Si le 727 est une trace VTT, le g727 est une trace gravel (et le sera de mieux en mieux, j’espère). Nous avons attaqué cette nouvelle version à 90 % différente le 23 septembre. Elle tourne en sens antihoraire et fait découvrir de nouveaux paysages, tant montagneux que maritimes.
Dans le Midi, imaginer une épreuve gravel purement roulante sur plus de 700 km, qui traverse les plus beaux secteurs et évite autant que possible l’asphalte est de l’ordre du fantasme. J’ai donc tenté de ménager la chèvre et le chou. Il m’a fallu suivre la trace en intégralité pour comprendre qu’elle était parfois trop cassante. C’est une chose de passer à un endroit lors d’une reconnaissance, s’en est une autre d’y arriver avec 400 ou 600 km au compteur.
Tracer pour les gravels est compliqué. Chacun a une conception de ce vélo hybride, pour les uns, plutôt vélo de route polyvalent, pour les autres, VTT rapide. Il s’agit donc de trouver un juste milieu. Il me faudra un poil bouger le curseur vers le plus roulant pour les prochaines éditions, sans pour autant augmenter le taux d’asphalte, ce qui pour moi est rédhibitoire. Le g727 ne sera jamais une trace pour ceux qui aspirent à des moyennes de 25 km/h, ou même de 20 km/h.
À mes yeux, le gravel comme le VTT sont deux vélos de baroudeurs pour ceux qui aspirent à vivre des aventures entre copains plutôt que de battre des records. Une trace bikepacking et une organisation se jugent à leur capacité à créer des amitiés et des envies de rouler ensemble à l’avenir. Le premier g727 n’avait pas d’autre ambition.
Samedi 23 septembre
Toujours avec la complicité des copains de l’ECP (l’entente cycliste poussannaise) et de la mairie de Poussan, nous partons après un petit déjeuner frugal au Grand Café Beau Séjour. Nous sommes 25 participants, deux tiers gravel, un tiers VTT, plus les Sherpas du club qui vont imposer un train d’enfer tout au long de la première étape.
Nous attaquons très vite le flanc nord de la Gardiole, avec quelques passages caillouteux, mais sans réelle difficulté. Après le col de la Tortue, nous plongeons sur Mireval, puis longeons l’étang de Vic, l’étang de l’Arnel, traversons l’ombragé parc de la Nature, avant de rejoindre le canal du Rhône à Sète et de nous engouffrer dans la pinède de La Grande Motte.
Nous zigzaguons entre les pyramides, puis léchons les berges de l’étang du Ponant et atteignons Aigues-Mortes vers midi. Nous poursuivons en petite Camargue, par des secteurs roulants. À Aimargues, nous traversons des rues grillagées en prévision d’une feria, un peu la peur au ventre à l’idée que des taureaux se promènent dans le coin. À Sommières, nous prenons un nouveau verre en terrasse, puis rencontrons la première pente sévère à la sortie du monastère de Prime Combe.
Après Orthoux, la voie romaine qui mène à Quissac s’avère bien trop cassante. Désagréable même à VTT. Un passage à bannir. Faut trouver mieux dans ce coin. Quissac est superbe, tout comme Sauve un peu plus loin. Troisième pause restauration.
Nous continuons par la piste cyclable, puis la quittons pour explorer le secteur vallonné de Salle de Gour. C’est très beau, mais très caillouteux (et pas mal abîmé par les orages depuis ma reconnaissance en juin). Je ne sais pas si ce secteur doit être conservé. Peut-être qu’il serait plus facile à digérer sans la voie romaine au préalable. Par la suite, un billard nous conduit à Ganges pour le ravitaillement du soir.
Presque tous nous décidons de poursuivre jusqu’à Montdardier, au kilomètre 187, après une montée exigeante, où dans le noir il nous est difficile de trouver de l’adhérence. Certains me disent qu’il vaudrait mieux monter par la route, sachant qu’elle est très peu fréquentée. À voir. Nous arrivons à destination vers 21h (cette étape est un poil longue, faudra que je trouve moyen de la raccourcir).
