anciens médias.

Les anciens médias restent dans la course à la visibilité, c’est leur dernière illusion, ils s’y accrochent avec une logique fait-divers sans perspective.

La décentralisation, ils ne peuvent tout simplement l’envisager.

arvic @ 2013-12-28 21:27:04

Thierry, j’étais parti pour une longue réponse pleine d’arguments offusqués à propos de ce nouveau guignol (le énième "entrepreneur", faisant irruption dans le paysage - ils pullulent actuellement -, qui a découvert que le discrédit de la classe politique actuelle ouvrait des opportunités markéting, pour un gars présentant bien et maîtrisant les nouvelles techniques de vente, car il y a de grosses parts de marché à prendre!), et puis je me suis ravisé...

Le problème n’est pas là, Thierry. Il est, au fond, dans TA timeline. ;-) Tu vois, ce genre de guignol ne buzze jamais dans la mienne. :-P

J’ai fais en sorte de l’expurger de ce genre de pollution... Et puis, il ne buzze pas tant que ça, ton pingouin, car si c’était vraiment le cas ce buzz aurait fatalement débordé sur ma propre timeline (il y a tout de même des passerelles entre les nôtres ;-) [en fait il a fini par déborder, puisque je viens parler de ça ici...] et puis j’espère que nos timeline restent, l’une comme l’autre, un peu branché sur ce qu’il reste "d’opinion publique", à l’heure des résultats de recherche personnalisés par Google ou Youtube [même quand on n’est pas connecté à son compte!], pour que ne nous échappent pas totalement les "signaux forts" qui émergent, malgré la bulle dans laquelle ce nouveau système nous enferme.

Or, qu’est-ce qui buzze quelques millions de fois plus [sic] que ton gus aujourd’hui dans la galaxie Google-Youtube-Facebook-Twitter ? Ben, c’est Dieudonné ! :-(

Une tenaille fatale se referme sur nous: la convergence objective des intérêts entre le pouvoir centralisé du vieux monde, avec leur force de frappe résiduelle (par exemple: l’actuel ministre de l’Intérieur) et les démagogues opportunistes qui ont le mieux compris (et parmi les premiers) comment utiliser à leurs fins personnelles (sonnantes et trébuchantes) la puissance commerciale de la viralité des nouveaux réseaux (par exemple: Dieudonné, ou Soral).

A eux deux, ils parviennent ces jours-ci à saturer l’espace médiatique (l’ancien comme le nouveau, qui ne fonctionnent pas si différemment, au fond...). Et c’est ça qui me parait inquiétant. Pas ton gus...

Thierry Crouzet @ 2013-12-28 22:39:21

Si j’étais pas à demi impotent, je n’aurais pas regarder ma timeline plus de 2 secondes. Et je n’aurais vu ni l’une ni l’autre de ces choses, surtout pas la seconde sur laquelle j’ai radicalement refusé de cliquer... France Info hier dans la voiture m’a suffi.

Mais peut-être sont-elles liées au fond, ce sont les mêmes personnages qui agitent la nécessité de faux changements. Ils se ressemblent.

Henri A @ 2013-12-29 11:16:35

Salut Thierry,

pour une raison complètement irrationnelle ( le fait que cet individu porte le même nom que moi ), j’étais à deux doigts de réagir négativement au carré.

Mais le commentaire de narvic m’a désespéré.

"les démagogues opportunistes qui ont le mieux compris (et parmi les premiers) comment utiliser à leurs fins personnelles (sonnantes et trébuchantes)"

Informations, j’imagine, venant des médias mainstream, donc fiables ?

Thierry Crouzet @ 2013-12-29 11:51:37

@Henri J’ai eu peur que ce soit un cousin :-)

ça fait plaisir de te lire...

Xavier Alberti @ 2013-12-30 10:09:50

Je m’en serais voulu de louper cette excellente lecture critique.

Il y a dans votre réaction bien des points que je partage, en particulier concernant le passage de la verticalité à un modèle horizontal et à son corollaire: il n’y aura ni recours, ni homme providentiel. Alors "pourquoi pas moi" ? Parce que ce serait effectivement faire partie du problème.

