Thierry CROUZET
C’est beau le crowdfunding, mais c’est une arnaque de plus
C’est beau le crowdfunding, mais c’est une arnaque de plus

C’est beau le crowdfunding, mais c’est une arnaque de plus

C’est quoi le Web 2.0 ? Un ensemble de plateformes qui proposent aux internautes de partager le fruit de leur travail (sans être rémunérés). Et quand l’un gagne quelque chose, souvent de la popularité, c’est pour donner espoir à la masse de tous les autres ouvriers anonymes.

Dans le Web 2.0, il y a un acteur qui gagne à tous les coups, ou presque, c’est la plateforme. Suffit de voir à quoi songent nos entrepreneurs, ils ne pensent qu’à nous créer des plateformes pour nous aider à mieux faire tout ce qu’on a toujours su faire sans elles, du moins depuis que le Web existe. Certains imaginent même des plateformes pour mettre en relation ceux qui veulent créer des plateformes. C’est génial (ou ils se croient géniaux, et ils le sont d’une certaine mesure puisque des banquiers fabriquent de l’argent pour les financer... et creusent l’écart entre riches et pauvres).

Tu chasses les intermédiaires par une porte, ils ressurgissent par une autre. L’intermédiaire, c’est le mec ou la fille qui n’a pas d’idée sinon de piquer de la tune aux autres d’une façon ou d’une autre (et qui d’une manière générale ne touche pas sa bille en technologie).

Kings (of crowdsourcing and collaboration) par opensourceway
Kings (of crowdsourcing and collaboration) par opensourceway

Ils ont trouvé une idée encore plus géniale. Puisque le travail permet de gagner de l’argent, ils se sont dit autant partager directement de l’argent. Ils ont appelé ça le crowdfunding. Il ont mis en avant tel film ou tel jeu produits par ce moyen et le tour était joué. Plus besoin de se voiler la face. Passez par nous. Aboule le fric et que je t’en prends 10 %. Tout ça bien sûr sous-entend que nous sommes incapables de nous débrouiller nous-mêmes, en pear to pear, sans nous faire tondre la laine sur le dos avant même quelle ne pousse.

C’était quoi, au fait, le Web 1.0 ? Justement, un réseau sans intermédiaire, avec juste des gens qui imaginaient des technologies révolutionnaires (et pas des business plan à la con). Vivement le Web 3.0. Qu’une bonne crise nous fasse exploser tout ces rapaces adeptes de « la prise en passant ».

Que les choses soient bien claires, je ne suis pas contre le crowdfunding, le financement par la foule, j’en suis même un apôtre, mais je suis contre quand, entre la foule et un projet, se glisse un prévaricateur.

PS: Ce n’est pas parce que je suis contre la dérive du tout plateforme que je n’utilise pas les plateformes. C’est ce que j’ai expliqué pour Amazon. C’est la même chose pour Immateriel. J’accepte de céder 10 % parce qu’ils me simplifient la vie. Les plateformes de crowdfunding aussi simplifient la vie, c’est vrai, mais initialement il y avait une dimension éthique au crowdfunding, héritée du microcrédit. On a transformé tout cela en business.

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ragots @ 2014-04-29 09:20:51

T’es jaloux, c’est vilain la jalousie. Bouge-toi, plutôt que de jalouser le succès des autres.

Thierry Crouzet @ 2014-04-29 09:23:30

Le succès de qui? Des plateformes ou de ceux qui ont réussit à se financer? Jaloux? J’ai parlé de moi dans ce billet?

Et puis l’anonymat, c’est vraiment plus cool pour venir insulter... non?

Neil Jomunsi @ 2014-04-29 10:52:00

Tu as raison, mais ça viendra. Ou pas. J’en sais rien. En fait, avec la mise à mal de la neutralité du net, la globalisation des systèmes propriétaires et la blockbusterisation générale, y a peu de chances qu’on aille vers un système peer-to-peer à brève échéance. Après, ça veut pas dire qu’on ne peut pas essayer. Mais ça va toucher très peu de gens, et perdre l’intérêt du "crowd". Mmmh. Tu poses une question qui me désempare, là. :)

Thierry Crouzet @ 2014-04-29 10:57:24

Pour moi, le crowd doit s’effectuer sans prévarification... sinon tout l’édifice éthique s’effondre.

Valery @ 2014-04-29 11:52:46

Ben l’idée de crowdfuding est tout de même géniale non ? Et n’est pas liée à une plateforme en particulier.

