Thierry CROUZET
Faut-il être rare pour être populaire ?
Faut-il être rare pour être populaire ?

Faut-il être rare pour être populaire ?

J’ai souvent constaté que quand je blogue peu, je suis plus lu. En déduire que se faire rare est bon pour la popularité est peut-être prématuré. Les sportifs ne sont pas plus rares que les people PAF, et vous ne semblez pas moins les aimer.

Il faut donc envisager le problème autrement. La rareté est peut-être le seul chemin pour atteindre la popularité, qui une fois atteinte autorise tous les débordements, avec ce risque inexorable qu’après le temps de la nouveauté survienne inévitablement celui de la lassitude.

Mes amis auteurs non-blogueur utilisent la tactique de la rareté. Ils publient un livre de temps en temps, avec un bref bal médiatique, et s’exposent dans quelques foires. Après silence. Et parfois les lecteurs semblent les attendre avec avidité. J’envie leur rythme et ses grandes plages de calme.

De mon côté, l’écriture déborde. J’ai du mal à me taire. Je pourrais remplir des carnets pour après ma mort, mais j’ai envie de goûter au plaisir de la postérité immédiate. Je m’abandonne à l’ivresse du send.

Les businessmen ont trouvé depuis longtemps une technique imparable pour créer de la rareté, faire payer. Alors, périodiquement, je me dis que je devrais faire payer mon blog, pour rester invisible aux yeux du plus grand nombre. Et ne jaillir qu’une fois par an, avec un chef-d’œuvre inoubliable.

Mais peur de n’avoir pas plus d’une poignée de payeurs. Peur de ne plus disposer d’un grand divan pour une psychanalyse gratuite et récurrente. Et je ne change rien, je continue victime d’une inertie terrifiante. Je suis tellement préoccupé de jouir de l’écriture que j’épuise un à un les lecteurs qui me trouvent.

Tout ça pour dire qu’on est comme on est, populaire ou non, et qu’on ne fait rien pour changer. Dans Èratosthène, j’écris « Une autre vie pour soi ne conçoit pas », j’en suis bien désolé. Je suis juste capable de légèrement altérer mon état physique pour modifier mes états mentaux. Les footings ont cette vertu comme le minimalisme culinaire.

J’endurcis mon corps pour ne pas perdre le rythme du send. Je suis un athlète de l’écriture qui ne conçoit pas la rareté. Le Net a donné un exutoire à ma pathologie. J’ai une si haute idée de la littérature que j’en ferais presque une chose en soi. Je suis un idéaliste frappadingue. Un obscurantiste de néoplatonicien, qui dénonce ce piège pour mieux y tomber à chaque bouffée d’air avalée.

PS : Billet inspiré par un billet de Neil Jomunsi.

The sofa par Daniele Zanni.
The sofa par Daniele Zanni.
@ gregoware @

Je vois deux aspects : la pertinence et le "Send".

Je te lis parce que je trouve que ce que tu écris est pertinent, que ceci interagit avec ce que je pense, que ceci construit une pensée en moi, ou qu’au contraire ça la bouscule. La quantité a peu à voir là dedans. Si tu pertinent tous les jours, je te lirai tous les jours.

A titre de comparaison je pourrais citer mes parents sculpteurs (http://lessimonnet.fr/) : ils ont construit une approche modulaire qui leur permet a certains moments une production d’œuvre en quantité, en tout cas en quantité non comparable a celle d’un peintre qui passerait plusieurs semaines sur chaque toile. La quantité permet d’explorer des champs de recherches plus vastes, augmentant la possibilité de trouver une nouvelle pépite.

Mais ça n’enlève rien à celui qui crée une seule œuvre par an. Il peut être aussi pertinent.

Sur le "send" ensuite : tu assures toi-même la diffusion de ce que tu crées, c’est la révolution en cours. Il restera je pense des prescripteurs, des critiques, des éditeurs, mais les contours changent. Sans ton blog je ne t’aurai probablement jamais lu.

Tu t’en sert aussi pour cette "voie de retour", si ça t’aide a être plus pertinent, tant mieux.

Enfin si ça participe a ta discipline d’écriture, si ça aide à "muscler", là aussi tant mieux. Et puis il y a toujours quelque chose intéressant pour celui qui reçoit un œuvre à la voir se construire : visiter, l’atelier, assister a une répétition.

Continue.

