Thierry CROUZET
Autopubliez vos manuscrits, soumettez vos projets
Autopubliez vos manuscrits, soumettez vos projets

Autopubliez vos manuscrits, soumettez vos projets

Tu écris durant des mois, des années, puis tu confies le fruit de ton travail à des gens qui te jugeront comme des examinateurs d’auto-école, avec force stylos rouges, et autres simagrées ridicules. Faut avoir une bien piètre idée de soi-même pour se prêter à cette bouffonnerie. Ou être sous l’emprise d’une philosophie quelque peu terrifiante, avec la croyance en des élites toutes-puissantes.

D’autant que, une fois cette étape littéraire franchie, les choses s’aggravent. Tu te heurtes aux commerciaux qui ont souvent le final cut. Ces olibrius ne lisent pas, mais se croient détenteurs d’une espèce de sagesse populaire. Ils ont l’illusion d’avoir du flair. Faut-il donc que des chiens décident ce que je dois publier ou non ?

À l’avenir, je m’en tiendrai donc à deux stratégies complémentaires.

J’ai un manuscrit

Si j’ai écrit un texte, qui est là tout chaud, et même un peu refroidi, je le publie. Je ne vois pas pourquoi je demanderais l’aval d’un quelconque intermédiaire. Je suis mon intermédiaire. Je peux mettre ce texte à la disposition de tous, en ebook comme en papier, avec la même puissance qu’un petit éditeur.

Rien n’empêche a posteriori un éditeur de venir me trouver et de me proposer un contrat. Tout sera négociable, sauf en toute probabilité les droits numériques, car franchement je ne vois pas quel éditeur diffusera mieux que me moi mes textes numériques. Mais pourquoi pas, tout est possible : coéditions, codiffusion, inventons hors du vieux cadre du contrat d’auteur traditionnel.

Dans les semaines qui viennent, j’autopublierai ainsi un petit roman historique grivois, en papier et ebook. Une fois le texte bien en place sur les librairies en ligne, je le diffuserai chapitre après chapitre sur le blog à la manière de Laurent Margantin avec son Chenil. Les lecteurs qui voudront connaître la suite plus vite, disposer d’une belle édition, n’auront qu’à passer à la caisse (ce sera une façon de me remercier pour un peu de bon temps).

J’ai un projet

Il m’arrive d’avoir des idées de livres, souvent des essais, parfois des romans, mais je ne m’enflamme pas seul, peut-être un peu intimidé ou par manque de confiance. J’ai besoin d’une équipe, d’un soutien, d’échéances, d’objectifs. J’ai ainsi écrit Le peuple des connecteurs ou J’ai débranché.

Ces livres ne sont pas moins bons que mes autres livres, au contraire. Simplement, je ne les aurais pas écrits si je n’avais pas su à l’avance qu’ils intéresseraient quelqu’un, et pas n’importe qui, un éditeur, un lecteur particulièrement attentif, lui-même persuadé que d’autres lecteurs le suivront.

Oui, un éditeur c’est un lecteur persuadé que d’autres lecteurs seront prêts à le suivre.

C’est une vraie motivation pour un auteur d’être dans une telle dynamique. Si bien qu’en ce moment, vu que je n’ai rien d’important sur le grill, je bombarde Sophie chez Fayard d’innombrables idées, un peu à la manière d’un pêcheur à la ligne, en me disant que ça va finir par mordre. Et puis j’ai de la chance, l’océan est grand et les rivières nombreuses.

Petit conseil aux auteurs, autopubliez vos manuscrits, soumettez vos projets.

Petit conseil aux éditeurs, n’acceptez plus les manuscrits (vous aiderez les auteurs à se libérer de leurs complexes), lisez les projets, fouinez dans les autopublications à la recherche de pépites et de talents.

OK, certains éditeurs adoptent déjà cette stratégie. Mais gaffe, avec le crowdsourcing, on peut déjà se passer de vous même avec nos projets. Ce sera moins cool sans votre intérêt, sans vos compétences, mais on y arrivera aussi.

publish or perish
publish or perish
greg @ 2014-09-25 16:43:02

Ca résume assez bien ma pensée. J’en ai touché un mot dans un de mes billets (http://www.antredugreg.be/pourquoi-je-soutiens-une-culture-et-une-litterature-libre/ ), hormis que je pousse le bouchon un peu plus loin. Le partage de ce que je fais est essentiel à mes yeux, c’est pour cette raison que je libère tous mes textes sous Creative Commons. (et puis ça permet des retours en plus, pour continuer à m’améliorer!)

Thierry Crouzet @ 2014-09-25 16:49:48

Je partage certains textes, d’autres pas. Et franchement, j’ai pas plus de retours en cc que pas en cc, il y a beaucoup d’idéologie derrière tout ça.

Marc @ 2014-09-25 19:06:08

Ma réflexion est la suivante : Pourquoi conserver uniquement le lien entre un paiement et un livre ? Dans nombre de vos billets vous prôner la relation directe auteur -lecteur. Pourquoi ne pas aller au bout de cette démarche et mettre en place un système simple de don sur votre blog ? Vous produisez plus que des livres au travers de vos billets vous pousser au remises en causes, vous alimenté des réflexions, vous partager vos expériences. Une communauté pourrait ainsi veiller à ce que des voix indépendantes et créatrices de richesses communes bénéficient de soutien. Allons jusqu’au bout car je suis très feignant, une plateforme ou l’on pourrait faire don récurent ou pas qui serait dispacher entre différentes sources auprès desquelles nous nous abreuvons.

Thierry Crouzet @ 2014-09-25 20:52:16

Il y a un bouton Flattr sous tous les articles.

C’est pour le don et pratiquement personne ne clique.

Même les médias pro on du mal à générer du don ou de l’abonnement... très difficile d’aller quelque part pour un blog intimiste.

Je trouve plus intéressant de faire partir des fusées sous forme d’ebooks... mais je n’ai jamais testé un bouton don de type PayPal, à tester.

Julien Boyer @ 2014-09-26 12:44:26

Dissocier le paiement de la consomation est tentant. Je trouve le modèle moralement supérieur au paywall. Pour moi ça ne marche pas probablement pour des raisons de culture. Mais peut-être que je n’ai pas encore trouvé la recette qui marche. Je continue d’expérimenter.

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