Je ne comprends pas pourquoi tu assimiles "crowdfunding" et plateforme.

ragots @ 2014-04-29 13:02:05

Ah parce qu’il faut parler de soi pour faire preuve de jalousie ? En plus t’as une logie bancale. C’est pas gagné. Same player shoots again.

Crowd @ 2014-04-29 13:02:48

enfin deux billets au-dessous tu fais l’éloge de "Immatériel" qui te pique aussi 10% en automatisant l’inscription à des services...

Les plateformes de crowdfunding font la même chose, piquent 10% en échange de temps gagné pour les participants.

Dans le milieu des jeunes artistes, il y a un très gros usage de ces plateformes pour des projets de films, pièces de théâtre..., j’en reçois 5 ou 6 par semaine.

Dans l’ensemble, ça marche (avec souvent l’artiste qui doit compléter lui-même au moins 30% de la somme au dernier moment pour boucler le budjet... Il a mal évalué sa capacité de récolte. Il perd alors bêtement 10% de ses propres 30%.)

Mon principal reproche, c’est que c’est devenu tellement facile de récolter quelques milliers d’euros avec ce système, qu’on voit n’importe quoi être financé, ce n’est pas rendre service à l’artiste. Au lieu de tourner la page d’un mauvais projet, il va perdre 6 mois à le monter jusqu’au bout, puisqu’il a l’argent, et ce sera une merde.

Ces plateformes poussent à publier avant maturité des "Jean Santeuil", au lieu de se donner le temps de bien construire une "Recherche".

Les amis et la famille donnent chacun 20 euro par amitié, plus qu’en évaluant la pertinence et la maturité du projet présenté.

Avoir de l’argent trop tôt, ou être publié trop tôt, va à l’encontre d’un processus de mûrissement intérieur essentiel pour l’artiste.

L’artiste doit en baver, comme un bon vin doit patienter en cave.

ragots @ 2014-04-29 13:05:10

C’est bien ce que je disais. Jaloux, aigri, remonté et au final désabusé. LOL Bouge-toi et monte des arnaques toi aussi. Ha ha ha... Oh putain... Qu’est-ce qu’il faut pas lire.

Yoka @ 2014-04-29 13:42:33

Pear to pear? Why don’t you rather use a langage you command ?

Thierry Crouzet @ 2014-04-29 15:44:25

@Crowd Tu as raison... mais c’est la perte de l’éthique je je dénonce pas la fonction, la prévarification... j’ai ajouté un PS pour te répondre.

icolas @ 2014-04-30 09:19:41

Bonjour, je comprends de plus en plus ce point de vu...même si le terme "arnaque" pour qualifier le crowdfunding, me semble maladroit. Ce sont des outils, ils créent des lieux de rencontres, un cadre favorable entre porteur de projets et publics curieux passionnés, etc..qui ne sont évidemment pas magique, mais ils ne promettent pas de miracle. L’un des problèmes effectivement pour moi est quoi que l’on remette au goût du jour, c’est vrai aussi pour Airbnb, on reprend toujours cette course au profit, le capitalisme revient toujours rappelé les règles. Les valeurs humaines dans ce type d’exercice sont réelles mais encore combien de temps

Simons @ 2014-04-30 09:47:36

Le crowdfunding bénéficie d’un encensement incroyable. Cela fait pas de mal un peu de critique. Mais les prédateurs à 10% sont quand mêmes rares. Et puis il existe des acteurs qui restent super éthiques dans leur démarche, ne fonctionnant pas par capitalisation massive (mais qui dit non capitalisé au départ, dit aussi pas de gros moyens à court terme et donc rarement de capacité de se battre face aux gros...). Je pense à HelloAsso, où l’on choisi sa contribution libre à la plateforme (tu peux même mettre 0 si c’est toi le rapace...). http://selfstarter.us/ si l’on sais suivre une doc d’installation et écrire en html. Les plugins wordpress pour d’autres qui utilisent ce CMS (http://side-ways.net/crowdfunding/episode-6/). Et mon préféré, Gittip.com, hyper transparent, en logiciel libre, avec 0% de comission (sauf le coût bancaire), qui se fait rémunérer par son propre système de crowdfunding, et où chaque contributeur décide lui-même de sa rémunération (je te le conseille pour ton site). Il faudrait être vigilant, mais d’une part supporter ceux qui font sens pour nous, et ne pas mettre de côté ces pépites qui vont nous en apprendre beaucoup sur un web 2.0 qui fasse sens. Un site de covoiturage qui tourne, c’est quand même mieux que le web 1.0.... Si l’on s’en donne les moyens, il est fort possible qu’à l’image de wikipedia qui a pris le marché des encyclopédies fermées, on ait des modèles "libres" qui prennent la place des acteurs classiques et permettent de sortir de cette compétition entre intermédiaires. Si les plus de 100 plateformes françaises de crowdfunding avaient mutualisé leurs développements, cela fait longtemps que l’on serait sous la barre des 2% de commissions.. Je ne doute pas que l’on finira par avoir un modèle "libre" autour du financement participatif basé sur des logiques d’API à quasiment coût 0 (géré en logique P2P/contributive), avec derrière des services pour aider à monter son crowdfunding, etc... pour ceux qui n’auraient pas le temps d’apprendre par eux-mêmes (c’est déjà le cas, les 6 à 7% sont aussi justifiés par ce travail d’accompagnement de plus en plus présent).