Thierry Crouzet @ 2014-06-20 14:01:00

Je vais continuer, peux pas faire autrement :-)

PS : superbe les scrulptures, j’en veux une pour mon jardin :-)

Guillaume Narvic @ 2014-06-20 16:57:00

Une autre voie de recherche, Thierry, pour traiter ta "pathologie". ;-)

Ce qui peut désarçonner le lecteur, ce n’est peut-être pas la quantité que tu produis, mais celle que tu publies (papier ou numérique confondus) !

Beaucoup d’écrivains écrivent beaucoup plus qu’ils ne publient. Pour beaucoup d’entre eux, ils aimeraient certainement publier plus, mais ne trouvent pas d’éditeur, pour assumer un risque économique qu’ils ne peuvent ou ne veulent pas prendre eux-mêmes (je parle de publication papier, bien sûr, la publication numérique ne coûtant rien, ou presque). Mais pour certains autres, c’est un choix : écrire trois livres, pour n’en publier qu’un. Et on publiera le reste après ma mort... si ça intéresse encore quelqu’un !

Tu gagnerais, peut-être, à creuser l’idée de différencier fortement la démarche d’écrire et celle de publier. On ne publie que pour l’instant (et en fonction des conditions du marché !), mais on écrit pour des motifs bien différents : pour soi seul, pour l’éternité, pour une foule ou pour un seul lecteur (réel ou imaginaire, vivant, mort ou à naître...). Toutes les démarches d’écritures sont possibles, mais toutes n’entrent pas dans le cadre précisément délimité de la publication, qui impose un carcan économique - et social !- indépassable. Ce n’est pas qu’une question de moyens économiques (de production ou de consommation), c’est aussi que le stock d’attention des lecteurs est limité (limité dans le présent, mais infini sur la durée).

Une autre voie de recherche : se concentrer ! Je parle de concentration comme la concentration en sucre d’un sirop que l’on fait réduire : on évapore de l’eau pour ne conserver que les arômes.

C’est une autre méthode d’écriture : écrire trois livres, les réunir pour n’en faire plus qu’un seul plus petit (et conserver tous les brouillons pour les léguer à la bibliothèque nationale après ta mort !).

Il existe plein d’autres formules encore, mais toutes reviennent au même principe : différencier fortement écriture et publication.

Bien sûr, toutes ces stratégies ont été explorées déjà par les écrivains qui t’ont précédé. Mais ils ne connaissaient pas le numérique... Avec l’effacement du risque économique de la publication, par rapport au papier, on est forcément tenté de tout publier, tout de suite, en ligne. Est-ce finalement une bonne solution ? Est-ce que c’est adapté à toi, à ton écriture, à tes lecteurs (actuel et potentiels) ?

Il y a la première question éternelle de l’écrivain : pourquoi j’écris ? (Beckett avait répondu à cette question posée par Libé : "Bon qu’à ça".). Mais il y a aussi la deuxième: pour qui ?

La consultation était gratuite. ;-)

Thierry Crouzet @ 2014-06-20 17:50:00

Je crois que je fais tout ça en même temps. Je ne publie pas tout ce que j’écris. J’ai mis 14 ans à venir à bout d’Ératosthène après 12 versions achevées. Je différencie le temps long et court. Et puis les écrivains qui ont publié presque tout ce qu’ils ont publié ne manquent pas, surtout au XIXe. Je crois que si je publie sur le blog c’est uniquement pour les quelques échanges et rencontres que ça provoque.

Guillaume Narvic @ 2014-06-20 18:26:00

Ta réponse ne nous avance pas trop sur la question de ton rapport à tes lecteurs, à travers d’un côté tes livres, et de l’autre ton blog. ;-)

Flaubert faisait aussi d’un côté des livres, et de l’autre une correspondance. Mais les deux ne s’adressaient pas au même lecteur, et il n’y avait de confusion dans l’esprit de personne.

Dans ton cas c’est plus compliqué. J’ai l’impression que tu essaies de tenir la corde par les deux bouts.

Thierry Crouzet @ 2014-06-20 19:51:00

Des retours que j’ai, il y a peu de recouvrement entre ces deux mondes. ça règle un peu le problème :-) Et je ne pense pas écrire la même chose dans les deux formes. Peut-être le lien est mon style, encore que dans les livres je patine beaucou plus.

flyingdust @ 2014-06-20 21:14:00

Décidément ce que tu écrits ne m’accroche pas : je trouve ça jusqu’à maintenant incomplet, faible en contenu, manquant de profondeur, assez égotripé.

