Pour mesurer le degré de malhonnêteté ou d’honnêteté ou de transparence de notre gouvernement, il suffira d’analyser l’annonce de Macron prévue pour le 13 avril à 20 heures.
Scénario 1
Macron prolonge le confinement de deux semaines, voire de trois semaines jusqu’au 4 mai, et se laisse le temps de voir comment la courbe de la mortalité évolue. Si entre-temps elle retombe à zéro ou quasiment, il n’y a aucune raison de prolonger le confinement au-delà (on ne peut pas rester confinés jusqu’à la découverte d’un vaccin ou d’un traitement efficace sans que le confinement ne provoque lui-même plus de mal que de bien — on doit rester dans une logique bénéfices/risques).
Ce scénario est-il envisageable ? La simulation avec laquelle je joue depuis des semaines, dans son réglage optimiste, le laisse entendre. Elle repose sur une estimation des cas réels en France calculée à partir de la mortalité constatée 17 jours plus tard. L’idée : si on ne relève presque plus de morts un jour J, la contagion s’est arrêtée deux semaines plus tôt.
Durant la première semaine du confinement, la progression quotidienne des nouveaux cas réels était de 98,5 %, autrement dit il y avait -1,5 % de nouveaux cas tous les jours. C’est une baisse très rapide. En effectuant une simulation pour la suite avec une baisse de 1 % quotidienne, j’arrive à zéro nouveau cas au premier mai et un nombre de morts quasi nul. Cela signifierait que la pandémie est jugulée en France. Je le répète, c’est une simulation, une possibilité, pas une prévision. Dans tous les cas, le coronavirus sera toujours là et nous devrons respecter les mesures de distanciation sociale, mais rien ne nous empêchera de sortir de chez nous, de travailler, de prendre l’air, d’aller dans les parcs ou la nature. Attendre plus longtemps ne changerait rien, n’apporterait aucun bénéfice.
Mais attention, selon cette simulation, environ 2,5 millions de Français auront été contaminés, ce qui sera trop peu pour constituer une immunité de groupe. Nous devrons rester sur nos gardes jusqu’à l’apparition d’un vaccin ou d’un traitement efficace. À la moindre reprise de la contagion, nous devrons à nouveau nous confiner. Notre liberté dépendra de notre implication dans la distanciation sociale et des moyens dont nous disposerons pour la mettre en œuvre.
Scénario 2
Si Macron prolonge le confinement pour plus de 3 semaines sans attendre les résultats de terrain, qui peuvent être bien moins bons que ceux de la simulation, alors nous pouvons nous inquiéter.
- Le gouvernement fait preuve de fébrilité.
- Le gouvernement n’a pas encore de plan de déconfinement.
- Le gouvernement a peur du déconfinement, il n’est pas prêt à le gérer. Il sait déjà que nous manquerons de masques efficaces pour tous, de gels hydro-alcooliques pour tous, de tests de dépistage. Donc en prolongeant le confinement de but en blanc au-delà du nécessaire, il avouera son impuissance, il nous mentira en refusant de nous avouer son impuissance.
- Le gouvernement reste sur sa politique liberticide et ne nous fait pas confiance. Il est incapable d’imaginer une méthode pour rétablir cette confiance.
- Le gouvernement a peur du retour de bâton social qu’entraînera le déconfinement et tente de gagner du temps.
- Le gouvernement ne veut pas reconnaître que le confinement provoque aussi des dégâts psychologiques si bien que le prolonger inutilement finira par en faire oublier les immenses bénéfices.
- Le gouvernement tient compte de la lenteur chronique de notre administration paralysée par les paperasses et les protocoles, chacun des agents de l’État cherchant à se couvrir plutôt qu’à agir.
Donc, la sagesse serait d’annoncer deux semaines de prolongation, voire trois au maximum, et de voir comment la situation évolue sur le terrain. Toute autre décision serait très inquiétante, une inquiétude qui s’ajouterait à beaucoup d’autres.
Une chose est sûre : en suivant l’évolution de la courbe de mortalité, et non plus une simulation, on pourra en déduire quand il sera temps de déconfiner, et alors de juger avec une certaine objectivité l’action du gouvernement à ce sujet. On pourrait aussi regarder ces courbes département par département et les déconfiner un à un, dès que possible, ce qui serait plus logique mais avec d’inévitables problèmes de frontières.
Quand je regarde chez moi dans l’Hérault, je constate que nous ne sommes pas encore prêts.