Je crois aussi que notre modèle médiatique est devenu autogène et qu’il crée lui même les conditions de sa production dans une sorte de spirale hypnotique qui fabrique sa propre énergie qu’elle recycle sans fin.

Reste cependant que la "crisis" au sens premier du terme est bien là et que je crois - comme vous - que le processus de mutation est en route, inexorablement, lentement, de moins en moins silencieux et de plus en plus profondément ancré dans un monde qui a effectivement basculé sur un nouveau versant, celui des modèles corrélatifs plutôt que pyramidaux, de l’usage plutôt que de l’accumulation, de l’expérience plutôt que de l’objet.

Reste cependant, que les commentaires qui suivent tendent à montrer qu’une partie de votre analyse s’appuie aussi sur le syndrome de "l’entre soi" selon lequel il existe une parole légitime, celle des clercs dont vous êtes et dont manifestement je ne suis pas. Le tribalisme segmentaire a de beaux jours et le procès en légitimité qui demande "d’où parles-tu camarade" démontre que vous non plus, n’avez pas encore totalement basculé sur ce versant où l’illégitimité de l’émetteur ne rend pas forcément ses propos forclos.

"Le guignol entrepreneur auto-proclamé" - pour condenser la taxinomie filandreuse de Narvic - a pris plaisir à écrire cette tribune, à la partager, à accepter la verse et la controverse, à lire votre réponse et sera heureux d’aller plus loin sur ces sujets, comme cela se passait dans mon ancien monde, autour d’une bière !

X.A

PS: Bise au cousin Henri !

Thierry Crouzet @ 2013-12-30 11:22:04

Les commentaires ne sont pas le problème... Il me semble. Je ne fais appel à aucune église dans mon texte. C’est dans le dur qu’il faut discuter, sur le fond. Si vous êtes d’accord sur la nécessaire "horizontalisation" convenez que votre appel au grand soir, grand homme, bugue. Et qu’elle éveille l’intérêt de beaucoup de gens parce que l’autre route est autrement plus exigeante pour chacun de nous.

BION @ 2013-12-30 12:00:09

Hello,

Après Malville, nous avons fait concrètement de grands pas de côté (cf. Illich) et cela fait plus de 40 ans que l’on ne vois toujours rien arriver ... dans les changements de comportements de nos ’’coreligionnaires’’ (beurk)! Ils font plutôt l’inverse de ce qui serait sensé. Et ils persistent, face à la gravité croissante qu’il connaissent, à dégager une énergie renouvelable fantastique : la statodynamique !

Pourtant l’immobilisme est le déni de la condition humaine, comme nous enseignait déjà la Grèce ancienne ?

Même si ce n’est qu’un vieux connard écœuré qui bavasse ... il resterait que çà a pas d’honneur, n’est-il pas ?

Mes vœux : fuir encore plus définitivement cet univers (im)monde !

Xavier Alberti @ 2013-12-30 12:13:06

@Crouzet: J’en conviens tellement que je l’ai écrit en guise de conclusion: "Ce pays n’a plus besoin qu’on lui espère un changement qui viendrait du ciel… Il est temps pour les Français de se réapproprier une parole trop longtemps abandonnée aux faux clercs légitimes. Cela ne dépend de personne, et il n’y aura ni homme providentiel, ni recours dans ce combat intérieur qui oppose la France à son ombre."

Thierry Crouzet @ 2013-12-30 15:50:12

Mais tu as passé l’essentiel de ton texte à défendre l’idée inverse. D’où la contradiction. Un leader peut pas se dresser pour dire aux gens de suivre leur route et d’augmenter l’intelligence collective. C’est à chacun de prendre conscience et de suivre sa route. On peut l’expliquer, le répéter, ça n’empêche que c’est un chemin que chacun doit suivre pour rejoindre les autres.

Si on s’arrête à ta conclusion, on est d’accord.

ça va finir par un verre en cette histoire...

Xavier Alberti @ 2013-12-30 16:11:41

Le fait que ce soit à chacun de prendre en main le destin de son "groupe", quel qu’il soit, est une chose, le fait que ces "chacuns" aient besoin de passeurs en est une autre.

