Mercredi 1er, Balaruc
Samedi 4, Balaruc
J’ai terminé la reconstruction du blog et son optimisation, multipliant par deux son indice de performance, aussi simplifiant sa structure pour en faciliter la maintenance à l’avenir. Me restent encore quelques bricolages à effectuer, et surtout à réussir à me détacher de cette tâche chronophage qui m’a détourné de l’écriture pour m’enfermer dans une réalité numérique étrange, avec ses règles, son langage, ses conventions fragiles que le vent balaye en un rien de temps. Peut-être un peu comme la vie. Et toujours recommencer.
Dans deux ans, mon blog sera à nouveau dans un état techniquement déplorable parce que son environnement aura évolué et pas lui. Voilà pourquoi je dois enfin m’attaquer à sa pérennisation. Pour être prêt à me détourner de la course en avant. Parce que l’envie de courir après diminue. Je suis plus heureux quand j’écris ou me promène dans la nature. Mais reste que cette immersion technique est propre à notre époque, que peut-être je ne pourrais pas réellement la comprendre sans mes bricolages.
On ne trouve rien de ce dont je parle chez mes prédécesseurs, alors je devrais en parler mieux. Je me heurte à une difficulté de langage, à un manque d’outils pour exprimer dans le français une langue étrangère qui ne serait pas traduisible, parce que sur un autre plan. Coder, resserrer les vis, sauter d’explications en procédures partagées par des milliers d’autres développeurs finit par affecter ma pensée. Je retrouve peu à peu de la fluidité de mouvement, j’en jouis quand je réussis à maîtriser un nouveau tour de passe-passe, puis suis tenté d’en rechercher d’autres, d’explorer comme je le fais avec les chemins autour de chez moi.
Mon désir est de choses humaines, mais coder devient une chose humaine, au même titre qu’aimer ou écrire, des sujets majeurs de la littérature. Comment faire entrer le code, ou plutôt l’expérience du code, dans la littérature ? Comment cesser de parler de ce qui a déjà été dit pour s’attaquer à la radicale nouveauté de notre temps ? J’y ai échoué, j’ai oublié de faire le job, j’ai papillonné autour du sujet sans oser affronter. Peut-être parce que dans le code, je finis par être physiquement si mal que je n’ai qu’une envie, en sortir pour mieux respirer.
Mes fils lisent des mangas qui parlent de jeux vidéo. Ils regardent des vidéos de jeu vidéo. Leur littérature et leur art ne parlent que de l’expérience du numérique. Les jeunes créateurs contemporains ont réussi le glissement, j’ai échoué peut-être parce que je suis né avant son avènement et que je conserve la nostalgie de l’ancien monde. Tout m’y ramène, peut-être surtout la situation géoclimatique et politique. J’éprouve un besoin de simplicité comme si la planète elle-même le ressentait. Est-ce une nouvelle particularité de notre temps ? Un retour à la nature peut-être pas éloigné de celui prôné par les romantiques.
Sur les chemins, je me sens vivre dans la plénitude. Dans le code, je ne me sens plus vivre, je ne suis plus qu’électrisation, que flot d’idées empilées, me forçant à élargir la taille de ma mémoire à court terme pour n’oublier aucun paramètre, ce qui me plonge dans un présent intense, mais dépourvu de second plan. Alors le temps s’efface, les journées s’envolent. Le contraire de ce que je ressens en randonnée, où mon expérience s’épaissit, se répand dans le temps jusqu’à frôler l’éternité.
Dimanche 5, Balaruc
La maladie a souvent quelque chose de soudain, par opposition à la vieillesse, qui progresse à petits pas. Hier, tout baigne, je rentre d’une balade à vélo. Puis dans la nuit, j’ai mal au ventre, puis la coulante, je dors peu et passe la journée à somnoler, plutôt que de rejoindre des amis à la plage.
Mercredi 8, Balaruc
Quand je regarde la vision des artistes de 1900 sur l’an 2000, j’ai la démonstration qu’écrire de la science-fiction est un business dangereux. Soit il faut s’attaquer au futur ultraproche, et donc parler du présent comme je le fais dans One Minute, soit se projeter dans le tout autre. La hard fiction est condamnée au ridicule.
