Aujourd’hui sort Vaincre les épidémies. C’est en quelque sorte un livre d’histoire, où j’ai raconté comment mon ami le professeur Didier Pittet avait appréhendé le covid au jour le jour, comment ses idées avaient peu à peu évolué, au regard des évidences scientifiques, mais aussi des observations effectuées par ses équipes sur le terrain et dans leur hôpital de Genève.
Ce livre diffère de la plupart de ceux déjà publiés sur la pandémie, en ce sens qu’elle est vue selon la perspective de celui qui la combat, qui jamais ne renonce devant l’adversité, qui toujours cherche des solutions, quitte à jouer au billard à cinq bandes pour influencer les décisions jusqu’au sommet de l’État.
Pendant que les uns et les autres critiquaient ou annonçaient le pire ou des traitements miracles, Didier se battait pour trouver des solutions pragmatiques, efficaces tout de suite. Quand il n’y avait plus de masques, il faisait récupérer les usagers pour les faire désinfecter. Quand les prix des gels hydro-alcooliques s’envolaient, il se débrouillait pour les faire distribuer gratuitement. Quand les jeunes lui paraissaient indifférents à la crise, il lançait des campagnes pour les sensibiliser. Son mot d’ordre : l’action et l’exigence de transparence et de vérité.
Vaincre les épidémies raconte ce combat et nous dit comment nous devons le poursuivre. La mesure et la rigueur de Didier sont rassurantes, inspirantes, revigorantes. Nous avons toutes les cartes en main, pour cette épidémie et les suivantes. Ce livre est la version épidémiologique du Discours de la méthode à l’adresse des politiques, des médecins, mais avant tout de nous tous, car c’est à nous de régler cette affaire.
L’écriture a été pour moi une tâche titanesque. J’ai dû croiser l’actualité mondiale avec l’agenda monstrueusement chargé de Didier pour reconstituer ses journées, ses pensées, ses positions, le plus souvent en les étayant grâce à ses nombreuses interventions médiatiques. J’ai raconté le covid, revivant la crise, conscient que je m’attaquais à un pan de l’histoire contemporaine. Il m’est apparu comme un devoir littéraire de commenter le présent tel que nous l’avons vécu, non pas tel que certains seraient déjà tentés de le réécrire au regard des connaissances d’aujourd’hui.
On voit comment Didier aborde le virus, comment il le circonscrit, comment en quelques semaines il découvre les méthodes pour le combattre du point de vue de la santé globale. Son job n’est pas de soigner les malades, mais d’éviter que nous soyons malades. Didier est un médecin d’hôpitaux, un médecin de système de santé. Il a passé sa vie à combattre les épidémies et le covid a exigé le meilleur de lui.
Inflexible, Didier a traversé les controverses, s’en tenant à ses observations, et en conséquence refusant d’accepter l’idée vite à la mode selon laquelle le covid se transmettait essentiellement par aérosol. Toujours il est revenu aux évidences épidémiologiques, aux observations de terrain, la rigueur étant pour lui plus importante que le buzz des démonstrations faussement scientifiques même si publiées dans les revues scientifiques.
Didier est devenu en Suisse celui qui rassure, qui en même temps dit ce qui doit être dit et fait. Mon espoir : que son flegme devienne une règle pour tous, surtout pour ceux en charge de nos politiques de santé.
Nous avons vécu des mois chargés, douloureux, difficiles. Nous devons les digérer pour aborder la suite au mieux. J’espère que la lecture vous passionnera autant que l’écriture m’a passionné. Ce texte est un médicament contre l’anxiété.