Peut être Est-ce pour ça que tu écrits autant? L’envie inconsciente d’effacer au plus vite le côté brouillon du texte précédent par un nouveau texte tout aussi imparfait? Peut être Est-ce pour ça aussi que les gens te lisent (ou te commentent?)moins. L’intérêt décline et la production rapide met les défauts au grand jour.

Le côté positif, c’est que de lire une écriture aussi faible, me décomplexe de la mienne et me donne presque envie de m’y mettre.

Thierry Crouzet @ 2014-06-21 08:32:00

On n’a pas signé de contrat...

flyingdust @ 2014-06-21 16:28:00

Je ne serai pas tombé sur ton site, si ton article provoc’ et caricatural sur la décroissance ne s’était pas retrouvé relayé sur d’autres pages. Un certain nombre de personnes t’ont exprimé leurs désaccords et tu t’es contenté des mêmes trois pauvres arguments de surface.

Je suis donc ici pour de mauvaises raisons, plutôt que de découvrir un auteur au point de vue original par suite d’une recherche personnelle, je te découvre suite à un article très égotripé et qui tout d’un coup totalise bien plus de lectures et de commentaires (la provoc’ marche, c’est pas nouveau).

Ce qui ressort de tout ça n’est donc pas très positif: tu te valorises en dévalorisant un mouvement, ce qui m’amène et en amènera sans doute d’autres à adopter un regard peu amène sur ce que toi propose et écrit en contrepartie.

De plus la quantité dilue tellement la qualité ici... Ca donne aussi peu envie de s’intéresser à ton point de vue que l’article cité plus haut.

On n’est pas vraiment dans un cercle vertueux là.

Tu as les clés pour éviter ça à l’avenir (si tu en as envie, sauf si tu aimes te faire mousser au jeu de "c’est moi qui ait la plus grosse")

Thierry Crouzet @ 2014-06-21 18:39:00

J’ai souvent abordé le sujet... et ce billet fait suite à d’autres, à des livres... j’essaie de pas trop répéter.

Ma position la plus détaillé sur le blog sur le sujet est là:

http://blog.tcrouzet.com/2011/03/17/la-decroissance-passe-par-la-croissance/

J’ai taggé d’autres billets sur la décroissance:

http://blog.tcrouzet.com/tag/decroissance/

flyingdust @ 2014-06-21 21:58:00

Le premier lien est vraiment plus abouti que le reste. Globalement, il y a des idées et une vision intéressante, noyées dans des guerres sémantiques avec beaucoup d’enculage de mouches (sur Yves Cochet en tête et Ariès dans une moindre mesure), une hypertrophie cérébrale volatile qui inhibe le corporel terrien relativiste.

Tout ça me donne l’impression de quelqu’un passant la majeur partie de son temps quotidien à chercher des concepts intellectuels, et dans une moindre mesure donnant à son corps des défouloirs sportifs, n’ayant d’autre sens que le loisir. Un mode de vie très bourgeois finalement, le salaire en moins.

C’est ce que je sens à travers tes écrits, particulièrement quand tu parles d’ écologie/décroissance, c’est très vaporeux, bien plus que sur d’autres sujets (y a d’autres articles que j’ai beaucoup aimé).

Je connais d’autres personnes avec ce discours très philosophico-cérébral, et ils s’avèrent que toutes sont très déconnectées vis à vis de leurs besoins.

Le fait d’accomplir soit même les tâches quotidiennes qui satisfont nos besoins vitaux ancrent énormément: cultiver son potager, faire son bois de chauffage, composter ses déchets, gérer et assainir son eau,...

Ma main à couper que si tu consacrais plusieurs heures par jour à ces tâches ça ancrerait bien plus tes écrits, surtout dans le domaine de la décroissance.

Tu aurais du coup moins de quantité et bien plus de qualité. Moins d’enculage de mouches sémantique et plus de profondeur. La répétitivité des tâches quotidiennes n’est pas une perte de temps bien au contraire: l’ennui qu’elle fait naître est le terreau idéal pour les idées de génie. Se confronter à cet "ennui"structurant (très relatif, mais c’est sur c’est moins distrayant qu’une partie de tennis) évite la branlette intellectuelle.

Mais je le répète, dans d’autres domaines, j’ai trouvé des trucs bien plus aboutis sur ton blog.

Thierry Crouzet @ 2014-06-22 09:46:00

Vient courir ou faire du kayak avec moi quand tu veux :-)

Ou si tu préfaires de a maçonnerie.

Parfois faut être très patient derrière son clavier.