En 1981, dans Le livre dit, Duras déclare : « Moi, je plains toute cette jeunesse qui ne connaît plus la passion, qui est dans une pauvreté totale et du désir et de l’amour ; je la plains beaucoup, beaucoup. Elle est très atteinte dans sa force. » Je tombe sur cette phrase, au sujet de ma génération, alors que je retravaille mon autobiographie. Duras ne pouvait pas plus se tromper. On ne peut que mal juger d’une génération avec laquelle on a perdu le contact. La passion est une constante humaine, elle change simplement de mode d’expression avec les générations. Et douter de celles qui suivent n’est qu’un signe avant-coureur de sénilité.
Vendredi 10, La Caunette
Samedi 11, Balaruc
Dimanche 12, Balaruc
Mardi 14, TGV pour Genève
Je lis Duras, la fin de sa vie, Écrire, des textes parlés, avec des accumulations de « ça » comme si les mots justes manquaient, et la lecture en devient difficile, à force de phrases toutes semblables, toutes rythmées de la même façon, artifice repris par beaucoup d’auteurs depuis. Je me demande si Duras durera. Elle me parle quand elle discute de l’écriture, mais ses textes souvent me laissent froid désormais, comme s’ils évoquaient une époque surannée, sans réussir à la ressusciter.
Mardi 14, Genève
J’aime Genève quand il ne pleut pas, j’aime l’odeur du lac, tout de suite dépaysante, j’aime la vue du Mont-Blanc à l’arrière-plan du Salève, j’aime les places, la multitude des cafés, la jeunesse polyglotte, j’aime le vaporetto jaune qui relie le parc de la Perle à Genève plage, j’aime les Genevois, leur diversité, leur assurance luxueuse, j’aime être dépaysé après seulement quatre heures de train, j’aime être ici, parce que j’y ai des amis précieux, mais je ne pourrais pas y vivre, l’hiver me serait difficile, mes garrigues lumineuses et mon étang me manqueraient.
Mercredi 15, Genève
Je signe des Adapter pour adopter à tour de bras, pas difficile quand les livres sont offerts, en plus à des spécialistes du domaine. Nous parlons de tout et de rien, finissant par nous connaître au fil des années, parce que j’ai interviewé, parce que nous nous sommes croisés plusieurs fois. Une conversation émerge sur les fake news. Alexandra m’explique qu’en prenant un papier un peu au hasard, elle a tenté de réfuter une fake news, remontant à l’auteur, à la source, opposant des objections scientifiques, sans ne réussir à rien. La plupart d’entre nous avons envie de croire ce qui nous fait plaisir. La raison est de peu de poids face à la méfiance, à la mise en doute des institutions, de la science, des experts. Cette méfiance s’étend à notre voisinage. Je le constate de plus en plus souvent en faisant du vélo. Des propriétaires bloquent les chemins qui traversent leur parcelle, alors même qu’il y a qu’un bois, qu’un réseau de broussaille, aucune culture, aucune habitation. Ils le font par méfiance, peut-être parce que certains promeneurs ou cyclistes ne se comportent pas convenablement, mais reste que le phénomène se généralise, comme si chacun se claquemurait dans son individualisme.
Sieste sur un banc, au bord du lac, un clochard abandonné sans question à la rue, au vent et au soleil fluctuant. Je m’éveille trente minutes plus tard, me redresse, observe longuement un voilier suivi d’une ribambelle d’optimists, comme s’ils tentaient de le rattraper. Les canetons s’échinent de la même manière derrière leur mère. J’observe, la lucidité me revient, sans que rien ne jaillisse dans ma tête. Je me dis avec désespoir que mon ancienne méthode pour tendre vers l’hyperconscience ne fonctionne plus. Il me suffisait de répéter ce rituel pour me mettre à écrire et que mon cerveau s’enfièvre de pensées et de mots. Aujourd’hui, rien, peut-être me faudrait-il lire quelques phrases de Duras pour remettre en route un processus qui de lui-même refuse à booter. Est-ce un effet de l’âge ou une défaillance passagère ? L’homme incapable de bander doit se poser la même question la première fois, avant de devoir admettre que son ticket n’est plus valable.