Dimanche 24 septembre
Réveil tôt, avec un petit 6°C. Un beau soleil se lève quand nous quittons l’épicerie où nous nous sommes ravitaillés. Nous commençons par un secteur que je n’ai pas reconnu, mais qui m’a été conseillé. Le single est magnifique, mais souvent peu gravel (même s’il a été reconnu par un gravel - sans bagages et déjà 200 km dans les pâtes, c’est très différent).
Reste que tout le monde convient qu’il faut conserver ce passage qui nous conduit vite au-dessus des gorges de la Vis où nous atterrissons sur un single à donner le vertige. Un rien technique. Une vue tout simplement exceptionnelle. La plongée dans les gorges, puis la remontée s’effectuent par la route.
Nous nous arrêtons au belvédère pour profiter de la vue sur le village de Navacelle, laissant partir devant nous le gros de la troupe. Nous nous retrouvons quatre VTT et un seul gravel. Toujours par la route, nous nous attaquons au Larzac, puis de belles pistes nous amènent à travers une forêt de conifères vers le plateau en contrebas du mont Saint-Baudile.
Magnifique descente. Peu à peu la terre rougit, jusqu’au lac du Salagou. Encore un haut lieu de l’Hérault. Indispensable pause en terrasse du mas de Riri, puis nous continuons dans les terres rouges, avant de rejoindre le plus long secteur asphalté du g727. Après une embardée sur les pentes du Ga, nous franchissons l’Orb et grimpons vers Boussargues. Nous rejoignons la vallée de La Mare jusqu’à Saint-Gervais-sur-Mare. Il est 19h. Nous ne trouvons rien à manger. Il est tentant de continuer pour atteindre la ferme du Devès au sommet de l’Espinouse. Objectif de beaucoup de participants pour cesse seconde journée. Il me faudrait faire en sorte de raccourcir le parcours jusque là pour donner davantage de chances aux participants d’y arriver, tant l’endroit et l’accueil le méritent.
Pour notre part, nous décidons de rester à Saint-Gervais pour nous ravitailler au matin avant d’attaquer l’ascension. C’était une mauvaise idée. Nous avons dormi dans un jardin pour enfant, sous une humidité terrible, éblouis jusqu’à minuit par l’éclairage public, dérangés plusieurs fois par des jeunes désœuvrés, puis réveillés par une voiture garée tout à côté.
Lundi 25 septembre
Bel accueil à la boulangerie, avant d’attaquer une bosse et un single joueur à la sortie de Saint-Gervais, puis longue grimpette par une piste en sous-bois pour rejoindre la ferme du Devès, où nous déjeunons copieusement. La piste des crêtes n’est par la suite qu’un enchantement. Un pur bonheur pour les gravels.
Après le lac de Vézoles, nous quittons vite l’Hérault pour le Tarn. Les paysages changent alors que nous traversons la haute vallée du Thoré. Plus agraire, avec de vastes prairies. Nous apercevons déjà le pic de Nore, au sommet de la montagne Noire.
Nous nous ravitaillons à Saint-Amans-Soult avant d’attaquer une nouvelle longue ascension. Peu avant le sommet, plutôt que d’y grimper par la route et d’en redescendre par la route, nous piquons dans la forêt avec de vastes vues sur le Tarn. Quelques secteurs herbeux où la prudence s’impose, mais sans difficulté. Nous nous laissons glisser jusqu’au lac de Pradelle. Il est 19h, la buvette vient de fermer, mais rouvre pour nous servir à boire.
Nous terminons la journée au sommet du champ d’éoliennes de la Serre de Montredon. Le soleil se couche. Nous apercevons les lumières des villes tout en bas dans la vallée de l’Aude. Nous dormons sous les pins et sur un tapis d’aiguilles. Meilleure nuit depuis le départ, même si un vent léger se lève vers minuit et anime les éoliennes.
Mardi 26 septembre
Départ au levé du jour. Nous plongeons vers Villegly, où nous nous ravitaillons dans la boulangerie. Une cliente nous conseille la boulangerie suivante, où on peut s’asseoir. Je lui demande pourquoi elle n’y va pas. Sourire gêné. Deux des copains suivent son conseil et s’en mordent les doigts. Nous autres, au contraire, dégustons un flan tout droit sorti du four. Un must.