Il faut des passeurs, et si ce mot là ne te plait pas pour des raisons sémantiques, disons qu’il faut des connecteurs (et celui-là te conviendra mieux j’en suis certain).

Il n’y aura pas de grand soir au sens stricte du terme… parce que nous sommes déjà dedans. Les modèles partisans sont en train d’éclater, le contrat social ne fonctionne plus et la parole se libère.

Reste qu’il faudra reconquérir notre liberté pour aller chercher ce nouveau modèle… Impossible de croire à la combustion spontanée, il faudra des faiseurs…

Avec plaisir pour le verre !

Thierry Crouzet @ 2013-12-30 16:22:03

Il faut des faiseurs, je peux pas dire le contraire, il faut des connecteurs, des inspirateurs... mais le suffrage universel ne les désignera pas, c’est tout le problème, il contredit l’horizontalité, c’est un vieux modèle.

Xavier Alberti @ 2013-12-30 16:34:20

Le suffrage universel désigne ceux qui s’en emparent. La classe/caste qui s’en est emparée, c’est nous qui leur avons laissé la place libre. Il faut la reprendre et empêcher que ceux qui la reprennent, y restent trop longtemps.

Il ne suffira pas de rester à tapoter sur nos claviers… "On est ce qu’on fait."

Thierry Crouzet @ 2013-12-30 16:50:19

C’est à cause de ce réflexe que tu es conservateur. Quand on a construit le Net, on n’a pas dit on s’empare d’abord des anciens médias, on l’a construit à côté. Des gens construisent à côté la société de demain. Le suffrage universel est incompatible avec l’intelligence collective. Jouer cette carte, c’est se détourner de l’autre monde.

C’est en construisant l’autre monde, en prouvant son efficacité, qu’on ralliera tous les suffrages.

Xavier Alberti @ 2013-12-30 19:20:43

Je suis républicain et démocrate. Le suffrage universel en est un fondement et à ce jour, le seul moyen acceptable qui permette la prise en compte de chaque citoyen. Il est imparfait, réducteur et parfois partial mais il est le moins pire des systèmes.

Quand internet a été développé, personne n’a dit, "tiens, si on faisait ça sans électricité…" et le fait que tu utilises cette technologie du 18ème siècle pour faire fonctionner un modèle novateur, ne fait pas forcément de toi un conservateur… et même si je suis persuadé que sur d’autres sujets tu dois te défendre en la matière. ;)

Nom @ 2013-12-30 20:44:48

@ Xavier Alberti

Votre tribune évoque le problème de la société de consommation : "se jetant corps et âmes dans la consommation de masse".

Mais votre parcours laisse rêveur :

"Après 10 années passées dans les groupes Promodès puis Carrefour à la direction des achats et à la direction d’hypermarchés, Xavier Alberti fonde en 2004, le groupe C10 qui deviendra le leader français de la distribution de boissons en hors domicile."

Ce n’est pas un gadget politique comme celui que vous proposez ("Le renouvellement du personnel politique par la mise en place d’un strict non-cumul des mandats")

qui changera en bien la société, mais la remise en cause du modèle consumériste dont vous avez été l’agent pendant autant d’années.

Faisons un tour à Carrefour, et comptons le nombre de produits qui servent la ruine du peuple : ponction de pouvoir d’achat, pollution, nourriture malsaine, maladies induites...

On ne changera pas la société avec le non cumul des mandats, mais en cessant de vendre et acheter autant de saloperies dans les Carrefour et compagnie.

Ce que nous avons compris depuis quelque temps, c’est qu’il n’y a pas grand chose à attendre du personnel politique ; en revanche, nous pouvons changer les choses par notre consommation, et on aimerait savoir ce que vous avez fait, au service du bien-être du peuple, par exemple, dans les diverses entreprises de consommation de masse qui ont fait votre vie.

Un directeur de groupe industriel qui cherche à vendre un maximum de saloperies au peuple est-il préférable à un politique qui cumule des mandats ?

Examinons les vraies responsabilités, les vrais engagements éthiques au service du peuple, les vraies voies de la libération.

Renouveler le personnel politique, et garder le même personnel industriel produisant les mêmes saloperies sans aucun état d’âme, ça ne changera rien du tout.