Quand je suis assis derrière ma table chargée de livres, les lecteurs me demandent quels sont mes projets, je leur avoue avec gêne que je n’en ai pas, sinon me contenter d’écrire ma vie, peut-être le dernier recours quand l’écriture reste nécessaire et que rien ne surgit, sauf quand j’enfourche mon vélo et en reviens avec la nécessité du récit dicté par le territoire.
J’en suis arrivé à attendre une possibilité extérieure, une rencontre, une commande. À cette seule condition je pourrai encore prétendre que je suis écrivain, un état transitoire et non d’un brevet décroché une fois pour toutes. Je ne suis écrivain que quand j’écris, immergé dans une œuvre. Désormais, je ne suis peut-être plus qu’un artisan. Je maîtrise la technique narrative sans que je lui trouve de fonction.
Je passe un moment chez mon amie Geneviève. Une immense grange chez elle, sorte d’église baroque, avec en mezzanine l’atelier de Christobal del Puey, et partout ses immenses toiles prennent une puissance fulgurante, de plus en plus épaisses, de plus en plus complexes, vertigineuses, les personnages se détachent pour se tendre vers nous. Expérience stupéfiante d’être dans un temple de l’art qui demain sera musée, alors ce sera moins impressionnant que quand on y est seul, et qu’avec Geneviève je décroche une toile, en accroche une autre, lourde de plâtre, de matière, de microscopiques reliefs gravés de chair et de veinures organiques et d’un chaos nucléaire primordial. Il y a du Francis Bacon et du Facteur Cheval réunis, de l’expressionnisme et de l’abstraction, de la folie morbide et de la joie lugubre. Toute notre époque se carambole.
Jeudi 16, Genève
Hier soir, je dîne avec une amie, qui elle aussi me dit être en attente, qu’elle a besoin de renouveau, que tout le monde autour d’elle dans notre génération en est au même point, peut-être parce que le covid nous a bousculés plus que nous ne voulons l’admettre. J’émets l’hypothèse que c’est plutôt un fait de l’urgence devant le nombre de plus en plus réduit d’années à vivre. Pour ma part, j’ai trouvé dans le bikepacking une technique imparable pour me régénérer, si intense que le retour à la normale est toujours désorientant, voire déstabilisant.
Être contre Amazon et par ailleurs proposer des produits de luxe, j’ai du mal parfois avec la cohérence des uns et des autres. Le luxe est tout aussi nocif au monde que le modèle Amazon, voire sans doute davantage.
Discussion avec William Griffith, le père des solutions hydroalcooliques OMS, déçu de ne pas être davantage célébré alors qu’il aura 80 ans dans deux semaines. Il est heureux de l’hommage que je lui rends dans Adapter pour Adopter, il aimerait davantage de reconnaissances de ses pairs. Il avait les larmes aux yeux en me parlant. J’avais les trippes à l’envers. Je l’ai vu s’éloigner en cahotant, penché sur sa canne, sa marche hésitante, son corps fatigué. Je me suis imaginé au même âge, frustré, avec la sensation d’avoir raté quelque chose. Nous sommes des barbares injustes, accordant trop souvent des couronnes à ceux qui ne les méritent pas, oubliant les véritables héros.
La rencontre avec William m’a mis dans une humeur maussade. J’ai quitté le centre de conférence, suis descendu jusqu’au lac, me suis allongé et endormi sur un banc, comme un rien, et je me réveille en me disant que c’est un privilège d’être capable d’un tel abandon public, de laisser mon corps aux regards des passants qui dans cette ville ont dû me prendre pour un transfuge afghan, et qui ne doutaient que j’avais une chambre dans un hôtel de luxe où faire la sieste aurait été plus désagréable et déprimant.
Je me réveille à ma place, un rien, un corps, au bord d’une promenade et d’un lac, sans histoire, sans influence. Didier étant pris ailleurs, peu de gens se sont intéressés à moi. Ils viennent, récoltent leurs livres, repartent, certains me disant qu’ils ont aimé le tome 1. Je m’en fiche, je crois. Et quand des gens s’attardent, ils bavent d’envies commerciales et je dois mettre les choses au point : « Je ne peux rien pour votre business. » Personne ne s’intéresse à moi en tant qu’humain. Je suis devant eux moins vivant que seul sur mon banc.
