Durant l’été 2023, Claude était le seul outil capable d’avaler une grande quantité de texte, en l’occurrence la première partie du Code Houellebecq, d’en générer des résumés et d’écrire des articles à son sujet. Je l’ai utilisé pour imaginer cet article du Monde placé en prologue du roman. Je l’ai abondamment réécrit tout en essayant de conserver la tonalité assez particulière de la prose artificielle de 2023.
Le Monde des Livres, Paris, 7/11/2025 - Naissance du parti politique Humaniste, librairies vandalisées, autodafés, piratage informatique, pseudo-tentative d’assassinat : jamais un roman n’aura déclenché un tel séisme. On en oublierait presque que dans trois jours Le Code Houellebecq recevra en toute probabilité le cent dix-septième prix Goncourt. Un scandale en soi, compte tenu de la froideur peu réjouissante du premier ouvrage de la mystérieuse Zola, publié par Prospero.
Cette jeune femme fascine et agace. Pourquoi se cachet-elle sous une perruque flamboyante et derrière d’immenses lunettes de soleil ? Quelle est sa véritable identité ? Pourquoi a-t-elle décidé de disparaître de la vie médiatique ? Quel est son lien avec Michel Houellebecq ? Serait-elle sa créature ? Une IA aurait-elle généré ce texte qui parfois sonne houellebecquien ? Zola ne serait-elle qu’une actrice talentueuse ? Toutes ces questions peuvent paraître secondaires au regard de l’état insurrectionnel que connaît la France, mais n’oublions pas que tout a commencé avec la publication du Code Houellebecq.
Dans ses rares interventions publiques, Houellebecq se montre ambigu et provocateur. Il ne confirme ni n’infirme sa collaboration avec Zola, semant le doute et la confusion. Il joue avec les nerfs des lecteurs et des jurés du Goncourt. Cherche-t-il à remporter un second prix sous un pseudonyme féminin, à la manière de Romain Gary avec Émile Ajar en 1975 ?
Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, il distille quelques phrases énigmatiques. « La littérature est un labyrinthe obscur où les frontières entre l’originalité et l’imitation s’effacent. Qui peut dire d’où vient l’inspiration ? Le Code Houellebecq est simplement un reflet du zeitgeist littéraire, une émanation de nos aspirations collectives. »
« Certains imaginent que Zola n’est qu’une coquille vide, un pseudonyme derrière lequel se cache une IA que j’aurais entraînée à écrire comme moi. C’est sous-estimer cette jeune femme pleine de talents et de vie. »
« J’ai toujours rêvé de créer la femme parfaite. Belle, intelligente, cultivée, douée en littérature… et soumise, obéissante au doigt et à l’œil, prête à répondre à tous mes désirs. »
De son côté, Charles Moreau, l’éditeur renommé à la tête de Prospero, n’échappe pas aux interrogations. Certains observateurs suggèrent qu’il aurait pu orchestrer cette controverse pour provoquer le buzz autour du roman et de sa maison d’édition.
Dans un communiqué de presse, il a déclaré : « Le Code Houellebecq n’est pas seulement un roman, c’est une incursion dans de nouveaux territoires littéraires. Peut-être est-ce pour cette raison, et par ses nombreux sous-entendus, que le livre a réveillé des angoisses latentes. Notre ambition première était de saluer le génie de Michel Houellebecq tout en offrant à Zola une plateforme pour sa propre créativité. L’accueil chaleureux du public et des critiques confirme la pertinence de cette démarche. »
Il n’est guère surprenant que Houellebecq et Moreau cultivent l’ambiguïté et le mystère, mais l’attitude de Zola soulève davantage de questions. Elle n’est apparue en public qu’avec sa perruque et ses énormes lunettes de soleil. Elle a soutenu que ces accessoires de déguisement expriment son esprit rebelle, tout en préservant sa vie privée. Se dissimuler derrière une image fictive lui permettrait de maintenir son authenticité.
Qu’en est-il vraiment de cette authenticité ? Lors de ses interviews, Zola s’est contredite fréquemment, alimentant ainsi le mystère qui l’entoure. Ses déclarations inconstantes ont engendré une myriade de théories et de spéculations. Tantôt considérée comme l’icône de sa génération, tantôt comme géniale manipulatrice, Zola apparaît protéiforme.
Dans Lire, elle a juré : « Le Code Houellebecq est le fruit de mon seul travail. Je n’ai emprunté ni idées ni passages à d’autres auteurs. » Cependant, lors d’une entrevue diffusée sur France Culture, elle a soutenu : « Je suis la somme de tous les auteurs qui m’ont précédée. Ils façonnent ma manière de penser et d’écrire. Je n’existerais pas sans eux. »
Au cours d’une conférence de presse, elle a précisé : « Mon identité n’a aucune importance, seul mon texte compte. » Pourtant, dans une interview ultérieure accordée à Télérama, elle a dit : « Mon histoire personnelle est intimement liée à mon travail. Comprendre qui je suis pourrait aider à saisir les nuances humoristiques de mon roman. »
Questionnée sur France Inter, elle a nié connaître Michel Houellebecq, mais sa notice biographique sur le site de Propsero dit le contraire. Serait-ce pour échapper à ses propres contradictions qu’elle s’est retirée de la vie publique ?
Les réactions du milieu littéraire sont partagées. Certains applaudissent la démarche de Zola, arguant qu’un artiste doit se focaliser sur son œuvre plutôt que de se laisser distraire par les jeux médiatiques. D’autres réclament davantage de transparence pour dissiper les soupçons de collusion avec Michel Houellebecq. Charles Moreau promet de faire toute la lumière nécessaire, une fois qu’il aura terminé une petite investigation ; encore une déclaration qui entretient le mystère, et ne calme pas les spéculations.
En attendant, Le Code Houellebecq continue de susciter les passions et demeure le favori pour le prix Goncourt 2025. Quelles que soient les révélations futures, il restera comme un roman fascinant et déconcertant, qui interroge les limites de la création littéraire et la relation entre l’auteur et son œuvre.
Par Julien de Carantec