Nous continuons la descente, façon de parler, jusqu’à Trèbes, où le salon de thé anglais est malheureusement fermé, buvons des cafés et des jus d’orange sur le quai, puis partons à fond de train le long du canal du Midi. Nous le quittons pour entrer dans les Corbières. Les terrains deviennent plus rugueux, mais encore gravel. Nous passons Conilhac et Fontcouverte, déjeunons à Fabrezan. Après Thézhan, les choses se compliquent franchement, malgré les lignes de collines à perte de vue jusqu’aux Pyrénées, avec entre nous et elles le signal d’Alaric. Faut que je trouve un autre passage.
Après Fontjoncouse, un petit passage en descente peut forcer à mettre pied à terre, mais nous glissons sans difficulté jusqu’à Villesèque (même si un single s’est refermé durant l’été). En suite, belle montée par la piste jusqu’au pla de la Devèze. Nouveau champ d’éoliennes, avant une longue descente qui mène au-dessus de Sigean et au pied de la Garrigue Haute, où se trouve un nouveau parc éolien. Montée difficile, descente rugueuse. Encore un secteur à revoir. Le dernier point noir du parcours selon moi.
Nous plongeons sur port la nouvelle. Ville hideuse entre toutes. Nous finissons par trouver un restaurant ouvert. Quand nous en ressortons, l’humidité a détrempé nos vélos. Nous remontons en selle pour rechercher un bivouac. Trop de moustiques le long du canal de la Roubine. Nous finissons sur l’immense plage de Guissan. Il est près de minuit.
Mercredi 27 septembre
Nuit humide. Nous partons alors que le soleil se lève sur la mer. Arrêt indispensable à la boulangerie Bernard. Après un festin, nous longeons les contreforts du massif de la Clape par une petite route, rejoignons le bord de mer, avant d’attaquer la zone lagunaire de la Grande Cosse. Nous zigzaguons sur le sable entre les flaques. D’ici quelques semaines ce secteur sera sous l’eau et il faudra attendre l’été prochain pour y rouler à nouveau.
Nous remontons le long de l’Aude. Un chemin où je suis passé plusieurs fois a été barricadé par un propriétaire. Le portail fermé avec des Rilsans, après le passage des premiers participants. Nous faisons demi-tour, coursé par un chien-loup, contournons l’obstacle par une petite route, avant d’attaquer les contreforts des falaises au-dessus de l’étang de Vendres.
Tranquillement, mais déjà bien fatigués, nous arrivons à Sérignan, où nous nous arrêtons pour une halte indispensable à la pâtisserie Garcia Frères (mille-feuille et baba au rhum pour moi, vérine pour les autres). J’ai de plus en plus de mal à pédaler à l’approche des secteurs familiers. Nous longeons le canal du Midi jusqu’à Marseillan, puis la mer jusqu’au Castelas. Nous rejoignons la digue sableuse au bord de l’étang de Thau. Elle est difficile à gravel (et même à VTT), mais je crois que tout le monde en a pris plein les yeux (et aussi les jambes).
La grimpette vers le mont Saint Clair termine de durcir les jambes, bref répit lors de la plongée dans la ville, puis on retrouve le canal du Rhône à Sète jusqu’à Frontignan où on entre une seconde fois dans la Gardiole. De belles pistes roulantes nous attendent et nous ramènent presque en douceur jusqu’à Poussan, ou nous déboulons sous les applaudissements des copains du club et des participants arrivés avant nous.
Tout le monde semble heureux (et les déçus ne sont pas là, mais j’écouterai aussi leurs remarques). Tout le monde a pris des coups de soleil. Tout le monde est fatigué. Nous débriefons le parcours. Je note des idées pour la prochaine édition, en espérant que le soleil sera aussi radieux. L’idée est d’organisé le g727 le premier week-end après l’équinoxe d’automne, souvent agité par les évènements cévenols. Commence pour moi la plus belle des saisons dans le Midi.
Statistiques
À titre de comparaison, lors du i727 2022 (avec une journée sous la neige), la moyenne effective était de 12,9 km/h pour une distance de seulement 480 km et un dénivelé identique. Voilà qui démontre que le g727 est beaucoup plus roulant qu’un i727 (et donc davantage gravel).