La pluie me chasse, je me réfugie à l’hôtel. Je crois que je suis seul une fin d’après-midi à Genève pour la première fois. Sensation désagréable d’être abandonné. L’écrivain face à lui-même, à sa singularité non festive.
Vendredi 17, Genève
Samedi 18, Balaruc
Duras : « Quand on sort tout de soi, tout un livre, on est forcément dans l’état particulier d’une certaine solitude qu’on ne peut partager avec personne. » J’ai connu ces traversées du désert, parfois avec jubilation, lové dans ma solitude, persuadé de contempler une cathédrale pour la première fois, d’autre fois enfermé dans un cachot glacial et terrifiant. Voilà peut-être pourquoi j’ai ouvert l’atelier avec mon blog, j’ai voulu que l’écriture ne soit pas toujours dans la solitude, j’ai essayé de voir où elle menait au milieu de la foule en publiant presque en direct.
J’en ai eu besoin pour le premier jet de mon autobiographie, et maintenant que je le retravaille depuis des semaines, je me suis à nouveau enfermé, pour creuser plus profond, et de nouvelles choses remontent. Duras est trop définitive. Il y a de la solitude dans l’écriture, mais rien n’empêche d’expérimenter autre chose, il en va de notre devoir d’artiste.
Duras parle du crépuscule d’hiver, presque effrayant, caché en fermant les volets. Je l’aime au contraire, surtout le vivre au milieu de lui, sur mon vélo, au cœur de la nature. La maison empêche de l’éprouver, elle le fait croire maléfique et peuplé de bêtes affamées, ce qu’il n’est plus, surtout dans le Midi, quand des lumières surréelles le traversent.
Duras : « C’est l’inconnu qu’on porte en soi : écrire, c’est ça qui est atteint. C’est ça ou rien. » Une phrase que je pourrais placer en exergue de mon autobiographie. Je suis parti à la recherche de moi-même, de celui que j’étais et ne suis plus ou pas encore.
« Si on savait quelque chose de ce qu’on va écrire, avant de le faire, avant d’écrire, on n’écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine. » Pour cette raison je n’ai jamais compris la méthode des écrivains planificateurs, comme Flaubert. « Écrire c’est tenter de savoir ce qu’on écrirait si on écrivait – on ne le sait qu’après – avant, c’est la question la plus dangereuse que l’on puisse se poser. Mais c’est la plus courante aussi. » Écrire pour découvrir ce qui sera écrit. Tous les matins, j’éprouve cette curiosité, même à chaque instant, même quand je n’écris pas et le pourrais, alors je me demande ce qui aurait pu jaillir, en vain, parce que seule l’écriture, vivre l’écriture, apporte une réponse.
Ainsi j’aime prendre le temps du carnet le matin, ou l’après-midi, mais pas le soir, quand je suis proche du sommeil. J’aime voir les surprises qu’il me réserve. Il me faut de la disposition, de la tranquillité pour qu’elles arrivent, se glissent, puis se retirent. Souvent elles rechignent. L’écriture se refuse, alors un texte, comme cet Écrire de Duras, peut la réveiller.
Dimanche 19, Poussan
Mardi 21, Balaruc
Je m’en vais explorer l’arrière-pays, seul, à la recherche de la trace idéale qui traverserait le sud du parc régional du Haut-Languedoc. Plus je creuse mon département, plus il me révèle des méandres mystérieux. J’en suis tout secoué. Je découvre des parties inconnues de mon propre corps.
Je me gare au village de Faugères, m’enfonce dans des sentiers sublimes qui malheureusement se referment pour le vélo. Je rebrousse chemin, essaie plus loin, m’arrête devant des vues veloutées jusqu’à la mer ou au contraire vers les montagnes, déniche un sentier, le remonte, puis me laisse aspirer par une piste qui dévale vers la vallée de l’Orb. Je discute avec un berger, puis fouille encore, passe l’Orb dans un sens, puis dans l’autre par le pont de Tarassac, avant de grimper entre les arbousiers et les châtaigniers lestés de bogues d’un vert éclatant. Je m’élève face aux falaises du Carroux, puis me perds dans le maquis.