Tu devrais aussi t’interroger sur ta croyance en l’inévitabilité de la décroissance. Et réfuter mon argument central sur la complexité. ça m’intéresse, le reste ne sont que dénigrements auxquel je suis trop habitué.

flyingdust @ 2014-06-22 17:49:00

Sage réponse. Tu as raison concentrons nous sur l’essentiel. Voilà précisément ce que je reproche à ton article sur les décroissants: leur prêter des idées et intentions globales. Il y a une chose dont je pense on peut être sur sur le mouvement décroissance, c’est le souhait d’une décroissance énergétique.

Les deux secteurs les plus énergivores sont dans l’ordre, l’habitat et le transport, ensuite arrive l’industrie. Donc il s’agit de diminuer ses biens et ses déplacements PRINCIPALEMENT. Sur la question des technos, de la complexification, tu soulève un point que j’ai très rarement vu abordé sur les forums et autres sites, livres décroissants. Et encore moins de manière univoque. Je remarque de plus que un certain nombre de décroissants utilisent alègrement les réseaux pour se faire connaître.

La question est donc loin d’être tranché, comme tu sembles le dire, et apparaît totalement secondaire par rapport aux premières nécessités d’orientations.

Il y a une croissance énergétique qui doit s’inverser, mais en effet on peut se poser la question de la possibilité d’une croissance technologique/ de la complexité dans ce cadre là, et le mvt de la décroissance compte des gens suffisamment ouverts pour réfléchir à ces questions. Je pense par exemple à la page Facebook de Jancovici ou tu trouves des ingénieurs qui font à la fois l’éloge de la décroissance énergétique et celle des réacteurs nucléaires dernière génération (ou quand l’idéologie se croise au réalisme), ce qui est une belle preuve d’ouverture d’esprit.

C’est donc dommage, que au lieu d’apporter ta contribution à l’édifice, en soulevant une question qui n’est pas souvent abordée, tu fasses autant de provoc’ en dénigrant le mouvement.

On perd beaucoup de temps à dépasser le côté "mon éthique est meilleure que la tienne", pour arriver aux questions qu’on se pose, et auxquelles aucun de nous deux n’a l’air d’avoir vraiment d’arguments imparables et de réponses sures.

ps: j’ai couru pendant des années. C’est aussi un vrai sport de masochiste celui-là. Soufrir pour être bien après. Je préfère utiliser cette énergie à créer des choses qui vont durer dans le temps ou qui satisfont mes besoins basiques, la satisfaction est plus complète, et je n’ai plus l’impression d’être un drogué qui prend sa dose pour supporter le stress de la vie moderne.

Thierry Crouzet @ 2014-06-22 18:51:00

On peut imaginer décroître en consommation énergétique et croître dans beaucoup d’autres secteurs, ça ne me pose pas de problème. C’est envisageable et possible...

Mais par exemple je ne crois pas à la frugalité volontaire. C’est plus la pratique du nomadisme qui impose la vie frugale (je choisis le nomadisme, la frugalité n’est pas volontaire, car elle est une simple conséquence). Je crois que c’est en adoptant une mode de vie qui rend heureux qu’on peut trouver une solution généralisable (et peu de gens s’épanouissent dans la frugalité).

flyingdust @ 2014-06-28 17:16:00

Je dois te rendre cette réflexion, car c’est toi qui m’a aidé à l’avoir :-):"Je ne vois pas comment la planète pourrait soutenir notre consommation énergétique et de biens matériels actuels, notre démographie est également à questionner. Une source d’énergie secondaire(le renouvelable) ne peut par essence être aussi productive qu’une source primaire (fossile)

Par contre, je pense qu’ il faut augmenter la complexité, la multiplicité, à l’instar de la biodiversité, ou plus il y a de sources différentes et d’éléments variés, plus le système global est stable.

Voici à ce titre une utilisation potentiellement très enthousiasmante de la transgénèse http://kezako.unisciel.fr/kezako-peut-o ... -lenergie/

flyingdust @ 2014-06-28 17:26:00

J’ai fait également un petit calcul à partir d’un document très intéressant sur l’agroforesterie:http://www.agroforesterie.fr/documents/agroforesterie-et-PAC-fevrier-2013.pdf Je cite:"Les accotements des

infrastructures linéaires

(routes, autoroutes, voies

ferrées…) représentent en

France environ 3200 km2, soit

une surface comparable à

l’ensemble des parcs

nationaux !" Et si en plus ces arbres peuvent être bioluminescents!!!! :-)et "Bassin versant de 5000 ha, c’est :