Thierry Crouzet @ 2014-04-30 09:58:06

Merci pour ce beau commentaire... Si un jour je lance un projet en crowdfunding je trouverai un modèle à 0%.

JD @ 2014-04-30 10:49:55

Thierry, tu soulèves des questions très intéressantes. L’économie numérique en général, comme l’économie collaborative, suppriment des emplois en remplaçant des systèmes archaïques et coûteux par des plateformes dématérialisées, qui lorsqu’elles fonctionnent, sont effectivement de vraies gagnantes dans ce nouveau système (il suffit de regarder les capitalisations mises en rapport avec le nombre de salariés). Cela donne moins de travailleurs plus riches, donc plus d’inégalités. Mais les utilisateurs y gagnent aussi en simplicité et en partage, et c’est pour cette raison que cela fonctionne. Vers un système 100% peer to peer, pourquoi pas, mais cela nécessite une vraie réflexion globale sur le partage de la valeur dans l’économie de demain. Et ça, c’est le gros chantier citoyen, politique et économique sur lequel travailler dès maintenant. Après tout, même les économistes "classiques" s’en rendent compte : http://www.novethic.fr/empreinte-terre/climat/isr-rse/davos-se-soucie-des-inegalites-de-revenus-et-du-climat-142067.html

Grégory @ 2014-04-30 14:33:47

Hello,

Je me trompe surement mais le fond du crowdfunding c’est de récolter de l’argent, non ? Donc c’est du bizness, comme le micro-crédit d’ailleurs. Chacun le fait ensuite avec plus ou moins d’éthique. quand à "sommes incapables de nous débrouiller nous-mêmes, en pear to pear" ... ben oui dans la plupart des cas ... mais nous appelons aussi le plombier pour réparer la fuite de la cuisine si nous ne savons pas faire :)

Jean Cérien @ 2014-05-02 19:58:23

Pear to pear? (poire à poire) Ce n’est pas plutôt "peer to peer" (d’égal à égal"? S’il vous plaît, si vous ne maîtrisez pas une langue étrangère, ne vous aventurez pas à l’utiliser

Thierry Crouzet @ 2014-05-03 11:45:20

Parce ue tu crois que ce n’est pas un réseau de poire à poire ?

Olivier Cortès @ 2014-05-06 20:27:47

Bonjour,

Je rejoins Simon sur Gittip, que j’utilise aussi pour recevoir des dons et financer le développement d’une plateforme pour une information libre (http://1flow.io/).

Je rejoins aussi Valery : il ne faut pas confondre le crowdfunding et la plateforme qui l’implémente.

De même que blablacar a phagocité le marché du co-voiturage — pour des bonnes raisons : le site simplifie et sécurise réellement la procédure — et applique maintenant des marges énormes, sans parler du fait qu’il rend les utilisateurs d’un service citoyen complètement captifs, ça n’empêche pas le co-voiturage d’être une super-idée.

Cependant, je pense que le crowdfunding n’est qu’une partie de la solution, à cause de la précarité et du court-termisme inhérent à son mode de fonctionnement, ainsi qu’à l’impossibilité de prévoir à l’avance tout ce qui va se passer, dans le cas du financement d’un projet sur la durée. Le crowdfunding augmente dans une certaine mesure la précarité des porteurs de projets. Pas tous, certes.

J’ai d’ailleurs écrit un petit article en anglais à ce sujet, https://medium.com/p/3ffe9535de88 dans lequel j’ébauche l’idée d’un financement participatif « durable », qui permettrait de voir un peu plus loin que le bout du nez de nos business angels, qu’ils nous prêtent 100K€ ou nous donnent 10€.

Si l’on doit construire quelque chose de commun et de citoyen, il y a nécessité de l’inscrire dans le temps, et pourtant les implémentations actuelles du crowfunding n’offrent aucune solution dans ce sens (à part Gittip, pour le coup).

bonne soirée,

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