Je croise une femme, lui demande si elle connaît un point d’eau, elle me désigne une chapelle mystérieuse avec un cimetière. Je cueille des pommes, puis plonge dans la vallée, traverse des villages, avant de rejoindre mon point de départ, les yeux écarquillés, le cœur exalté, quelque peu dépassé par l’immensité de la beauté que je serais incapable de capturer. Il me faudra revenir.
Jeudi 23, Balaruc
Chateaubriand se mal-jugeait. Quand il se cite, se célèbre, je le trouve ampoulé, pollué par l’antique, et il n’est moderne que dans ses mémoires. Il croyait avoir été novateur alors qu’il était seulement en train de le devenir en se racontant. Peut-être que je passe à côté de moi-même, que je suis incapable de voir en quoi je peux contribuer à l’humanité et m’échine sur de l’inutile, mais sans ce travail la vie n’aurait pour moi aucune saveur.
Je retourne explorer, cette fois avec Jacques et la promenade devient géologique, à travers les centaines de millions d’années. Nous parcourons les vignobles de Saint-Chinian, les chemins sinueux entre les parcelles en terrasse, les bois de pins, les singles entre les chênes verts. Notre boucle terminée tôt, nous sautons en voiture vers Roquebrun, le village éclate ses façades colorées face à nous, une pure merveille avec l’église tout en haut. Nous franchissons l’Orb, nous glissons dans une vallée secrète, au fond de laquelle se niche un autre village en terrasses, introuvable, inexistant et merveilleux. En haut, le maquis nous piège, nous bataillons dans des sentiers pas faits pour le vélo, où les sangliers ont labouré le sol, comme pour nous dissuader d’ouvrir une piste qui les dérangerait, alors nous nous replions à regret.
Vendredi 24, Balaruc
Dans Illuminations et nuits blanches, Carson McCullers écrit : « Je ne lis jamais les critiques. Bonnes, elles risquent de me donner la grosse tête. Mauvaises, de me déprimer. Alors, à quoi bon s’en préoccuper ? Mes amis me servent de filtre protecteur et ce que j’apprends à travers eux me donne une idée plus ou moins précise de l’accueil qui m’est réservé. »
Une leçon pour nous tous. L’étendre aux réseaux sociaux maintenant que nous sommes tous des vedettes. Cesser d’y lire ce que les autres pensent de nous, et donc cesser d’y publier, sinon le strict nécessaire, du point de vue utilitariste. En venir au degré zéro de la communication sociale.
Dimanche 26, Balaruc
Carson McCullers parle de ses illuminations, de comment les idées s’imposent à elle par surprise, et seulement alors l’écriture devient possible. N’écrire qu’à cette lumière extraordinaire.
Carson dicte ses mémoires quelques jours avant de mourir : « Oui, j’ai la tête remplie de projets de voyage et tous ceux à qui je propose d’aller les voir m’ouvrent les bras avec chaleur. Après trois ans passés au fond de mon lit, je vais pouvoir enfin recommencer à voyager. » Vivre jusqu’au bout. Ou de l’impossibilité de voir la réalité en face. Je penche pour vivre jusqu’au bout, parce que la réalité n’est pas belle à voir.
Lundi 27, Balaruc
Je travaille encore à la pérennisation du blog, j’y suis presque, aussi aux corrections de la version 2 de mon autobiographie, puis sortie limpide dans l’or du soir avec les copains. Il fait chaud, le soleil irradie les pinèdes et les vignes, nous pédalons avec un entrain juvénile.
Mardi 28, Balaruc
Journée d’exploration des sentiers entre pic Saint Lou et Hortus. Perspective saisissante par delà les vignes des deux géants disloqués.
Jeudi 30, Balaruc
Journée de bouclage. Je termine enfin de créer une version statique de mon blog pour son archivage et ma postérité. J’envoie à Pierre la version 2 de mon autobiographie, désormais intitulée L’atelier d’écriture, je ne pouvais pas trouver plus explicite. Puis des copains arrivent déjeuner et nous repartons à vélo, dans l’extraordinaire limpidité du début de l’automne méditerranéen.