1 5 km de cours d’eau

1 5 hectares de bandes végétalisées

90 à 1 50 m3 de biomasse récoltée par an

entre 1 5000 et 25000 L équivalent de fioul" Je suis pas sur d’avoir bien compris mais en gros 15 hectares donnent jusqu’ à 150 m3 de biomasse par an, max 25000litres de fioul (ont t’ils décomptés le fioul nécessaire à toute la manutention?) Donc, si je mélange les deux chiffres :Les infrastructures linéaires= 320 000 hectares. 320000/150= 2133. 25000 fois 2133= 53 325 000 litres équivalent fioul (en étant plutôt optimiste :-) C’est pas trop mal, il faudrait en produire plus de 2000 fois plus pour soutenir la consommation française actuelle, mais c’est déjà bien avec juste des accotements, ou il n’y avait rien au préalable. Pour moi ça montre bien qu’il y a une multitude de petites solutions à appliquer (= croissance de la complexité) mais que l’ensemble de ces solutions ne permettent pas la dispendieuse consomation actuelle(il faudra décroître au sens basique et accepté du terme). Si nous gérons de mieux en mieux notre consommation énergétique, le recyclage, notre nombre, augmentons tant que se peut la biodiversité, à commencer par la diversité de notre espèce (donc la complexité) nous irons vers une société plus joyeuse et plus libre. Mais si la croissance continue, elle va annihiler un grand nombre de possibilités de développement de la complexité en dilapidant un précieux capital fossile perdu pour au moins des centaines de générations humaines.

flyingdust @ 2014-06-28 17:54:00

Car c’est aussi la croissance(au sens strict du terme) qui a fait disparaître les haies des champs, les petits agriculteurs, concentré les monopoles, amenuisé la biodiversité en permettant notamment aux humains de se multiplier plus que de raison. Le nombre d’humains limite la possibilité d’un enseignement plus individualisé, limitant lui même la possibilité de diversité au sein de l’espèce humaine (l’effet de masse inhibe aussi l’exaltation de la différence, seuls les particulièrement couillus oseront sortir du lot). La place prise par chaque humain est potentiellement une place en moins pour d’autres formes de vie. Même internet se noie dans une masse de données souvent similaires, où il devient difficile d’extraire l’originalité, la diversité. Le nombre d’amis sur Facebook(plus de deux cents en moyenne), le nombre de mails encombrant la boîte(capacité de dizaine de milliers de mails de mémoire, alimentés par d’énormes data centers très énergivores), tout ça est trop grand pour nos capacité de gestion, nous fait éviter un tri salutaire qui permet justement à la diversité d’apparaître, elle qui auparavant se retrouvait noyée sous l’homogénéité d’une majorité de points de vues semblables). La croissance de la complexité passe donc aussi par la compréhension et l’acceptation de nos propres limites, du tri de la quantité au profit de la diversité. Et le jour où internet recevra un tri massif, cellui ci redeviendra plus lisible. Or le tri n’est pas de la croissance technologique, mais il donne plus de lisibilité à la complexité.

Thierry Crouzet @ 2014-06-30 10:30:00

Je suis d’accord avec toi... sur le fond, bien sûr, mais je continue à penser que l’énergie n’est pas un problème. Elle est abondante dans l’univers, parce que tout ce qui existe est énergie au sens le plus primaire possible. Ce n’est qu’une question de technologie.

On a plus un problème d’espace, de paysage, d’air... de propreté que d’énergie. Voilà pourquoi un mode de vie plus frugal est nécessaire... mais il est surtout nécessaire, car en nous détachant des biens matériels, il nous rend plus heureux, et c’est par ça qu’il faut commencer, la planète en bénéficiera après.

flyingdust @ 2014-06-30 17:06:00

Tu parles souvent de complexité, ça semble être un des objectifs les plus important pour toi. Et la complexité est très proche d’être un synonyme de résilience finalement. Plus la diversité des formes de vies est large, plus l’écosystème est donc complexe, et donc plus celui ci est apte à supporter les variations, et donc plus celui ci est à même de protéger la vie, le maximum de diversité de vies. Il suffit maintenant de rejoindre les deux extrémités de la démonstration: la complexité protège la vie. Ca me semble donc être ça, la priorité numéro un à garder en tête à chaque acte: développer et/ou protéger la diversité/complexité sous toute ses formes.

Un mode de vie plus frugal fait que nous prenons moins de place, et donc en laissons plus à d’autres formes de vies, donc la diversité. Et vivre dans un monde plus diversifié est source direct de joie.

Thierry Crouzet @ 2014-06-30 17:14:00

Exactement... c’est le sujet central de L’alternative nomade.

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