Votre ancienne société, Carrefour, a certes fait quelques pas dans le bio etc, mais continue de vendre à côté de cela un maximum de produits nuisibles à la santé.

Il faut voir les catalogues promotionnels de ces hypermarchés, qui encouragent les ménages les plus pauvres à faire des stocks de produits dévitalisés, bourrés de sucre, de sel, de mauvaises graisses, de boeuf qui est du cheval de laboratoire, etc.

Pointons les vrais responsables du mal-être du peuple : les industriels et les publicitaires, plus encore que les politiques corrompus.

Nom @ 2013-12-31 12:30:47

Dans un article précédent, le même Xavier Alberti se prononce en faveur du gaz de schiste et contre le principe de précaution :

http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/politique-eco-conjoncture/conjoncture/221178204/precaution-soit-plus-principe

"les dernières fins de non-recevoir sur l’exploitation des gaz de schistes sont accablantes parce que bêtement paralysantes"

Bref, encore un ultra-libéral irresponsable, dont le seul objectif est de gagner de l’argent par tous les moyens : gaz de schiste, hypermarchés, distribution de masse de produits sans qualité, et qui ne s’élève contre le système politique que pour faire encore pire que les politiques !

Sur Twitter Xavier Alberti relaie d’ailleurs "Contrepoints", des ultra-libéraux de la tendance la plus bête et archaïque : l’argent-roi et maître de tout, l’entreprise et son succès commercial comme seul Dieu.

On n’a vraiment pas besoin de passer de la grippe à la peste. Ces entrepreneurs ultra-libéraux sans conscience sont encore pires que les politicards.

Ils sont les grands responsables de l’état actuel du monde.

Henri A @ 2013-12-31 14:17:07

"Nom" d’une pipe ! C’est encore lui !

On n’ attaque pas un membre de la famille sur ce qu’il a fait, ce qu’il a dit, mais sur ce qu’il est en train de dire.

Nom @ 2013-12-31 15:35:38

Henri, je suis le premier à accepter qu’un homme évolue, ce qu’il a dit ou fait il y a dix ans n’est pas nécessairement ce qu’il pense aujourd’hui.

Pour ton "cousin", le propos en faveur du gaz de schiste est très récent. Le contexte de son engagement actuel est ultra-libéral, évoque la défunte Alternative libérale : Fillias, Véron, etc.

(Cf Contrepoints dont il fait la promotion)

De même que Dieudonné est un anti-système tendance facho et non tendance libertaire, pas une tendance intéressante, de même, la (douce) rébellion anti-système de Xavier Alberti ne semble ni humaniste ni progressiste, mais bien éonomiquement réactionnaire, inspirée des économistes anglo-saxons.

On a assez discuté avec les guguss d’Alternative Libérale pour savoir qu’il n’y a rien d’intéressant là-dedans.

Ce sont des gens intelligents, qui ne sont pas en manque d’éducation ni d’informations, mais qui ont fait un choix : celui du profit financier pour seul horizon, la croissance, etc.

C’est la continuité du système actuel, pas une vraie alternative intéressante.

Ils veulent dégraisser l’Etat à l’anglo-saxonne, pour faire encore plus d’affaires.

Leur opposition à la classe politique n’est pas intéressante, pas avantageuse pour les humanistes.

On a mieux avec les alters tendance Charlie.

Xavier Alberti ne sera pas convaincu par des arguments. Il évoluera peut-être un jour, suite à une crise, une maladie, la mort d’un enfant, une réévaluation des vrais enjeux de l’existence, quelque chose de l’ordre de la conversion, ou une rencontre mystique avec Charlie, mais pour nous il n’y a rien à faire qu’à passer notre chemin en attendant, dialogue impossible avec ce monde des hypermarchés.

Xavier Alberti @ 2014-01-02 12:13:17

Cher "Nom"… il va de soi qu’il est hors de question que je me défende d’avoir un parcours. En Grec, "méthode" se dit "cheminement" et il faut bien se tromper de chemin si l’on veut un jour apprendre quelque chose. J’imagine évidemment que votre parcours est parfait.

Pour ce qui est de ma tribune sur le principe de précaution je ne dis nulle part que je suis favorable aux Gaz de Schistes mais que je le suis à la recherche, à l’expérimentation, à la découverte… et que la simple fin de non recevoir est stupide car castratrice, sur le gaz de schiste comme sur le reste.

Pour ce qui est de la croissance et du profit, j’ai commis une autre tribune dans laquelle j’écris que "la recherche d’une croissance infinie dans un monde qui ne l’est pas est absurde." http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/politique-eco-conjoncture/conjoncture/221155051/ceci-nest-crise).

Enfin, ce qui est gênant dans votre critique, outre le fait qu’elle soit masquée, c’est que bien que souvent pertinente, elle se perd dans les attaques ad hominem, sans rien savoir mais en préjugeant. En lisant trois mots d’un CV, vous êtes finalement certain de pouvoir enfermer les autres dans des cases idéologiques prédéfinies (probablement par confort intellectuel ?).

Et si c’était vous le réactionnaire en fait, enfermé dans votre tableau synoptique de l’Histoire des idées politiques du 20ème siècle.

"Certitudes, servitudes" a écrit Jean Rostand. Ca vous va comme un gant.

Xavier Alberti @ 2014-01-02 12:14:51

… J’ai oublié l’essentiel… La famille !

Merci cousin !

Nom @ 2014-01-02 12:52:44

On peut parler d’attaques ad hominem, ou bien considérer cela sous un autre angle :

“Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde.”

Lorsque Jean-François Copé écrit un livre "Promis, j’arrête la langue de bois", il est hors question de le prendre au pied de la lettre, d’examiner avec sérieux ses propos. Ce qui compte, c’est l’homme politique Copé, ce qu’il dit et fait de réel en dehors des moments où il fait son auto-promotion pleine de promesses creuses.

On ne peut plus prendre au sérieux des argumentations sans considérer les actions réelles et les modes de vie, sinon c’est promesses jamais tenues et langue de bois perpétuelle.

Il est inévitable de rapporter votre tribune à votre parcours, pour chercher si c’est formules creuses, ou en relation avec des actions réellement positives, s’il y a chez vous une amorce de ce changement que l’on veut voir dans le monde.

L’Ad Hominem ramène la promesse à l’action, la leçon de morale à la responsabilité.

L’essentiel étant de ne pas enfermer l’homme dans son passé, il peut s’être trompé, ou avoir mal agi, et changer, mais on doit voir les signes de ce changement avant de croire n’importe quelle promesse ou belle parole. On doit se rapporter à l’homme.

Il y a une responsabilité, dans l’entreprise que l’on sert, dans le mode de consommation qu’on pratique et encourage.

C’est ce que certains "alters" ont compris, et c’est ce qu’ils pratiquent. Au prix de certaines contraintes, mais la vie est assez riche pour qu’on découvre des richesses cachées même en abandonnant certaines richesses faciles.

La vie ne devient pas austère, mais plus imaginative et curieuse d’alternatives.

On peut chercher du gaz de schiste pour dépenser toujours plus d’énergie fossile sans remettre en cause la consommation, ou bien l’on peut redécouvrir les joies du vélo, de l’alternance des saisons (le bonheur d’avoir un peu froid en hiver et un peu chaud en été, et non la routine uniforme d’une température maintenue à 20 degrés toute l’année avec excès de chauffage l’hiver et excès de climatisation l’été).

Ainsi, avant de chercher du gaz de schiste, on peut s’apercevoir qu’une bonne part de la consommation actuelle d’énergie peut être réduite, pour le plus grand bonheur de 7 milliards de terriens sur une petite Terre.

Et ainsi de suite.

Si l’on attend du monde politique davantage de sens et d’éthique, cela doit passer par un examen du sens de nos actes, de nos métiers, de notre rapport au monde, de ce que nous produisons, rejetons et dépensons.

Ecce Homo, qui dit ceci et cela. Ce que dit cet homme est-il cohérent avec ce qu’il pratique, ou est-on dans du blabla qui n’engage à rien, attend des autres ce qu’il ne s’impose pas ?

Voilà le sens de l’ad hominem. Rapporter la parole à la pratique.

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